Cette nuit, je lisais et il devait être minuit, minuit et et demie quand j’entends un chien aboyer et pleurer sous nos fenêtres. J’étais étonnée car dans l’environnement immédiat il n’y a pas de chiens.

Je continue de lire, attentive tout de même aux plaintes du chien me disant que du coup il s’était peut-être échappé lors d’une promenade nocturne et que son maître ou sa maîtresse allait probablement le retrouver rapidement.

Mais tout de même cela me tracassait pour le pauvre chien qui semblait vraiment apeuré et malheureux.

Je suis allée voir de la fenêtre de notre bibliothèque et lui ai parlé et je ne comprenais pas pourquoi il ne faisait que faire le tour de la voiture de notre voisine.

Je voyais ses yeux luire, et je sentais qu’il m’écoutait et espérait ? Oui, il espérait.

Vers une heure n’y tenant plus et me sentant moi aussi vraiment mal je suis descendue pour aller le voir. Comment se faisait-il que personne ne l’entende et surtout qu’il soit encore là à geindre ?

Monsieur regardait un documentaire dans le salon donc de l’autre côté et surtout la porte donnant sur le couloir étant fermée il n’avait rien entendu.

Dommage, je l’ai manifestement interrompu dans le visionnage d’un super documentaire sur Napoléon ou je ne sais quoi…à vrai dire, j’en avais rien à faire je voulais qu’il m’accompagne voir le chien car après tout même si en lui parlant auparavant il avait l’ai plutôt cool, un chien reste un chien et un chien apeuré de sa taille ( d’un braque ? ) me faisait un peu craindre sa réaction.

Monsieur râle, Monsieur grogne «j’aime mon documentaire, qu’est-ce que tu viens me faire suer (insérer un gros mot) avec un chien ? » Monsieur est délicat:)

Evidemment, il m’accompagne et chose chiantissime la lampe extérieure ne fonctionne plus.

J’ouvre le portail j’appelle le chien, l’amadoue, me baisse pour être à sa hauteur et encore une fois je ne comprenais pas qu’il ne s’approche pas. Finalement, j’ai pu lui présenter ma paume ouverte pour qu’il la renifle, je l’ai caressé et rassure et l’ai attrapé par le collier en me rendant compte qu’il avait une lourde chaîne qui l’entravait. On s’est aperçu qu’à force d’essayer de se libérer elle s’était entortillée dans les roues de la voiture de notre voisine…explication toute simple au fait qu’il ne pouvait ni venir ni partir.

Donc, j’avais le chien, je le caressais, lui parlais et pendant ce temps là Monsieur s’enquiquinait à démêler cette merdouille de chaîne entortillée….la chaîne faisait bien pas loin de dix mêtres. Pauvre chien, n’est-ce pas?

Nous le faisons entrer chez nous, j’ai écarté d’emblée les doutes de Monsieur. De suite, je l’essuie, il était trempé et je lui donne à boire. Autant vous dire qu’il a bien exploré le rez-de-chaussée. J’ai eu des chiens et comme celui-ci certains avaient une queue qui balayait tout sur leur passage. On a fini par lui enlever la chaîne une fois qu’on s’est aperçu qu’en guise de collier ( je disais à monsieur mais si cherche il doit y avoir une capsule ou un truc noté sur son collier avec son nom ) il avait un truc horrible en plastique je ne sais quoi ( trop serré) avec juste un numéro de téléphone….j’étais ( nous étions) dégoûtés, même pas le nom du chien.

J’appelle, je laisse notre adresse en disant qu’on ne dort pas qu’ils peuvent rappeler.

Il était super gentil ce chien, super câlin, une vraie pâte. Pour tester je lui dis »couché » direct il obéit. Il a un poil noir brillant et magnifique. Il boit un peu dans son lait (le museau un peu blanchi).

Je suis remontée me coucher et il est venu « Papillon » comme l’a nommé Monsieur et c’est marrant il est vraiment formidable… il est venu me faire une léchouille et ensuite paf couché aux pieds du lit. Je n’en revenais pas.

Et puis, un appel, son maître venait le chercher.

J’oubliais, entre deux Monsieur avait appelé les flics pour savoir quoi faire au cas où. Moi je savais mais nous ne sommes pas vraiment d’accord là dessus.

Bref, le chien Papillon dénommé ainsi par Monsieur pour l’évasion ( ouais une chaîne de dix mêtres tout de même !!! bravo ).

Il nous faisait des câlins c’était trop sympa, et moi ça me rappelait tellement les chiens qui ont partagé ma vie que lorsque le mec est venu j’avais pas du tout mais alors pas du tout envie de lui rendre «Charlot » son vrai prénom. Un chien avec une laisse en chaîne de dix mêtres, un numéro de téléphone et rien d’autre pour reconnaissance, c’est un chien qu’on fait passer pour agressif.

Alors, est-ce un #bonheursimple ?

Je sais que je pense à lui, Papillon.

29 avril 2020

Un très bon premier roman, certes un peu beaucoup trash, un roman à ne pas conseiller aux pudibonds et autres  » coincés » alors même qu’il parle de vie, de quotidien, de sexe même lorsqu’il s’agit d’un homme de 84 ans et d’une jeune femme. Une rencontre étrange et très touchante. Un road trip formidable. Des rencontres douces pour Fédor en quête d’un regain d’énergie. Et Remington qui ne se souvient pas du  » pourquoi  »  elle est sur la route. A-t-elle fuit ? Est-elle cherchée par la police?
Pour son premier roman l’auteur manie le  langage extraordinairement. Je me souviens des pensées de Remington. Une belle envolée littéraire qui m’ a percutée.
Merci Albin Michel et merci Babelio.

Le point de départ de cet article est une question posée via twitter : « comment construis-tu tes synopsis, les développes-tu, etc. »
Et aussi : « comment organiser la créativité sans l’étouffer. »

Soyons créatif... ;-)

Soyons créatif… 😉 Un vaste programme.

Créativité et construction… Vaste débat ! La créativité s’apparente à une boîte noire d’où peuvent surgir des idées et ce, à tout moment. Il suffit d’un déclencheur (film, musique, télévision, échange sur twitter, une image, un morceau d’image, une couleur, une réflexion, une lecture sur le web ou ailleurs…).
Le mot construction implicite un modèle (ne serait-ce qu’une chronologie) et déjà, une hiérarchisation des idées accouchées par la boîte noire, un début de mécanisation de la créativité.

À mon sens, le synopsis (de travail s’entend) est un couplage entre ces deux mondes difficiles à concilier. La jonction est rarement immédiate, dans le sens : « j’ai une idée, j’essaie d’en faire un début d’histoire, de la poser dès qu’elle arrive. »
En moyenne, il s’écoule deux à trois semaines (parfois davantage) avant que je commence à « formaliser » ou à « poser » des éléments de base d’une « idée d’histoire ». En général, j’attends que la pression augmente, c’est-à-dire que ma boîte noire me titille de plus en plus sur une thématique précise. À ce stade, je ressasse plusieurs fois des embryons du récit. Je les manipule comme des objets dans mon esprit. Il me vient des images, des morceaux de phrases, j’imagine des personnages, je me monte des séquences entières (en gros, je me fais des films). Je peux prendre une ou deux notes sur un élément que je ne veux pas oublier, surtout que ça va très vite : aussitôt pensé, aussitôt envolé. Il existe alors un moment où la « masse critique » devient suffisante et l’accumulation des idées me porte alors vers une séance de défrichage. J’aligne alors les morceaux de phrases, des idées, des ébauches de concepts. Techniquement, rien de bien compliqué, j’ouvre un carnet de notes et je me dis : « OK, on pose tout ça sur la table. » C’est un peu comme jeter un puzzle et commencer à trier selon les couleurs, les bords, les formes…

Ça peut-être aussi simple et rapidement exprimé que cela :
« – On décrit les lieux de plus ou moins désolation car nous sommes dans un monde en perdition
du fait de la montée des eaux, des pénuries en tout genre, des guerres et du chaos économique [ À infuser ? dans le background, notamment le changement de leadership => « wouah, des yuans garantis par la banque de Chine » ?? ].
– Les plus faibles n’ont pas été épargnés et des villes entières sont plus ou moins devenues des
sortes de bidonvilles [ Au choix ici, on peut prendre une ville européenne afin de bien marquer la différence entre aujourd’hui et le futur… On peut aussi prendre un contre-pied géographique : genre façade océanique désertique -Somalie ? Des pirates dans le coup ?- ou carrément nordique : Norvège / Alaska ]  » ( tiré de mes premières notes sur la série Exil, brut de fonderie )

Ce qui se produit immanquablement : je m’interroge en même temps que je pose les éléments d’idées. Ces questions, je ne les écarte pas, au contraire : il faut constamment s’en poser. Personnellement, j’ai choisi de les signaler entre crochets [ … ] ou parenthèses ( … ). À ce stade, les réponses m’importent peu, elles ne me sont pas nécessaires.
Les questions agissent comme des catalyseurs parce qu’une fois posées, elles en appellent immédiatement d’autres.
Je les déroule, je les saisis comme elles me viennent, sans censure, sans concession. Je me trouve alors dans une situation d’écriture libre au kilomètre qui ne s’interrompt qu’une fois le filon épuisé -pour cette séance au moins. Il s’agit d’une phase plutôt jubilatoire sans considération de forme ou d’arrangement. Dans le cadre d’un texte court ou d’un petit roman, c’est un proto-premier-jet ; un substrat brut de décoffrage mais déjà intéressant.
Les items sont alignés les uns en dessous des autres, séparés par des sauts de lignes ou regroupés en paragraphes, pas forcément dans l’ordre non plus. Je peux aussi avoir des séquences rédigées comme des dialogues ou des descriptions.

Au final, je sais déjà -ou pas- si je tiens un « quelque chose ». En me relisant, je peux voir des thématiques se dégager, voire même des chapitres se dessiner, des personnages s’animer, un embryon de structure qui deviendra un synopsis. J’estime le potentiel, je vois si je parviens à me projeter dans l’histoire et, point important, si je peux déjà imaginer une fin / un twist.
C’est là où je me dis : « OK, move on », « Laisse tomber, à classer » ou « Pas assez mûr, mais y’a un truc ».

Si le 1 l’emporte, je mets en place les fondements du synopsis. Je classe les crochets, les points, je hiérarchise, je construis un début de timeline, je commence à ébaucher les personnages et à apporter des réponses aux questions. J’estime le découpage à la -grosse- louche.
Je dispose les éléments sur un tableau ; des briques que je peux changer, retirer, glisser, mettre à côté d’une autre, je peux lier, fusionner, compiler, etc. Cela ressemble un peu à un travail d’enquêteur (Comme si je menais une investigation sur l’histoire). Chaque brique peut-être une scène, un dialogue, un concept, une arme, un objet, une description, une image, un lieu, un personnage… Parfois, c’est juste un mot ou deux ou bien un texte de plusieurs centaines de mots que j’importerai ou pas dans le texte. Je consacre une ou plusieurs briques au synopsis plus ou moins rédigé (plusieurs si c’est une série avec des épisodes). Il s’agit ni plus ni moins de reprendre les items du défrichage et de les développer. La création du synopsis de Toxic a prit un mois, celui d’Exil une dizaine de jours

Toutes les briques du tableau ne sont pas forcément utilisées, et même durant l’écriture du premier jet, de nouvelles briques peuvent apparaître, d’autres disparaissent.

Ainsi, le synopsis est un objet vivant : il évolue au gré des inspirations, du développement de l’histoire. Je déplace des briques, j’en créé de nouvelles, j’en mets de côté.
Techniquement, ça se traduit à l’écran par un tableau avec des icônes qui sont autant de post-it. Chaque icône possède des propriétés (Une fiche personnage masculin, un perso alien, un animal, un élément de background, une note, une scène, le synopsis d’un chapitre ou d’un épisode, le premier jet d’un chapitre, un essai etc). Le programme me permet de créer mes propres icônes, de générer mes propres thématiques.
Un élément important : je dois visuellement tout avoir sous les yeux, l’histoire que j’écris est « étalée » / « éclatée » sur le tableau.

Je dois tout avoir sous les yeux, accessible en 1 clic.

Le tableau : tout avoir sous les yeux, accessible en 1 clic.

J’ai aussi besoin d’un maximum de souplesse. Je dois avoir le droit à l’erreur ( Si je me rends compte à l’écriture qu’un élément ne va pas fonctionner) et je dois aussi pouvoir faire n’importe quoi, suivre mon instinct quitte à évacuer l’idée plus tard.
La scène de la catapulte dans Toxic relève typiquement de ce cas de figure : elle n’est pas dans le synopsis d’origine. Elle m’est venue bien plus tard, à l’écriture du premier jet, alors que j’avais regardé sur le net une série de photographies sur les refuges. Je me souviens de l’image d’une maison-bunker sur pilotis, tout en hauteur, avec toit-terrasse. Le cheminement qui mène de cette image à la catapulte à zombies est indirect. J’ai trouvé l’idée d’une maison-bunker géniale, en hauteur les héros seraient hors d’atteinte. Avec en corollaire : comment en déloger les personnes à l’intérieur ? Elle est inaccessible, avec des murs épais, etc… Passer par le toit alors ? Mais comment atterrir sur le toit ? Les questions s’enchaînent et j’en arrive aux verbes lancer, catapulter…
La catapulte a nécessité des aménagements du récit. Par exemple, la maison-bunker sur pilotis s’est révélée une fausse bonne idée. Il faut bien viser pour atteindre le toit, ça suppose des réglages, des ratés, donc du bruit qui alerte les héros ( l’éditeur a bien relevé les soucis que posait cette intégration en sous entendant qu’il faudrait peut-être l’abandonner). Mais je tenais à ma catapulte. La maison sur pilotis est devenue villa-bunker entourée de douves, un domaine plus vaste, moins spectaculaire qu’une baraque sur pilotis, au final cela a amené les scènes dans les douves et l’idée de la panic-room. La mort de l’idée (bunker sur pilotis) a donné vie à d’autres possibilités. Mais ça n’a pas modifié la trame fondamentale du récit.
Si les pièces maîtresses du synopsis sont toujours là, les briques changent, de ce fait il subit une sorte de dérive par rapport à la ligne originelle. La plupart du temps, il s’agit de faire une boucle autour de la ligne principale, mais parfois c’est un écart plus conséquent : nouveau personnage, nouvel arc narratif, mort d’un perso…

Pour une série, disposer d’un synopsis est à mon sens essentiel. Il peut s’écouler des semaines entre l’écriture de 2 épisodes. Le synopsis permet de me remettre rapidement en selle sans me demander :  » Bon ok, il faut se mettre à l’épisode X : je raconte quoi ?  » Des mois, voire des années, peuvent séparer les premiers épisodes des derniers. Je dois pouvoir me rappeler comment j’ai eu une idée et pourquoi [ J’en reviens à mes histoires de questions dans les crochets… ]. Je peux ainsi refaire le cheminement de ma pensée.
Ensuite, plus une série est longue, plus la dérive est importante. En un sens, c’est logique et même sain, c’est révélateur d’un potentiel quand je vois que je peux déployer ou renforcer des arcs narratifs, quand l’histoire « s’auto-nourrit ».
C’est aussi à ce moment-là, qu’un regard extérieur peut révéler des éléments insoupçonnés.

La dérive synoptique est bénéfique, elle permet de laisser libre court à la créativité, de ne pas l’étouffer (en se disant : mince, je peux pas mettre ça parce que ce n’est pas dans le synopsis). Le synopsis n’est pas gravé dans le marbre, il peut changer parce qu’en cours de route, je vais avoir d’autres idées. Durant l’écriture on imagine des scènes meilleures, des situations plus intéressantes à exploiter.
Ceci étant, je ne dois pas dériver au point de perdre les objectifs initiaux ou de me fourvoyer dans une impasse. En ce sens, le synopsis est aussi une bible ou une carte, il permet de ne pas me perdre en route, de reculer pour reprendre le fil principal.

Même après le premier jet, le synopsis continue d’évoluer. Et encore après. Les corrections éditoriales ou autres peuvent amener à des évolutions. Par exemple, l’éditeur peut conseiller de tuer un personnage alors que ce n’était pas prévu dans le synopsis…

J’enrichis aussi le synopsis avec ce que j’appelle la bibliothèque d’idées. Je passe du temps à lire des articles, blogs, les textes d’autres auteurs, à me promener, faire du sport, m’aérer, discuter avec les gens… Chaque expérience (une photo, un mot, un morceau de vie quotidienne) peut donner lieu à une entrée dans la bibliothèque. Un soir, je regardais un documentaire animalier sur les éléphants, l’aventurier expliquait le rôle de la trompe. J’ai ouvert une entrée :
 » Un nez, un bras, une main : Tout cela à la fois. La trompe, un appendice multifonction pour une espèce d’alien. Avec détecteur de vibration dans la trompe, à l’extrémité.  » Pourquoi un détecteur de vibration ? La vérité est que j’en sais rien. À ce jour, j’en ai encore rien fait, mais cela servira peut-être.
À mesure que la bibliothèque s’étoffe, l’esprit établit des connexions ( je me souviens avoir noté quelque chose sur tel ou tel sujet… ) Cela m’amène à une loi capitale : « si ce n’est pas écrit, alors ça n’existe pas. »
Tant que je n’ai pas « capturé » cet instant, il demeure virtuel, une évocation dans mon esprit. Peut-être que ça servira, ou peut-être que j’en ferais jamais rien. Mais étiqueté et tagué, je peux le retrouver.
La bibliothèque est pour moi un centre de ressources.
Pour le projet radius, j’avais dressé trois profils de personnages, tous conservés dans la bibliothèque. J’en ai retenu un et un second a été « recyclé » dans le projet Voyager. Je pense que le recyclage est un processus important dans la créativité. Les « mauvaises » idées recalées dans le cours d’un projet peuvent révéler tout leur potentiel dans un autre. Je suis persuadé qu’il n’existe pas réellement de mauvaises idées, mais des situations dans lesquelles elles vont fonctionner et d’autres pas. Personnellement, j’adore le recyclage. Pour le projet Apocalypse, j’ai repris le personnage du cardinal Valero d’Hérésie Minérale. J’ai gardé les mêmes traits, le même caractère, mais je l’ai placé dans un contexte différent et j’ai étoffé son background. Idem pour le Hector de Toxic, à la base, c’est un personnage que j’avais imaginé dans le texte Dealer d’iceberg.

Recycler peut vous mener vers des idées lumineuses.

Recycler peut vous mener vers des idées lumineuses.

La créativité est par définition volatile, furtive, capricieuse, soudaine… Je me sens parfois dans la peau d’un chasseur de papillons, épuisette à la main, à l’affût d’un spécimen rare.

S.Desienne

image Booktwo.org

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    L’étudiant regarde son professeur, en arquant un sourcil sceptique :
— Je ne comprends pas pourquoi on critique autant le livre papier, monsieur.
L’enseignant repose la feuille de polymère qui bascule en mode veille au contact de son bureau.
— Eh bien, c’est une technologie sur le retour qui est en concurrence avec les transcopies classiques. Et puis, c’est nouveau alors…
D’un geste attentionné, l’élève exhibe l’ouvrage qu’il vient d’acheter, non sans fierté. La couverture est épaisse, ses doigts suivent les méandres des lettres d’or comme incrustées dans le cuir travaillé avec soin.
— Vous avez vu ces ornements, ces détails ? Rien de comparable avec un texte transcopié en format ebook. Vraiment, je ne comprends pas pourquoi tout le monde critique autant le papier. C’est magique !
— Bah, les gens ont tellement l’habitude de lire sur une liseuse — il reprend sa feuille de plastique dont l’encre redevient visible — qu’ils ne sont pas prêts à franchir le pas vers le papier.
— Ouais, sans doute. L’inertie, le système…
L’étudiant ouvre la première page. Il se penche pour « humer » la cellulose transformée comme si elle recelait quelque propriété magique ou bien que la matière émettait un parfum.
— Et puis, il y a l’odeur… fit-il, tandis que l’enseignant consulte un message du secrétariat de la fac.
— L’odeur ?
— Oui, celle du papier.
Le professeur s’approche :
— Ah oui ? Tiens, c’est exact. Curieux comme phénomène.
Au même instant, une étudiante entre dans la salle de classe. Elle jette un sourire à son camarade.
— Ah, tu as un livre ? C’est la première fois que j’en vois. Tu me montres comment ça marche ?
— Ouep, tiens.
La jeune femme s’empare du trésor, glisse son doigt sur le papier et penche légèrement la tête, en répétant la manipulation consistant à écarter le pouce et l’index.
— Bah ? On peut pas changer la taille des caractères ?
— Non, ça se lit comme ça.
— Ah et pis on peut pas accéder à la bio complète de l’auteur.
— Sur la dernière page, il y a un résumé.
Elle retourne le bouquin, et manque de le faire tomber.
— C’est un peu lourd quand même… Ah, une courte biographie ! Bon, c’est… raide question infos données.
Sa bouche se tord en une moue expectative : elle soupèse l’ouvrage.
— Je me vois pas me balader avec ça dans mon sac. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi on en fait tout un foin, le papier ne risque pas de bouleverser l’économie du livre.
— Bah, ce qui est neuf, c’est le retour à la source, le contact avec la page. Regarde, c’est quand même autre chose que la froideur d’une transcop sur une liseuse polymère. Tu sens la chaleur ?
Intriguée, sa camarade pose la main à plat sur une page :
— Y’a un système de chauffage inclus dans le filetage ? C’est quoi ? De la nanotech ? En tout cas, je sens rien…
— Non, c’est le contact… La chaleur du papier.
— Ouais… Si tu dois te taper vingt romans pendant tes vacances, tu dois te promener avec une lévi-palette qui te suit partout comme un toutou aussi ?
L’enseignant écoute l’échange avec intérêt, piqué par le débat naissant entre ses deux élèves.
— Et pis regarde, tu tournes la page, et hop tu as la suite. Il y a quelque chose dans ce geste, non ? reprend le garçon sans se décourager. C’est quand même génial quand on y pense, simple, fluide, pur… Il y a comme une musique, un rythme.
Il parcourt plusieurs pages pour appuyer ses dires. La fille s’assoit sur la chaise, un air amusé :
— Et tu peux prendre des notes ? Par exemple, sélectionner une citation, la transcopier pour y accéder quand tu en as besoin, n’importe où, n’importe quand ? La partager avec des potes ?
Son camarade ne se démonte pas. Il se penche, brandit un e-stylo connecté qu’il vient de sortir de son sac. Il applique la pointe sur le texte imprimé :
— Tu voies, ça marche aussi de cette manière. Mon stylo est relié à mon cloud perso.
— Ouais. N’empêche qu’on a jamais rien fait de mieux que la transcop, le livre papier, je n’y crois pas. Ça remettrait en question tout l’écosystème de l’édition Transcop. Des milliers d’emplois, de traducteurs, d’éditeurs, des codeurs, des auteurs, les plateformes de distrib…
— Hum, hum, fit alors l’enseignant que la jeune fille prend immédiatement à témoin.
— J’ai quand même raison non, le livre, ça ne peut pas marcher comme affaire. Les gens ne sont pas prêts. Ce marché ne décollera jamais. Et puis du papier… Et puis couper des arbres pour lire ?! Vraiment ?
— Pas besoin, c’est de la cellulose de synthèse.
Le vieil homme, professeur émérite de Lettres Classiques, se lève pour faire quelques pas dans l’allée. Arrivé près du plexiglas interactif, il s’arrête soudain.
— Je vous propose une petite expérience, tous les deux ? Vous voulez bien ?
Les étudiants se regardent.
— Oui. Bien sûr.
L’enseignant se caresse le menton. Son front se creuse tandis qu’il réfléchit à la mise en scène de son idée. Il fait demi-tour, en demeurant sur place.
— Prenez vos chaises, asseyez-vous face au mur du fond. Surtout, ne vous retournez pas. Fermez les yeux et… attendez.
Après une minute, la voix du professeur s’éclaircit puis il commence la lecture d’un timbre clair, à l’accent théâtral.
Les mots emplissent les jeunes esprits. Ils reconnaissent tous les deux le texte. Le garçon l’avait tenu en main instant auparavant. La fille l’avait étudié au cours de l’année scolaire, dans la version transcopiée d’origine. Elle sourit au moment ou le conteur dans leur dos aborde la scène où le couple se donne rendez-vous au sommet de la falaise en pleine tempête, alors que les flots se déchaînent, les visages éclairés par intermittence par le cône de lumière du phare. Son passage favori.
Celui de son camarade également.
La lecture se poursuit durant cinq bonnes minutes. Phrases et métaphores, se succèdent, éveillent des images. Font sourire. Ou pleurer.
Puis, la voix du professeur s’éteint.
— C’est toujours un régal cette histoire, dit alors la jeune fille.
— Ouais, j’adore ce texte.
Ils se retournent pour remercier leur enseignant pour ce moment. Il est assis sur le rebord de son bureau. Sa main gauche repose sur la couverture de cuir de l’édition imprimée et la droite sur la feuille de polymère.
— Ça vous a plu, n’est-ce pas ? Plein d’émotion dans ce récit.
— C’était génial, Monsieur.
— Bien, alors maintenant, voici ma question : lequel de vous deux peut me dire sur quel support je viens de lire l’extrait qui vous a tant ému ?

Stéphane Desienne

3000 pieds – sommaire
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–=| Acte 141 |=–

1. Le regard de Franck s’attarda sur chacun des visages crasseux. Il eut l’impression de les connaître depuis longtemps.

2. Une sensation étrange. Jusqu’à ce matin, il ne les avait jamais rencontrés. En retour, ils en savaient peu sur lui.

3. Prêtre, chercheur en théologie, cela, ils en étaient au fait, mais ils ignoraient tout de sa vie d’avant. De ses fautes.

4. Je n’ai pas toujours été un homme d’Église, fit-il. Les lèvres de Jerry s’élargirent. Celles de ses amis se réduisirent.

5. Gia croisa ses bras sur sa poitrine. Vous faisiez quoi avant ? Il hésita. Faire pénitence n’avait jamais été son fort.

6. Allons Franck, l’encouragea Jerry d’un air ironique, tu leur dois bien ça après tout ce que vous avez traversé, hein ?

7. J’étais dans un gang. Les Yum’s Hells sur la 19ème. Lucie écarquilla les yeux. Le concierge en resta bouche bée.

8. Oui, confirma-t-il, je suis né à Yumington. Je m’étais juré de jamais y revenir mais le Seigneur en a décidé autrement.

9. Le front de Gia se rida : vous avez tué pour y entrer ? Franck se tourna vers elle : on me l’a demandé. Jerry jubilait.

10. Il frappa dans ses mains. L’applaudissement résonna : Dieu lui a pardonné depuis, le coupa-t-il, n’est ce pas, Franck ?

–=| Acte 142 |=–

1. Le souffle de l’explosion poussa la fumée. Puis étrangement, le silence s’installa. Doug contempla son ouvre, la brèche.

2. De l’autre côté, il devina des silhouettes noires qui courraient à travers un hall lumineux, comme des fourmis affolées.

3. Des policiers du Yum Swat s’approchèrent. Doug leur fit signe : faites gaffe aux porteurs de lunettes ! répéta-t-il.

4. Il surprit le regard étonné derrière la visière. Il suffit de leur retirer leur glass-T. Ne les descendez pas !

5. Un cri déchira soudain l’air : Mélodie ! Les canons pointèrent vers la source. Doug intervint : c’est une civile !

6. Mélodie ! Élise marchait au milieu des volutes blanches. Des gens couraient autour d’elle. Des ombres. Des cris.

7. Aucune trace de sa fille. Volatilisée. Elle se souvint de Preston Dex, si près d’elle à ce moment. Élise s’effondra.

8. En pleurs sur le marbre couvert de débris, un cordon de sécurité se forma autour d’elle. Doug lui prit la main : venez.

9. Mélodie avait senti la vibration, entendu le bruit sourd. Une explosion ? Le policier avait-il réussi son coup ?

10. Arrêtés entre deux étages, elle interrogea son voisin : où va-t-on ? Pour toute réponse, Preston se remit en route.

–=| Acte 143 |=–

1. Ce soir-là, Franck était Abraham, déclara Jerry. Ce soir là, son maître et seigneur se nommait Tony, caïd de son état.

2. Poings et mâchoires serrés, il écoutait ce tissu de… vérité. Sa maîtrise seule l’empêchait de lui sauter à la gorge.

3. Le concierge s’écarta du prêtre: vous aviez quel âge ? Franck leva la tête. 15 ou 16 ans. Vous avez tué ce type ?

4. Gia et Lucie attendaient une réponse honnête. Leurs regards sur lui changeraient. Surement. Franck revint sur Jerry.

5. Il ressemblait tellement à Tony à cet instant. Même verve, même assurance, même détermination. Deux points différaient..

6. Le costume et la bande, une armée obéissant aux ordres sans discuter. Tony aurait adoré. Alors, Franck, raconte-leur…

7. Je tenais le pistolet face à cet inconnu et je n’ai pas pu. Gia expulsa l’air contenu dans sa poitrine, un soulagement.

8. Il est mort, pas vrai ? Frank hocha la tête. J’étais terrorisé. Tony l’a abattu. Jerry tapa à nouveau dans ses mains.

9. La vérité libère du fardeau, fit-il. Mais la vie est un éternel recommencement. Un résident apparut avec un enfant.

10. Qu’il portait sur les épaules. Tous reconnurent la fillette. Franck va devoir encore affronter ses démons, fit Jerry.

–=| Acte 144 |=–

1. Élise hurla le nom de sa fille, sa chair et son sang. Doug tenta de la rassurer en l’accompagnant dehors, à la lumière.

2. Les hommes d’une autre unité les regardèrent. Doug héla un infirmiers. J’ai un rapport à effectuer, dit-il à Élise.

3. La femme s’agrippa à la manche de son treillis : ma fille ! je vous en supplie. Retrouvez-la. Doug le lui promit.

4. La civile désormais entre de bonnes mains, Doug se dirigea vers l’officier supérieur. Bordel ! Que se passe-t-il ici ?

5. Les rapports macabres se succédaient. Les équipes découvraient des cadavres à tous les étages. Doug se gratta le cou.

6. Par où commencer ? L’officier le fixa : où sont tes hommes ? Doug détourna le regard, posa son M4 sur le comptoir.

7. Avez-vous retrouvé la gamine ? Mélodie, 9 ou 10 ans. Non, répondit l’officier. Merde, pesta Doug. Je dois y retourner.

8. Douglas ! Il franchit l’ouverture déchirée par l’explosion. Secouristes, soldats, une zone de guerre, songea-t-il.

9. Les porteurs de lunettes, dépareillés, étaient rassemblés dans un coin et un homme gardait un monticule de glass-T.

10. Où était la gamine ? Il se plaça sur sa dernière position connue. Tourna sur lui même, attentif. Stop ! Une porte…

–=| Acte 145 |=–

1. Preston s’avança vers la troupe de résidents, ses glass-T synchronisées partagèrent les informations sur la cible.

2. Mélodie Hampton lui avait donné du fil à retordre. Mais c’était fini. L’honneur lui revenait de l’offrir au maître.

3. Dépose la, lut-il sur le flux. D’une main ferme, le serviteur bascula la fillette de son épaule, l’aida à se redresser.

4. Les yeux rougis, fatigués, les jambes cotonneuses, le regard de Mél se perdit sur les visages neutres des résidents.

5. Qui étaient ces 5 personnes sans glass-T ? L’une d’elle parla : tu t’es battue avec courage, petite. Ça n’a pas suffit.

6. Hélas. L’homme au costume sombre arborait un sourire carnassier. Elle ne comprenait rien. Puis elle reconnut une voix.

7. Je suis le Père Franck Marcopoli. Mél se retourna. Un prêtre ? Nous nous sommes parlés. Tu te souviens, n’est-ce pas ?

8. Il l’avait empêché de poignarder sa mère. Elle hocha la tête, balbutia un oui. Nous allons tous sortir de là, promit-il.

9. L’homme au costume ricana. Il brandit une lame qui étincela sous la lumière des projecteurs : pas tous, je le crains.

10. Deux résident apportèrent une table drapée de blanc et rouge. Comme un autel. Allonges-toi ici, ordonna-t-il à Mél.

–=| Acte 146 |=–

1. Mélodie refusa d’approcher. L’homme en costume posa son couteau sur l’autel. Chère enfant, fit-il. Tu n’as pas le choix.

2. Laisse la partir, demanda Franck d’une voix ferme. En réponse, des résidents empoignèrent Gia, Lucie et le concierge.

3. Ses amis tentèrent de résister, de se dégager. En vain. Tu n’es pas en position de demander quoi que ce soit, fit Jerry.

4. Il s’adressa à Mélodie. Veux-tu que ces gens soient tués, par ta faute ? Mél regarda MrDex qui menaçait la jolie femme.

5. Elle secoua la tête. Bien ! fit l’homme, allonges-toi ici. Tremblante, la fillette s’exécuta aidée par un résident.

6. Jerry la recouvrit jusqu’au cou d’un drap blanc. Puis il regarda le prêtre, lui tendit la lame: à toi l’honneur, Franck.

7. Le concierge protesta du regard. Gia retint son souffle. Lucie baissa les yeux. Le prêtre s’avança vers l’autel.

8. Le sacrifice, entama Jerry, c’est quand même mieux quand on le vit avec ses tripes. Pas vrai ? Franck saisit la lame.

9. Il se revit dans cette ruelle. Il n’était qu’un gamin perdu avec un gang pour seule famille, comme unique perspective.

10. Il se plaça face à la gamine. Des larmes s’écoulaient de ses yeux. Ses lèvres tremblaient. Franck leva le couteau…

–=| Acte 147 |=–

1. Tu dois le faire Franck. C’est un commandement et elle est l’agneau. Après, je m’en irais, fit un Jerry grand seigneur.

2. La gamine le fixait, yeux grands ouverts, ses cheveux étalés en une masse emmêlée. Il tenait le couteau au-dessus d’elle.

3. Sur le visage de ses amis: des airs horrifiés, incrédules, sous la menace de lames tenues par les résidents aux glass-T.

4. S’il ne tuait pas la fillette, Jerry s’en chargerait. Il était comme Tony. Il attendait ce moment, il l’appelait.

5. Franck lâcha le couteau. L’ustensile tomba sur le sol dans un tintement clair. Jerry sourit : tu n’es pas Abraham.

6. La gamine lâcha un long soupir. Un répit de courte durée. Jerry produisit une seconde lame : démonstration est faite…

7. …qu’il n’existe aucune solution miraculeuse au dilemme. Ni ange, ni sauveur, proféra-t-il avec une voix d’illuminé.

8. Il n’y en a pas eu pour moi. Il n’y en aura pas pour les autres. Les yeux écarquillés, Mélodie voulut hurler sa terreur.

9. Les mains de Jerry serrées autour du manche, sa mâchoire qui se crispa., le prêtre décida que c’était le moment d’agir.

10. Les projecteurs s’éteignirent soudain. Un coup de feu retentit. Franck sauta sur Jerry. Ce fût la confusion, les cris.

–=| Acte 148 |=–

1. Franck se redressa. Ses oreilles bourdonnaient. Ses paumes poisseuses sur le costume sombre. Sur Jerry. Immobile. Mort ?

2. Il ne bougeait pas. Franck le retourna. Au milieu du front, un trou, rouge, cerné de noir. Il fit un signe de croix.

3. Un homme casqué arriva, fusil braqué sur lui. Franck leva les mains : ne tirez pas ! Mélodie glissa hors de la table.

4. Elle se précipita vers le policier, souriante. Je suis Douglas du Yum Swat. Qui êtes-vous ? Père Franck Marcopoli.

5. Un prêtre ? Il avait failli descendre un prêtre, réalisa Doug surpris. S’il avait tenu ce couteau une seconde de plus…

6. Il pointa le type en costume allongé sur le sol. C’est lui qui est responsable de ce merdier ? Le prêtre hocha la tête.

7. Il est mort, précisa Franck. Le policier abaissa le canon de son arme. Il serra la gamine en larmes. C’est fini.

8. Gia, Lucie et le garçon les rejoignirent. En découvrant le corps, un éclair de satisfaction illumina les traits tirés.

9. Mon père, vous allez bien ? fit la Yum Girl. Il se sentait vide. Jamais le Seigneur lui avait infligé une telle épreuve.

10. Les secours les entourèrent, les séparèrent. Doug emmena Mélodie : ta maman t’attend. Il salua les soldats d’élite.

11. Grenades incapacitantes, fumigènes, coupure de courant…. Un vrai miracle, se dit-il en visant les résidents hébétés.

12. Des survivants qui revenaient d’un autre monde. Beaucoup connaîtraient un réveil difficile en découvrant l’horreur.

–=| Acte Final |=–

1. Sur le parvis, tenant un gobelet de café; le concierge regarda Gia. Il prit son courage à deux mains, la rejoignit.

2. Les mots virent sans effort: j’aimerais vous revoir. La Yum Girl lui sourit : tu gagnes pas assez. Sa mine s’assombrit.

3. Je plaisantais, fit-elle soudain. J’accepte à une condition : pas de restaurant panoramique, pas de tour. Vendu, fit-il.

4. Lorsque Élise l’aperçut, elle quitta les bras de Michelle, se précipita vers sa fille : Mél ! Elle la serra, en pleurs.

5. On va s’en aller d’ici. Mélodie hocha la tête, hasarda un regard en direction de Michelle. Et papa ? Il sait déjà.

6. Mélodie, entendit-elle. Mél se retourna, éprouva une peur panique : Mr Dex… Sa mère fit barrage entre lui et elle.

7. Je suis désolé, déclara Preston Dex, je ne me souviens que de bribes, des images horribles de moi te poursuivant.

8. Lucie, assise sur un banc, attendait la dépouille de son défunt mari. Il y avait peu de survivants, réalisa-t-elle.

9. Elle ne se sentait pas chanceuse pour autant. Le prêtre vint s’asseoir à ses côtés: je peux dire quelques mots pour lui.

10. Vous devrez lui pardonner, ajouta-t-il. L’épouse le regarda : ça va être dur. Et vous, pardonnerez-vous à Jerry ?

11. Suite au massacre de Yumington, « De la parole aux actes », du père Franck Marcopoli, devint un best seller mondial.

12. Les millions d’exemplaires de la version papier se sont arrachés. Dernier gros tirage de l’histoire de la librairie.

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–=| Acte 131 |=–

1. La porte émit un chuintement pareil à un sas. Le couloir aux murs blancs desservait des salles avec d’épaisses vitres.

2. L’informatique de la Tour, je crois, fit le concierge, en montrant les hautes armoires aux lumières chatoyantes.

3. Ils ne s’arrêtèrent pas, aucun n’aurait su mettre hors de service ce genre d’installation. Le vestibule devint un hall.

4. À l’extrémité, un accès signalé par un panneau : « electricity power unit ». Ils se retrouvèrent sur une passerelle.

5. La vue plongeait vers l’ensemble de turbines à la carapace verdâtre en forme d’escargot étiré et bardés de câbles.

6. Un brouhaha constant s’élevait entre les murs bruts. Ils ne virent personne, aucun résident, Franck fronça les sourcils.

7. Vous aviez dit qu’il était là, fit Gia, agacée. Le regard de Lucie se durcit, clonant presque ceux de la Yum Girl.

8. Ils regagnèrent le hall, dépités. Franck s’assit sur une chaise. Il lui semblait logique que Jerry contrôle le cœur.

9. Jerry sourit. Son vieil ami ne comprenait toujours pas. Ça viendrait, se dit-il, en observant l’écran. La vue changea.

10. Il observa le policier du Yum Swat. La gamine entre les adultes. Sur l’écran voisin, sa surprise se mettait en place.

–=| Acte 132 |=–

1. Secteur commercial, l’espace détente et l’atrium, sa fuite à travers les galeries, les cris, tout lui revint en mémoire.

2. Mélodie avait l’impression que cela remontait à des jours en arrière. Pourtant, le cauchemar avait débuté ce matin.

3. Le temps était élastique. Elle se prenait le retour en pleine figure. Mares de sang, corps étalés, vitrines fracassées.

4. Sa mère la prit contre elle : tu n’es pas obligée de regarder. Maman, fit la fillette, j’y étais. Ça pourrait être moi.

5. Là, par terre, désigna Mélodie entre des marchandises éparpillées. On va sortir, lui promit sa mère d’une voix ferme.

6. Doug les observait, en inspectant les lieux. La gamine en avait vu de dures. Un détail le chiffonnait depuis un moment.

7. Où étaient les porteurs de glass-T ? Ils auraient du en croiser. Ils ne s’affrontaient pas et ils se reconnaissaient.

8. Une terrible question survint alors : et s’ils avaient tué tous les résidents ? S’ils étaient les seuls survivants ?

9. Des années d’expériences tactiques au Yum Swat et son instinct le lui soufflaient : ce n’était pas encore terminé.

10. Il réunit les 2 civiles. Je ne les ai pas vus non plus, fit Élise. Doug s’accroupit : je crois qu’ils nous attendent.

–=| Acte 133 |=–

1. Le concierge s’approcha du prêtre : s’il n’est pas là, où est-ce qu’il se planque ? Quittons cet endroit, implora Lucie.

2. Pris d’un doute, Franck secoua la tête : il est là, quelque part. Nous avons fouillé ce secteur, fit la Yum Girl.

3. Dépitée, Lucie se tenait à l’écart tandis que le trio faisait le tour des hypothèses. Elle se glissa vers la sortie.

4. Respirer à l’air libre, se laver l’esprit, effacer les images sanglantes. Suivre ces dingues, cette putain: une erreur.

5. L’épouse profita qu’ils aient le dos tourné. Un couloir, puis le sas, remonter au parking. Il restait l’entrée. Fermée.

6. Elle se dit qu’elle trouverait bien. Son coeur battit à tout rompre jusqu’à la voiturette. Elle s’installa et démarra.

7. Gia fut la première à remarquer sa disparition. Ils comprirent tout de suite et sans tarder, se mirent à sa poursuite.

8. Ne jamais remettre les pieds dans cette maudite tour, se promit-elle. Lucie y avait perdu ses illusions, un mari volage.

9. Plus elle s’approchait de la délivrance, plus son coeur s’allégeait, son fardeau pelé comme un onion à chaque pas.

10. La grille barrait le chemin de la liberté. En regardant aux alentours, elle remarqua le semi-remorque garé près du mur.

–=| Acte 134 |=–

1. Des couloirs, le carrelage, fardés de rouge façon Halloween. Les citrouilles et les bonbons en moins, songea Mélodie.

2. Ils progressaient en direction des escalators, sans rencontrer d’opposition. Des corps gisaient dans les allées.

3. Des coulures au ton framboise restaient accrochées aux portes, aux vitrines. Les projections maculaient les bancs.

4. Le décor sanguin hurlait. Chaque traînée semblait le cri d’une victime marquant murs et sols de sa dernière empreinte.

5. Et il y avait ce silence. Effrayant, irréel. Ils pressèrent le pas, menés par le policier du Yum Swat sur ses gardes.

6. Le trio effectua une pause au pied d’un escalator. En face, un large escalier menait au second étage. L’ultime étape.

7. C’est maintenant que tout se joue, annonça Doug. On a croisé personne, remarqua Elise. Il y avait une raison à cela.

8. Mélodie jetait des regards en direction des escaliers. Je dois placer la charge sur l’une des entrées, rappela Doug.

9. Une fois l’ouverture pratiquée, les secours interviendront. Vous serez libérées ainsi que les survivants qui se cachent.

10. La fillette fronça les sourcils: il vous faut une diversion. Doug les regarda: je vais avoir besoin de votre aide. Oui.

–=| Acte 135 |=–

1. Lucie hésita. Vulnérable, seule au milieu de du parking, le regard attiré par le camion. Que faire, comment sortir ?

2. L’accès a la remorque noire était abaissé. Elle s’approcha du véhicule, le pas incertain, s’arrêta au pied de la rampe.

3. Franck et Gia s’agrippèrent alors que la voiturette tanguait dans les virages. Le concierge fonçait à travers la galerie.

4. Ils retrouvèrent le véhicule abandonné à leur point de départ. Où est-elle ? s’énerva la Yum Girl en tournant autour.

5. L’épouse désirait partir. La réponse lui sembla logique. Ils se pressèrent vers l’entrée principale. Franck en tête.

6. Les escaliers de métal se terminaient par une porte close. Lucie inspecta la cabine. Fermée. Elle se sentit idiote.

7. Elle ne savait pas conduire un bahut et il y avait personne. En revenant sur pas, elle entendit un bruit mécanique.

8. Elle se retourna, aperçut une rangée de projecteurs sur la remorque. Ils s’allumèrent tout d’un coup, elle leva le bras

9. Apeurée, Lucie recula, bras en guise de barrage au torrent de lumière. Elle hurla : arrêtez, je veux juste partir !

10. Le trio arriva alors. La lumière intense les attira. Et la voix, reconnut Franck. Celle de Jerry : je vous attendais.

–=| Acte 136 |=–

1. L’idée était simple et effrayante. Mélodie, tremblante, s’accrochait à la rampe des escaliers menant au hall d’accueil.

2. Elle regarda derrière elle. Doug l’encouragea à continuer. Sa mère était pétrifiée dans un coin. De honte ou de peur.

3. Maman s’était bien portée volontaire. Le policier avait émis l’hypothèse, assez juste, que sa fille était plus rapide.

4. Elle se retrouvait donc en première ligne. Devant elle, trois entrées barrées de volets métalliques infranchissables.

5. Devant ces remparts d’acier, une marée de porteurs de glass-T. Ils la regardaient. Tous. Mélodie se figea à mi-chemin.

6. David contre Goliath, sauf qu’elle n’avait pas de lance pierre. Il ne s’agissait pas de se battre, avait précisé Doug.

7. Les tueurs en rang parallèles ressemblaient à une armée démente. Tous esclaves de leur lunettes, de sa prose assassine.

8. Doug jouissait d’une vue directe sur la scène incroyable et la courageuse gamine, si fragile, seule face aux résidents.

9. Un abîme saisissant. Un vertige. Sa fille chérie, face aux monstres… Élise tenta de se rassurer. Le plan était simple.

10. Mélodie reconnut Mr Dex, sa lame. Il fit un pas en avant. Ses lèvres s’étirèrent comme quand il lui offrait un bonbon.

–=| Acte 137 |=–

1. Gia excellait dans l’évaluation des hommes. Un regard suffisait pour dresser un profil : client ou pas, riche, maniaque.

2. La silhouette imposante qui se détacha en contre-jour la laissa perplexe. C’était inattendu. Franck serra les poings.

3. Grand, costume soigné, la Yum Girl aurait pu coucher avec ce genre de personne, aisée de prime abord. Les apparences…

4. Jerry arborait le sourire d’un joueur ou d’un business man assuré de remporter sa mise : salut Franck, lança-t-il.

5. Le prêtre garda le silence. Je vois que tu es venu avec tes compagnons, fit Jerry. Moi aussi, j’ai amené quelques amis.

6. L’intensité des projecteurs baissa, révélant des porteurs de glass-T. Lucie se colla au concierge qui réprima un juron.

7. Les résidents, armés pour la plupart, se déployèrent autour d’eux. D’où sortaient-ils ? Gia se sentit prise au piège.

8. Que vas-tu faire, Jerry ? Nous tuer ? Tu veux un autre bain de sang ? Tu n’as pa eu ton compte ? le provoqua Franck.

9. Aujourd’hui, il y a eu des milliers de sacrifices. Un sacré série statistique. Et tu sais quoi, Franck ? Pas une fois…

10. …ni Dieu, ni ange ne sont apparus. Personne n’est intervenu pour stopper ces Abraham. Selon toi, est-ce une anomalie ?

–=| Acte 138 |=–

1. Preston la tenait enfin à sa portée. La gamine n’avait aucune chance de lui échapper à présent. C’en était presque fini.

2. L’honneur lui revenait de l’éventrer, selon les phrases qui exaltaient son esprit. Ensuite, il passerait à autre chose.

3. Yeux rivés sur son voisin, Mélodie plongea les mains dans sa poche. Elle se récita la séquence une dernière fois.

4. Extraire la canette, tirer sur la goupille et la faire rouler sur le sol. Un plan simple. Ensuite, elle devrait courir.

5. Mr Dex s’approchait d’elle. Bien trop. Tétanisée, ses mains tremblaient. Le plan n’était pas aussi simple en réalité.

6. La fillette devait se décider, maintenant, jugea Doug. Ce type risquait de tout foutre en l’air. Il épaula son M4.

7. Elle entrevit la solution. Mélodie sortit la grenade, d’un geste sec elle tira sur la goupille et la lança sur Mr Dex.

8. Bien joué, murmura Doug. L’individu avait rattrapé la cannette d’où une épaisse fumée jaune commença à s’échapper.

9. Doug avait égalisé la situation tactique: lunettes ou pas, tout le monde était aveugle à présent. Le policier s’élança.

10. La fumée se répandait si vite. Mélodie, perdue, sentit une main s’abattre sur ses épaules. Elle se retourna: Mr Dex !

–=| Acte 139 |=–

1. J’ai expédié trois mille paires de glass-T dans cet immeuble, déclara Jerry, toutes chargées avec ton livre, Franck.

2. Le personnage portait la création d’un tailleur créateur italien, nota Gia. Il ressemblait à un avocat en pleine gloire.

3. Ce mec est taré, souffla le concierge. Il aurait pu le croiser dans le hall, le conduire à ses appartements ou l’aider.

4. Avec le sourire. Service compris. D’après le prêtre, il était un résident de la Tour. Le garçon frissonna, mal à l’aise.

5. Franck se tenait raide comme le bâton de la justice divine, remarqua Lucie. Comment j’en suis arrivé là ? se dit-elle.

6. Alors dis moi, poursuivit le cerveau de ce massacre, pourquoi aucun des milliers de sacrifice a été interrompu, hum ?

7. Jerry s’avança vers eux. Nous parlons de test d’obéissance aveugle. C’est bien ce que tu expliques dans ton ouvrage ?

8. Laisse les partir. C’est entre toi et moi, à présent, siffla Franck. Gia observait l’homme qui s’exprimait avec aisance.

9. Loin du discours décousu d’un dingue ou d’un illuminé. Dis moi, Franck, je me trompe où tu ne leur a rien expliqué ?

10. Le prêtre roula des yeux. Ses amis le regardèrent. Dis-leur pourquoi le sacrifice d’Abraham t’obsède autant… Dis leur…

–=| Acte 140 |=–

1. Mélodie suffoquait. La fumée qui l’enveloppait, la main de son voisin plaqué sur sa bouche. Elle avait beau se débattre.

2. Elle avait beau le mordre jusqu’au sang. Mr Dex ne réagit pas. Il l’avait soulevée comme si elle ne pesait rien.

3. Ses yeux affolés roulaient dans leurs orbites. Elle fouilla en vain le smog à la recherche du policier ou de sa mère.

4. La fillette ne trouva ni un, ni l’autre. Mr Dex l’emmena à l’écart. Ils gagnèrent une porte, empruntèrent un couloir.

5. Doug s’enfonça dans le brouillard, M4 au poing. Il fallait faire vite pour poser la charge. Ne pas se poser de question.

6. Il abattit un résident qui émergea tel un spectre. Une balle dans la cuisse. L’homme tituba, tomba. Doug poursuivit.

7. Le second brandit une lame. Il ne prit aucun risque et lui logea une balle au milieu du front. Comme à l’entrainement.

8. Il atteignit la double porte coupe-feu menant à l’accueil de la Tour. Son objectif. Il s’agenouilla, fixa la charge.

9. Élise cria son nom. Mél ! Mél ! La fumée avait engloutit sa fille. Et Preston Dex. Un pressentiment mauvais. Horrible.

10. Elle dévala les escaliers à l’encontre des ordres. La retrouver ! Elle ne pouvait pas la laisser à nouveau. Jamais.

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–=| Acte 121 |=–

1. L’ombre, sous la porte, ne bougeait pas, mais Mélodie en était certaine : il y avait quelqu’un. Pas question d’ouvrir.

2. Le coeur battant après l’effort, en nage. Elle resta indécise. Si c’était un porteur de glass-T, il l’attaquerait.

3. Il fallait pourtant qu’elle sorte. Sa mère l’attendait. La fillette s’adossa au mur, leva la tête vers le plafonnier.

4. Que fabriquait-elle ? se dit Élise. Elle aurait dû sortir de l’un des logements. Elle songea au pire, en proie au doute.

5. Se décider. Elle cingla vers la première porte: fermée. Mains moites, elle s’essuya sur son pantalon, stoppa son geste.

6. La crosse du pistolet. Elle le sortit, braqua la serrure. Le 9mm ferait un boucan à attirer du monde. Elle se ravisa.

7. La femme pointa à nouveau l’arme. Elle pesta : Merde, c’était sa fille ! Elle tira, donna un coup de pied dans la porte.

8. Le coup de feu la fit sursauter. Mélodie vit que l’ombre venait de disparaître. Elle n’aurait pas de meilleure occasion.

9. La porte cogna violemment, s’ouvrant sur un vestibule sombre. Mél ! cria Élise. C’est Maman ! Où es-tu ma chérie ?

10. Mél ne se trouvait pas là. Elle se rendit à l’entrée suivante. Un détail lui revint : 7 coups en magasin. 11 logements.

–=| Acte 122 |=–

1. De l’activité à la blanchisserie. Jerry vit que son pion libérait les 2 partenaires. Le trio se mit en route aussitôt.

2. Preston prit la tête, talonné par Michelle et le nouveau. Sans hésitation, ils se pressèrent en direction du 106ème.

3. Doug stoppa au milieu des marches : les coups de feu venaient des étages inférieurs. Difficile de déterminer lequel.

4. Il parvint au 107ème. Une nouvelle détonation le confirma: cela provenait du niveau d’en-dessous. Le policier descendit.

5. M4 en main, l’autre sur la porte qu’il poussa lentement. Le danger pouvait surgir d’un coup, tel un diable de sa boite.

6. Il glissa un premier regard. La voie était libre. Une fois dans le couloir, il progressa avec précaution, paré à tirer.

7. À l’angle, il lorgna sur la droite. Il vit la femme responsable des tirs. Elle ne portait pas de lunettes. Bon signe.

8. Il s’engagea, l’interpella : Madame ! Elle se retourna, le pointa de son arme. Oh la ! Doucement, je suis policier.

9. Doug s’approcha. La victime lui parut…hystérique. Ma fille est là dedans, répéta-t-elle. 5 portes ouvertes, nota-t-il.

10. Elle montra la suivante. Ma fille, Mélodie, elle est là, quelque part. Je vais vous aider à la retrouver, la calma Doug.

–=| Acte 123 |=–

1. La tour possède plusieurs parcs de stationnement en sous-sol, expliqua le concierge, dont un dédié aux livraisons.

2. Une noria quotidienne de camions alimente les malls, les boutiques, les restaurants. Alors on pourra sortir ? fit Gia.

3. Jerry avait tout prévu, impensable qu’il laisse une faille béante dans son dispositif. Peu probable, affirma Franck.

4. Le garçon confirma: portes et grilles automatiques étaient sûrement fermées. Lucie ne disait rien, adossée à la paroi.

5. Le malaise s’installa, perturbé par les cliquetis mécaniques de la plateforme. Un ascenseur vers l’enfer, songea Franck.

6. Le concierge l’observa, visiblement gêné. Puis il se lança : vous avez une prière pour ce genre de situation, mon père.

7. La question le désarçonna. Le professionnel de la Foi reprit vite le dessus. Vous êtes croyant ? Le gamin hocha la tête.

8. Le prêtre lui tendit une main : une prière universelle, connue de tous. Je m’en souviens, oui, lui assura le garçon.

9. Soudain, la Yum Girl s’approcha, saisit l’autre main de Franck. Je la connais aussi, fit-elle. Ils regardèrent Lucie.

10. Elle se joignit à eux : je ne connais aucune prière. Franck lui sourit : il est toujours temps d’apprendre, de changer.

–=| Acte 124 |=–

1. Mélodie entrouvrit la porte, glissa sa frimousse. Le vestibule éclairé semblait désert. Un autre coup de feu retentit.

2. Était-ce sa mère qui tirait ainsi ? La fillette se pressa à travers le couloir jusqu’à l’angle, où elle stoppa, alerte.

3. Elle avait raison : il y avait bien un individu. Un homme face à la porte d’entrée. Avec des glass-T, devina-t-elle.

4. Mélodie l’observa, sans un bruit. Des cheveux gris, une calvitie. Un type âgé. Il inserra les clefs dans la serrure.

5. Dès qu’il fût dehors, elle le suivit, à pas de loup. Dans le couloir, elle vit sa mère, avec un gars. Armé. Un policier.

6. L’homme avait surgi d’un appartement voisin. Doug le mit en joue, le somma de s’arrêter. Le gars continua à marcher.

7. Le policier visa la cuisse, pressa la détente. L’homme s’écroula. Mél ! s’écria la femme. Elle se précipita devant lui.

8. La gamine.. Il ne l’avait pas vue. L’homme se remit debout, ignorant la blessure qui aurait du lui arracher un cri.

9. Merde, pesta Doug avant de lui loger une balle dans la tête. Avec les deux civils, pas question de prendre de risques.

10. Élise étreignit sa fille, aussi fort qu’elle le put. Je ne t’abandonnerai pas. Jamais. Je sais, maman, répondit Mél.

–=| Acte 125 |=–

1. Toucher le fond. Une impression partagée par tous lorsque la plateforme arriva à destination. Les portes s’ouvrirent.

2. Franck s’avança le premier. Un immense parking. Trois camions. Pas âme qui vive. Des néons blafards, des coins sombres.

3. C’est le troisième niveau, annonça le concierge. Le premier et le deuxième sont réservés aux résidents et visiteurs.

4. Alors, nous devons aller plus bas, raisonna la bimbo. Le garçon le confirma, les secteurs techniques sont en-dessous.

5. Lucie quitta la cage d’ascenseur à son tour, un regard envieux vers le fond où l’on devinait la rampe d’accès. L’espoir.

6. On pourrait vérifier si la grille est bien fermée, fit-elle. Inutile, reprit le gamin en indiquant un bureau à deux pas.

7. Un moniteur montrait la sortie. Vous voyez ? L’épouse soupira. Pour quelle raison cet écran est allumé ? interrogea Gia.

8. Jerry, pensa le prêtre. Le concierge vérifia les portes coupe-feu des escaliers de secours. Toutes condamnées.

9. Comment on descend alors ? Il sourit et désigna un coin du parking. Gia haussa un sourcil: des voiturettes électriques ?

10. Ils se dirigèrent vers l’aire pourvue de bornes d’alimentation. Simple, pratique et ça se faufile dans les galeries.

–=| Acte 126 |=–

1. Voir la mère et sa fille l’une contre l’autre. Le moral de Doug fit un bond. Il faisait son boulot : sauver des vies.

2. Ensuite ? Les étages inférieurs, les malls et espace commerciaux concentraient le plus de résidents. Élise le confirma.

3. En bas, c’était un massacre. Mais avec le temps, les proies manqueraient sous l’action de tueurs à l’efficacité dopée.

4. Les lunettes, expliqua Mélodie. Des milliers de paires ont été livrées à la tour. Pas chez vous ? questionna Doug.

5. Le regard d’Élise plongea vers le sol. Nous sommes abonnés au service, je les ai aussi reçues. Le policier le comprit.

6. Cette femme au foyer, avait peut-être trucidé des voisins, des inconnus. Le cas de conscience se posa : l’arrêter ?

7. La loi s’appliquait en toutes circonstances, se rappela-t-il. Il appartenait à une court de déterminer les responsables.

8. La mère de la gamine n’était pas une meurtrière. Du reste, juger n’était pas son rôle. Tous vivaient une sale journée.

9. On ne doit pas rester ici, fit-il. Elles lui sourirent, pressées de partir et visiblement heureuses d’avoir de l’aide.

10. Doug ouvrit le chemin, avec un dilemme en tête : monter ou descendre ? Soudain la fillette se figea : Mr Dex ! Là !

–=| Acte 127 |=–

1. Les voiturettes filaient en silence à travers le parking chichement éclairé, entraînées par leurs moteurs électriques.

2. Franck sourit. Les visages de Gia et du concierge, ouverts, profitaient aussi de la balade, d’un moment de plaisir.

3. La crasse craquelait sous les traits étirés. 2 par véhicule. Gia et le concierge devant. À ses côtés, Lucie appréciait.

4. Les engins entamèrent la descente. La galerie les conduisit au niveau inférieur. Un autre parking. Ils continuèrent.

5. J’ai vraiment voulu la tuer, confessa alors l’épouse. Cela fait-il de moi une impie, damnée ? Franck haussa un sourcil.

6. Ils se jetaient dans l’antre d’un monstre, mettant leurs vies en jeu. Que ces questions surgissent ne l’étonnait pas.

7. Vous ne l’avez épargnée au final, faisant preuve de discernement à un moment dur. J’ose penser qu’Il en tiendra compte.

8. Les actes sont fondateurs, les intentions restent ce qu’elles sont : des intentions, affirma le prêtre pour la rassurer.

9. Et Jerry ? Quelles sont ses intentions ? demanda Lucie. S’interroger sur les motivations d’un tel esprit, pensa Franck.

10. Ça tenait d’une physique quantique. L’adversaire oscillait sur plusieurs états. Comme tirer la queue du tigre, fit-il.

–=| Acte 128 |=–

1. Preston, yeux rivés sur l’homme du Yum Swat, demeura immobile. Le policier possédait un M4 lui apprirent les glass-T.

2. À ses côtés, Michelle observait la même attitude raisonnable. Ils ne parcouraient pas deux mètres face à une telle arme.

3. Doug les tenait dans son viseur. Protéger les civils, son objectif. La femme s’agitait dans son dos : ne tirez pas !

4. C’est notre voisin, Preston Dex, souffla Élise. Les responsables de cela, ce sont les lunettes, les glass-T. Pas eux.

5. Et c’est sa femme, à côté de lui ? La mère de la gamine déglutit. C’est ma… mon amante. Doug enregistra l’information.

6. Sans la comprendre. Mélodie gardait le silence, collée à sa mère. Le mot était lâché. Elle tressaillit en l’entendant.

7. Comme un coup de couteau. Plus douloureux que les lames des tueurs aux glass-T. Elles s’enfoncaient moins dans la chair.

8. Le policier devait prendre une décision rapide : les abattre ou pas. Cette fichue journée se déroulait en mode binaire.

9. Vivre, mourir. Tuer, épargner. Aucune nuance entre ces polarités vitales. On va reculer, annonça-t-il. Doucement.

10. Preston les regarda s’éloigner. Les mots lui interdirent de les suivre. Pour le moment. Les cibles n’iraient pas loin.

–=| Acte 129 |=–

1. Les voiturettes stoppèrent au cinquième sous-sol. Le concierge descendit du véhicule de tête : voilà, nous y sommes.

2. Imité par les 2 femmes, Franck le rejoignit devant la double porte coupe-feu marquée d’un personnel autorisé seulement.

3. Au-delà, le cerveau, le coeur de la Tour. Énergie, informatique, tout partait d’ici, vers les étages jusqu’au sommet.

4. Les pieds irriguent la tête, fit Gia. Le front du garçon se rida: une configuration avantageuse sur un plan sécuritaire.

5. Jusqu’à ce que quelqu’un mette son pied sur l’artère principale, murmura Franck. Jerry se trouvait là, il le sentait.

6. Le concierge le regarda : à vous l’honneur, mon père. Le prêtre s’avança, poussa le battant. C’était ouvert. Il entra.

7. Sur le moniteur, en arrière-plan de la projection de ses glass-T, il vit son vieil ami. Le prêtre possédait un don.

8. Les deux femmes et le concierge l’accompagnaient. Franck suscitait l’empathie, attirait les gens de bonne volonté.

9. Une capacité dont lui même était dépourvu. Ou bien qu’il avait perdu. Les souvenirs se superposaient, se mélangeaient.

10. Peu importait, pensa Jerry. Il se tourna vers la rangée d’interfaces, se connecta à son armée prête pour le grand final.

–=| Acte 130 |=–

1. Le policier du Yum Swat marchait à reculons. Canon levé, il demanda des explications aux deux civils derrière lui.

2. Mélodie lui résuma son parcours: son voisin la poursuivait depuis ce matin. Il essayait de la tuer. Doug resta stoïque.

3. Une telle obsession relevait de la démence. Les lunettes en étaient responsables. Même la fillette les avait portées.

4. J’ai failli assassiner ma mère, confessa la fillette. L’intéressée réagit en posant une main sur l’épaule de sa fille.

5. OK, fit Doug. Vous n’êtes pas obligées de me dire tout ça. Nous devons descendre, rejoindre le rez de chaussée, et vite.

6. Élise stoppa : les étages inférieurs, là où il y a le plus de résidents. Et les accès sont bloqués, rappela Mélodie.

7. De sa poche de treillis, Doug sortit un cylindre d’aspect métallique pourvu d’un pressoir. Mél serra la main de sa mère.

8. C’est quoi ? Une fois en bas, j’ouvrirai un passage, promit le policier, à l’ancienne. Une perspective peu rassurante.

9. Ils localisèrent une issue de secours, enfilèrent les escaliers. Les lèvres de sa mère remuaient, nota Mél. Elle priait.

10. Michelle et Preston gagnèrent l’ascenseur panoramique. Les portes s’ouvrirent. Ils arriveraient en bas avant les cibles.

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–=| Acte 111 |=–

1. Elles étaient presque arrivées lorsque, épuisée, Élise lâcha prise, entraîna sa fille dans sa chute malgré ses efforts.

2. L’atterrissage fût amorti par un tapis de sacs de linge sale. Mélodie, sonnée, parvint à s’extraire. Elle aida sa mère.

3. Les containers sur roulettes alignés le long de murs blancs. Des postes de tri numérotés. Un espace soigné, organisé.

4. Élise s’affala sur une chaise sous le regard sévère de Mélodie. Une fille qui ne posait plus les mêmes yeux sur sa mère.

5. Je suis désolée, fit-elle. Mél la toisa avec froideur: désolée de quoi ? D’être tombée ? De nous cacher ta 2ème vie ?

6. Ce n’était pas juste, pensa Élise. Trop jeune, sa fille ne comprenait pas mais le mal était fait, exposé en plein jour.

7. Preston dévala les escaliers, direction le 105ème, là où se trouvaient les cibles. Michelle poussa la porte coupe feu.

8. Le niveau se divisait en services techniques d’un côté, appartements de l’autre. La blanchisserie, à droite, nota-t-il.

9. Élise étudia le plan d’évacuation, un panneau aux couleurs criardes fixé au mur. Emprunter les issues de secours ?

10. Mélodie secoua la tête : trop prévisible. Ils nous trouverons toujours, où qu’on aille. Nous devons les… stopper.

–=| Acte 112 |=–

1. Une main géante le tira vers le haut quand le parachute de secours se déploya, Martyn, souffle coupé, serra les dents.

2. Le résident fila devant lui. Un moment irréel entre ciel et terre. Le type avait perdu ses lunettes, agitait ses bras.

3. La terreur peinte sur son visage. Le pauvre bougre ne comprenait pas comment il se retrouvait là, à 2 doigts de mourir.

4. Martyn se posa en douceur, des corps gisaient dans une mare de sang sur le parvis. Il fut rejoint par des hommes armés.

5. Qui êtes-vous ? Qu’est-ce qui se passe dans la tour ? demanda l’un d’eux. Le sportif remarqua les camions des télés.

6. La troupe le pressa à l’écart. Martyn les informa : il y a un type à vous là-haut. Seul. Il a perdu toute son équipe.

7. Où se trouve-t-il ? Il leva la main vers les nuages. La terrasse du 216ème, votre gars m’a aidé à fuir ce cauchemar.

8. 216ème. Doug pressa de nouveau la détente. Il visait les membres inférieurs, tirant sans tuer. Mais c’était compliqué.

9. Avec une balle dans la cuisse, certains se relevaient. Le policier prit de la distance à travers le dédale de couloirs.

10. Il parvint aux escaliers qu’il descendit sans attendre avec l’espoir que Martyn avait réussi, qu’il enverrait de l’aide.

–=| Acte 113 |=–

1. Durant tout ce temps, vous n’avez jamais rien su, s’étonna la Yum Girl. Franck considéra la question et sa vérité.

2. J’étais aveugle. Son regard plongea vers la table macculée. Sans doute, je ne voulais pas le voir tel qu’il était.

3. Quand vous avez réagi, il était trop tard… souffla le concierge. Lucie les regarda, se demanda si elle pouvait parler.

4. Le prêtre l’encouragea. Vous dites qu’il croit avoir assassiné sa famille ? Jerry vit dans un autre monde, répondit-il.

5. Les glass-T ont été utilisées en psycho-thérapie. Elles offraient des perspectives. Des erreurs ont été commises.

6. À l’asile, l’approche a été testée pour effacer son état sociopathe, stimuler l’empathie. L’empa quoi ? fit le garçon.

7. La capacité à ressentir les émotions. Cela consiste à plonger le patient dans un monde en paix projeté via les glass-T.

8. On dirait un truc à la Orange Mécanique, fit Gia. Le garçon arqua un sourcil circonspect. Un vieux film, précisa Gia.

9. En tout cas, cette méthode a échoué, reprit Lucie. Au contraire, contra-t-il, ça fonctionne. Le trio interloqué le fixa.

10. Jerry m’aime. Il éprouve un sentiment, l’affection d’un élève envers un mentor, c’est pour cela qu’il ne me tue pas.

–=| Acte 114 |=–

1. Les stopper ? Tu as perdu la tête, tança sa mère. Mélodie le répéta : elles ne tiendraient pas. Elle regarda sa fille.

2. Vêtement déchirés, croûtes de sang séché. Cheveux hirsutes. Elle ressemblait à… une victime de catastrophe naturelle.

3. Élise sentit la crosse du 9 mm à travers la poche de son pantalon. Pas question de les tuer. Je sais, maman, fit Mél.

4. Sa mère s’approcha, prit ses mains. Je suis désolée, ma chérie. Mélodie la serra : j’ai peur maman, peur que tu partes.

5. Preston entra le premier. La blanchisserie s’occupait une surface importante, une enfilade de couloirs et des pièces.

6. Le binôme commença l’exploration. Sa partenaire inspecta un bureau, puis se replaça dans son sillage. Elle le couvrait.

7. Le seul moyen consiste à les enfermer, ici. Une seule issue et l’on peut verrouiller la porte. Mélodie montra les clefs.

8. Ils n’entreront pas à 2, réfléchit sa mère. Un seul vérifiera la pièce. C’est pour ça, dit sa fille, que je vais rester.

9. Tu as dit que… Oui, je sais. Mais je suis plus petite, légère. Je peux remonter par le conduit. Élise secoua la tête.

10. Michelle inspecta la pièce, des fers à repasser abandonnés attendaient une main ouvrière. Preston visita la suivante.

–=| Acte 115 |=–

1. Ne vous méprenez pas, fit Franck, à un moment, l’élève défie le maître. L’instant viendra où il voudra me supprimer.

2. Face à ses amis à la mine sombre, le prêtre arbora un sourire sardonique : du moins, il essayera. C’est dans ses gènes.

3. Ça veut dire qu’il est dans la tour ? réfléchit le concierge. Oui, confirma Franck. Ce massacre est son chef-d’oeuvre.

4. Il l’a organisé dans les moindres détails. Jerry a probablement observé tous les résidents. Il a vécu parmi vous.

5. La révélation jeta un froid. Chacun se mit à fouiller sa mémoire. Peine perdu. Ce genre de malade possédait un talent.

6. Celui de se fondre. De se comporter comme un caméléon. Franck saisit les glass-T, les tourna dans ses mains, pensif.

7. Il s’est intégré à la vie de la tour, jouant à monsieur tout le monde. Il s’est aménagé un poste d’observation.

8. On ne peut pas fouiller 240 étages, dit Lucie. C’est de la folie. Les porteurs de lunettes finiront par nous tuer.

9. Dommage que le réseau soit HS, fit le garçon, j’aurais pu établir la liste des nouveaux venus des dernières semaines.

10. Cela dit… réfléchit-il à voix haute. Trois têtes se posèrent sur lui. Je… Ce n’est qu’une hypothèse, hein, une idée.

–=| Acte 116 |=–

1. Selon Mél, la barricade, un embouteillage de chariots à balles, les retiendrait le temps qu’elle grimpe dans le conduit.

2. Élise, cachée dans le couloir, fermerait le local, puis récupérerait sa fille un étage au-dessus. Un plan simple.

3. En sueur sous une montagne de vêtements et de draps, son esprit anxieux révisa son jugement. Ça paraissait dingue.

4. Courbée dos au mur, Mélodie réprima le tremblement de ses jambes, mains sur les cuisses. Une attente interminable.

5. À droite, la demi-douzaine de locaux de réception. Là où arrivait le linge des appartements clients. Preston s’engagea.

6. Dans l’allée, il poussa des chariots sur le côté, y jeta un oeil. Les mots l’avertirent : la gamine se montrait maline.

7. Élise plaqua sa main sur la bouche lorsqu’elle sentit qu’elle bougeait. Elle retint sa respiration. Ferma les yeux.

8. Quand la tête de Mr Dex franchit l’ouverture, Mélodie le fixa, paralysée. Son voisin arborait toujours ce visage dément.

9. Comme prévu, il se rua sur la barricade. Comme prévu, Michelle lui prêta main forte. À deux, ils iraient plus vite.

10. La fillette siffla, grimpa sur la chaise, disparut à travers la trappe. Élise quitta sa cachette. C’était à elle d’agir.

–=| Acte 117 |=–

1. 199ème étage, Doug atteignit le premier objectif qu’il avait assigné à son groupe. Il pénétra dans le poste de sécurité.

2. Personne. Le mur vidéo, les ordinateurs, tous éteints. Il s’arrêta devant chaque poste de travail, remarqua un post-it.

3. Je me nomme Gia, lut-il. Nous sommes 3 survivants. Si vous lisez ceci… Il reposa la missive. Deux écrans s’allumèrent.

4. Sur le premier, une femme claqua une porte, la verrouilla, puis s’enfuit à toutes jambes. 105ème, indiquait l’écran.

5. Sur le second, quatre personnes attablés à une terrasse. Doug nota l’étage. La vue bougea alors, l’image se stabilisa.

6. La même scène, prise d’un autre lieu. Doug comprit: quelqu’un épiait ces gens. Sa main se serra sur la crosse de son M4.

7. Bonne nouvelle, se réjouit-il. Il y avait des survivants. Les rejoindre, les mettre en sécurité devinrent ses objectifs.

8. Au 105ème, l’image fixait la porte. Au 50ème, il mémorisa les visages, 2 femmes, 2 hommes. Il sourcilla : un prêtre ?

9. Doug quitta le poste, décidé à protéger ces gens. Il dévala les escaliers, l’esprit rempli des visages de ses hommes.

10. Ces survivants… Il ne comptait pas faillir à son devoir. Une mission, un objectif. Toute sa vie. Il ferait honneur.

–=| Acte 118 |=–

1. L’hypothèse du concierge se tenait, pensa Franck. Elle correspondait au style de Jerry. Gia esquissa une moue sceptique.

2. Dans les souterrains ? Piqué au vif, le garçon se pencha vers elle : tu sais combien il y a de niveaux sous la tour ?

3. Pas 240, fit-elle. Aires de livraison pour les camions, parkings, secteurs techniques, recyclage, production électrique.

4. Le cœur de l »édifice est enterré, fit le gamin. Qui contrôle le sous-sol, contrôle la surface, acheva-t-il avec brio.

5. Il avait raison, songea Franck. Que l’on descende ? s’inquiéta l’épouse. À sa tête, cela semblait hors de question.

6. Je ne connais pas Jerry, mais d’après ce que j’en ai aperçu, c’est le Diable. Et je refuse de me jeter dans sa gueule.

7. Les accès sont bloqués, comment s’y rendre ? raisonna la Yum Girl. Ses yeux s’illuminèrent alors : la plate-forme !

8. Le concierge lui adressa un sourire. Franck se demanda de quoi ils parlaient. Lucie se ratatina au fond de son siège.

9. Pendant que vous tapiez la discussion avec ce malade, on a essayé de quitter les lieux, expliqua la bimbo. Il acquiesça.

10. L’ascenseur est HS ? Et il y a plein de résidents, ajouta Gia. J’ai jamais dit que ça serait facile, réagit le garçon.

–=| Acte 119 |=–

1. À la réflexion, se dit Mélodie, maman avait raison : c’était une idée de dingue. Mais elle ne pouvait plus en changer.

2. En dessous d’elle, elle vit Michelle qui tentait de grimper. L’amante de sa mère, glissait, entraînée par son poids.

3. Parois lisses, progression lente, elle ne tiendrait pas 3 étages. Mélodie avait donné rendez-vous à sa mère au 106ème.

4. Preston essaya d’enfoncer la porte. Après plusieurs coups d’épaules, il dut se rendre à l’évidence. Ils étaient coincés.

5. Élise emprunta les escaliers, survolant les marches. Le 106ème. Elle ignorait dans quel appartement échouerait sa fille.

6. En toute logique, elle ouvrirait la porte de l’intérieur. Attendre. Élise détestait cela. Bouger, c’était survivre.

7. Via les glass-T de Preston, Jerry explora le local. Aucune autre issue. La gamine avait parfaitement joué le coup.

8. Il choisit le plot bleu le plus proche. La vue changea, se fixa sur un visage meurtri, mort. Son pion lâcha sa proie.

9. Une nouvelle tâche l’attendait. Jerry s’intéressa à un autre pièce de son échiquier en 3 dimensions sur 240 niveaux.

10. Par la trappe, Mélodie bascula dans une chambre. Elle se figea au milieu. Une ombre sous la porte. Quelqu’un attendait ?

–=| Acte 120 |=–

1. L’impression de quitter la relative sécurité du mall du 50ème, pour se jeter en enfer. Une folie. Lucie n’aimait pas ça.

2. Elle n’aimait pas Gia non plus. La trêve tiendrait jusqu’à la fin de ce cauchemar. Une fois sortie, il y aurait justice.

3. Pour le moment, pas d’autre choix que suivre la décision du groupe. Elle le savait: rester seule, c’était se condamner.

4. Ils empruntèrent le monte-charge, sans croiser de porteurs de glass-T, traversèrent la galerie, désertée par la horde.

5. Le concierge s’arrêta au bord du quai, main sur les hanches, un air perplexe : où sont-ils ? Peu importe, fit Franck.

6. Il s’avança vers la plate-forme, ouverte, avec sa voiturette à l’intérieur. Le garçon s’expliqua. Il avait eu de la chance.

7. Franck regarda le veston crasseux, déchiré par endroit. Lui même avait été éprouvé. Il se tourna vers Gia et Lucie.

8. Des survivants, se dit-il. Le garçon trouva une boite à outils. Dans la plate-forme, il dévissa le panneau de contrôle.

9. Ça ne fonctionne que pour descendre, expliqua-t-il. C’est mécanique, l’ascenseur est entraîné par son propre poids.

10. On va s’écraser, fit Gia, inquiète. Non, le frein reste serré. Un sécurité standard. On est pas dans un film, sourit-il.

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–=| Acte 101 |=–

1. Un tourbillon de pensées, la confusion. La peur, la colère. Mélodie se sentait perdue en enfer avec une mère étrangère.

2. Élise stoppa. Recula d’un pas. Mr Dex et Michelle se tenaient à l’autre extrémité d’un long couloir. Une seule option.

3. Court ! La fuite encore, toujours. Mélodie haleta, fatiguée. Sa mère l’entraîna, l’encouragea. Son esprit se brouillait.

4. Les mires dansaient devant les yeux. Preston enfila l’allée à côté de sa partenaire. Les mots défilaient: attrapez-les !

5. Élise essaya plusieurs portes. La quatrième s’ouvrit. Elles réfugièrent à l’intérieur. Il y avait un verrou de sécurité.

6. Preston tenta d’enfoncer la porte. À deux, ils n’obtinrent pas de plus de succès. Les glass-T se souvinrent d’un détail.

7. Un appartement cossu. Sans luxe excessif, propriétaires aisés, décoda Élise, tenant Mél par la main. Comment sortir ?

8. Michelle se chargea de récupérer la hache. L’arme bloquait l’accès vers les escaliers. Preston se posta devant l’entrée.

9. On est coincé, fit Mélodie. Elle se dégagea de sa mère: par ta faute. Je… Nous n’avions pas le choix, rétorqua-t-elle.

10. La fillette secoua la tête: tu as tout cassé. Élise leva un sourcil. De quoi parles-tu ? De nous, maman, notre famille.

–=| Acte 102 |=–

1. Le 216ème: prisé pour sa terrasse ouverte, excroissance de verre, de béton; Le déjeuner au-dessus des nuages: le must.

2. Un lieu idéal où prendre son envol, ajouta Martyn. Derrière la porte, les porteurs de glass-T arpentaient les couloirs.

3. Doug vérifia son M4, inspira profondément, la main sur la poignée. Il devait ouvrir la voie. Prêt ? fit-il au gamin.

4. Les premiers mètres, une progression rapide, sans rencontre, un silence de mort. Le policier ressentit un malaise.

5. Puis, l’allée menant au restaurant. Ils étaient tous là, vingt, trente individus. Ramassés comme un pack de rugbymen.

6. Martyn le pressa: vous devez dégager la voie. Doug hésita: que je tire dans le tas ? Il baissa son arme. Pas question !

7. Le sportif pesta. Le front du policier se plissa. À 2 pas, Il entrevit la solution, se précipita vers le poste incendie.

8. Progresser lance en main se révéla laborieux, mais au moins, il ne tuait personne. Les résidents se dispersèrent.

9. Certains perdirent leurs lunettes. Le secteur nettoyé, le duo pénétra sur la terrasse. Martyn le salua avec le sourire.

10. Le gamin toucha le garde-fou de verre : il faut l’abattre, pas le temps de le démonter. Doug comprit. Il épaula le M4.

–=| Acte 103 |=–

1. Ce type, il va nous laisser partir ? demanda la Yum Girl. Franck afficha une mine embarassée. Il nous donne 5 minutes.

2. Ce temps était sûrement déjà écoulé, s’abstint-il d’ajouter. Lucie s’approcha des corps sans vie, le visage bouleversé.

3. Le prêtre aida Gia a se relever. La bimbo déclara qu’elle se sentait assez bien pour marcher. Parfait, fit Franck.

4. Plusieurs dizaines de porteurs de glass-T s’apprêtaient à investir le café. Jerry voulait s’amuser avec eux quatre.

5. Pas les tuer, se dit-il en gagnant l’entrée. Nous allons emprunter la grande porte. Lucie et Gia reculèrent, médusées.

6. Il actionna le commande. Les volets métalliques grincèrent, remontèrent. Lentement. Franck en jura presque, stupéfait.

7. Le concierge rejoignit le café « le 50ème ». Il surgit de l’allée, manqua d’étoffer un juron. La minihorde avait disparu.

8. Les volets du commerce relevés. Il songea que tout était fini. Que ses amis avait été tués. Et qu’il se retrouvait seul.

9. Son poing s’abattit sur le mur. Ses lèvres tremblèrent. La porte s’ouvrit alors. Franck ? Il se tenait sous le porche.

10. Ils s’étaient évanouis. Tous. Le prêtre remarqua les glass-T sur une table. Elles clignotaient. Un message de Jerry ?

–=| Acte 104 |=–

1. Michelle revint avec la hache entre ses mains. Elle brandit l’arme, qui se ficha dans la porte. Preston ne broncha pas.

2. Le gong fit sursauter Mélodie et sa mère, qui se tournèrent vers l’entrée. L’atmosphère résonna d’un second coup.

3. Ils n’entreront pas tout de suite, rassura Élise. La porte est renforcée, la même que chez nous. Mélodie s’enfuit.

4. Elle se mit en quête d’une issue en explorant les lieux. Elle s’arrêta, attirée par des clichés de portraits rieurs.

5. La famille idéale. Mélodie souffla. Quels secrets dissimulaient ses sourires ? Tout lui paraissait artificiel, vain.

6. Avec la force d’un bûcheron, Michelle portait les coups, sans faiblir. En temps normal, Preston aurait pris le relais.

7. Ils n’étaient pas en temps normal. À travers les glass-T, les mots l’affirmaient: le travail de sape portait ses fruits.

8. Mélodie visita les pièces de vie, les chambres, dont l’une possédait une déco similaire à la sienne, celle d’une ado.

9. La suite parentale. Un king size bed, un dressing, une salle d’eau. Elle s’arrêta en reconnaissant les sacs de toile.

10. Ils avaient un abonnement à l’un des services de blanchisserie de la Tour. Mélodie sourit. Sa mère n’allait pas aimer.

–=| Acte 105 |=–

1. Franck prit les glass-T, Gia posa sa main : vous êtes sûr ? Il aurait pu me tuer, plusieurs fois. Ça ira, je crois.

2. Il les chaussa. La voix de Jerry lui parvint : tu vas leur expliquer, Franck, à tes amis. Tu vas raconter mon histoire.

3. La liaison s’interrompit. Il retira les lunettes. Gia aperçut le concierge la première, il les salua, la mine sombre.

4. Enfin réunis, songea Franck. Hors de question de rester ici. Peu importe ce que ferait Jerry. Le garçon s’approcha.

5. Il le pointa du doigt : il serait temps de nous parler de ce type, celui qui est derrière tout ça. Je veux savoir.

6. Je vous l’ai dit, c’est mon premier lecteur, celui qui a encodé le livre. Le garçon vociféra : conneries ! Il y a plus.

7. Le garçon semblait retourné. Avait-il vu quelque chose ? Les deux femmes ne disaient rien, leurs regards suffisaient.

8. Pas le temps, exposa Franck qui proposa de quitter le lieux. Les porteurs de glass-T pouvaient revenir, à tout moment.

9. Le temps… Nous allons le prendre, fit le concierge, en tirant une chaise pour s’asseoir, sitôt imité par Gia et Lucie.

10. Ils se rebellaient, comprit Franck. Ils exigeaient des réponses. Le moment était sans doute venu. Il s’assit à son tour.

–=| Acte 106 |=–

1. Coup après coup, le tranchant pilonnait le même endroit. Un craquement encourageant, Michelle redoubla d’effort.

2. Élise se tenait devant l’ouverture, assez large pour y balancer les balles pleine de linge sale. Elle regarda sa fille.

3. Hors de question que je rentre là-dedans. Mélodie ouvrit la trappe : nous pouvons passer, c’est la seule issue possible.

4. Elle lui tendit un prospectus: le service pour ce secteur est au 105ème. Trois étages à descendre, ce sera rapide.

5. Promiscuité, obscurité… Élise secoua la tête. Mélodie observa sa mère, un air sévère. Bien, fit-elle, reste ici alors.

6. Elle tira une chaise, y grimpa, passa une jambe. Ne me laisse pas ! fit sa mère. Mél s’aggripa sur le bord: suis moi !

7. Une fois l’entaille pratiquée puis élargie, la progression fut rapide. Preston put passer son bras, lever le loquet.

8. Élise inspira, se pencha par l’ouverture. C’est simple maman, perçut-elle, plaque ton dos contre la paroi, mains devant.

9. Facile à dire. Elle était plus âgée, plus lourde aussi. Un craquement lui parvint du couloir. Se décider. Et vite !

10. Elle se positionna dans le conduit, la peur au ventre. Paralysée à l’idée de glisser, d’emporter sa fille dans sa chute.

–=| Acte 107 |=–

1. Martyn leva le pouce, souriant, s’éloigna du précipice. Par delà le garde-fou, une mer cotonneuse. Un ciel électrique.

2. Les résidents se tenaient tranquilles, ils se massaient à nouveau à l’entrée de la terrasse. Le gamin remercia Doug.

3. La course d’élan, 10 mètres. Le policier lui tapa sur l’épaule. Martyn se mit à courir. Les résidents l’imitèrent.

4. Impossible de les stopper. Doug roula de côté. Le sportif disparut, une dizaine de porteurs de glass-T à sa suite.

5. Il sautait pour l’exploit, le shoot d’adrénaline, parce qu’il aimait cet instant entre ciel et terre. Pas cette fois.

6. Il sautait pour rester en vie. Bras et jambes écartées, il tombait. La paroi de cristal défilait à sa gauche. Frissons.

7. La traversée des nuages dura une poignée de secondes. La voile se déploya aussitôt sorti. Un impact le déséquilibra.

8. Puis un second. Il leva la tête. Un homme passa en trombe en hurlant. Il tira sur les suspentes pour contrôler le vol.

9. L’individu se cramponnait. L’aile perdit sa portance. Il se mit à tournoyer, entra en vrille. La voile se mit en torche.

10. Si près du sol, pas le temps de réfléchir. Il se dessangla, tomba comme une pierre. Il tira sur la poignet du ventral.

–=| Acte 108 |=–

1. Un coin à l’écart, une vue sur la terrasse. Le gamin s’avança, glass-T sur le nez, une fenêtre sur Franck, ses amis.

2. Le prêtre regarda chacun de ses compagnons. Le concierge fatigué, la bimbo éprouvée, l’épouse meurtrie. Drôle de groupe.

3. On ne bougera pa avant de connaître toute l’histoire, fit le garçon en croisant les bras. Franck soupira: où commencer ?

4. Par le Jerry O’Brian, codeur de talent ? L’amateur de fantastique ? Jerry le philosophe ? Jerry le croyant engagé ?

5. Aucun n’expliquait ce qu’il était devenu. Il devait commencer par Franck l’obsédé par la question du sacrifice divin.

6. Il évoqua l’Italie, Florence, ses églises, sa vocation, les études, sa découverte de la théologie. Les textes anciens.

7. Puis, remarqué par la hiérarchie, vinrent Rome, les discussions avec les spécialistes, un mentor, les premières fêlures.

8. Je voulais qu’ils comprennent mon idée, fit Franck. Mon arrogance m’a conduit à tenter de l’expliquer, par l’immersion.

9. Un projet nécessitant un codeur hors-paire. J’ai rencontré Jerry lors du séminaire à Dublin, une terne journée d’hiver.

10. J’ignorais un détail capital lorsque ce jeune homme souriant, énergique, se présenta. Il venait de s’évader. De l’asile.

–=| Acte 109 |=–

1. Tu vas y arriver, entendit-elle. Sa fille se trouvait sous elle. Elle n’y voyait rien. Peau moite, dos collé à la paroi.

2. Je sais pas, haleta-t-elle, c’est glissant. T’en fais pas, il n’y a que 3 étages, fit Mél. On ne tombera pas très bas.

3. La progression lente, fastidieuse en milieu confiné, sans éclairage. Un calvaire. Un bruit sourd, elles se turent.

4. Michelle se rua à l’intérieur sitôt la porte ouverte, Preston dans ses pas. Ils ne trouvèrent aucune cible, nulle part.

5. Le flux des mots ralentit. Dans une chambre, Michelle se planta devant lui..Face à face, ils attendirent les ordres.

6. Tu crois qu’ils vont nous trouver ? chuchota sa mère. Oui, ils le font toujours, réagit Mélodie, qui aperçut une lueur.

7. Un silence de cathédrale. Deux statues de chair. Dans leur glass-T, des courbes dansaient. Les sons captés par le micro.

8. Cherchant à soulager un bras, Élise glissa. Un cri. Elle se rétablit de justesse. Maman, ça va ? Je suis épuisée, Mél.

9. Le pic apparut sur le diagramme. Ils se le repassèrent en boucle. Pas mécanique, humain. Un cri. Elles étaient là.

10. La triangulation indiqua les étages inférieurs. Instant de confusion. Puis, Michelle se dirigea vers la salle d’eau.

–=| Acte 110 |=–

1. Jerry possédait une aisance naturelle, affirma qu’il avait lu mes travaux. Et, plus important, qu’il était d’accord.

2. Davantage que ma curiosité, il avait touché la corde sensible, décelé mon point faible. Franck remua sur son siège.

3. Ses amis, attentifs à sa confession, l’observaient. Il n’en avait pas parlé, pas même au confessionnal. Personne savait.

4. Bien sûr, poursuivit-il, Rome ne s’est pas faire en un jour. Cela a pris du temps. Jerry sait se montrer très patient.

5. La technologie des glass-T, vous la connaissez tous. Jeu, sexe, réalité augmentée, le produit évolue, constamment.

6. Retour sensoriel, restitution empathique puis, le dernier cri : la neuro-stimulation. Jerry ne jurait que par elle.

7. Le neuro-codage offrait la fusion, celle de l’écrit et du cinéma. Un nouveau langage, des mots au cerveau, directement.

8. Glass-T sur le nez, vous vous retrouvez immergé dans l’œuvre. Les mots deviennent des images, des sons, des odeurs.

9. Le sacrifice d’Abraham devenait réel. Je pouvais plonger mes paires, les lecteurs du monde entier, dans ce drame.

10. Jerry a travaillé à mon service, des mois durant. Quand le prototype est sorti : je jubilai, je tenais ma revanche.

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–=| Acte 91 |=–

1. Élise secoua la tête. L’arme lourde, son bras tremblait. Ne tire pas maman ! Écoutez votre fille, renchérit Preston Dex.

2. Mélodie s’interposa : c’est notre voisin. Élise se retourna, pointa alors son amie : eux ou nous ? Sa vue se brouilla.

3. Michelle lui avait susurré un jour:  » le tir c’est comme le sexe. » Je suis Franck, fit alors son amie d’une voix claire.

4. Elle se retourna vers Preston. Comment était-ce possible ? Les glass-T, comprit sa fille, il passe de l’une à l’autre.

5. Une petite maline, persifla Jerry que la situation amusait. Franck pouvait l’empêcher de tirer: posez l’arme, parlons.

6. Mélodie prit l’avant-bras de sa mère, puis l’abaissa: on ne va tuer personne. Franck, ce nom lui disait quelque chose.

7. Je te l’avais dit, s’enflamma Jerry, la petite a du cran ! Le prêtre ne se déconcentra pas: doucement, c’est très bien.

8. Excellent, tu as évité un drame. Maintenant Franck, je vais reprendre les choses en main. Laisse-les ! cria le prêtre.

9. Une issue imprévue, du Jerry tout craché. Franck voulut les avertir. Ni l’homme, ni la femme ne parla, liaison bloquée.

10. Tu feras une bonne tireuse, avait dit Michelle. Élise sourit, leva son bras, tira. Le plafonnier vola en éclats. Noir.

–=| Acte 92 |=–

1. L’inconnu gisait dans une mare de sang. Doug récupéra la hache. Les escaliers, une option plus prudente, se dit-il.

2. Il poursuivit sa descente. Pas longtemps. Les cliquetis, perçut-il, venaient du 217ème. Un homme. Seul. Sans glass-T.

3. Doug l’observa, à distance. Du matériel, deux grands sacs. L’individu en combinaison. Il s’interrogea : un dingue ?

4. Hello ! lança-t-il de l’étage supérieur. L’homme dégaina un 9 mm. Doug leva son badge : on se calme, je suis la police.

5. Les présentations suivirent : il se prénomait Marty, 27 ans. Geek surdoué, jeune riche et… adepte de sports extrèmes.

6. Je me tire de cet enfer, fit-il. Doug regarda les sacs. Comment ? Martyn lui sourit : je vais sauter mec, comme un ange.

7. Tu vas te tuer, tenta Doug. Le gamin avait tout calculé. La plateforme pano au 216ème, offre une avancée suffisante.

8. Ouverture au 180ème. Puis je tourne sur ma gauche pour l’éloigner de la façade. Facile. Je l’ai déjà fait. À New-York.

9. Pourquoi se préparer à l’étage supérieur ? Un hic, fit Martyn, enfin, une bonne dizaine, peut-être plus. Doug comprit.

10. Des résidents ? Ouais, ils voudront ma peau. Le gamin montra son arme : avec ça, vous pouvez m’ouvrir le chemin, ok ?

–=| Acte 93 |=–

1. Le concierge contourna la mini-mare, de confiture étalée sur le sol. Pas de corps. Les tueurs les déplaçaient-ils ?

2. Il préféra ne pas savoir. Retrouver les filles et le prêtre, le groupe, son objectif. Les personnes seules mourraient.

3. Il traversa l’accueil : un comptoir, des plantes. Dehors, une large allée qu’il reconnut : il se trouvait au 54ème.

4. Gagner le 50ème, une affaire de minutes. Il se pressa vers les escaliers en colimaçon, stoppa à la rambarde : prudence.

5. Personne en contrebas. Une place, deux bancs, une fontaine. Le garçon suivit son plan en tête, espérant arriver à temps.

6. Main tremblante, Lucie pointa l’homme avec le 38 de Gia, inconsciente au sol. Elle devait prendre cette décision seule.

7. Le monte-charge émit ses bruits mécaniques. D’autres tueurs en route. Elle recula. Le résident aux glass-T avança.

8. Appuie sur la détente, pas le choix, souffla son esprit. Elle obéit: le bruit, le recul, l’horreur. L’homme s’effondra.

9. Le coup de feu alarma Franck qui se retourna. Quel drame se déroulait derrière ces rideaux de fer ? Il devait y aller.

10. En surimpression, une lucarne noire, néant inquiétant diffusé par les glass-T. Rude journée, hein ? s’amusa Jerry.

–=| Acte 94 |=–

1. Noir. Preston vacilla, désorienté. Les glass-T ne perçaient pas la nuit. Le flux s’interrompit, une poignée de secondes.

2. Noir sur noir, les instructions se fondaient. La lueur venue de la cuisine éclaira le couloir. Les cibles : disparues.

3. Sa nouvelle partenaire s’avança, le dépassa sans un regard. Les glass-T échangèrent les données: en chasse, lut Preston.

4. Une courte avance, un fol espoir : celui de survivre. Élise entraîna sa fille vers les escaliers : on grimpe, vite !

5. Aux étages supérieurs, moins de résidents. Des risques diminués. En bas, c’était l’enfer. 105ème étage : on continue !

6. Michelle et Preston n’hésitèrent pas au moment de choisir : monter. Les deux cibles n’avaient guère d’autre option.

7. Une porte claqua, Mélodie se pencha, devina les silhouettes : ils sont là ! Boost d’adrénaline, elles accélérèrent.

8. Maman, j’en peux plus ! Élise encouragea sa fille. Les poursuivants seraient bientôt là. 108ème, lut-elle sur une porte.

9. Élise poussa Mél en sécurité, une hache au sol, vit-elle. De quoi bloquer la porte. Elles purent enfin souffler un peu.

10. Obscurité, images saccadées, Franck peinait à suivre. Il capta l’essentiel: mère et fille en sécurité. Temporairement.

–=| Acte 95 |=–

1. Un second porteur de glass-T déboula aussitôt le premier abattu. Gia inconsciente, un nouveau dilemme pour Lucie.

2. Son regard passa du cadavre, à la bimbo, à l’assaillant. Canon levé, visée vacillante, elle serra la crosse à 2 mains.

3. Plus âgé que le précédent, le tueur arborait une courte barbe grise, tachée de sang. Lucie recula, retardant l’échéance.

4. 2ème coup de feu, perçut Franck qui recula de quelques pas, retira ses glass-T. Belmonte réagit : où comptes-tu aller ?

5. Aider mes amis, ouvre les volets ! Fais le tour, entrée de service, lui fit Jerry. Le prêtre indiqua la foule: et eux ?

6. Je t’offre 5 minutes d’avance. Franck courut à la 3ème détonation. Fais-vite, tes amis ont besoin de toi, ironisa Jerry.

7. Le concierge atteignit le 52ème étage sans encombre. Un sol en dalles vitrées surplombait le 51ème, l’accueil au mall.

8. Sous ses pas, un homme surgit. Perdu, haletant. Derrière lui, des résidents, certains armés, tous appareillés. Mauvais.

9. Le pauvre semblait à bout. Le garçon se mit à genoux, frappa le carreau de verre pour attirer son attention. En vain.

10. Il entra dans une boutique, imité par la mini-horde. Impuissant, le concierge se releva : la folie, à tous les étages.

–=| Acte 96 |=–

1. Maman, tu sais tirer ? s’étonna Mélodie ne reconnaissait plus sa mère, passée d’un statut social à… Elle la regarda.

2. Tee-shirt crasseux, jupe méconnaissable, cheveux hirsute. Jamais elle ne l’avait vue ainsi. Jamais elle s’était confiée.

3. Elle suivait un modèle bourgeois, rangé, puritain. Mélodie le réalisa : sa mère possédait des facettes, une vie cachée.

4. Une vie dans laquelle elle utilisait un 9mm et elle faisait l’amour à une femme. Qui était-elle ? Ses repères tombaient.

5. Le plan projeté par les glass-T illuminèrent un nouvel itinéraire, par le 109ème. Preston suivait sa 3ème partenaire.

6. On doit bouger, fit Élise. Des couloirs vides, des portes fermées. Pas de cadavres, ni de tueurs. Un havre incertain.

7. Drôle d’impression, songea Mél, celle de suivre une étrangère. Quand avait-elle basculée de mère soignée à femme armée ?

8. Tu es ma fille, je ferais tout pour te protéger, reçut-elle comme explication. Une réponse insuffisante, un faux fuyant.

9. Preston le vit le premier. Un individu seul, une cible. Michelle fondit dessus, lui ouvrit le ventre de bas en haut.

10. L’homme s’écroula. Sa partenaire indiqua la porte, l’escalier menait au 108ème où les 2 cibles subiraient le même sort.

–=| Acte 97 |=–

1. Que je vous ouvre la voie ? Martyn acquiesça en enfilant sa combinaison : vous avez un fusil d’assaut. Ce sera rapide.

2. On ne tue pas sans raison. Le gamin s’esclaffa: les résidents essaient de trucider tout le monde, une raison suffisante.

3. Vous allez m’aider, alors ? demanda Martyn. Doug pensa au type qu’il avait abattu, à ses hommes. On pourrait réfléchir ?

4. Le jeune se pencha vers lui : vous êtes du Yum Swat ? Je pensais que vous opériez en groupe. Où sont vos hommes ?

5. Le policier garda le silence. Je suis désolé pour vos gars, fit Martyn. L’enfer s’est installé ici, il faut s’entraider.

6. Drôle de réaction. Il observa le gamin qui fermait le devant de sa combinaison. Il semblait serein presque détendu.

7. J’ai appris à maîtriser ma peur, commença Martyn. À la dépasser. Pas mal de jeunes comme lui postulaient au Yum Swat.

8. Des têtes brûlées parmi lesquelles se cachaient des recrues de valeur. Penser au pire, c’est déjà mourir, précisa-t-il.

9. Il aida le gamin à sangler le sac à dos contenant la voile à ouverture rapide. Doug avait déjà sauté avec ce matériel.

10. Il tapa sur l’épaule: je vais vous dégager la voie, une fois au sol, je veux que vous fassiez quelque chose pour moi.

–=| Acte 98 |=–

1. Pour la quatrième fois, Lucie leva le canon du 38, mais cette fois-ci fut différente. Face à elle, avançait un gamin.

2. Boucles châtains dépassant de la casquette de baseball, yeux invisibles derrière les glass-T. Elle ne put s’y résoudre.

3. Elle se précipita vers Gia, la secoua : réveillez-vous ! Le gamin approchait. Le monte-charge remontait un 5ème tueur.

4. Lucie prit la Yum Girl sous les aisselles. Pour une pute, se dit-elle, elle pesait bonbon. Elle n’alla guère loin.

5. Dos au mur, à la merci de l’adolescent qui brandit un pic à glace. Lucie cria, se recroquevilla. Puis, une ombre surgit.

6. Coupez le monte-charge ! Elle se reprit, fila vers le comptoir. Une tête chauve dépassait déjà de l’ouverture. Vite !

7. Sa paume frappe la commande de fermeture. Franck maitrisait le gamin, le pic gisait au sol: j’arrive à temps, fit-il.

8. Avec prudence, le concierge atteignit le 51ème. À un étage de ses amis. Il y était presque. Il reconnut une enseigne.

9. Celle où était entré l’inconnu chassé par la mini-horde. Qu’était-il devenu ? Il hésita. Aider: une vocation, un métier

10. Il s’approcha, lentement, de la baie vitrée. Une boutique de sport. À l’intérieur, le spectacle lui glaça le sang.

–=| Acte 99 |=–

1. Ambiance feutrée, couloirs sans fin. Mélodie ralentit. Sa mère se retourna: évitons de traîner. Pour aller où, fit Mél ?

2. Mr Dex et Michelle sont sur nos traces, par un autre chemin. La fillette secoua la tête: Papa, il sait ? Pour Michelle ?

3. Élise s’accroupit : ma chérie, ce n’est ni le lieu, ni le moment. Un air désapprobateur, Mél recula, puis fixa sa mère.

4. On aura peut-être pas d’autre occasion, maman. Elle avait grandi d’un seul coup, réalisa Élise. Elle soupira: il sait.

5. Aucune autre rencontre en chemin, Preston couvrit sa partenaire qui s’engagea dans la coursive du 108ème, lut-il.

6. Avec ton père, nous avons un arrangement. Mélodie ne comprit pas: vous ne vous aimez plus ? Vous restez à cause de moi ?

7. Élise savait que ce jour viendrait où ils devraient s’en expliquer. Une seule réponse, lui vint à l’esprit. La mauvaise.

8. C’est plus compliqué que ça, ma chérie. Mél fronça les sourcils, déterminée : depuis combien de temps ? Élise se releva.

9. On ne peut pas parler de cela maintenant, trancha sa mère, ne restons pas là. La pire journée de sa vie, songea Mélodie.

10. Les portes défilaient. Michelle devant lui, portée par le flux. Preston entendait la même musique. En communion.

–=| Acte 100 |=–

1. Vous avez fait ce qu’il fallait, assura Franck à Lucie. Elle ne pouvait pas tuer un gamin. Le prêtre l’avait assomé.

2. Tant qu’il porte des glass-T, il ne sera pas attaqué. Gia se reveilla, se massa la tempe, un regard furieux vers Lucie.

3. C’te folle a voulu me tuer. Il s’accroupit : elle ne recommencera pas. Il leva les yeux vers l’épouse : n’est-ce pas ?

4. Lucie resta muette. On en s’en sortira en restant ensemble, en veillant les uns sur les autres. Vous le comprenez ?

5. La Yum Girl se redressa. Franck lui rendit son 38 : où est le garçon ? Elle haussa les épaules. On a du se séparer.

6. La mise en scène macabre épouvanta le concierge. Les résidents trop nombreux, il resta à l’écart, derrière la vitrine.

7. Une forêt de silhouettes autour de l’étal. Impossible de voir la totalité de l’inconnu dont il devina les pieds ligotés.

8. Une femme approcha, la mini-horde s’écarta. Le garçon porta la main à sa bouche : un autel sacrificiel. Mon Dieu…

9. L’inconnu bailloné roulait des yeux. La femme se plaça à sa droite. Sans un mot, elle brandit la lame, puis la planta.

10. Le garçon détourna la tête. Il s’éloigna, se mit à courir vers les escalators, le regard de la victime en surimpression.

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–=| Acte 81 |=–

1. Michelle, commença sa mère. Mélodie se tint en retrait, sans illusions. Les porteurs de glass-T ignoraient les appels.

2. Nous avons besoin d’aide. L’amie de sa mère resta immobile à l’extrémité de l’ilot central. Mélodie se prépara au pire.

3. Dans sa tête, l’itinéraire de fuite empruntait le salon, un bout de la terrasse jusqu’à la porte vitrée du couloir.

4. Pourquoi n’attaquait-elle pas ? Ne restons pas là, fit Mélodie à sa mère qui tentait malgré tout de raisonner son amie.

5. La lame que Michelle dissimulait dans son dos apparut soudain. Élise réprima un cri. Mélodie l’entraîna sans attendre.

6. Les deux femmes s’enfuirent, à toutes jambes, sans remarquer que Michelle n’avait pas bougé, un rictus sur les lèvres.

7. Sur la terrasse, Élise colla au mur. Mél poussa la porte-fenêtre, haletante. Elles se retrouvèrent dans le vestibule.

8. La sortie droit devant, quelques mètres. Elles parvinrent sur le palier. C’était un peu trop facile, se dit la fillette.

9. Elle tira sur la poignée : eut un mouvement de recul soudain, sa mère la percuta et se retrouva au sol, poussa un cri.

10. Mr Dex ! Michelle surgit hors de la cuisine. Prises en tenailles, Élise et Mélodie se blottirent l’une contre l’autre.

–=| Acte 82 |=–

1. L’individu était résolu à en découdre, un comportement différent de celui de l’inconnu du 240ème. Mais pas de Nicholas.

2. Le soldat ne l’avait pas lâché, jusqu’à ce qu’il le tue. Fallait-il en venir là ? Doug s’en tint à la sagesse : repli.

3. Il courait, gardant son poursuivant à distance. Les escaliers, localisa-t-il. Il poussa la porte, descendit au 235ème.

4. Après des années au Yum Swat, il avait tout vu, tout connu. Ce qu’il avait sous les yeux dépassait l’entendement.

5. Son pouls s’accéléra à la vue des traînées cramoisies. Il croisa une jambe, un avant-bras. Une mare de sang. Des doigts.

6. L’individu apparut à son tour. Il s’arrêta, hache entre les mains. Doug ne le perdit pas de vue, tout en progressant.

7. Deux corps, en partie démembrés, gisaient après un croisement. Il conserva le même professionnalisme qu’en opération.

8. Son esprit criait à la folie. Son entraînement lui intimait de garder son sang froid. Il visa un troisième cadavre.

9. Il le réalisa soudain : les traits similaires. Les victimes appartenaient à la même famille. Doug déglutit : bon dieu…

10. Il ne s’arrêta pas, continua son incursion macabre. La tour ressemblait moins au paradis qu’à un enfer dans les nuages.

–=| Acte 83 |=–

1. L’épouse humiliée, meurtrie: une hantise. Deséspérées, leur comportement devenait imprévisibles, des femmes dangereuses.

2. Lucie vida son sac, évoquant un mari dont seule la fortune intéressait une profesionnelle comme Gia. La bimbo inspira.

3. Ils vont arriver, on doit monter, souffla-t-elle. Pour toute réponse, la pression de la lame sur sa peau augmenta.

4. La femme se colla à elle: je monte, toi tu restes. Avec eux. Maintenant recule ! ordonna-t-elle. La Yum Girl s’exécuta.

5. Lucie prit place sur la plateforme. Les résidents approchaient. Allez en enfer ! lança-t-elle, en débutant la montée.

6. La voiturette parcourut la vingtaine de mètres en un instant. Le garçon freina mais à cette vitesse, il percuta le fond.

7. La horde fondit sur lui. Tueurs, lunettes sur le nez, armes diverses en main, poussés, guidés par une sorte de démon.

8. Il reprit ses esprits, trouva la commande sur le tableau de bord. La double porte se referma aussitôt le bouton pressé.

9. Pourvu que ce truc descende ! pria-t-il, avec l’espoir de sortir de ce cauchemar. Mais l’ascenseur ne bougea pas.

10. Il entendit le bruit terrifiant. Des dizaines de poings en train de cogner le métal d’une cage dont il était prisonnier.

–=| Acte 84 |=–

1. Mère et fille, réalisa Franck, en les observant via les glass-T de l’homme. L’une avait chassé l’autre et vive versa.

2. Laisse les partir, demanda-t-il à Jerry. Ces sacrifices ne sont pas nécessaires. À l’image, la fillette se leva soudain.

3. Mélodie eut une idée folle. Sa mère tenta de la retenir. Non Mél ! Elle s’écarta, s’avança vers Mr Dex, sans réaction.

4. Le front du prêtre se rida. Elle ressemblait… à la fille de Jerry. Même frimousse ovale encadrée de boucles brunes.

5. Elle stoppa à portée de lame. Mr Dex, entendit Franck, je sais que ce n’est pas vous, que c’est à cause des lunettes.

6. Jerry…fit-il, exploitant la situation, tu ne vas pas tuer ta propre fille ? Un pari risqué. Le face à face perdura.

7. Élise réfléchit. Avant d’emménager à la tour, Michelle avait tenu une bijouterie. Un commerce convoité. Dangereux.

8. Elle visa le grand placard, juste devant. Elle l’ouvrit: 6 étagères. La dernière hors de vue. Elle opta pour l’escalade.

9. Que faisait la mère ? Il la vit grimper sur les deux premières étagères, puis extraire une boite. Franck s’interrogea.

10. Élise jubila : l’arme s’y trouvait peut-être. Il fallait des clefs. Elle regarda Michelle : les gardait-elle sur elle ?

–=| Acte 85 |=–

1. Les ascenseurs de la tour possédaient tous des trappes, même les panoramiques extérieurs. Le garçon quitta l’habitacle.

2. Il grimpa sur le toit du véhicule, souleva le panneau. L’inconvénient : la montée comme unique option. Mieux que rien.

3. Debout sur la cabine, il réalisa qu’elle ne s’arrêtait pas à tous les étages. Uniquement ceux réservés aux livraisons.

4. Il était au 49ème, réfléchit-il, le café terrasse au-dessus. Le mall s’étendait du 41ème au 51ème. Il leva la tête.

5. Il ne perçut pas d’issue au 51ème. Bordel ! Où se trouvait la suivante ? Il hésita, la grimpette risquait d’être longue.

6. Avait-il le choix ? Ça ou attendre que s’ouvrent les portes. Le concierge s’élança à l’assaut des poutres et câbles.

7. Gia recula. Les résidents se pressaient dans l’étroite galerie, une question de secondes. Au-dessus, Lucie l’observait.

8. La bimbo toucha la crosse de son vieux 38. Abattre le premier ? Elle ne les tuerait pas tous, impossible. Trop nombreux.

9. Les porteurs de glass-T fonçaient vers elle. Gia brandit l’arme, tira en l’air. Le coup résonna dans l’espace clôt.

10. La foule de tueurs stoppa nette. Elle pointa le premier, afro-américain, à bout portant. Un inconnu. Lucie cria : Non !

–=| Acte 86 |=–

1. Les clefs, s’interrogea Élise en scrutant son amie à distance. La fouiller ? N’y pense même pas semblait-elle dire.

2. Mélodie tentait de raisonner Mr Dex, aussi réceptif qu’une gargouille sur son pilier. Pourquoi n’attaquaient-ils pas ?

3. La cible le fixait. Bras tendu, Preston saisirait rapidement le cou. Une option que lui refusait la rivière des mots.

4. Les clefs sont sur l’autre femme, révéla Jerry. La mère hésitait, cherchant le courage pour l’affronter, devina Franck.

5. La gamine a plus de cran, analysa Jerry d’une voix amusée. Libére-les ! Franck le voyait : la situation finirait mal.

6. Élise se redressa, avança vers Michelle. Devant elle, elle essaya d’apercevoir ses yeux derrière les glass-T. En vain.

7. Elle prit la main ensanglantée de son amie, caressa l’avant bras couvert de croûtes marrons. Maman, non ! entendit-elle.

8. L’épaule, le cou, la bouche. Élise se pressa, à un souffle: j’en ai besoin, Michelle, ma chérie…Puis elle l’embrassa.

9. La scène du point de vue de Michelle était…stupéfiante, songea Franck, médusé. Jerry ne commenta pas, pris de court.

10. Son amie la repoussa soudain. Élise recula. Poings refermés, sur la chainette. Le tour de passe-passe avait fonctionné.

–=| Acte 87 |=–

1. Quelque chose clochait, songea Doug. L’inconnu ne le suivait plus. Sur ses gardes, il arriva devant une porte coupe-feu.

2. De l’autre côté n’importe quel danger pouvait surgir. M4 dans une main, l’autre sur la poignée. Il inspira. Poussa.

3. Le couloir déservait trois somptueuses entrées à colonnades, des appartements de luxe typiques au delà du 200ème étage.

4. Habités par des couples sans enfants ou ces derniers devenus adultes, parfois de jeunes fortunés. Peu d’élus en réalité.

5. Moins de monde, moins de danger. Doug ne visita pas les mini-palais. Plus loin, il tomba sur un ascenseur panoramique.

6. Combien y-en avait-il ? Il se remémora le plan : un sur chaque face. Le N au fronton : Nord. Il entra dans la cage.

7. Impressionné, il fixa le tapis cotonneux en contrebas, la sensation de se trouver à bord d’une nacelle stratosphérique.

8. Le soleil au zénith illuminait la cime des nuages. Pas le moment, dit-il. Doug se retourna vers le panneau de commandes.

9. Il le vit alors. L’inconnu à la hache fonça vers lui. Doug appuya rageusement sur le bouton de fermeture. Sans effet.

10. Rien ne fonctionnait. Acculé, à court d’options. Il épaula son M4, centra l’homme qui courait. Doug pressa la détente.

–=| Acte 88 |=–

1. Le concierge s’accorda sa 3ème pause, à califourchon sur une poutrelle, le front dégoulinant, bras et cuisses endoloris.

2. Il n’était pas le genre qui fréquente la salle de sport. Il évalua le temps jusqu’à la sortie. Un court calvaire encore.

3. En-dessous, la trappe dessinait un carré de lumière dans les ténèbres. Il se demanda si les deux femmes s’en sortaient.

4. Le tir de semonce avait produit son effet. Les porteurs de glass-T restaient figés. Gia ne baissa pas le 38 pour autant.

5. Lucie la vit appuyer sur le bouton d’appel. Elle comprit que la catin allait s’en sortir. Et qu’elle même était coincée.

6. Baies obturées par les volets, la salle sombre comme terrain de duel. Le monte-charge s’ébranla avec la bimbo armée.

7. Gia fut accueillie par le silence. Sa tête émergea du comptoir. Lucie avait disparue. Elle rengaina le 38, se redressa.

8. Elle était là, cachée. La Yum Girl contourna le zinc : écoutez, je suis désolée. Pour votre mari. Je sais que c’est dur.

9. Elle dépassa une rangée de tables. Consciente de s’exposer. Lucie surgit dans son dos : Non, tu sais rien, salope !

10. Chaises renversées, chute douloureuse, Gia se retrouva sous une furie aux yeux illuminés de colère. Le genre à tuer.

–=| Acte 89 |=–

1. Maman ! C’était quoi ça ? Tu l’as embrassée ! Élise brandit sa prise : j’ai les clefs. Dans la boîte, il y a une arme.

2. T’es dingue ? lança Mél. Tu veux descendre notre voisin ou ta…copine ? Élise s’accroupit, ouvrit le coffret: un 9 mm.

3. Michelle et moi avons partagé une expérience. C’était étonnant, fit-elle en soupesant l’arme. Mélodie n’en revint pas.

4. Maman ! Tu sais t’en servir ? On a pris des cours, ensemble, sourit sa mère sous le regard impassible des deux tueurs.

5. Franck comprit de suite où Jerry voulait en venir : le sacrifice. Elle devrait choisir entre son voisin et son amante.

6. Qui va-t-elle choisir à ton avis ? interrogea la voix. Jerry… On est pas obligé. Tu peux éviter ça, le coupa-t-il.

7. Le cœur de Franck rata un battement: moi ? Ne devais-je pas te voir comme l’ange qui arrête le bras armé ? Montre-moi.

8. Pareil qu’au stand, sauf que Michelle ne soufflait pas dans son cou et les cibles, réelles. Tu veux les tuer ? fit Mèl.

9. Nous n’avons pas le choix, rétorqua Élise qui pointa son voisin. Je suis désolée, mumura-t-elle, la main tremblante.

10. Preston parla, mais les mots étaient ceux d’une autre personne : ne tirez pas ! Je m’appelle Franck, je vais vous aider.

–=| Acte 90 |=–

1. Malgré l’inefficacité des coups, Lucie lâcha tout ce qu’elle retenait depuis longtemps. Les insultes pleuvaient aussi.

2. La Yum Girl fit barrage de ses bras, sans riposter. D’un mouvement du bassin, elle reprit le dessus, bloqua la furie.

3. J’ai dit que j’etais désolée ! Elle appuya sur les poignets: maintenant écoutez-moi ! Un bruit mécanique, elle se figea.

4. Le monte-charge ! Quelqu’un arrive. Lucie en profita, asséna un coup de genou. Gia bascula, sa tête heurta le sol.

5. En panique, Lucie se précipita à l’entrée, tambourina sur la vitre obturée. Un porteur de glass-T émergea du comptoir.

6. Un autre ne tarderait pas. La cage n’offrait qu’une seule place. Une chance. Elle vit le 38 parterre. Elle se ressaisit.

7. Enfin ! expira le concierge à bout de souffle. Il répéra le dispositif d’ouverture manuelle. Les portes coulissèrent.

8. Une aire de livraison, modeste local collé à une plateforme de bureaux et services. Des lieux de travail. Dangereux.

9. Sa tête glissa par l’ouverture: personne, une allée de portes vitrées marquées de logos colorés et numéros. Voie libre.

10. Des open-spaces. Vides. Un mauvais signe. Le garçon s’arrêta: au bout du couloir, une mare rouge, tel du miel pétrifié.

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–=| Acte 61 |=–

1. Mélodie rejoignit Preston. Au sol, épuisée, la cible avait abandonné la partie. Mr Dex se tenait de côté, immobile.

2. Elise regarda, terrifiée, sa fille s’approcher. Mél… Elle comprit en voyant la lame. Brisée, à bout. Elle se résigna.

3. Franck fixa Jerry à travers la marionnette dénommée Belmonte. La gamine, fit le prêtre, n’y est pour rien. Laisse-là.

4. Les lèvres remuèrent : ah ! Tu l’a suivie sur le moniteur de la sécurité. Fillette remarquable, pleine de ressources.

5. Le flux se tarit, Mélodie s’arrêta. Elle serra le manche de la lame attendant les instructions. Preston ne cilla pas.

6. Son voisin, sa fille, semblaient paralysés. Que se passait-il? Elle se mit à espérer, Mél, c’est moi ! Elle se releva.

7. Jerry, libère-les. La marionette pencha la tête: tu veux la sauver, les sauver tous? Ce serait un bon début, fit Franck.

8. Depuis le store, le trio suivait le face à face. Que se disent-ils? fit Lucie. Aucune idée répondirent le garçon et Gia.

9. Belmonte lui tendit une paire de glass-T. Tu veux la gamine ? Tu peux la voir. Franck serra les poings, un air interdit.

10. Non ! cria Gia. Mais que fait-il ? Le concierge la retint : on ferait mieux de partir d’ici. On ne peut pas rester !

–=| Acte 62 |=–

1. La respiration maîtrisée, doigt sur la détente, Doug procéda avec méthode, visita pièce par pièce, il y en avait tant !

2. Des pièces nombreuses, des opportunités d’après le plan des glass-T. Le terrain de chasse couvrait presque tout l’étage.

3. Le chef du Yum Swat s’adossa au mur, souffla. Nicholas avait certainement disparu, les échappatoires ne manquaient pas.

4. Nul besoin d’un arme puissante, une lame suffisait. C’était toujours une question de distance, d’approche de la cible.

5. Il ajusta l’oreillette: les coms toujours muettes. Il reprit l’exploration, poussa la porte d’une salle d’eau luxueuse.

6. Proie, chasseur, il s’agissait d’un point de vue, un état d’esprit. Il suffisait de décider, de choisir qui on était.

7. Une chambre, spacieuse, lit géant. Son œil expert contrôla les recoins, inspecta la suivante avec la même application.

8. Se faufiler, entre le mobilier chic, guidé par les mots, les œuvres d’art pour seuls témoins mais heureusement muettes.

9. Où était-il ? pesta Doug. Le policier Nicholas possédait des qualités. Il savait se fondre, renverser une situation.

10. Le faisceau de lumière. Il progressa le long de la cloison, lame au poing, fixant la tache laiteuse qui dansait. Proche.

–=| Acte 63 |=–

1. Franck fixa la main tendue, les glass-T. Les porter signifier qu’il se condamnait. Jerry n’offrait jamais de garanties.

2. Refuser et une innocente mourrait, des étages plus bas dans une allée. Jerry lui retournait la logique du sacrifice.

3. Gia recula : que fait-il. Le concierge s’étrangla : il va les mettre, merde ! Faut qu’on se tire. Lucie ne dit rien.

4. Mélodie tenait sa lame, dans l’attente des mots, de l’ordre de tuer. Mais aucun ne vint. À la place, un visage apparut.

5. Étrange, pensa Franck, ce n’était pas la fillette mais l’un des adultes qui la poursuivaient. Confus, il baffouilla.

6. Je suis le Père Franck Marcopoli, entendit-elle. Son esprit s’éclaircit. Prise de vertige, Mélodie faillit s’effondrer.

7. Elise voyait qu’il se passait quelque chose. Mél ouvrit la bouche, lâcha son couteau. Mr Dex ne bougeait toujours pas.

8. Nous allons te sortir de là. Franck percevait presque le rictus de Jerry. Tu peux retirer tes lunettes, fit le prètre.

9. Mélodie arracha les glass-T. Maman se tenait là, devant-elle. Elle la reconnut, se jeta dans ses bras : partons d’ici.

10. Ouvre les accès au hall de la tour. Voyons Franck, tu as eu ton miracle à l’instant. À moi de demander, donnant donnant.

–=| Acte 64 |=–

1. Mélodie voulut entraîner sa mère, loin de Mr Dex aussi raide qu’une statue. On pourrait les lui enlerver, fit Elise.

2. Il ne bougeait pas. Le couteau taché de sang en ses mains invitait à la méfiance. Il ne mérite pas ça, insista-t-elle.

3. Mélodie et Élise s’approchèrent, telles des imprudentes titillant un félin. La fillette agita sa main devant le visage.

4. Les deux cibles se trouvaient à portée de lame, il aurait suffit de deux ou trois mouvements rapides pour en finir.

5. Patience… Un leimotiv en forme de commandement qu’il devait observer. Aucune discussion n’était possible. Il attendit.

6. Il ne réagit pas, observa Mélodie, qui aurait préféré fuir loin de son voisin. On ne peut pas le laisser reprit sa mère.

7. Les deux femmes indécises, peu rassurées, se décidèrent. Plus grande, Elise tendit la main vers les glass-T, lentement.

8. Les cibles franchissaient la limite. Il convenait d’adresser un message clair. Les mots survinrent, puis l’action.

9. Mr Dex recula d’un pas et leva le bras, celui qui tenait la lame. Elise sursauta, Mélodie étouffa un cri, implora sa mère.

10. Viens maman ! On ne peut rien pour lui. Patience, tu les retrouveras, lut Preston en filigrane en les regardant partir.

–=| Acte 65 |=–

1. Le concierge dans son ombre, Gia, cherchant une issue, trouva l’entrée de la réserve, voisine du comptoir. Lucie suivit.

2. Comme convenu, les glass-T se désactivèrent lorsque la fillette et, lui sembla-t-il, sa mère eurent quitté les lieux.

3. Pourquoi il a fait ça ? demanda la Yum Girl. Le garçon éluda : d’abord on se met en sécurité, on discutera ensuite.

4. Franck enleva ses glass-T, Jerry, alias Belmonte, garda les siennes : Tu sais ce que je veux. Le prêtre soupira.

5. Des rayonnages et au bout de l’allée, une double porte. Gia la poussa, se retrouva face à des porteur de glass-T : Oh !

6. Tu es malade Jerry, toi et moi nous le savons, osa Franck. Belmonte resta impassible. Puis, il s’anima : c’est vrai.

7. En panique, ils rebroussèrent chemin. Ils nous encerclent ! s’exclama le garçon. Pourquoi ils ne nous n’attaquent pas ?

8. Elles sont mortes par ta faute. Crois-tu, répondit Franck, que ce gens doivent à leur tour sacrifier leurs proches ?

9. On n’en sortira pas vivant, se résigna Lucie. Le concierge la calma. Il n’a plus les lunettes, fit alors Gia à l’entrée.

10. Le sacrifice, une question de folie raisonnée, récita Jerry. Maintenant, coincé avec les agneaux, le penses-tu encore ?

–=| Acte 66 |=–

1. Et maintenant, où allons- nous ? Elise serra la main de sa fille: il faut sortir de la tour. Mélodie esquissa une moue.

2. Les accès vers le hall étaient verrouillés, se rappela-t-elle. Impossible, Maman, il faut monter. Elle lui prit la main.

3. L’escalator les emmena au dixième. Mélodie profita du répit: je ne me souviens de rien, avoua-t-elle. Un brouillard.

4. Que répondre à sa fille ? se demanda-t-elle. Qu’elle avait essayé de la tuer et faillit réussir. Elles se regardèrent.

5. Elle imagina le calvaire subit par Mél alors qu’elle se trouvait sous l’emprise des glass-T. Elise ferma les yeux.

6. Chacune savait ce que l’autre avait fait. Leurs mémoires se complétaient, en négatif. Je ne me rappelle rien non plus.

7. Elle revit sa fille en train de brandir le couteau, prête à la tuer. Un traumatisme gravée à jamais dans son esprit.

8. Des horreurs pareilles, voire pires, hanteraient celui de sa fille. Je suis désolée pour le mal ce que je t’ai fait.

9. Ce n’était pas toi, maman. Les escalators ne permettaient pas d’accéder aux étages supérieurs. Un gong retentit.

10. Les ascenseurs ? Elles s’approchèrent de la zone, remarquèrent la double porte ouverte ouverte comme une invitation.

–=| Acte 67 |=–

1. Le rond lumineux glissait sur le mobilier de luxe. Nicholas se colla au montant d’un buffet massif, guettant le moment.

2. Dans cet appartement, les cachettes ne manquaient pas, songea Doug qui s’en tint à la procédure, fouilla coin par coin.

3. L’ombre de la cible se dessina sur le sol. Il devina la forme du canon du M4, le bras, les jambes. Il plia ses genoux.

4. Le faisceau balaya un bureau, deux colonnes surmontées de bustes, puis un miroir. Doug se figea, Il était là. Derrière.

5. Il venait de perdre l’effet de surprise, mais Nicholas bondit aussitôt. La cible se déroba, il sentit un choc aux côtes.

6. Le coup de crosse réflexe lui sauva la vie mais son subordonné leva le canon du M4. La salve perça des trous au plafond.

7. Nicholas déséquilibra son chef d’un balayage, il utilisa le moment pour le frapper à l’estomac, puis leva la lame.

8. L’éclair qu’il perçut l’électrisa. Doug plongea au sol, se réceptionna sur l’épaule. Sa main saisit la crosse du 9 mm.

9. La gueule menaçante du canon ne le ralentit pas. Il ne stoppa pas. Les glass-T ignoraient que c’était la fin de sa vie.

10. Nicholas s’effondra, un trou au milieu du front. Doug, en sueur, toucha son gilet déchiré. Ce n’était pas passé loin.

–=| Acte 68 |=–

1. Il ne s’agit pas de sacrifice, mais d’épreuve. Le comprends-tu, Jerry ? Le raisonner, constituait-il la bonne approche ?

2. Franck en doutait, mais tant qu’ils discutaient, personne ne tuait personne. Une sorte de trève. Pour combien de temps ?

3. Retour au point de départ, souffla Gia. Lucie observait le prêtre. Avec qui discutait-il ? Un vieil ami, cita le garçon.

4. Tant qu’ils parlent, les porteurs de glass-T n’attaquent pas, remarqua la bimbo. Vous croyez qu’on pourrait s’en aller ?

5. Par la grande porte ? Le concierge se gratta la nuque: on devrait éviter de tenter le diable. On attend son retour.

6. Gagner du temps. Dans la situation, une stratégie qui valait n’importe quelle autre. Franck s’en tint à cette ligne.

7. Évoquer la souffrance de Jerry, la perte de ses proches qu’il avait sauvagement assassinés, ne menait nulle part.

8. Le prêtre le réalisa assez vite ; il interrompit son monologue : libère-les, Jerry. Tu en as le pouvoir. Maintenant.

9. Lucie reluqua Gia, la bimbo qui couchait avec son mari. Un couteau sur le comptoir, nota-t-elle. Qui ferait le lien ?

10. Sur 3000 pieds de haut, 240 étages, tout le monde tuait tout le monde. Une morte de plus ne ferait guère de différence.

–=| Acte 69 |=–

1. L’ascenseur panoramique, reconnurent-elles. Au-delà du métal et du verre, le vide, la lumière vive. Elles hésitèrent.

2. Les plateformes voisines restaient closes. Élise prit la main de sa fille: je ne le sens pas. On ferait mieux de partir.

3. Mélodie se retourna : maman… Une douzaine de porteurs de glass-T formaient une ligne, leur coupant la retraite.

4. Ils veulent qu’on prenne l’ascenseur ? Élise serra la main de Mél. Ça va aller maman, fit-elle. Tu vas y arriver.

5. Élise évitait toujours les trajets en panoramique si apréciés des résidents. Elle se força à respirer, à se calmer.

6. Je ne peux pas, fit-elle, bloquée devant la porte. La ligne des porteurs s’avança vers elles, accentuant la pression.

7. Quelle idée d’habiter une tour lorsqu’on souffrait de vertige, réalisa-t-elle pour la première fois. Mél aida sa mère.

8. Elise franchit le palier, sentit ses jambes défaillir. Son esprit fit barrage à la vue à pic. Sa fille l’encouragea.

9. Elles se trouvaient au 10ème. Mél leva la tête. Le ruban de béton filait vers les nuages. Où allait-il les conduire ?

10. Les portes se fermèrent dans un chuintement. La capsule s’ébranla. Mél sursauta. Reste près de moi, demanda sa mère.

–=| Acte 70 |=–

1. Le concierge et la bimbo avaient le dos tourné. Le couteau disparut sous sa veste. Lucie se sentit prête, déterminée.

2. Cesser le massacre, la folie ne pouvait plus durer. Jerry ne l’entendait sans doute pas ainsi, même s’il en disait peu.

3. À Londres, à Sydney, Franck avait tenté de le raisonner et trop de personnes étaient mortes, des amis, des relations.

4. Une vie consacrée au bien-être des résidents, il ne resterait pas les bras croisés, suspendu aux décisions du prêtre.

5. Gia le regarda s’éloigner : une idée pour sortir de là ? Il se pencha sur le comptoir : peut-être bien. Lucie s’écarta.

6. Jerry, nous sommes dans une impasse, affirma Franck. En face, Belmonte ne se départit pas de son calme artificiel.

7. Non Franck, tu es dans une impasse. J’ai une armée à mes ordres. Regarde-les: un seul mot et ils se jetteront sur vous.

8. Le concierge trouva une télécommande, appuya sur le bouton. Les grilles descendirent des logements au-dessus des baies.

9. Tu voies Franck, tes amis t’abandonnent. Veux-tu vraiment rester avec eux ? Viens avec moi… Franck haussa un sourcil.

10. Alors tu me pardonnes ? Si j’accepte, tu arrêteras ça ? Pour la première fois Belmonte sourit: as-tu la foi Franck ?

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–=| Acte 71 |=–

1. La cabine glissait en silence sur la paroi de verre et de métal, brillante, dorée. Un lingot d’un kilomètre de haut.

2. Assises près de la porte, mère et fille observait le panorama. Un jardin de gratte-ciels, le centre ville de Yumington.

3. Au-dessus flottait la panse laiteuse de nuages chargés. Élise se serrait contre sa fille, à mesure qu’elles montaient.

4. Ce silence… Loin les cris, loin la terreur. Mélodie, vidée et collante, soufflait pour la première fois de la journée.

5. Elle se pencha vers sa mère: ça va aller maman. Élise fixait la baie, pétrifiée par l’altitude, osant à peine respirer.

6. La cabine ralentit. 23ème étage. La porte s’ouvrit. Comme un ressort, Mélodie se détendit, poussa un cri, puis recula.

7. Mr Dex ! Elle tira sa mère qui refusa de s’éloigner de sa place. Le voisin entra, glass-T sur le nez. Il tenait sa lame.

8. Preston compta deux cibles. Mais il se borna à suivre les ordres : les accompagner jusqu’à destination. Rien de plus.

9. Les mots l’avaient conduit jusqu’ici par les escaliers gravis à pleine vitesse. Il prit place, sans lâcher son couteau.

10. Mr Dex se posta au milieu, tel un cerbère. La cabine reprit son ascension. Mélodie se colla dans un coin, avec sa mère.

–=| Acte 72 |=–

1. Doug se pencha sur Nicholas, lui retira les glass-T dissimulant son regard. Étaient-elles à l’origine du carnage ?

2. Il les examina un moment puis les rangea dans un sac transparent. Il récupéra le M4, testa la radio toujours muette.

3. Les coms bouillées, restait 2 options: monter sur la plateforme pour un nouvel appel. Ou explorer les étages inférieurs.

4. Ses hommes d’abord, statua-t-il. Il gagna l’aire d’atterrissage, un ilot au-dessus des nuages, baigné de lumière crue.

5. La radio crépita, capta un signal. Renforts, état, pertes, rapport énoncé d’une voix claire face au panorama grandiose.

6. L’Osprey ne tarderait pas à arriver, avec un nouveau commandant. Et maintenant ? Des résidents avaient besoin d’aide.

7. Il vérifia son M4, tourna le dos au soleil généreux. Doug desecendit l’échelle, disparut dans les entrailles de la tour.

8. Il s’occupa des corps, qu’il aligna le long du mur, bras en croix sur le torse. À chacun, il adressa un salut posthume.

9. Il s’attarda devant Nicholas qu’il avait tué. À côté, gisait la dépouille de l’inconnu. D’où venait-il? Doug le fouilla.

10. L’homme habitait au 236ème. Un riche résident. Doug prit son passe, ouvrit la porte des escaliers. La descente débuta.

–=| Acte 73 |=–

1. La grille… Le garçon avait-il un plan ? s’interrogea Franck. Ils étaient pourtant cernés. Gagner du temps, se dit-il.

2. Le concierge posa le boitier: personne n’entre. Ouais et nous restons coincés ici, fit Gia. Il lui sourit sans répondre.

3. J’ai tout sacrifié, entendit Franck. Je n’ai pas eu d’ange pour me stopper. Il n’est jamais venu. C’est un mensonge.

4. Gia regarda le concierge inspecter le sol derrière le comptoir. Il y a une trappe pour le monte-charge, expliqua-t-il.

5. Jamais il ne t’est venu à l’esprit que je pouvais être l’ange, missionné pour t’arrêter partout où tu rejoues ton drame.

6. Il tira sur la poignée, le battant se souleva. Un air frais s’échappa, la lumière s’alluma. C’était étroit, nota Lucie.

7. Pour une fois, il sentit qu’il avait fait mouche. Le silence se prolongea, puis : tu n’es pas très efficace comme ange.

8. Le plateau n’accueillait qu’une personne à la fois. 3 voyages. Gia prit place la première. Lucie serait la deuxième.

9. Le sarcasme masquait le désarroi. Il ne l’avait pas vu venir. Jerry, je suis là pour te tendre la main, arrêtons cela.

10. Une galerie technique, étage inférieur, réalisa Gia. Bien encombré. Caisses de boissons, boites s’étalaient, partout.

–=| Acte 74 |=–

1. Les étages défilaient. Élise et Mélodie espéraient que l’ascenseur stopperait, les libérerait. Mr Dex restait immobile.

2. Un huis clos entre ciel et terre. À quel niveau se dénouerait le drame ? Qui les manipulait comme des marionettes ?

3. Mélodie se souvenait vaguement d’une présence à travers les glass-T. Puis il y avait eu cet homme, Franck quelque chose.

4. Une voix calme. Il avait promis des les aider. Peut-être qu’elles étaient ici grâce à lui, qu’il contrôlait Mr Dex.

5. Assise, Élise serrait les genoux sous son menton. Le vertige… Elle revenait sans cesse sur la vue, le vide aspirateur.

6. Elle s’en détourna, fixa les boutons dorés sur le panneau. Était-ce aussi simple que cela ? Sortir, pensa-t-elle.

7. Mélodie sentait sa mère sur le point de craquer. Elle ne semblait plus que l’ombre de la dame de bonne société.

8. Une femme qui possédait un commerce dans la tour, un statut. Tout cela paraissait si loin, une vie d’avant. Et après ?

9. Retrouverait-elle son quotidien, ses jeux, ses amis ? Et sa mère, sa clientèle ? Sa collection chaussures ? Elle sourit.

10. Tu sais, maman, c’est la première fois que je te vois dehors pieds nus. Sa mère se leva soudain. Maman ? Que fais-tu ?

–=| Acte 75 |=–

1. Lucie rejoignit la Yum Girl qui n’osa pas l’aider à s’extraire du mont charge. Elle adressa un signe au concierge.

2. Le trio réuni, Gia s’inquiéta: et Franck, alors ? Je crois qu’il essaie de gagner du temps en discutant avec ce malade.

3. Possible, se dit Gia. Le garçon enjamba une caisse, les néons blafards se reflétaient sur sa peau perlant de sueur.

4. Jerry avait refusé la main tendue. Et maintenant, tu vas me sacrifier ? fit le prêtre. Je me suis préparé, tu le sais.

5. Belmonte avança d’un pas. Ta pénitence sera d’y survivre. Peut-être parviendras-tu à m’arrêter. Mais pour l’heure…

6. Tes amis sont à l’étage inférieur, une galerie. Belmonte lui tendit des glass-T: tu veux voir comment ils s’en sortent ?

7. Des pièces de stockage, une chambre réfrigérée pour les denrées périssables, les dessous d’un lieu couru des résidents.

8. Puis, la salle de réception des livraisons, terminus d’une vaste plateforme élévatrice, signalée par une double porte.

9. Ils longèrent un mini-quai, dépassèrent une voiturette électrique. La plateforme, fit le concierge, mène au sous-sol.

10. Il pressa le bouton. D’instinct, Gia recula, Lucie dans son dos. Le rideau métallique libéra des porteurs de glass-T.

–=| Acte 76 |=–

1. Peut-être qu’en appuyant sur ce bouton, se dit Élise en s’approchant du panneau. Non, maman, entendit-elle, fais pas ça.

2. Mr Dex ne réagissait pas, constata Mélodie terrifée. Il ne la menaça pas de sa lame. Elle appuya, la cabine stoppa.

3. Les portes restèrent closes. L’afficheur indiquait le 104ème. Dehors, la base des nuages flottait à quelques mètres.

4. En pleine crise, sa mère tremblait: je veux sortir… Elle s’approcha du voisin, hurla: je veux sortir ! Tout de suite !

5. Elle voulut le secouer, à bout, en dépit du danger. Mélodie intervint : on ne sait pas comment il peut réagir, maman !

6. Puis, ce fut comme une libération : les portes s’ouvrirent. Le front de Mélodie se creusa : qu’y avait-il au 104ème ?

7. Elle n’était jamais allé au-delà du 100ème. Elle n’avait pas d’amis aussi riches. Sa mère se précipita. Elle la suivit.

8. Élise s’appuya contre le mur, inspira, souffla : le vertige… ma chérie. Je sais maman, fit Mélodie, en la rassurant.

9. La fillette se retourna. La cage de verre d’où elles sortaient : vide. Où est Mr Dex ? Sa mère leva la tête à son tour.

10. Depuis une alcôve, Preston observait les cibles. La chasse reprendrait, bientôt. C’était ce que promettaient les mots.

–=| Acte 77 |=–

1. Le pied dépassait sur le palier. Le vernis rouge sur les ongles, l’escarpin sur le paillasson, des indices d’un drame.

2. Doug progressa fusil à l’épaule, oeil au viseur, longeant un des couloirs du 236ème étage. Il s’arrêta devant le corps.

3. Il l’enjamba : blonde, la cinquantaine. Morte. La mare cramoisie ne laissait aucun doute quant à la cause du décès.

4. L’appartement présentait de nombreux signes extérieures de richesse : mobilier, oeuvres, tableaux. Symboles de réussite.

5. Un bureau, un ordinateur… Il s’installa. L’écran s’illumina, signala l’absence de réseau puis demanda un mot de passe.

6. Doug pesta : la tour avait coûté des milliards, avait été encensé par les médias de Yumington. Que se passait-il ici ?

7. Il fouilla les tiroirs. L’inconnu avait un nom. Glen H. Edmond. Un magnat. Doug reconnut le logo sur la carte de visite.

8. Une inspection rapide puis il se retrouva dans le couloir. Une silhouette se détacha à l’autre bout. Ils se regardèrent.

9. Le résident armé d’une hache se précipita vers lui. Doug cria les sommations d’usage, lâcha une rafale vers le plafond.

10. Rien n’y fit. Merde ! se dit Doug. Il prit la direction opposée, estimant éviter ainsi d’allonger la liste des victimes.

–=| Acte 78 |=–

1. De la plateforme se précipitèrent les résidents devenus tueurs. Ils fondirent sur les cibles, commandés par les mots.

2. La stupeur puis l’effroi. Le trio resta paralysé, prit de court. La précipation, la fuite, la séparation survinrent.

3. La Yum Girl tira Lucie vers la galerie du café, entraînant une bonne moitié des tueurs aux glass-T dans la foulée.

4. Elles s’y barricadèrent, renversant des piles de caisses et cartons. Les visages appareillés s’y pressèrent. Avides.

5. Ça ne tiendra pas longtemps, fit Gia. Ne restons pas ici. Lucie ne dit rien, le manche du couteau au creux des reins.

6. Elles rebroussèrent chemin vers le monte-charge. Seules, les tueurs aux trousses, l’occasion semblait idéale. Parfaite.

7. Le concierge se trouvait loin des femmes, près de la double-porte. Trop près. Une fraction d’hésitation et il détala.

8. Des coins, sans issues. Les résidents lobotomisés presque sur lui. La panique le saisit. Puis il la vit: la voiturette.

9. Un homme faillit le bloquer. Il le dégagea, courut jusqu’au véhicule électrique, sauta sur le siège, pressa le bouton.

10. Mon Dieu, souffla Franck. Jerry variait les point de vues, d’un résident à un autre, en réalisateur de l’horreur.

–=| Acte 79 |=–

1. Ne trainons pas ici. Élise prit la main de sa fille. Où aller ? 104ème étage, réfléchit-elle. Le souvenir lui revint.

2. Quelques mètres plus loin, des corps au sol, des murs zebrés de rouge. Mélodie ferma les yeux en collant à sa mère.

3. Les bourreaux avaient-ils aussi tués Michelle ? Elise espéra que non en se dirigeant vers l’appartement de son amie.

4. Michelle Jornani tenait une boutique de bijoux luxe au mall, 48ème étage. Les deux femmes s’échangeaient leur clientèle.

5. Symbole de sa réussite, elle avait acquis un 6 pièces de standing au-delà du 100ème. Élise et sa fille s’y présentèrent.

6. Porte entrouverte, poignée maculée… Des signes inquiétants. Tu es sûre ? murmura Mélodie. Nous avons besoin d’aide.

7. Déco épurée, meubles épars, vastes espaces, quasi monochrome. C’était son style. Mélodie suivit sa mère vers le salon.

8. Le corps gisait dans la cuisine. Pas celui de Michelle. Son mari. La mare de sang coagulé, lisse comme de la gelée.

9. Sa mère s’agenouilla près du cadavre. Walter, directeur d’une firme de sécurité florissante. L’aide en question.

10. Elle l’a tué ? En guise de réponse, la porte claqua. Un instant plus tard, Michelle apparut: elle portait des lunettes.

–=| Acte 80 |=–

1. La horde fonça sur la voiturette, manquant de la renverser. Le véhicule tangua tel un bouchon balloté en tout sens.

2. Le concierge se crampona sur son siège. Il appuya sur l’accélérateur, marche arrière, percuta deux porteurs de glass-T.

3. L’un d’eux s’aggripa à la lunette arrière. Il ne reconnut pas le résident qui se tenait d’une main, frappait de l’autre.

4. Pas le choix, dit-il. Il donna un coup de volant, éjecta l’individu. Puis le garçon vit la pile de caisses. Trop tard.

5. L’impact fit tournoyer l’engin, manquant d’expulser le conducteur qui tint bon. Il se retrouva face à la double porte.

6. Les tueurs ne lâchaient pas. Les premiers à quelques mètres à peine. Il ferma les yeux, enfonça la pédale: droit devant.

7. Elles percevaient les assaillants en train de de se débarasser des obstacles. Gia et Lucie parvinrent au monte-charge.

8. Retour à la case départ, lui adressa la Yum Girl. Lucie lui indiqua la cage: à vous l’honneur. Gia ne se fit pas prier.

9. Au moment de se pencher pour s’installer, Gia sentit la pointe d’une lame. Elle se figea. Je vais te saigner salope !

10. La mort d’une putain passera inaperçue dans ce carnage. La bimbo serra ses poings sur les montants de la plateforme.

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–=| Acte 51 |=–

1. Le cercueil lui rappela le décès de Grand-Père. La famille rassemblée. Sa mère apprêtée, solennelle. Tu penses à quoi ?

2. Vingt bières, toutes vides. L’ivresse des mots lui commanda de vérifier les salles attenantes. Preston s’exécuta.

3. Pas question de faire ça, Mél ! Je refuse. Maman, Mr Dex nous recherche, le mieux c’est qu’il nous croit… éliminées.

4. Rien dans la 1ère chambre. Il entra dans la seconde, même résultat. Ce fut pareil pour les suivantes. Où étaient-elles ?

5. Je ne me planque pas dedans ! Mélodie souffla, disparut par une porte dérobée, revint avec un couteau, un pot de sauce.

6. Le cabinet du secrétariat, vide. Le second hall, réservé aux machines à café, vide. Preston continua son exploration.

7. Une cuisine ? Sur le plan: partie réservée au personnel, fit Mélodie en badigeonneant le sol. Ton chemisier maman, vite!

8. Mr Dex croira que je t’ai tuée et placée dans le cercueil. Ça ne marchera pas, paniqua la mère, il va t’attaquer !

9. Pas si je porte ça. Mélodie sortit des glass-T de la poche. Je les ai récupérées. Elise recula: non, non, je peux pas.

10. Preston repéra le salon VIP, au fond. Il serra le manche de sa lame, traversa le hall, glass-T fixées sur la porte.

–=| Acte 52 |=–

1. Un Nicholas transformé en terminator apparut sur le palier. Je ne peux pas lui tirer dessus, chuchota Doug au marine.

2. Ils épièrent le reflet sur le miroir, les glass-T suscitant des questions. L’officier hésita mais il était un marine.

3. On abandonne pas les gars sur le terrain. Doug hocha la tête. On peut essayer de le prendre à revers. Il faut un appât.

4. Le devoir de la personne responsable du fiasco. Il déglutit. Traverser le couloir, vers la cuisine. Il va me suivre.

5. Ne le tue pas. Il faut lui retirer les lunettes, fit Doug. Le Marine haussa un sourcil, perplexe sur ce détail incongru.

6. Les glass-T, répéta-t-il, les deux doigts désigna ses yeux. Il fonça à toutes jambes. L’air crépita dans son dos.

7. La cible surgit d’un angle du couloir. Nicholas se verrouilla dessus sans réfléchir, le doigt appuyé sur la détente.

8. Le vacarme, les éclats, le coeur de Doug battait à tout rompre, dans ce loft de luxe transformé en champ de bataille.

9. Respiration bloquée. Enlever les lunettes ! Facile à dire… Le dos du policier tueur apparut. Le Marine se lança.

10. Nicholas sentit un frisson sur sa nuque. Trop tard. Il dégaina son couteau, plia les genoux. La cible se jeta sur lui.

–=| Acte 53 |=–

1. Un mariage branlant avec un « accord tacite » en guise de fondation. Lucie Win avait rêvé mieux. Méritait beaucoup mieux.

2. Franck reçoit la confidence de l’âme perdue avec la même attention qu’une confession révélée dans l’intimité du parloir.

3. 74ème étage. Le concierge recueille le point de vue de la Yum Girl, étrangement prolixe. Comme si elle vidait son sac.

4. Le sexe est un jeu savant d’équilibre entre attraction, force et pouvoir, fit-elle, à l’image de la théorie des 3 corps.

5. Le garçon acquiesça, sans vraiment comprendre. Les choses sont, selon lui, plus simples, basiques, d’essence populaire.

6. Henry A. Win avait l’argent, le pouvoir, Gia l’attraction. Un terrain idéal pour libérer l’énergie d’un big bang sexuel.

7. Il l’a croisée à un cocktail, fit Lucie. Une scène mondaine, étalage, égos, influence et expressions rivales codifiées.

8. Les soirées, c’est comme un sport, une chasse. Un hameçon en guise de robe à mille dollars et je faire, révéla la bimbo.

9. Parfois, on tombe sur des types charmants, attachants. Comme Helmut Fryes. Parfois des salopards, vicieux : comme Henry.

10. Mon mari n’était pas un saint, ça je le sais. Mais je l’aimais. Franck serra la main de Lucie : j’en suis certain.

–=| Acte 54 |=–

1. La porte du salon VIP. Elles sont ici. Preston le sent, les glass-T insufflent l’intuition, les mots rythment la traque.

2. Elise, vêtue de lingerie fine, tremblante, enjamba le cercueil : je ne peux pas. Il le faut Maman, encourage sa fille.

3. Allongée, ses yeux paniqués fouillèrent le plafond. Je referme, annonça Mél. Le couvercle coulisse. Noir. Envie d’hurler.

4. Preston posa la main sur le battant, le pousse. La chambre VIP, plus grande que les autres, comporte des séparations.

5. Mélodie perçut la lueur, les bruits de pas. Sous tension, elle se hâta de fermer, priant pour que sa mère ne crie pas.

6. Un petit salon, sorte d’antichambre. Table basse, sofas, fleurs, pas de cible. Les mots le guidèrent à l’alcôve suivante.

7. Elle effectua un dernier tour. La sauce, le chemisier déchiré, les traces cramoisies sur la porte dérobée. Parfait !

8. Preston expédia la 2ème section. Il arriva dans la 3ème. La confusion le saisit. Le sang, les vêtements, une cible.

9. Le texte d’un prêtre, réalisa Mélodie, étendue au sol, face contre terre. Pénétrée par les mots, elle bascula aussitôt.

10. Les glass-T se reconnurent. Sa nouvelle partenaire. Il lui tendit la main, l’aida à se relever. Elle était si légère.

–=| Acte 55 |=–

1. Vous savez ce qu’il y a au 50ème, déclara le concierge en désignant le numéro lumineux. Franck secoua la tête, réservé.

2. Le mall, répondit Gia. Le prêtre ferma les yeux, ce n’est pas le moment. Des magasins ça vaut dire du monde. Du danger.

3. On doit aider la fillette, rappela-t-il. Une enfant ? fit Lucie. Le garçon résuma le plan. Vous 3, les regarda-t-elle…

4. …Vous vous êtes mis en tête d’aider une gamine, 200 étages plus bas ? Pourquoi ? Le concierge se gratta la tête.

5. Il se tourna vers Franck. Le mall, souffla ce dernier. Essayons de trouver du ravitaillement, mais on ne traîne pas.

6. La bimbo se tint à l’écart de l’épouse. Elle n’osa pas s’enquérir du sort de son mari. Il n’était pas mauvais, au fond.

7. Dérangé oui. Le garçon poussa la porte. L’allée, vaste, offrait une vue dégagée. Sécurisante. Gia fermait la marche.

8. Des 4 malls de la tour, c’est le plus vaste. Du 41ème au 51ème, des dizaines de boutiques, cinéma, salle de concert.

9. La piscine…tous les services. L’allée déboucha sur une agora lumineuse. Sur leurs gardes, lls ne croisèrent personne.

10. Cathédrale de lumière. Plafond de cristal. Des enseignes, des terrasses. Vides. Personne. Et ce silence… surréaliste.

–=| Acte 56 |=–

1. Preston considéra le cercueil, les traces écarlates sur la porte. Il restait une cible, s’il se fiait aux glass-T.

2. La rivière de mots la berçait. Il suffisait d’obéir, suivre les instuctions. La cible, comprit-elle. Où était-elle ?

3. Noir. Angoisse. Elise tentait de se calmer, de respirer. Yeux ouverts, sueur inconfortable. Mélodie, souffla-t-elle.

4. Elle suivit Mr Dex à travers la cuisine des employés. Lui fouilla les lieux, inspecta murs et portes. Mélodie attendait.

5. Sang, sang, sang…Chaque phrase portait ce mot ou un synonyme. Preston n’en trouva pas. Pour les glass-T: une anomalie.

6. La chaleur, la peur, elle n’en pouvait plus. Elise pesta, poussa. De toutes ses forces. La couvercle bougea. Lumière.

7. Mr Dex revint vers elle. La regarda. Les lunettes échangèrent des données. Mélodie, bras raides, demeura impassible.

8. Les mémoires des glass-T de la partenaire ne savaient rien. Preston s’en remit aux mots : revenir au point de départ.

9. Elise se libéra. Fuir, avait intimé sa fille. Une halte à la fontaine à eau, elle s’aspergea. C’était frais. Vivant.

10. Le couvercle, nota Preston en revenant sur ses pas. La cible venait de partir. Il se précipita, Mélodie à sa suite.

–=| Acte 57 |=–

1. L’officier de liaison agrippa le policier, ce dernier se jeta en arrière. Le dos heurta un meuble, la vitrine explosa.

2. Doug se redressa, épaula son M4. Hésitant. Le tir risquait d’atteindre le Marine que Nicholas tentait de désarçonner.

3. Le soldat sentait la pression, mais les glass-T, les mots atténuaient la douleur. Il vit un officier le tenir en joue.

4. À travers le viseur, il guetta une opportunité. Nicholas maintenait toujours le dos du Marine dans sa ligne de tir.

5. Les lunettes définirent une issue. Dangereuse. Peu importait, ce n’était pas une suggestion. Nicholas obéit aux ordres.

6. L’ouverture ! L’épaule de Nicholas. Doug pressa la détente. Tel un cauchemar au ralenti, la tête du Marine s’intercala.

7. Le crâne de son adversaire explosa. Nicholas plongea dans le couloir, la mitraille déchiqueta les murs. Il détala.

8. Doug se précipita, s’agenouilla près du corps sans vie. Merde, répéta-t-il. Il empoigna son fusil, désormais chasseur.

9. Sans M4, le duel était inégale. Dans les lunettes, le plan de l’appartement de luxe au multiples cachettes, un avantage.

10. Il avait disparu, envolé. Doug s’avança à pas de loup, balaya le vestibule éclairé par sa lampe. Où était Nicholas ?

–=| Acte 58 |=–

1. L’enseigne proposait la gamme complète de produits alimentaires. Tant mieux, se dit Franck. Il ne fallait pas traîner.

2. Lieux déserts, tables abandonnées, pas de signes de lutte. Il flottait un parfum d’étrangeté. Il ramassa un dépliant.

3. Le café « le 50ème » proposera une lecture en réseau et publique, jeudi à 9h. On était jeudi. Où étaient les lecteurs ?

4. Franck vit le concierge au milieu du rayon des eux minérales, mais pas les 2 femmes, hors de vue. Son mailaise grandit.

5. Gia prit un sandwich, peu gouteux. Néanmoins affamée, elle ouvrit l’emballage puis se raidit. Lucie la dévisageait.

6. Oui, faillit-elle lancer, les putes mangent aussi. La Yum Girl observa l’épouse, attendit les insultes. Rien ne vint.

7. Il rejoignit le garçon, avec le dépliant. Un évènement couru, fit-il, chaque participant lit et partage un extrait. #yumington

8. Je suis désolée, pour les insultes. Gia préféra garder le silence. Henry était un salopard. La bimbo haussa un sourcil.

9. Une lecture connectée ? Oui, précisa le concierge, ils viennent avec leur…glass-T. Il ouvrit la bouche : Oh merde !

10. Attirée par un bruit, Gia s’approcha de la fenêtre. Elle étouffa un cri à la vue de dizaines de porteurs de glass-T.

–=| Acte 59 |=–

1. Elise haletait, à moitié nue. Le hall, un territoire à traverser vers la sortie synonyme de libération, d’espace, d’air.

2. Preston traquait sa proie, sans souvenir qu’elle fut sa partenaire. La nouvelle avait emprunté un chemin détourné.

3. Les cercueils ouverts. Un frisson la parcourut: dire qu’elle s’était réfugiée dans un modèle similaire. Sortir, vite !

4. Les glass-T synchros lui offraient le don d’ubiquité : il voyait avec les yeux sa partenaire qui s’apprêtait à attaquer.

5. Elle posa la main sur la porte, elle vit le reflet. Le visage de sa fille. Elise se retourna. Mél tenait un couteau.

6. La cible n’évoquait aucun souvenir à Mélodie, sa mémoire, son esprit focalisé sur les mots, le seul présent. Éliminer.

7. Sa fille brandit la lame, elle etouffa un cri. Non ! Mél ne l’entendait pas, se rua sur elle. La mère poussa la porte.

8. Sa partenaire manquait de vitesse. Preston se mit à courir, se retrouva dehors. La cible s’échappait, hurlant à l’aide.

9. En sueur, presque nue, Elise maintint le rythme, autant que possible. La fatigue reprenait le dessus. Elle ralentit.

10. Trop facile. Preston attendit sa partenaire à la traîne. Selon les instructions, elle seule devait porter le coup final.

–=| Acte 60 |=–

1. Gia se précipita, Lucie sur ses talons. La foule barrait l’allée. Le prêtre et le garçon bloquèrent l’entrée du café.

2. Ces personnes marchaient comme un seul homme, sous l’emprise des glass-T. Leur comportment était différent, nota Franck.

3. La foule stoppa, glass-T rivés sur eux. Masque de peur, jambes cotonneuses, Lucie resta pétrifiée. Ils n’attaquent pas ?

4. Ils en convinrent tous 4 : une attitude étrange, en rangs serrés, compact. Un homme se détacha, avança sur la terrasse.

5. Nathan Belmonte, nomma le concierge, du 226ème. Gia, main sur la bouche. Un client, demanda-t-il ? La bimbo acquiesça.

6. Il n’a pas été choisi au hasard, déclara Franck. Vous le connaissez ? Un vieil ami, dit-il. J’ignorais qu’il vivait ici.

7. Le prêtre posa la main sur la porte. Vous ne devriez pas sortir, conseilla Gia. Il le faut. Il regarda le concierge.

8. Si ça tourne mal… Le garçon hocha la tête. Soyez prudent. Franck ouvrit la porte, marcha vers son ami impassible.

9. Les glass-T masquaient ses yeux. Ses lèvres remuaient, voix claire : Bonjour, Franck. Tu as de nouveaux amis, je vois ?

10. Ce n’étaient pas les propos de Belmonte. Salut Jerry, tu as aussi plein d’amis, répondit Franck, en montrant la foule.

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–=| Acte 41 |=–

134ème étage: la déflagration les figea, suivie de cris et hurlements. Bordel ! souffla le concierge. Ils continuèrent.

122ème étage : Gia les arrêta : j’habite ici. Le garçon la railla, tu veux nous offrir une pause café et des cookies ?

J’ai une arme chez moi, avoua-t-elle. Ça peut servir. Le concierge durcit son regard : c’est interdit par le règlement.

Pour mon travail, justifia Gia. Les agressions sont monnaie courante, un flingue ça calme tout de suite ces messieurs.

On doit aider la fillette, rappela Franck. Le concierge se gratta le front : on ne va pas descendre ces gens, non ?

La Yum Girl poussa la porte : non, mais cela pourrait sauver l’un de nous. Les deux hommes se regardèrent. Vous venez ?

Ils se pressèrent à travers le dédale de couloirs jusqu’au 12217. Mon sanctuaire, présenta la bimbo. Je reçois jamais.

La bibliothèque occupait un pan entier du couloir. Des centaines d’ouvrages sur 5 étages. Franck en resta bouche bée.

Le concierge leva la tête : la vache… Vous avez lu tout ça ? Oui, dit-elle, ce n’est pas de la déco. Franck sourit.

Il se sentit dans un cocon chaleureux, des tons chairs, lumineux qui invitaient à la détente. Un havre, comprit-il.

–=| Acte 42 |=–

1. Doug s’accroupit près de Chavez, il avait un couteau planté à l’épaule. Rien de grave chef, assura le doc du Yum Swat.

2. Désolé patron, fit le policier. Doug hocha la tête: tu t’en sors bien. Puis, il se tourna vers le corps de l’inconu.

3. Les impacts aux murs en témoignaient, l’agresseur n’avait eu aucune chance. Chavez avait commis une erreur de débutant.

4. L’officier de liaison retourna le cadavre. La poitrine à nue, parcourue de multiples plaies par balles. Sacré carton !

5. Ce type était dingue, souffla Chavez. Que lui est-il arrivé, une idée doc ? Pas la moindre, répondit-il, concentré.

6. Un Yum Swat en retrait observait la scène. La paire de lunettes au sol, à l’écart, attira son attention. Il les ramassa.

7. Les glass-T lui parurent inoffensives à côté de la lame plantée dans Chavez. Il les tourna entre ses mains, les chaussa.

8. L’agresseur neurolisait un bouquin ? Une vignette animée présentait l’auteur, dans la quarantaine. Un prêtre catholique.

9. Il déchiffra le titre, plutôt vague, fourre tout. Il commença à lire. Dès les premières phrases, les mots le frappèrent.

10. « Tuez-les tous, IL reconnaitra les siens. » Qui ignore l’adage ? Le policier arma son M4 qu’il pointa sur ses camarades.

–=| Acte 43 |=–

1. Le salon de Gia, des murs couverts d’étagères. Des livres papier ? Ils font pas de leurs lecteurs des tueurs, fit-elle.

2. Franck haussa un sourcil, devant la répartie de la bimbo. Il aurait pu citer bien des ouvrages ayant déchainés la folie.

3. Dans un coin, il vit le paquet cadeau. Un frisson le parcourut. Gia s’en aperçut: j’ai bien fait de pas l’ouvrir hein ?

4. Ce sont des glass-T ? interrogea le concierge. Gia expliqua qu’en tant que lectrice assidue elle recevait des cadeaux.

5. Évidemment, se dit Franck. Gia disparut. Le garçon se promenait devant les étagère pleines. Un univers étrange pour lui.

6. La Yum Girl revint, une boite en main. Elle l’ouvrit, révélant un vieux 38, un flingue de flic. Ils regardèrent l’objet.

7. Je n’ai jamais tiré, avoua Franck, c’est contre ma religion. Le garçon précisa qu’il ne s’était jamais servi d’une arme.

8. Mon père me l’a offert, révéla Gia. Pour me défendre. Yumington reste une ville pleine de surprises, bonnes, mauvaises.

9. Vous allez au stand du 44ème ? La bimbo acquiesça. J’ai une réduc. Il ne demanda pas comment elle l’avait obtenue.

10 Elle retira l’arme, vérifia le barillet et le rempli de balles. D’un geste souple, elle le referma : On y va ?

–=| Acte 44 |=–

1. Mélodie parvint à se redresser, la gorge en feu. Haletante. Des cris résonnaient, proches, un inconnu attaquait sa mère.

2. L’homme l’aggripait, Elise se contorsionna, rampa, paniquée, en sueur. Pas de terre, sol carrelé. Où se trouvait-elle ?

3. Le choix tenait autant de la logique que de la psychologie. Mais pas celle de Preston. Le samaritain avait sa cible.

4. Elle vit Mr Dex s’avancer vers elle, sa lame en main. Ses jambes ne la portaient plus. Elle essaya. Échoua. Elle cria.

5. Miles Correy se retourna. La gamine vivait, criait, assise contre le mur. Un homme s’approchait d’elle. Avec un couteau.

6. Elise toussa, cracha, perdue mais plus légère, libérée du poids. Elle atteignit le mur, se leva. Jambes flageolantes.

7. Pris par surprise, Preston fut emporté, tomba au sol. Ses glass-T saisirent le faciès du samaritain. La lutte s’engagea.

8. Elle repéra sa fille. Elle est vivante ! Elise se précipita, s’agenouilla : Mél ! Elle lui prit les épaules, la secoua.

9. À nouveau ballotée en tout sens, ça recommençait. Elle prit peur. Ce visage, sans lunettes ! Maman, sors nous de là !

10. Les 2 hommes se battaient. Elise rassembla forces et courage, empoigna sa fille, grimaça sous l’effort : On y va, vite.

–=| Acte 45 |=–

1. Dans les couloirs déserts, ils sentaient le danger partout. Une fois aux escaliers, ils reprirent la descente, fébriles.

2. Durant un long moment, ils n’entendirent que leurs pas sur le béton, le froissement de leurs vêtements, leurs souffles.

3. Comment il commence votre bouquin, fit Gia. Le prêtre cita la première phrase: Tuez-les tous, IL reconnaitra les siens.

4. J’aime bien les tout premiers instants avec un récit qui annonce la couleur. Après on s’étonne, réagit le concierge.

5. Ils arrivèrent au centième étage. Un cap. Il restait encore beaucoup de chemin. Gia regarda les chiffres lumineux.

6. J’espère que la filette vivra encore à notre arrivée. Ouais, reprit le garçon, que fera-t-on quand on l’aura trouvée ?

7. Avant qu’il ne réponde, un claquement de porte les interrompit, ça venait de plus bas. Il nota le numéro sur le mur: 97.

8. Le concierge se pencha, non sans appréhension. Il haussa un sourcil : une femme, seule et sans lunettes. Une victime ?

9. Du sang maculait son tailleur chic, déchiré aux épaules. Elle demeurait assise, le regard vide. Ils s’approchèrent.

10. L’inconnue sursauta, se recroquevilla, ses pieds nus laissèrent une trace cramoisie. On va vous aider, rassura Franck.

–=| Acte 46 |=–

1. Elise soutenait sa fille à travers le dédale de couloirs. Ses repères effacés, esprit lobotomisé, dans le brouillard.

2. Dès qu’elle inspirait, l’air agissait comme du papier de verre dans sa gorge. Mélodie marchait presque en apnée.

3. Le samaritain, sportif, se montrait redoutable. Preston possédait un avantage : ses glass-T. Elles analysaient le combat.

4. Trajectoire estimée des poings, esquives, les lunettes agissaient en coach. Sauf qu’elles ne jetteraient pas d’éponge.

5. Où est-on ? fit Mél. Je l’ignore ma chérie. Juste avant, j’étais dans l’Atrium. Avec toi. Je ne connais pas cet étage.

6. Plafonds et plinthes diffusaient lumière naturelle. Douce. Mélodie repéra une enseigne. On va s’arrêter là bas.

7. Miles Correy frappait, ratait souvent sa cible. Son adversaire lui, faisait souvent mouche. Il se massa la mâchoire.

8. Maintenant, affichèrent les glass-T. Cogne ! cogne ! Il s’exécuta. Sous une pluie de coups, le samaritain alla au tapis.

9. Pompes funèbres ? lut Elise sur la vitrine. Tu es sure… Oui maman ! Entre là dedans, vite ! On a besoin de souffler.

10. Groggy, Miles, pissant le sang, n’arriva pas à se relever. Il vit l’homme brandir sa lame. Rideau, fit-il. Miles pria.

–=| Acte 47 |=–

1. Doug échangeait avec l’officier de liaison. Par dessus son épaule, il vit Nicholas lever son M4, doigt sur la détente.

2. L’instinct commanda. Il plongea de côté, entraînant son collègue dans sa chute. Le tacatac se déchaina, à rendre sourd.

3. Le Marine voulut se relever. Il le lui déconseilla. Les hommes tombaient, pris de stupeur, sous le feu d’un des leurs.

4. Pas de cris, les soldats mourraient en silence. Toujours. Doug poursuivit sa reptation jusqu’à la porte, qu’il poussa.

5. Les mots sont plus fort que les balles. Des paroles d’un camarade de fac, quand Nicholas avait annoncé son engagement.

6. Bien sûr, il ne l’avait pas cru. Jusqu’à maintenant. Les mots commandaient aux armes. Il en avait toujours été ainsi.

7. Les deux hommes s’adossèrent au mur. Le vacarma cessa. Doug appela ses hommes, par la radio. Aucune réponse. Mauvais.

8. Ses oreilles bourdonnèrent. Il entendit la voix familière, d’abord lointaine. Nicholas obéit aux mots: couper la radio.

9. Doug serra la crosse de son fusil : ils sont tous morts ! Le Marine le ramena à la raison : on doit sortir de là, vite.

10. Il en restait deux, cachés non loin. Le plan de l’étage s’afficha sur ses glass-T: une porte proche, un refuge. Logique.

–=| Acte 48 |=–

1. L’inconnue ne semblait pas blessée. Franck s’accroupit. Curieusement, Gia resta derrière le concierge aux traits tirés.

2. Son discours brouillé mêlait des détails, des noms sur une trame sordide. Des porteurs de glass-T tuant leurs prochains.

3. Un client est entré dans le salon, décrivit-elle. Il a égorgé l’hôtesse. Tout ce sang…Le trio écouta, silencieux.

4. Elle fixait le sol, s’exprimait d’une voix monotone, lasse. Une succession de drames sanglants. Mon mari… fit-elle.

5. Franck regarda Gia puis mit un terme au déballage. Comment vous appelez-vous ? Lucie. Bien, vous allez venir avec nous.

6. Le garçon s’impatientait. Le prêtre le calma : elle est sous le choc. Il indiqua la Yum Girl. Elle est bizarre, non ?

7. La bimbo restait à distance, gênée ou tendue. Les deux, aurait dit Franck. Le stress épuisait, peut-être soufflait-elle.

8. Lucie comment ? fit le garçon. Lucie Win. Ses yeux s’agrandirent : une résidente fortunée, habitant au delà du 200ème.

9. La femme, qu’on devinait raffinée malgré son état, leva la tête. Gia apparut dans son champs de vision. Elle se figea.

10. La salope ! Lucie se précipita soudain sur la Yum Girl, criant, accusant, vociférant, retenue par Franck et le garçon.

–=| Acte 49 |=–

1. Lumière tamisée, la gazouillis de la fontaine, il ne manquait que la musique. Mélodie se laissa conduire vers le sofa.

2. Preston laissa le samaritain, exsangue, sur le sol carmin. Deux cibles manquaient. Les mots affluèrent : retrouve-les !

3. Mère et fille regardaient la fontaine. L’écoulement de l’eau sur les galets. Vidées, épuisées. Ici, la paix flottait.

4. Les glass-T divisèrent son champ de vision. Il marchait dans un couloir, visualisait les coursives voisines. Il sourit.

5. Tu crois que Papa va venir ? Elise prit la main de sa fille: j’en sais rien ma chérie. Mél se blottit contre son épaule.

6. Il localisa l’enseigne, le magasin. Pompes funèbres ? Elles ne s’échapperaient pas de leur dernière demeure. Il courut.

7. Tu penses que ça le ralentira ? J’en sais rien Maman. Tous ces cercueils, ça m’a semblé une bonne idée sur le coup.

8. Les cams étaient formelles: elles étaient ici. Il ne vit personne dans le hall. Juste des cercueils, sur leurs chariots.

9. Il va les ouvrir, puis il inspectera les chambres. Mélodie regardait la boite, en face. Elle était vide. Heureusement.

10. Se cachaient-elles dans ces sépultures ? Il ne pouvait pas exclure l’éventualité. Il fallait les vérifier. Une par une.

–=| Acte 50 |=–

1. Salope ! Trainée ! vociféra la femme. Ils peinèrent à maitriser la colère explosive. Calmez-vous ! intima le concierge.

2. Gia regardait cette femme dont elle prenait le mari, un soir par semaine. Enfin, parfois plus. Un bon client, généreux.

3. Entravée par deux paires de bras, Lucie planta son regard dans celui de la garce: vous pensiez que je ne le savais pas ?

4. Peu en importait à la Yum Girl qui faillit lui cracher la raison pour laquelle son époux se payait ce genre de services.

5. Franck se lança dans une médiation : on va se détendre, d’accord ? Lucie, on vous relâche, je ne veux pas d’esclandre.

6. Ils la libérèrent. Les deux femmes se défièrent du regard. La tension au paroxysme, les hommes se tenaient prêts.

7. Lucie regagna l’escalier. Franck souffla. Gia desserra le poing. Le concierge s’adossa à la rambarde. Le silence. Gêné.

8. On ne peut pas rester plus longtemps, déclara le garçon. Franck s’accroupit face à Lucie: vous vous sentez d’attaque ?

9. Gia n’attendit pas, reprit la descente. Pour ‘évacuer le stress. Un signe du prêtre, le concierge s’élança à sa suite.

10. Vous avez connu le grand Henry Aleksander Win ? Il n’était pas si grand, maugréa la bimbo agacée. Une réponse équivoque.

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–=| Acte 31 |=–

1. La gamine disparut du moniteur, elle avait survécu. Un miracle. Franck était soulagé. Gia libéra l’air de ses poumons.

2. Putain… lâcha le concierge, c’est de la folie ! Vous êtes responsable de tout ça ! accusa-t-il en agitant son index.

3. Le visage aussi rouge que son veston, il s’approcha du prêtre, les poings serrés. Toute cette merde, c’est votre faute !

4. Coupable d’avoir écrit ce livre ou de la mort de ses pauvres gens, s’interrogea Franck. Vous avez remarqué ? fit Gia.

5. La bimbo s’interposa, avec intelligence, jugea-t-il. Le concierge la toisa, un air irrité: remarqué quoi ? Elle soupira.

6. Quand les lunettes ont sauté, la mère… Quoi la mère ? Le garçon amorça un geste vif. La Yum Girl en avait vu d’autres.

7. Surtout, ne me touchez pas ! Gardons notre calme, fit Franck. Il se tourna vers Gia: qu’avez-vous noté de particulier ?

8. Elle est redevenue normale, elle a regardé cette enfant… comme si c’était sa fille, conclut le prêtre. Exactement !

9. Ça ne change rien. Nous ne pouvons rien pour eux. Gia s’assit sur un fauteuil, résignée. Franck observait le moniteur.

10. Peut-être pas, annonça-t-il, songeur. La bimbo se redressa : Que voulez-vous dire ? Nous allons aider cette fillette.

–=| Acte 32 |=–

1. L’Osprey perça la pélicule nuageuse vers le 170ème, monta en spirale, tel un colibri tournant autour d’un haricot géant.

2. Doug scruta les visages concentrés. L’officier de liaison demeurait dubitatif. Ils partaient avec peu d’informations.

3. La plateforme aéro débouche sur 2 étages techniques, pointa Doug sur le plan affiché par son pad. L’officier acquiesça.

4. 240ème, appartement de la première victime. Il cercla l’étage à l’aide du stylet, puis descendit de 41 niveaux: 199ème.

5. Le poste de sécurité en premier lieu. Si des agents étaient service, il pourrait tirer au clair les raisons de ce drame.

6. Au sommet, l’hybride cercla autour du H. La rampe s’ouvrit, la baie baigna dans la lumière crue filtrée par sa visière.

7. Doug s’élança le premier. Respiration maitrisée, M4 au poing, il devala les escaliers, atteignit la porte de service.

8. Pas de lumière. Ils allumèrent leurs lampes. Les halos révélèrent un couloir, des armoires techniques, la porte du fond.

9. Le Yum Swat se déploya en silence dans l’Olympe d’Helmut, les RAS se succédèrent. Doug explora le corridor, il se figea.

10. Un individu hirsute, sanguinolant, le regarda depuis les ascenseurs. Ça va monsieur ? Il portait des glass-T, nota-t-il.

–=| Acte 33 |=–

1. Mélodie longea le comptoir d’accueil jusqu’au rideau, frontière marquant l’entrée d’un nirvana de bien-être et plaisirs.

2. Cartographie des lieux en mémoire, Elise contourna l’accueil, emprunta la porte de service. Preston fila vers le rideau.

3. La fillette courut vers la réserve, poussa la porte, étouffa un cri de stupeur : Maman ! Le bras s’abattit, elle chuta.

4. Cible au sol, nota Preston, impassible. Il marcha vers sa partenaire qui brandssait un vase, prête à porter l’estocade.

5. Non ! Mélodie s’appuya sur le mur avec ses pieds, glissa de côté. Sa mère la manqua. De peu. Elle vit Mr Dex, si proche.

6. Si agile… Insaisissable souris, éprouva-t-il. La cible pénétra dans une alcôve, un cul de sac. Il sourit. Satisfait.

7. Mélodie cria: un client gisait au bord du jacuzzi rouge de son sang, le manche d’un scalpel planté dans son œil. Fuir !

8. Preston enfonça la porte, déboula dans l’espace de soin chamboulé. La femme pointa la chaise sur la table de massage.

9. Elle ignorait où débouchait la gaine d’aération. Mélodie rampa, tremblante, poisseuse entre quatre cloisons de métal.

10 .Ils se regardèrent, s’accordèrent en un échange de données. 2 sorties possibles selon le plan, chacun gagna son issue.

–=| Acte 34 |=–

1. Hors de question de sortir, clama le concierge. La bimbo hésitait: le chaos, ces gens, parfois clients, devenus tueurs.

2. Le bon sens conseillait l’attente. Franck s’appuya sur un pupitre : la fillette a besoin d’aide. Le garçon objecta.

3. Elle n’est même plus à l’écran. Cela signifiait qu’elle vivait, affirma Franck. Même Gia afficha un air sceptique.

4. Un moniteur, une enfant luttant pour sa vie. Il voulait nous montrer sa mise à mort par un proche. Il l’a sous estimée.

5. Il est dans la tour ? fit Gia, déconcertée. Franck hocha la tête: il est aux commandes. Il est… sujet aux obsessions.

6. Vous le connaissez ? Le religieux se dirigea vers la porte: pour le savoir, suivez-moi. Il disparut dans le couloir.

7. Gia et le garçon se regardèrent. On doit rester ici, insista-t-il. Gênée, la Yum Girl épousseta son haut : il a raison.

8. 198ème étage : Franck descendait les escaliers. La voix familière résonna dans la cage : Attendez ! Je viens avec vous.

9. La bimbo, se dit-il. La ruse avait fonctionné. Le concierge rappliqua juste après. Sa testostérone avait vaincu sa peur.

10. J’étudie le sacrifice d’Abraham depuis mon noviciat, mon obsession, commença Franck alors qu’ils arrivaient au 197ème.

–=| Acte 35 |=–

1. Preston atteignit son poste au pas de course, couteau en main, stoppa sous la grille. Le flux des mots se réduisit.

2. Sa respiration devenait difficile, sa poitrine compressée sur la cloison froide. Mélodie se motiva: rampe, continue !

3. Le spectacle du magasin chamboulé ne l’émeut pas. Elise traversa les salles d’un pas déterminé, jusqu’à sa position.

4. Obscurité, stress, sueur, peur rendaient la reptation fastidieuse, longue. Elle se mit sur le dos, s’accorda une pause.

5. Tête en arrière, le regard rivé sur l’ouverture, prêt à bondir sur sa cible. Preston attendait : une chance sur deux.

6. Elle reprit sa progression, le cœur cognant, ses entrailles tordues. Le boyau se séparait en deux. Une chance sur deux.

7. Elise fixait la grille, lisait le murmure des mots en surimpression: patiente, patiente, patiente…une chance sur deux.

8. Elle négocia le virage à force de contorsions. Un carré de lumière se découpa sur la tôle, elle allait enfin respirer.

9. Distants de 20 m, ils ne se voyaient pas. Leurs glass-T s’envoyaient des paquets, mieux synchronisés que des époux.

10 .Elle s’activa, tel un papillon avide, souleva la grille, passa la tête. Elle se glissa hors du trou avec hâte…

–=| Acte 36 |=–

1. À chaque étage, leurs regards s’aimantaient vers la porte coupe-feu les isolant de la folie. Aucun songea à les ouvrir.

2. 188ème étage. Gia s’arrêta. J’avais un client ici. Le concierge la pressa : ne perdons pas de temps. Elle se renfrogna.

3. La bimbo réclama sa pause. Ils s’arrêtèrent entre le 185ème et le 184ème. Un entre deux philosophe. Elle regarda Franck.

4. Ces gens reproduisent le sacrifice mis en scène dans l’ebook, vrai ? Le religieux haussa un sourcil : en quelque sorte.

5. Ils obéissent aux commandements. Selon le programmeur, le challenge consistait à recréer la Voix de Dieu. Il a réussi.

6. Vous dites qu’ils entendent Dieu ? La Yum Girl ne portait pas de croix, ni de signe, mais elle croyait, realisa-t-il.

7. Franck se demanda si elle priait avant ou après chaque visite chez un client. Le Seigneur s’adresse à chacun, fit-il.

8. Le concierge s’énerva : pourquoi la gamine ? Il y a des milliers de résidents, des centaines de familles avec enfants.

9. Il invoqua le hasard. La mère pourchassant sa fille, une dérivation du père qui sacrifie son fils, exposa Franck.

10. Gia plissa les yeux : vous savez ce qui le motive ! Il esquissa une moue nerveuse : ne perdons pas de temps ! En route.

–=| Acte 37 |=–

1. Monsieur, mon nom est Doug Winston, je suis officier du Yum Swat, nous allons vous aider, vous comprenez ce que je dis ?

2. L’homme immobile portait une chemise déchirée, maculée de taches cramoisies. Il regardait fixement, mains dans le dos.

3. Monsieur, m’entendez-vous ? Je dois voir vos mains. Je vais m’approcher. Doug tendit la main, l’autre le tenant en joue.

4. La radio crépita. Doug prit l’appel. Un collègue arriva, M4 au poing : je me peux m’en occuper chef, ce type est seul.

5. Réception mauvaise : je vous entends mal, fit Doug… Attendez. Chavez, tu me sors ce gusse de là, qu’il voit le doc.

6. Le policier acquiesça. Doug s’éloigna. Monsieur, je m’appelle Chavez, nous allons voir un médecin, vous me comprenez ?

7. Oui colonel, nous nous déployons à l’intérieur, reporta Doug. Le soldat s’approcha de la victime, lui tendit la main.

8. Exactement comme son supérieur venait de le faire. L’homme aux glass-T ne réagissait toujours pas aux paroles de Chavez.

9. On va vous aider, répéta-t-il, exalté. La recrue du Yum Swat, sauvait sa première victime en opération. Et sa dernière.

10. Le cri déchira l’air, Doug interrompit le rapport. Les pas pressés dans le couloir, puis vinrent les tirs. La confusion.

–=| Acte 38 |=–

1. Mélodie se réceptionna sur le sol. Lorsqu’elle releva la tête, elle eut un recul de surprise, retomba sur les fesses.

2. Maman ! entendit Elise, sourde à la supplique qui survint après. Elle saisit sa fille par les cheveux et tira fort.

3. La douleur lui arracha un cri. Sur ses jambes en une seconde, entraînée par sa mère, elle se débattit avec énergie.

4. Elle tenait sa cible, fermement et d’un mouvement, la projeta contre le mur, obéissant aux mots qui lui commandaient.

5. Respiration coupée par l’impact, Mélodie se retrouva parterre. Pas de répit. Elle se sentit soulevée, arrachée au sol.

6. Elle qui sollicitait toujours l’aide d’un vendeur pour déplacer un carton plein, elle empoigna sa fille avec aisance.

7. Non, maman ! supplia Mélodie en battant des pieds, plaquée au mur. Elle devina les yeux absents derrière les glass-T.

8. Elise sentit à peine le coup au tibia, elle se fendit d’un sourire, sa cible éprouvait déjà des difficultés à respirer.

9. Sa trachée brûlait, compressée. Des points dansèrent devant elle, sa vision se rétrécit en un tunnel centré sur sa mère.

10. Preston arriva derrière sa partenaire. Il perçut la situation, sans la comprendre. Peu importait. La chasse prenait fin.

–=| Acte 39 |=–

1. 166ème étage: arriva ce qu’ils redoutaient, des porteurs de glass-T occupaient le niveau inférieur. Franck se pencha.

2. Ils sont une dizaine, murmura-t-il à ses compagnons. Les épaules de Gia s’affaissèrent. Le garçon désigna la porte.

3. De l’autre côté, ils trouvèrent une coursive déserte. On fait quoi maintenant qu’on est coincé ? s’inquiéta la Yum Girl.

4. Tentons l’autre escalier, déclara le concierge. Il faut traverser l’étage. Franck acquiesça. Ils se mirent en route.

5. À mi-chemin, Gia s’arrêta sur un palier, devant une porte entrouverte. Elle hésita, déglutit puis poussa le battant.

6. Franck posa une main sur l’épaule. Elle sursauta. Un ami vivait là, je dois savoir, révéla-t-elle. Le garçon rappliqua.

7. On perd du temps, s’énerva-t-il. La bimbo le fusilla du regard. Le palier l’accueillit, c’était propre, encourageant.

8 .Un client ? railla le garçon qui réduisait la vie de la Yum Girl à une succession de passes. Un ami, rappela-t-elle.

9. Il voulut la suivre, Franck le retint : peut-être qu’il comptait pour elle. Le concierge afficha un air circonspect.

10. Lorsqu’elle revint, les larmes brouillaient son visage. Elle se colla contre le prêtre qui, surpris, la consola.

–=| Acte 40 |=–

1. La gorge dans un étau, le regard sans âme de sa mère. D’un coup, Mélodie se sentit à bout de forces, à court d’air.

2. Preston se concentrait sur la scène, comme s’il était les yeux d’un tiers, une caméra humaine offrant un autre angle.

3. Elise Hampton serrait. Les mots, les phrases attisaient un feu, réveillaient une force qu’elle ne se connaissait pas.

4. Miles Correy jouait en 1ère division au Yum College. Depuis ce matin, il échappait aux porteurs de glass-T en furie.

5. Le colosse déboula dans le couloir, vit la gamine qu’étranglait une blonde crasseuse avec des lunettes. Il n’hésita pas.

6. Elise ne remarqua l’ombre qu’au dernier instant. Elle lâcha prise. Un taureau la chargeait. Elle se sentit soulevée.

7. L’individu avait surgi de nulle part. Preston demeura sans réaction puis la rivière des mots enfla. Il devait agir.

8. Les glass-T sautèrent. Pour la seconde fois, Elise revint à elle. Comme la première, elle nagea en pleine confusion.

9. Plaquée au sol, une masse l’écrasait, un souffle chaud dans son cou. Et des mots: Salope ! C’est qu’une enfant, putain !

10. Preston interrompit sa course : désormais, il y avait 3 cibles. Laquelle choisir ? Sa main serra le manche du couteau.

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–=| Acte 21 |=–

1. 6ème étage, l’atrium, elle repéra le parc d’intérieur. Sa classe s’y rendait souvent, pour le cours d’éco-biologie.

2. Une minijungle végétale, domptée, les palmiers y poussaient droits, l’eau suivaient les méandres tracés par le créateur.

3. Le terrain offrait des cachettes, nombreuses, se dit-elle. Elle disparut sous le couvert, fila entre troncs et bosquets.

4. Preston stoppa au portail. Ses glass-T sondèrent la scène verdoyante, traquant la silhouette juvénile soudain évanouie.

5. Son esprit attendit. Les instructions lui parvenaient: intuition ou inspiration divine. Il entendait, il exécutait.

6. A travers le feuillage, Mélodie aperçut Mr Dex, Maman arriva à sa hauteur. Ils scrutaient les environs, tels des robots.

7. Un reflet, elle s’abaissa, mains sur la tourbe . Que leur arrivaient-ils ? La résidence semblait la proie de la démence.

8. Le point pulsa devant lui : la cible se cachait derrière les buissons. Il ignorait comment l’information lui parvenait.

9. Il traitait l’input, puis agissait selon les ordres de la machine. Cela ressemblait à son travail, même l’excitation.

10. Mr Dex se précipita, Maman juste derrière, le coupla cingla vers elle. Comment faisaient-ils ? Mélodie prit la fuite.

–=| Acte 22 |=–

1. Le corps désarticulé explosa le pare-brise du SUV noir, un choc effroyable. Tous les hommes du Yum Swat se retournèrent.

2. Une hache resta plantée entre les omoplates. En dix ans, Doug Winston n’avait jamais vu ça : il pleuvait des cadavres.

3. L’infirmier se précipita. C’était le sixième. Tous présentaient des lacérations, blessures défensives, doigts coupés.

4. Bon Dieu ! Qu’arrivait-il là haut. Appelée en renfort, son équipe se retrouvait à l’accueil, accès, ascenseurs bloqués.

5. Ni aide, ni explications. Les deux flics de crim étaient morts, allongés à côté des agents de sécurité de l’accueil.

6. Le système informatique ne répondait pas, commandes bloquées, moniteurs fracassés. Combien de résidents ? demanda-t-il.

7. Son sergent soupira: dans un condo de cette taile, des milliers. Il posa son M4 sur le comptoir: on doit faire le job.

8. Vu ce qu’il tombait dehors, Doug redoutait le pire : un gang qui détroussait les riches habitants, les défenestrait.

9. Combien étaient-ils ? Il appela la base par radio. L’échange fut bref: nous aurons besoin de renforts, d’un hélicoptère.

10 .Un autre corps s’écrasa sur le synthébéton. On va partir du haut et descendre, annonça-t-il, on ratisse étage par étage.

–=| Acte 23 |=–

1. Preston percevait sa partenaire comme un membre de la meute. Ils ne se parlaient pas. Leurs glass-T s’en chargeaient.

2. Mélodie dépassa la cascade, l’eau chutait du plafond brumeux. Elle s’abrita dans la serre tropical saturée d’humidité.

3. Le point vacilla, puis disparut. Il n’eut pas d’explications. La femme à ses côtés s’arrêta, à court d’instructions.

4. Blottie, respiration bloquée, Mélodie attendait. Indifférentes à son sort, des fleurs exotiques semblaient l’observer.

5. Ça avait l’air d’un blanc entre 2 interlocuteurs. Ils ne cherchaient pas des mots mais un signal, celui de la cible.

6. Que fabriquaient-ils ? s’interrogea Mélodie, en sueur, moite. Ils restaient à l’entrée, les membres raides, paralysés.

7. La femme avança, inspecta les fourrés, les rangées de fougères. Preston comprit son propre rôle : bloquer toute fuite.

8. L’angoisse, l’indécision tenaillèrent la fillette. Sa mère s’approchait. Pourtant, elle voulait rester, c’était sa mère.

9. Il suivit la fouille, tel un second oeil, un capteur déporté au profit d’une intelligence lointaine, le donneur d’ordre.

10. Comment sortir ? Existait-il une autre issue ? Elle s’en souvint pas, se sentit coincée. Puis elle réalisa: les glass-T.

–=| Acte 24 |=–

1. Qui joue avec nous ? On veut tout savoir, somma le concierge. Franck affronta le regard du gamin soutenu par la bimbo.

2. Il ne pouvait plus se dérober. Il se tourna vers le seul moniteur en activité qui affichait la vue du parc intérieur.

3. La fillette avait disparut. Ses poursuivants aussi. Il pria pour leurs saluts. On vous écoute, lança Gia, impatiente.

4. Par ou commencer ? Il s’éclaircit la gorge : vous connaissez le sacrifice d’Abraham ? La Yum Girl haussa un sourcil.

5. Les classiques, se dit Franck, la culture de délitait. Le garçon l’observa d’un air ahuri : c’est un truc religieux ?

6. Ce truc, comme vous dites, est une question de sacrifice, de conséquence de l’obéissance aveugle aux forces supérieures.

7. Ouais, on est en plein dedans, je crois, marmonna Gia. Alors votre saloperie de bouquin commande à ces malheureux ?

8. Il sentit la hargne couvant le feu de sa terreur prête à exploser. Le sacrifice d’Abraham est un acte de Foi, reprit-il.

9. Ces béotiens saisiraient-ils les détours du sujet qu’il étudiait depuis son noviciat. Peu de chance. Il essaya pourtant.

10. Dieu a commandé à Abraham de sacrifier son fils. Pour comprendre le geste, il faut prendre sa place, vivre son dilemme.

–=| Acte 25 |=–

1. Pour retrouver sa mère, elle devait lui arracher ses lunettes. Plus facile à dire qu’à faire, se dit-elle, accroupie.

2. Preston épaulait sa partenaire, à son insu. Grâce à lui, elle avait des yeux dans le dos. Elle couvrait plus de champ.

3. Mélodie s’encouragea à voix basse. C’est faisable, se redit-elle. L’attirer, elle devrait se baisser pour l’atteindre.

4. La femme s’engagea dans une allée hors de portée visuelle. Preston ne déplaça pas, se conformant à sa voix intérieure.

5. Elle était pieds nus, s’étonna Mélodie. Sa mère qui ne jurait que par ses hauts talons, pour les clients disait-elle.

6. Statue de sueur, collant, taché de sang au milieu d’une nature artificielle, Preston ne cillait pas, l’esprit à l’affût.

7. Elle inspira et poussa un bac qui chavira dans l’allée. On y est, se dit-elle en se tenant prête, terrifiée par l’enjeu.

8. Le bruit attira l’attention d’Elise Hampton qui se fixa sur le bac, la terre, les fleurs étalés. Sa cible se terrait là.

9. Preston serra son couteau puis à son tour, il s’élança ainsi lui commandèrent les mots qui lui montrèrent le chemin.

10. Maman ! surgit Mélodie en jetant une poignée de terre au visage. Une hésitation, un geste vif, les lunettes sautèrent.

–=| Acte 26 |=–

1. Ne me dites pas que vous avez neurocodé votre oeuvre pour qu’ils se mettent à sacrifier leurs proches ? tonna le garçon.

2. La Yum Girl le toisait, bras croisées, mâchoire crispée. La neurolecture via glass-T offrait l’immersion, la communion.

3. Les mots formaient des images, les phrases des scènes. Chacun voyait ce qu’il voulait, entendait ce qu’il désirait.

4. Certains plus que d’autres. Franck ferma les yeux. Non, fit-il. Ce n’était surement pas le but. Le concierge souffla.

5. Vous avez dit : il se prend pour Dieu. De qui parliez-vous ? demanda alors la bimbo. Une fille intelligente, se dit-il.

6. De mon premier lecteur, lacha le religieux. Gia et le garçon échangèrent des regards incrédules. Franck plissa le front.

7. J’ai écrit le texte, il a encodé l’ebook et… j’ignore comment. Je ne suis pas spécialiste. Ces trucs me dépassent.

8. Et ensuite ? Franck résuma la procédure. Je l’ai envoyé à mes éditeurs. Il sont tous morts, avoua-t-il, la mine sombre.

9. Je ne comprends pas, fit Gia. Il a encodé votre texte pour les tuer ? En effet, se dit-il, elle ne comprenait pas.

10. La vue sur le moniteur changea. Il y avait du mouvement. L’homme au couteau courrait à travers la serre. Pas bon signe.

–=| Acte 27 |=–

1. Doug se tenait sur le parking balayé par le souffle des rotors basculants de l’Osprey, sa radio tactique à la main.

2. La chute des corps se poursuivaient, sous leurs yeux impuissants. Ces pauvres s’écrasaient comme des pommes trop mures.

3. Le parvis de la tour ressemblait à l’étal d’un abbatoir. Les roues touchèrent le bitume, la rampe cargo s’abaissa.

4. Un officier de liaison le rejoignit : que pouvons-nous faire pour vous ? demanda-t-il. Doug pointa son M4 vers la tour.

5. Nous déposer au sommet. L’homme leva la tête. Une forme creva les nuages, chuta comme un confettis échappé de l’horreur.

6. Mon Dieu, souffla-t-il, est-ce que c’est ce je crois ? Doug acquiesça : le temps presse. Les ordres fusèrent aussitôt.

7. La turbine hurla, l’appareil arracha ses 20 tonnes du sol. Quel est le topo ? demanda l’officier. Doug se montra franc.

8. Nous en savons très peu. Les agents de sécurité sont morts, les accès bloqués, on pense qu’un gang opère une razzia.

9. Ils balancent les gens ? s’étonna l’officier. Les lacérations, les blessures évoquaient plutôt une folie collective.

10. Pas l’œuvre d’un gang. Il se gratta la nuque : peut-être refusent-ils de coopérer ? L’Osprey s’enfonça dans les nuages.

–=| Acte 28 |=–

1. Maman, supplia Mélodie penchée sur sa mère. Elle semblait déboussolée, le regard perdu. Où suis-je ? C’est toi Mél ?

2. Preston accéléra, le sol humide, la terre maculant le sol : il dérapa au croisement de l’allée inspectée par la femme.

3. Mélodie étouffa un cri. Mr Dex arrive, vite, il ne faut pas rester. Elle l’aida à se relever. Ça dura une éternité.

4. Il se redressa, interrompit sa course. Il y avait désormais deux points rouges: 2 cibles. Sa partenaire s’était envolée.

5. Elles grimpèrent sur le talus, leurs pas s’enfoncèrent dans le terreau couleur charbon. Mélodie tenait les glass-T.

6. Les mots projetaient les mêmes ordres, s’adaptant à l’évolution de la situation : les tuer, toutes les deux. Il fonça.

7. Que m’arrive-t-il, gémit Elise. J’en sais rien, Maman. Ils sont devenus fous à cause de ça. Elle agita les glass-T.

8. La rage, l’excitation agissaient en carburant et comburant, les mots étincellaient La chasse enflammait son être.

9. Mes lunettes ! Elise tendit son bras. Et chuta. Mr Dex arrivait, Mélodie lut la fureur sur son visage, la lame brillait.

10. La cible glissa devant lui, à quelques mètres, il brandit le couteau, obéissant aux mots, sans état d’âme, ni remord.

–=| Acte 29 |=–

1. Deux silhouettes grimpaient un remblai, la plus grande tomba. Gia réagit : c’était la porteuse de lunettes, pas vrai ?

2. Mêmes vêtements, aucun doute possible, se dit Franck. Où sont ses glass-T ? L’homme au couteau déboula dans l’allée.

3. Tous 3 fixèrent l’écran, tous 3 s’attendirent au pire. Deux personnes allaient mourir sous leurs yeux impuissants.

4. Preston ne reconnut pas la femme au sol, pourtant sa voisine, sa partenaire de chasse. Aucun souvenir, juste une cible.

5. Mr Dex se précipitait vers sa mère, lame au clair. Mélodie, paralysée, la regarda tenter de se lever. Trop lentement.

6. Les lunettes… Ceux qui les portaient, tuaient les autres. Elle vit la solution. Elle les jeta à sa mère : Mets-les !

7. Mais tu as dis qu’elles… Mélodie s’emporta: bordel, mets ces lunettes Maman ! Choquée, Elise Hampton obéit à sa fille.

8. La cible rampa sur le sol, à la recherche d’un objet qui brillait, au milieu de l’herbe. Elle ne lui échapperait pas.

9. Maman, il est sur toi ! cria Mélodie. Elle vit sa mère ramper, saisir une branche et chausser la monture. Elle se figea.

10. Le point rouge disparut, les ordres changèrent, soudainement. Preston stoppa. Le plus étrange : la femme était revenue.

–=| Acte 30 |=–

1. Tant que maman portait les glass-T, il ne lui arriverait rien, se répéta-t-elle en courant, sans se retourner.

2. En quittant son poste, il avait libéré la sortie. La fillette s’échappait, la chasse reprit. Le flux des mots augmenta.

3. Mélodie dévala la butte, rejoignit l’allée principale, l’issue en ligne de mire. Une longue course, souffla-t-elle.

4. Preston émergea du fourré, aux côtés de sa partenaire, ils virent la fillette filant entre les rangée de bacs en fleurs.

5. Hors de l’Atrium, l’escalator lui offrit deux choix. Une décision de vie ou de mort à prendre dans l’urgence. Monter.

6. La petite suivait sa stratégie initiale. Les phrases établirent une évidence : elle ne tiendrait pas jusqu’au 240ème.

7. 7ème étage : la salle de sport, d’autres boutiques, elle aperçut des silhouettes menaçantes. Mélodie fit l’impasse.

8. Il gagnait du terrain. Les Glass-T mesuraient la distance le séparant de sa cible. Elle était rapide, mais pas assez.

9. 8ème étage. L’enseigne d’un salon de beauté attira son regard. Elle était déjà venue ici avec sa mère. Un terrain connu.

10. La fillette entra dans la boutique. Preston reçut un nouvel ordre : sa partenaire prenait la direction de la chasse.

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–=| Acte 11 |=–

1. Mélodie Hampton, 9 ans, était malade. C’était cool. Pas de cours, Maman au centre commercial du 3ème, elle en profitait.

2. Elle jouissait seule de l’appartement, des jouets connectés pour l’heure en panne. La neige remplissait le mur vidéo.

3. L’ado perdit patience. Était-ce pareil chez les voisins ? Alicia Dex, son amie, était à l’école. Sa mère y enseignait.

4. Son papa ne travaillait pas le matin, se souvint Mélodie qui sauta hors du canapé. Elle fila à l’entrée, le pas pressé.

5. Les Dex vivaient à dix mètres. Elle se planta sur le palier, sourit à la caméra. Et attendit. La réaction tarda. Puis…

6. La porte s’entrouvrit. Tout de suite, elle sentit que ça « clochait ». Le père d’Alicia lui sembla bizarre, fantomatique.

7. Elle fronça les sourcils: vous allez bien Mr Dex ? Il portait des glass-T, figé comme une statue au milieu du couloir.

8. Elle vit le couteau de cuisine, dans sa main. D’instinct, elle recula d’un pas. Peut-être préparait-il le repas de midi.

9. Désolée de vous déranger… Elle entra: vous avez aussi une panne de réseau ? Cours, souffla sa petite voix intérieur.

10. Elle la fit taire et s’avança. La lame se dressa, brillante puis Preston fondit sur Mélodie qui poussa un cri aigu.

–=| Acte 12 |=–

1. En contre bas, les nuages sombres assiégeaient la démesure architecturale. Mauvais présage. On y va, décréta Franck.

2. Le trio enfila le couloir. Le garçon, en habitué des lieux, ouvrit la marche. Une statue signalait le salon d’accueil.

3. Face aux portes des express, la rangée de sofas chics se terminait par une discrète issue coupe-feu. Par ici, fit-il.

4. La lueur cobalt sur le mur livide irradiait: 238. Gia se pencha. Leur destination se perdait dans l’abîme inquiétant.

5. Le concierge reluqua le postérieur de la Yum Girl. Il y a un poste de sécurité, leur apprit-il. Gia se redressa, ravie.

6. Au 199ème, frontière entre les résidents riches et les encore plus riches. Le père Franck acquiesça à l’idée sensée.

7. Tous ses clients vivaient au-delà du 200ème, se vanta Gia alors qu’ils descendaient. Elle s’arrêta, tendit l’oreille.

8. Vous avez entendu ? Le panneau indiquait 231. Non, firent les 2 hommes. Écoutez ! Cette fois-ci, le gong était net.

9. La charge de concierge incluait aussi la sécurité. Il poussa la porte, pour vérifier. Gia pointa la cloison d’en face.

10. Un sillage vermillon serpentait jusqu’à un homme. Porteur de glass-T. Il les chargea, brandissant une hache incendie.

–=| Acte 13 |=–

1. Mélodie hurla. En reculant, elle bouscula une table. Le vase éclata sur le sol. Sans effet sur la ruade de Mr Dex.

2. La lame entailla la manche du sweat. Plus agile, elle se degagea de côté, évitant un second coup. Puis, elle s’enfuit.

3. Dix mètres jusque chez elle. Elle poussa la porte, haletante, Preston sur ses talons parvint à la coincer de son pied.

4. Il accrocha un cadre. Le fracas du verre sur le sol électrisa le sprint de Mélodie qui accélèra, le coeur battant.

5. L’ultime refuge: sa chambre. Elle claqua la porte. La lame fendit le bois, 1 fois, 2 fois. Des coups rageurs. Elle cria.

6. Elle se replia vers son lit, face à la baie. La terrasse ! Une échappatoire. La vitre coulissa, elle reprit sa course.

7. Preston a défoncé la porte. La fillette a disparu. Colère et fièvre grondaient, en un feu vif attisé par les glass-T.

8. Les mots, la violence lui cramaient l’esprit, incapable de raisonnement. Il rebroussa chemin en vassal du flux animal.

9. Mélodie gagna la cuisine. Elle fonça vers l’entrée. Personne dans le couloir. Où aller ? Maman au 3ème, se dit-elle.

10. Les express HS, elle emprunta les escaliers qu’elle dévala jusqu’au 8ème: un porteur de glass-T, un air dément. Fuis !

–=| Acte 14 |=–

1. Le concierge resta planté, paralysé. Franck réagit, le tira par l’épaule. La lame se ficha dans le chambranle. Gia cria.

2. D’un coup de pied, il dégagea l’agresseur puis il appuya de toute ses forces, lui coinçant le bras. La hache tomba.

3. L’individu forçait, la bave coulait de sa bouche. Aidez-moi, fit Franck. Gia s’abaissa. 1 hache, 1 bras: 1 solution.

4. La Yum Girl l’empoigna, la brandit, tremblante. Non ! cria Franck. L’individu sauva son bras. La lame ripa sur le bois.

5. Vous êtes malade ! hurla Franck. Ce type voulait nous tuer, se défendit-elle. Le concierge réagit : je le connaissais.

6. Mr Miller, se souvint-il. Il n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Que lui était-il arrivé ? Que se passait-il ?

7. Franck coupa court: il ne faut pas rester là. Ils reprirent la descente. Pas longtemps. Au 226ème, il virent une femme.

8. Les traînées rouges sur les escaliers, des phalanges sur le palier. Elle ne portait pas de glass-T et se tenait la main

9. Aidons la, fit Gia. Franck secoua la tête: elle n’est pas seule. Un homme surgit, avec un sécateur sanglant. Harry !

10. Des conjoints ? L’homme attaqua, sans état d’âme. Le trio se réfugia au 227ème. Mon Dieu, fit le garçon, un cauchemar.

–=| Acte 15 |=–

1. Mélodie hésita : l’homme la fixait depuis le 8ème, rictus aux lèvres. Mr Dex descendait du 10ème, résolu, lame en main.

2. La porte du 9ème. Seule échappatoire. Elle se retrouva au cœur d’une vision de cauchemar. Des gens criaient, hurlaient.

3. Une galerie marchande, du sang, des corps en guise de décors dément. Elle resta pétrifiée par ce spectacle d’Halloween.

4. Mr Dex arriva. L’homme du 8ème dans son dos. Mélodie sursauta, fila derrière un pilier. Les 2 hommes s’ignorèrent.

5. Un porteur de lunettes se jeta sur une femme. Ses mains saisirent son cou. Elle hurla, se débattit, tapa de ses poings.

6. Elle lutta avec l’énergie du désespoir, mais une mécanique implacable lui broyait le col. Puis, les coups mollirent.

7. Elle s’effondra, tel un pantin. Mélodie ne parvint pas à en détacher son regard, depuis son abri. Position intenable.

8. Quelqu’un la remarquerait. Elle vit son voisin trancher la jugulaire d’un adulte. La gerbe rouge éclaboussa une vitrine.

9. Quittant sa protection de béton, elle chuta sur un corps, étouffa un cri. Preston se retourna, verre aveugle sur le nez.

10. Il la reconnut. Mélodie se releva, détala à travers la galerie où les scènes macabres défilèrent, clonées en continue.

–=| Acte 16 |=–

1. Le concierge, accroupit dos à la cloison, se tint les genoux. Mon Dieu, répétait-il. Franck haussa les épaules, distant.

2. Le Seigneur n’y était pour rien, pensa-t-il. Gia le regarda : qu’avez-vous écrit pour qu’ils deviennent tous fous ?

3. Franck resta muet. Ce sont des amis, mes clients ! le pointa-t-elle. Un éclair de colère illumina ses yeux en amande.

4. Vint ensuite l’accusation. Le concierge dressa l’oreille sans contredire la Yum Girl. Franck encaissa, se fit patient.

5. Oui, il avait écrit ce livre. Se sentait-il coupable ? Sur l’instant, il ne pensait qu’à ces 3000 pieds à descendre.

6. Atteindre au rez-de-chaussée lui parut un objectif ardu. Ils devaient rester soudés, éviter les questions qui fâchent.

7. Vous devrez en répondre, fit Gia. Certainement. Mais pas devant la justice des hommes, se dit-il en regardant le garçon.

8. Le poste au 199ème, réitéra-t-il. L’endroit est sécurisé, on y attendra les secours. Franck rouvrit la porte: en route.

9. Ils neurolisent vos mots puis deviennent dingues, souffla Gia au 224ème. Il devina sa terreur qui déchirait sa raison.

10. Faillir la hantait plus que tout. Sa perfection murait sa peur de perdre le contrôle sur ses clients, sa vie, son corps.

–=| Acte 17 |=–

1. Son esprit suivit la course de la fillette. Puis, les phrases arrivèrent : rechercher, tuer. Vite. Courir comme le vent.

2. Le sang battait les temps, le cœur cognait dans sa poitrine. Mélodie s’arrêta, à bout de souffle. Elle repéra une porte.

3. En chasse, Preston pistait sa proie. Les mots martelaient son esprit, les ordres pulsaient, en une litanie infernale.

4. Le magasin vide, possédait une annexe, une seconde sortie sur un couloir, sombre. Un espoir, jugea-t-elle en inspirant

5. La galerie de service, une évidence que les glass-T imprimèrent en lui. La petite se trouvait juste devant. À portée.

6. Mains glissant sur les murs, foulées nerveuses et angoisse permanente : le corridor n’en finissait pas, se dit-elle.

7. Là, devant. Il distinguait à peine la silhouette. Il raffermit sa main sur le manche de la lame. L’instant approchait.

8. Elle sentit la poignée, appuya puis poussa. La lumière vive l’aveugla. Un autre escalier. Elle descendit, en trombe.

9. Preston sourit. La gamine ne prenait pas la bonne direction. Monter l’aurait peut-être sauvée. Il dévala les marches.

10. 3ème étage, le centre commercial. Mélodie poussa la porte, tomba sur sa mère qui la regarda… à travers ses glass-T.

–=| Acte 18 |=–

1. Tu obtiendras la lumière dans l’adresse au Tout Puissant. N’attends pas de réponse, elle est toujours dans la question.

2. La question : Franck ne parvenait pas à la formuler. Il avait écrit un livre et les lecteurs devenaient des meurtriers.

3. Helmut à Yumington, Anita à Londres, Jenny à Sydney. Tous éditeurs. Tous lecteurs. Plus un ne vivait, par sa faute.

4. Le concierge poussa la porte du 199ème. Le couloir sombre invita à la prudence. Gia se cala entre eux, telle une souris.

5. Ils obliquèrent à droite, longèrent un corridor puis, une fois au bout, le garçon stoppa engagea sa tête à l’angle. RAS.

6. Une porte dérobée les mena à une salle bardée d’écrans, tous morts. Sauf un. Gia s’arrêta devant. Où sont les agents ?

7. Franck nota une trace de sang sur une console. Le garçon secoua la tête: ils ne sont pas le genre à quitter leur poste.

8. Le réseau est HS, pourquoi ce moniteur fonctionne, fit Gia. Ils s’approchèrent. une vue du centre commercial du 3ème.

9. Ils virent une fillette en mauvaise posture. La Yum Girl porta la main à sa bouche. Franck adressa une courte prière.

10. Prise entre deux adultes, elle parvint à se faufiler. Mais elle ne s’échappait pas. Cours bon sang ! souffla le garçon.

–=| Acte 19 |=–

1. Maman, que fais-tu… fit Mélodie. Je ne peux pas la laisser. Sa mère s’avança vers elle, à côté de Mr Dex, lame devant.

2. Ils étaient voisins, se croisaient chaque jour mais n’échangèrent aucun regard. Maman, cria-t-elle. Réveilles-toi !

3. En réaction, un rictus : une rage soudaine. Mélodie s’enfuit, les yeux brouillés, la peur au ventre. Nul part où aller.

4. Preston ne s’expliquait pas le dessein, pas plus que la présence de cette femme. Son esprit voyait en monochrome: rouge.

5. Les accès vers le 2ème étaient verrouillés. Elle hurla, appela, frappa les portes. En vain. Dex et Maman approchaient.

6. Il la vit s’enfuir vers le couloir qu’il enfila avec l’étrangère. Son esprit reconnaissait la femme comme une égale.

7. Que leur arrivait-il ? Maman, Mr Dex… Les glass-T. Sa vision se voila. Elle s’essuya d’un revers de la main. Monter !

8. La fillette emprunta l’escalator, à l’arrêt, vers le 4ème. De là, il la vit filer à gauche, monter à l’étage suivant.

9. Puisqu’elle ne pouvait pas descendre, elle opta pour la fuite en hauteur. S’éloigner du cauchemar, au-dessus des nuages.

10. Preston ressentit une exaltation. La fillette s’enferrait dans un cul de sac vertical, sans autre issue que la chute.

–=| Acte 20 |=–

1. L’écran diffusait la course de la fillette. C’est ça ! Grimpe ! encouragea la Yum girl. Pourquoi elle ? se dit Franck.

2. Les caméras la suivaient, elle, reléguant les drames scellés dans le sang en arrière plan. Qui est-ce, demanda Gia ?

3. Le front du concierge se rida, il fouilla sa mémoire des visages : Mé… Mélodie, les Hampton. Vous les connaissez ?

4. Pas mon secteur, je l’ai croisée, plusieurs fois. Chic fille, famille aisée, récita-t-il. La mère tient une boutique.

5. Franck resta silencieux. Vous savez ce qui se passe ? fit la bimbo. Deux paires d’yeux accusateurs se rivèrent sur lui.

6. Faute avouée, à moitié pardonnée, mais on ne pouvait pas être exécuté, à moitié. Il assumerait sa part, le moment venu.

7. Il n’évoqua ni les livraisons interceptées, les cargaisons détruites. A quoi bon ? La foule ne retenait que les échecs.

8. Il était arrivé trop tard. Sa faute. C’était une bataille, un affrontement. Tout conflit nécessitait deux belligérants.

9. Pour le moment, il était le perdant. Le concierge fronça les sourcils : on a le droit de savoir, bon sang ! Expliquez !

10. Gia croisa ses bras sur sa poitrine parfaite. Franck les regarda: il joue avec nous, avec la gamine, se prend pour Dieu.

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–=| Acte 1 |=–

1. Il avait estimé de tête la vitesse à l’impact : 140 km/h. Il ne restait rien d’Helmut Fryes. Rien, un grand mot.

2. Ses restes éclatés sur le synthébéton fuyaient vers la piscine virant au rose. Mille mètres ? demanda-t-il.

3. Il vivait au dernier: appartement terrasse, au-dessus des nuages, fit le concierge. Appartement ? Un bien petit mot.

4. Un mini-Olympe de 350 m². On ne chutait pas seul d’un tel piédestal. Il fallait de l’aide. Un sacré élan même.

5. Un mur transparent de 2 m ceinturait la terrasse. Intact. Avait-il joué les passe-murailles ? Tant de questions.

6. Compagnie féminine ? sonda-t-il en activant un cube qui conservait les clichés d’un bonheur passé. Femme, enfants.

7. Le concierge prit un air gêné : il était riche. Assez pour se payer ces services. Autre holocube, autre plaisirs.

8. L’image non-stabilisée bougeait trop. Le jardin défilait en une masse floue. La cam courrait après une fille.

9. Les yeux veloutés charmaient la cam : « Helmichou… » Mlle Gia, reconnut le concierge, inspecteur ? J’suis pas flic.

10. Vous ne m’avez jamais vu. Gia riait aux éclats. Bimbo le soir, suspecte au matin. Drôle d’ascenseur social.

–=| Acte 2 |=–

1. Je ne peux pas vous laisser… s’agite le concierge. Deux cent billets changent de mains. Le prix de sa coopération.

2. À ce tarif, il a droit à la visite guidée. Détective privé ? Non, répondit-il au concierge en entrant dans la chambre.

3. Draps en satin. Murs Miroirs. Dominante rouge façon autel sacrificiel. Le lit, immense terrain de jeu trônait au centre.

4. Univers clinquant. Filles bio-sculptées. Un parfum de scandale. Un scoop explosif. Vous êtes journaliste ? Un tabloïd ?

5. Non, certainement pas. Gia bossait pour Yum in Fire, 40ème étage. La tour offrait le service complet aux résidents.

6. De la blanchisserie à la compagnie intime. Helmut quittait rarement son Olympe. Il avait tout sur place. Il était Dieu.

7. Mais les dieux ne volaient pas. Quand ils chutaient, ça faisait du bruit. La police ne va pas tarder, fit le concierge.

8. Un problème, assurément. Il sortit une liasse : j’ai besoin de vous. Malaise du concierge. Je ne peux pas. Mon job…

9. Il tend une 2ème liasse. Un an de salaire. Le fric disparaît dans le veston rouge. Que dois-je faire, monsieur… ?

10. Fermez les ascenseurs, les portes coupe-feu, les accès aux étages supérieurs. Ralentissez-les, donnez-moi du temps.

–=| Acte 3 |=–

1. La sueur perla sur son front devant le tour de force. Une tour informatisée était un nid à bugs, à problèmes, fragile.

2. Le concierge disparut. La visite continua. L’atrium rappelait une cage de verre, la cuisine 3 étoiles brillait, nette.

3. Toutes les salles pourraient passer l’inspection. La vie privée d’Helmut était un bordel, mais pas son antre. Au carré.

4. Chaque objet, chaque acquisition tenait sa place, pièces désormais orphelines sur un échiquier où le bureau était Roi.

5. Le lieu stratégique, le cœur de l’empire Fryes était à l’image de son palais : ordonné. Rien ne manquait. Ou presque.

6. Le concierge a obtenu 1 heure. Le temps que ses collègues démêlent le programme, un temps compté pour faire la lumière.

7. Bibliothèque, meubles, l’inspection était minutieuse. L’homme se tourna vers le concierge, circonspect. Un souci ?

8. Je dois voir la fille de Yum in fire. Le garçon au veston rouge se gratta la nuque. Vous croyez que Gia l’a… poussé.

9. L’homme sourit devant tant de naïveté. Non. Elle n’y est pour rien. Enfin, presque. Il devina le soupir de soulagement.

10. Il toucha le bois précieux: il manque un objet, une paire de lunette, dit-il. La bouche du concierge forma un O surpris.

–=| Acte 4 |=–

1. Des lunettes ? Helmut ne souffrait d’aucun problème de vue, fit le concierge. Ce vieux briscard y voyait très clair.

2. De lecture, précisa l’homme, des glass-T. Oh… Maintenant que vous le dites, oui, étrange pour un lecteur boulimique.

3. Sexuels, intellectuels, les appétits enflammaient les vies. Baiser, lire éditer : une vie de plaisir et de rendement.

4. H&F éditions vendaient 200 millions d’ebooks par an. Fermes d’e-auteurs, marketing affûté, des best-sellers mondiaux.

5. Le logo H&F brillait sur un tas d’écrans. Éclos à l’âge de papier, adulte à celui des réseaux. Oui, Helmut voyait clair.

6. Il avait vu avant les banquiers, amis, concurrents, auteurs, auteures… recevant parfois ces dernières. Pour jouer.

7. Gia… rappela l’homme. Le garçon hocha la tête, puis s’éclipsa. Il toucha un panneau qui coulissa, révélant un coffre.

8. Serrure biométrique Fisch & Baume, récita-t-il. Lamelle plastifiée avec les empreintes, faux œil plaqué sur la caméra.

9. Bilans, holocubes coquins, photos. Pas de secrets, ni de lunettes. Il s’en doutait, mais il devait vérifier quand même.

10. Un parfum flotta à lui. Fragrance orientale. Épicée. Helmut est mort ? souffla Gia choquée, le concierge sur ses talons.

–=| Acte 5 |=–

1. Un génoplasticien de talent avait sublimé la supériorité de l’ARN sur le scalpel. Son oeuvre, Gia s’avança, timide.

2. Le clic-clic sensuel des escarpins sur le parquet brisa le silence gêné. Ses yeux en amandes lorgnèrent vers le coffre.

3. Le concierge s’agita. Ses propos fusèrent : Vous ne pouvez pas rester. Il ne pouvait pas partir, rétorqua l’homme.

4. Helmut était si généreux, bredouilla Gia. Il recentra le débat, le temps filait. Quand l’avez-vous vu ? interrogea-t-il.

5. Des réguliers, Gia en comptait 4 dans la tour, triés par leur porte-feuille. Le magnat la recevait 2 fois par semaine.

6. Un verre et de futiles palabres en guise de prélude puis il consumait ses désirs. Elle le quittait au milieu de la nuit.

7. Le concierge baissa les yeux. Gêné, peut-être. Gia hésita: il n’a pas pu sauter. Son client manquait de… souplesse.

8. Elle se dédouana : je ne l’ai pas aidé. L’homme sourit: il n’a pas sauté de la terrasse. Voyait-il une autre résidente ?

9. Le garçon leva la tête. Mme Knowles, sa… collaboratrice. Il publie tout ce qu’elle déteste depuis 30 ans. À 2 étages.

10. Allons-y, fit-il. Ils s’y rendirent, bloquèrent sur le palier. Du sang maculait la porte entrouverte…Mauvais présage.

–=| Acte 6 |=–

1. Leurs regards alarmés se croisèrent. Le concierge poussa la porte. Une traînée rouge souillait le carrelage clair.

2. Mme Knowles ? Pas de réponse. Le trio s’avança, en suivant la démarcation nette, jusqu’à la cuisine. Un choc, le chaos.

3. Un tableau de douleur, créé par un sanguin armé d’une lame en guise de pinceau. Main sur la bouche, Gia se retint.

4. Le concierge retrouva Mme Knowles. En plusieurs endroits. Viscères au pied d’un tabouret. Un avant-bras dans l’évier.

5. Au centre, gisait la dépouille écarlate, comme charcutée par un légiste fou. La chevelure grise baignait dans le sang.

6. La démence se lisait dans chaque projection et fragment de chair, aux empreintes de main. Partout. Elle avait résisté.

7. Il retraça son calvaire. Poignardée puis traînée dans le couloir, éviscérée dans la cuisine. Gia restait dans un coin.

8. Je vais appeler les flics, prévint le concierge. Au salon, l’homme s’accroupit devant le couteau à la lame vermillon.

9. Plus loin, il remarqua les glass-T par terre. La fenêtre ouverte. La poignée rouge, signalait le point d’envol d’Helmut.

10. Le concierge revint: le réseau est mort. Helmut ? fit-il, sidéré. Coms HS: aucun hasard, odeur de piège, pensa l’homme .

–=| Acte 7 |=–

1. Expliquer l’impensable, le concierge s’y essaya, improvisant un plaidoyer. Mais les preuves étaient accablantes, têtues.

2. Gia s’accroupit avec une grâce féline. Ses doigts saisirent les glass-T. Elle voulait les chausser. Non ! cria l’homme.

3. Surtout, n’y touchez pas ! C’est une pièce à convictions, ajouta-t-il, provoquant un haussement de sourcils du garçon.

4. Pourquoi sont-elles ici ? L’examen de la scène le soulignait: il les portait au moment de…massacrer sa collaboratrice.

5. Ce modèle était muni d’une caméra. Avait-il filmé ? Nous devrions y jeter un œil, fit le concierge. Non ! réitère-t-il.

6. L’avertissement soudain déclencha des regards méfiants. Gia se glissa derrière le garçon qui retenta un appel. En vain.

7. Le garçon prenait de l’assurance, un novice promu ange gardien de la belle abritée dans son dos. Expliquez-nous, fit-il.

8. Helmut est le 4ème d’une liste pour le moment encore courte. Ces lunettes…sont différentes. Je veux, fit le concierge.

9. Une technologie dernier cri. 3000 paires ont été distribuées aux résidents. Opération marketing, pour un nouvel ebook.

10. C’est quoi votre nom ? hasarda Gia. Il fixa son visage parfait, remodelé en douceur. Je me prénomme Franck. Père Franck.

–=| Acte 8 |=–

1. Un prêtre ? Ses yeux s’agrandirent, joyaux émeraude sur teint pâle. Pour elle, Helmut était un VIP à soigner ou à gâter.

2. Le duo s’interrogea sur son rôle divin. Qu’offrait-il au magnat ? Bénédiction, miséricorde ? Ou bien était-ce l’inverse.

3. Des confessions ? Helmut ressemblait à ces trans-pacifique géants: chargés jusqu’à la gueule de containers. Et chacun…

4. …renfermait des anecdotes épiques, des secrets. Des remords ? Helmut ne regrettait jamais rien. Enfin, sauf la tuerie.

5. Le sang, la folie, la rage soudaine, impensable pour un maniaque du contrôle. Qu’il en finisse ainsi ne l’étonnait pas.

6. Le procès, la vindicte, finir cloué au pilori par les médias taxidermistes avides de disséquer son intimité scandaleuse.

7. Il n’aurait pas supporté. La tour l’avait toujours protégé. Jusqu’ici. Le bastion colossal recelait une faille. Infime.

8. Une simple paire de lunettes, des glass-T, nec plus ultra de la neurolecture d’ebooks. Les mots dansaient dans l’esprit.

9. 4 morts ? interrogea la Yum Girl. Franck ferma les yeux. 4 victimes, précurseurs de l’hécatombe à venir. 3000 glass-T ?

10. Le concierge confirma le chiffre. Franck ramassa celles d’Helmut : ces choses transforment l’esprit, ces lunettes tuent.

–=| Acte 9 |=–

1. Preston Dex rentra chez lui au matin. Femme et enfants étaient à l’école du 11ème étage. Il retrouva calme et confort.

2. Son fauteuil massa son corps épuisé de spécialiste des marchés européens. Hauts revenus, stable : un résident modèle.

3. Sur le mur vidéo, il suivit le bandeau où défilaient les cotations. Son job phagocytait son foyer. Trop. Il se détourna.

4. Le paquet capta son attention. H&F en lettres d’or, liseré chic, rouge, assortit d’une carte: vous avez été sélectionné.

5. Preston en avait l’habitude. Il passa de suite au déballage : glass-T. Une réalité augmentée émule lui sert à spéculer.

6. Il les chaussa. Le livre flotta, clone d’un réel ouvragé. Fin. Sa main flatta la couverture. Retour sensoriel immédiat.

7. Du cuir, devina-t-il. Le titre l’intrigua : De la parole aux actes, Père Franck Marcopoli. Un religieux ? Pourquoi pas.

8. Il se détendit, apprécia la prose colorée, les évocations caraïbes. Juste ce qu’il désirait. Il s’évada loin. Très loin.

9. Les mots se firent rivière. Le flux devint torrent, puis furie. Il se crispa. Le système ne répondit plus aux ordres.

10. En accéléré, la rage éclot en un soleil puissant déchirant sa raison. Il hurla. Un cri aveugle, Preston ne revint pas.

–=| Acte 10 |=–

1. Selon vous, ces lunettes tuent ? ironisa le garçon. Gia afficha un sourire discret, gracile. Ils ne le croyaient pas.

2. Ce ne sont pas elles, mais ce qu’elles contiennent, précisa-t-il. Le visage de Gia se ferma, concentrée : Un livre ?

3. La bimbo lisait beaucoup. Une obligation professionnelle. Elle devait se cultiver pour moissonner ses riches clients.

4. Franck devina ses craintes. Le concierge tenta un nouvel accès au réseau qui resta muet. Qu’est ce que ça veut dire ?

5. Qu’ils devaient partir. Laisser Mme Knowles ? Helmut avait déjà tranché la question. Il les pressa : il faut descendre.

6. Gia protesta : les express ne fonctionnent plus. Sans réseau, les ascenseurs étaient en rade. Restaient les escaliers.

7. 240 étages, une descente infernale. Le père Franck dénicha deux sac, des bouteilles d’eau sous leurs regards incrédules.

8. On ne part pas en expédition, railla le concierge. Il se trompait. Comment lui expliquer la démence, la folie à venir ?

9. Helmut est devenu fou en neurolisant un ebook. 3000 copies ont été distribuées aux résidents. Vous faut-il un dessin ?

10. Les lèvres sensuelles de Gia remuèrent : qui l’a écrit ? La vérité s’imposait. Moi, annonça Franck d’un air coupable.

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3000 pieds – sommaire

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Rappels :
3 000 pieds est une twitter fiction qui se déroule à Yumington dans le futur (yumington.com)
– Chaque acte comporte 10 tweets de 140 caractères chacun ( #TwittFic #Yumington compris).
– Tous les jours à midi -l’heure du crime- : publication d’un acte en directe sur le compte twitter @DesienneAuteur.
– En fin de journée, ajout de l’acte du jour sur ces pages et sur le profil Google+.
– La twitter fiction a commencé le 17 mai 2013 et s’est terminée au 149ème acte le 27 octobre 2013.

Pitch :
Helmut Fryes est mort, au pied d’une tour de 3 000 pieds (environ mille mètres). A-t-il sauté ? L’a-t-on poussé ? Les deux ? Que se passe-t-il dans cette tour…

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