lhomme-chauve-sourisL’homme chauve-souris – Jo Nesbo

– « Est-ce que tu t’es déjà trouvé seul en l’air, Harry ? Tu as déjà volé ? Est-ce que tu as sauté de très, très haut, et senti l’air essayer de te porter, te recevoir et caresser ton corps ? »

Joseph avait déjà correctement entamé la première bouteille, et sa voix s’était enrichie d’un timbre chaud.

Le regard brûlant, il décrivit à Harry la beauté d’un saut en chute libre :

«  Ça réveille tous les sens. Tout ton corps te crie que tu ne peux pas voler. « Mais je n’ai pas d’ailes », te crie-t-il en essayant de couvrir le boucan de l’air qui siffle dans tes oreilles. Ton corps est persuadé qu’il va mourir et tire tous les signaux d’alarme – réveille complètement tous tes sens pour savoir si l’un d’entre eux arrive à trouver une issue. Ton cerveau devient l’ordinateur le plus puissant qui soit, il enregistre tout ; ta peau sent la température qui monte au fur et à mesure que tu tombes, tes oreilles sentent la pression qui augmente, et aucune ride ni aucune nuance chromatique ne t’échappe dans la carte que tu as sous toi. Tu peux même sentir la planète qui s’approche. Et si, à ce moment là, tu arrives à repousser la peur de la mort au second plan, Harry, tu es pour un instant un ange, à tes propres yeux. Tu vis une vie entière en quarante seconde.

– Et si tu n’arrives pas à repousser cette peur de la mort ?

– Il ne s’agit pas de la repousser complètement, juste de la mettre au second plan. Parce qu’elle doit être présente, comme un son clair et perçant, comme de l’eau froide contre la peau. Ce n’est pas la chute, mais la peur de mourir, qui réveille les sens. Elle apparaît d’un coup, comme un rush dans tes veines, au moment où tu quittes l’avion. Comme se piquer. Elle se mélange ensuite à ton sang, et te rend bien-heureux et fort. Si tu fermes les yeux, tu peux la voir comme un beau serpent venimeux qui te regarde de ses yeux reptiliens.

– Tu parles de ça comme si c’était une drogue, Joseph.

– Mais c’est une drogue ! Répondit Joseph qui gesticulait maintenant à qui-mieux-mieux. C’est exactement ça. Tu veux que la chute dure toujours, et quand tu auras sauté un certain nombre de fois, tu remarqueras qu’il t’est de plus en plus difficile de tirer sur la poignée d’ouverture du parachute.Tu finiras par avoir peur d’une overdose, un jour, et de ne pas tirer sur la poignée, et là, tu arrêtes de sauter. Et c’est là que tu te rends compte que tu es devenu dépendant. L’abstinence te déchire, la vie te semble dénuée de sens, triviale, et tu te retrouves à nouveau tassé derrière le pilote dans un vieux Cessna qui met des plombes à monter jusque dix mille pieds, ce qui ne l’empêche pas de te grignoter toutes tes économies. »

Roman traduit du norvégien par Élisabeth Tangen et Alexis Fouillet 

Jacques l'étripeur - Cécile Benoist Editions de Londres – Coll. East End  Ebook - Novembre 2013

Jacques l’étripeur – Cécile Benoist
Editions de Londres – Coll. East End
Ebook – Novembre 2013

Jacques l’étripeur

Jacques est boucher dans les beaux quartiers de Toulouse. Assez logiquement il est surnommé Jacques l’étripeur.

Hélas pour lui, il déteste de plus en plus son métier, l’odeur de la viande le rebutant à un tel point qu’en secret, à l’abri de son appartement, il est devenu végétarien. Un jour, regardant la télévision, un documentaire happe son attention. Y est relaté l’histoire de Sambou l’étripeur de gazelles là-bas au Sénégal, à Guédiawye.

Boucher ce n’était pas le rêve de Jacques, loin de là

C’est vrai qu’il rêvait de grandeur, le petit Jacques, lorsqu’il était enfant. Et tout le monde le sait : quand on n’accomplit pas ses rêves de gosses, on s’avachit, on ne meurt pas vraiment mais on se dissout dans le grand tout, comme ça, sans que personne ne remarque rien.

Notre Jacques toulousain finit par craquer, laisser derrière lui la barbaque pour devenir dealer. Curieusement, il n’arrive pas à se déplacer sans sa mallette. Et tout aussi curieusement le documentaire l’obsède de plus en plus.

Je ne vous dis rien de plus concernant l’histoire en elle-même, ce serait un défi d’en parler sans en déflorer le suspense.

J’aime bien le style de l’auteur qui allie la tchatche toulousaine, l’ambiance de la ville, une description intime et psychologique du personnage très intéressante. Une nouvelle noire bien menée dans laquelle elle parvient à égratigner les médias, et les mentalités de certains profitant d’un fait divers pour effectuer des sauts en arrière. Cela vous le découvrirez en lisant ce récit.

Toute en suggestion, cette nouvelle parvient à créer le malaise et le frisson d’horreur. Pas d’hémoglobine à outrance mais des images éloquentes, une antre faite d’odeurs, de sons, d’outils.

Toulouse, le Sénégal se trouvant mêlés intelligemment.

Une belle réussite pour ce premier appel à texte publié sur le sujet de Jacques l’éventreur.

Jacques l’étripeur de Cécile Benoist est le premier texte de la série Jacques l’éventreur ( un deuxième est paru récemment ). Il existe un appel à texte permanent, je vous invite à le consulter 

Une interview de l’auteur sur le site de la Collection East End

Ebook a 1 € 99 sur L’immatériel par exemple, ou consultez la liste des revendeurs sur le site de l’éditeur

 

Mourir en août de Jean-Baptiste Ferrero Numériklivres - Coll. numérik polar ebook - juin 2013

Mourir en août de Jean-Baptiste Ferrero
Numériklivres – Coll. numérik polar
ebook – juin 2013

Mourir en août de Jean-Baptiste Ferrero

Ce qu’en dit l’éditeur : À Paris au mois d’août, on s’ennuie sérieusement. Le meilleur remède contre l’ennui, c’est LES ennuis. Et les ennuis, Thomas Fiera les attire à un point qui n’est pas raisonnable. Ancien universitaire en rupture de ban qui suite à un drame personnel est devenu enquêteur privé, Fiera promène son spleen et son humour caustique dans le monde des entreprises sur lequel il jette un regard sceptique et blasé. Recruté par le PDG de la société MC4 pour traquer un corbeau, un sale petit délateur sournois qui le met en cause auprès des médias, Fiera, flanqué d’une équipe d’aventuriers aussi improbables que dangereux, se retrouve embarqué dans un merdier infernal où il doit se farcir de faux druides, de vrais fachos et d’authentiques tarés en tous genres. Lui et ses quatre amis provoquent une forte augmentation de l’activité des pompes funèbres qui ne doit pas grand-chose à la canicule. Y’a pas à dire : Paris au mois d’août, c’est mortel 

Bon alors d’entrée on sait que le mois d’août va être terrible. Thomas Fiera se fait menacer et là, est la première bêtise de son ( ses ) rivals. Evidemment, Fiera va se lancer dans cette affaire et s’adjoindre une équipe de choc et ça va péter un max surtout avec les femmes, Adélaïde est le personnage que je préfère, toujours prète à l’affrontement,aguerrie , sans sentiment ou presque, elle est typiquement le genre de nénétte que j’affectionne. Ce qui est marrant dans Mourir en août c’est que les hommes passent au second plan,et sont limites couards sauf Fiera, quoique …

L’intrigue est bien menée, je devrais dire l’espionnage : gourou, sectes, gros sous etc

Tout est réuni pour un bon moment de suspense, ça pète comme il faut, l’espionnage est juste là où il faut, bref, tout simplement un excellent moment avec un bon polar bien secouant.

Oui comme dit le résumé y a des faux druides bien malsains et angoissants et des capitalistes de merde et tout ce mauvais monde va se trouver face à cette équipe qui se donne bien du mal.

C’est trépidant, aucun moment pour s’ennuyer, c’est marrant, caustique et franchement à lire.

Contrairement à certains j’en écris pas des tonnes sinon je vois pas l’intérêt de vous conseiller cette lecture. Allez y vous sourirez, vous serez agréablement surpris pas le dénouement. C’est l’important.

31 Août il est temps de mourir en beauté pour vous !

Je suis amoureuse d’Adélaïde, je vous choque ? M’en fous ! C’est THE NANA que j’aime !

Thomas Fiera tient un blog , c’est Jean-Baptiste Ferrero qui l’a contraint et c’est ici 

Acheter pour pas cher, 4 € 99 Mourir en août c’est ici par exemple Immatériel  

Une belle interview de Jean-Baptiste Ferrero par Anita Berchenko sur le site de l’éditeur

Bonne lecture à tous !

Editeur Numériklivres

La chronique enthousiaste de chti_suisse sur son blog

La Brigade des loups : 1er épisode  Lilian Peschet  Voy'el- collection e-courts Couverture : El Theo

La Brigade des loups : 1er épisode
Lilian Peschet
Voy’el- collection e-courts
Couverture : El Theo

La Brigade des Loups : 1er épisode

2020. L’épidémie de lycanthropie sévit en Europe depuis près de trente ans. La Roumanie est l’un des pays les plus en pointe concernant la recherche sur ce rétrovirus, mais aussi l’un des rares où les lupins ont le droit de vivre dans la société.
Sous certaines restrictions.
Pour s’occuper des crimes lupins, des unités de polices spéciales exclusivement composées de malades ont été créées.
On les appelle les Brigades des loups.

Un professeur massacré. Une mère de famille et son enfant dévorés vivants. De jeunes lupins sauvages en liberté. Pourquoi ces crimes ? D’où viennent ces enfants, et quel est leur but ? Les réponses pourraient bien bouleverser l’avenir de la brigade de Bucarest.

Je frétillais d’impatience de lire cette série suivant son évolution via le compte twitter de l’auteur ( @LilianPCB ). Connaissant un peu Lilian Peschet, je m’attendais à une lecture qui bouleverserait certains codes ( ne dit-on pas de lui qu’il est le bûcheron de l’écriture ? 😉 ) Et tel est bien le cas dans ce premier épisode, et cela va même au-delà puisqu’il revisite avec maestria le mythe de la lycanthropie.

Episode choral donnant la parole aux 5 membres de cette Brigade des loups : Vasile, le chef, un Alpha, Mikaï, Yakov ( le pro de l’informatique ), Pavel ( le toubib ), et Dragos.

Les quelques 40 pages qui forment cet épisode filent à une allure vertigineuse : pas de temps morts ici, notre curiosité est tellement attisée qu’il est impossible de lâcher la liseuse avant la fin …et de se dire « Vite la suite » ! Réussite également parce que d’entrée le lecteur s’attache aux personnages et au contexte de cette série SF ( je ne connais pas les termes en SF, je laisse le soin aux pros ).

J’ai toujours un faible pour les romans noirs qui excellent à décrire nos sociétés, leurs dérives ( possibles ou avérées ). La Brigade des loups a ce quelque chose en plus, ce côté politique sociale un poil dénonciateur et critique. Parce que certes les Loups ont le droit de vivre en liberté en Roumanie mais ils n’en sont pas moins mis à l’index souffrant d’un racisme évident pétri de préjugés :

« Le plus grand chuchote avec le plus petit, nous lançant des coups d’oeil mauvais que je reconnais : j’ai déjà vu sur de nombreux visages ce type d’expression, lorsque j’étais plus jeune, et que notre maladie était encore entourée de mystères. A cette époque, les rumeurs prétendaient qu’elle ne s’abattait que sur ceux qui le méritaient, que sur les bâtards, les drogués et les sodomites. »

Détournant le mythe du loup-garou Lilian Peschet nous fait suivre cette enquête policière riche de suspense. Ne nous assénant pas d’innombrables descriptions, mais sachant les distiller intelligemment, à aucun moment le lecteur ne perd pied dans l’intrigue. D’ailleurs tout ceci n’empêche pas qu’on s’attache rapidement aux membres de cette Brigade. J’ai hâte de savoir ce qu’il advient d’eux dans le second épisode, surtout au sujet de Vasile.

Un premier épisode impeccable pour une série qui s’annonce surprenante, intelligente et fort bien écrite. Je vous recommande donc chaudement cette ( courte ) lecture d’autant qu’elle est gratuite.

La superbe couverture a été créée par El Theo consulter son site 

Télécharger sur L’immatériel 

Une très belle chronique de La Brigade des loups par Cécile Duquenne sur son blog

Retrouvez sur dzahell d’autres articles sur des oeuvres de Lilian Peschet. Bonne lecture ! 

Trois coups contre ma porte -  Michael Roch  Editions Walrus - Collection MICRO Ebook - Mai 2013

Trois coups contre ma porte – Michael Roch
Editions Walrus – Collection MICRO
Ebook – Mai 2013

Trois coups contre ma porte

Le résumé de l’éditeur : Au milieu de la foule de l’Imaginarium, cette boîte de nuit aussi branchée que bondée, il y a les corps qui s’entremêlent, suants, au rythme des basses qui résonnent dans ton estomac et des spots qui dansent frénétiquement. Et puis il y a cette fille… Ses hanches, ses seins, sa nuque… il suffirait de tendre la main, de lui saisir le poignet et de la ramener à la maison. Elle va te rendre dingue, si ce n’est pas déjà fait. Parce qu’il y a cette voix dans ta tête, et puis ce drôle de type, le smartboy italien qui te regarde d’un air amusé, mais que personne d’autre que toi ne semble voir. Et le type te sourit, et il dit: « Elle s’appelle Béthanie. » Alors tu te lèves, les yeux embrumés par l’alcool, et tu t’approches de Béthanie. Et tu sais déjà que tout ça finira dans le sang.

Cette nouvelle correspond bien à ImagiNoir cette «  catégorie » créée pour Michael Roch et Lilian Peschet.

Attention si vous êtes une âme et un cœur sensible, je ne vous recommande pas cette Micro : il y a du sang et surtout des scènes de tortures costaudes.

Par contre, étant friande d’horreur, de tensions psychologiques, et d’humour noir, j’ai encore une fois été conquise.

Ce personnage, Charles est vraiment détestable. Je me demandais pourquoi il était en boîte de nuit avec des potes alors qu’il paraît si asocial.

Pour vous en donner une idée, une petite citation :

 Je déteste les cons, les rampants, les quémandeurs bègues qui se traînent aux pieds des autres – surtout à mes pieds. Je suis au dessus de cette masse d’êtres informes. J’ai beau être assis dans le plus pourri des fauteuils club de cette discothèque, j’ai beau être assailli de toute part et dans tous les sens, j’ai beau subir, je suis au dessus de tout ça ; je suis au-delà, comme un roi sur un monticule de cafards. 

J’ai flippé pour Béthanie en constatant la démesure de la tenson sexuelle qui habite Charles, tension qui va crescendo.

En fait, j’ai eu le cœur serré pratiquement tout au long de Trois coups contre ma porte. Serré par l’appréhension et assez étrangement par Charles. Charles qui souffre de pertes de mémoires, et sans doute d’hallucinations … car comment en effet expliquer la présence de ce smartboy italien que personne ne voit sauf lui ?

Oui, je suis bizarre puisque j’éprouve une quasi compassion pour cet être qui se livre à d’odieuses choses.

Donc voilà amateurs d’émotions fortes Trois coups contre ma porte est pour vous. Le rythme est soutenu, on ne voit pas filer le récit. Et j’insiste, Michael Roch a un style précis, imaginé , il manie les mots comme si son imaginaire passait directement à sa plume. Bref, un coup de chapeau encore une fois à un auteur que je lis avec un plaisir renouvelé à chaque fois.

De plus c’est un epub impeccable, aucun souci de quoique ce soit sur ma Kobo Glo.

Cette Micro est à 99 cts d’€ , la liste des distributeurs sur le site de l’éditeur Walrus

Le billet sur le blog de Michael Roch à propos de cette publication ( laissez-lui un mot, ça fait toujours plaisir aux auteurs ) 

Sur ce blog, vous pouvez lire ce que j’ai pensé de La boîte de Schrödinger .

Bonne lecture, et venez me dire ce que vous ressentez pour Charles, ça m’intéresse !

Mise à jour du 21 / 08 /2013 : lire l’avis de Chti_suisse sur son blog

Je suis Rage de Neil Jomunsi  ebook- Walrus

Je suis Rage de Neil Jomunsi
ebook- Walrus

Je suis Rage

Le résumé chez l’éditeur : Hermann Heliophas a un problème: il déteste tout et tout le monde. Pour tout dire, il aurait même aimé ne jamais naître sur cette Terre. Le profond dégoût que lui inspire l’humanité a fait de lui un être asocial, méprisant et hautain, qui ose à peine sortir. Mais les sentiments les plus noirs peuvent s’avérer dangereux.

Hermann remarque qu’une bosse lui pousse sur le haut du crâne. Cette bizarre excroissance, ne cessant pas de grossir, finit par devenir gênante, puis carrément inquiétante. Persuadé d’être atteint d’une tumeur fatale, il redouble de haine et de colère… jusqu’au jour où sa bosse explose, libérant une créature maléfique et sanguinaire qui sème la panique dans toute la ville. Hermann comprend alors que sa Rage s’est échappée. Dorénavant libéré de ses propres démons, Hermann se lance à la poursuite de sa création. C’est alors que commence son voyage dans un Paris sombre et fantastique, aux souterrains hantés par d’étranges confréries, aux monstres de cauchemar et aux apparitions fantomatiques, peuplé de personnages fous et surprenants dignes du Pays des Merveilles.

Mais le pire des dangers demeure tapi dans l’ombre, et attend encore son heure…

Outre Hermann présenté dans le résumé, il y a Lucie, une jeune femme si peureuse qu’elle vit en recluse. Totalement dominée par sa peur elle a créé un univers onirique dont elle est la Reine . Elle y passe les 3 /4 de son temps. Cependant, comme la Rage d’Hermann, sa Peur prend forme, et ravage en premier lieu son univers parallèle, son refuge de rêves. Lucie abdique son royaume, le laissant en proie aux pires horreurs. Elle n’a su soutenir le regard de Peur. Le Commandeur Jonas n’y comprend plus rien et Peur, gigantesque Peur, lui dit :

« Elle le sait, elle…,dit-il en montrant Lucie du doigt. N’est-ce pas que tu le sais,petite, toute petite Lucie ? Je suis la Peur, sa toute puissante Peur… »

Hermann poursuivant Rage, est bientôt élevé en quasi messie par les habitants sous-terrain. Un vieil homme a prêché la venue. Ce vieil homme dont nous faisons connaissance dès le début du roman serait-ce un fou ? Un prédicateur ?

« Un jour, vous verrez, un jour, ma colère tiendra son emprise sur vos intestins. Gouvernés par la peur, voilà la vérité ! Vous crèverez seuls et vous l’aurez mérité ! Elle vient…Elle est presque là…Elle prend corps en vous et infecte vos membres…Lorsque vous le saurez, trop tard pour pleurer : elle sera déjà en train de vous manger ! Petites mouches !…Petites mouches…petites »

Dans le chapitre intitulé Avant de commencer , Neil Jomunsi soumet au lecteur sa vision de la Rage et de la Peur. Cette indication est un des fils conducteurs du roman. En voici un extrait :

Intrensèquement contraires, éternelles ennemies et pourtant réunies en un seul et même dilemme, la RAGE et la PEUR possèdent l’esprit humain et s’en partage le sort.[…]La Rage, représentée par la couleur blanche, est le principe d’action, la force de création. La Rage est ce qui pousse l’humain à se rapprocher du divin, à exacerber les meilleures énergies. Elle est la volonté, le courage, la détermination. Elle est aussi l’amour. Lorsqu’il n’y a plus que Rage, l’éternel ouvre ses portes et dévoile toutes ses possibilités, toutes nos possibilités. Tout ce qui transcende est Rage.

La Peur, dont la couleur est le noir, est le principe de soumission, du non-agir. La Peur est ce qui bride l’humain à tout ce qui est vil, à tout ce qui le rabaisse, qui l’intériorise. Elle est l’attentisme, la flagornerie, la médisance, l’abjecte humiliation et encore bien d’autres choses. Lorsque tout est Peur, l’esprit n’est plus qu’une pierre. Il n’y a alors plus rien de divin dans l’humanité.[…]La Peur blanche est l’accumulation des observations, conclusions, tirées par un individu au terme d’une plus ou moins longue existence. Semblable à la Sagesse,profondément inactive, elle est moteur d’apprentissage et d’élévation spirituelle si utilisée à bon escient. Elle est le détachement lumineux mais elle reste Peur, dans le sens où elle n’enrichit personne d’autre qu’elle-même si elle n’est pas partagée.[…]La Rage noire est la force créatrice de destruction : elle n’appelle que cris et larmes, effondrement et chaos. Elle est l’action néfaste.

Vous comprendrez aisément que dès lors que Rage et Peur sont en ville, il va y avoir du sang en rigoles, des personnes qui perdent sens et raison et se lancent dans des tueries affreuses sans même en comprendre le pourquoi. Parce que gouvernéss uniquement par leurs émotions elles y perdent la raison, et souvent la vie.

Paradoxalement, nos deux héros que sont Lucie et Hermann vont devoir trouver en eux-mêmes des forces qu’ils n’imaginaient pas. Tout ce cheminement donne un roman foisonnant et complètement décontenançant. Neil Jomunsi introduit toute une galerie de personnages issue soit de nos pires cauchemars soit de nos rêves. Il nous entraîne dans les bas-fonds de la ville et des humains.

Ce n’est pas un voyage facile, ce n’est pas un voyage anodin. A travers cette histoire fantastico-noire-gore et à la fois hyper-réaliste ( par son sujet ) Neil Jomunsi a réussi un bel exploit littéraire.

Impossible de prétendre après cette lecture que le numérique ne propose pas des textes puissants, inédits que tout lecteur curieux aura bien du plaisir à découvrir.

C’est ça que le numérique met à notre disposition : des textes hors normes.

En lisant Je suis Rage je me l’imaginais sous forme de théâtre de marionnettes ou d ‘animations. Je pense que c’est un roman qui s’y prête merveilleusement bien.

La liste des distributeurs de Je suis Rage, 3 € 49 sur le site de l’éditeur Walrus.

Le blog de l’auteur

La prophétie du sang. Tome 1 : Journal de mort  Chantal Khiri-Schmitt Mots Ouverts - éditions numériques  Mai 2013

La prophétie du sang. Tome 1 : Journal de mort
Chantal Khiri-Schmitt
Mots Ouverts – éditions numériques
Mai 2013

La prophétie du sang : Journal de mort

C’est Eva, l’héroîne qui nous raconte son histoire. Eva est une belle jeune fille de 16 ans, orpheline. Sa tante, Lola, est devenue par la force des choses ( et par amour tout de même ) sa mère, sa tutrice, sa grande-soeur, sa meilleur amie. Lola est propriétaire de L’accroche-coeur, une galerie car elle est artiste peintre. Et Eva au tout début de cette histoire est affalée dans un fauteuil dans cette galerie où elle expose quelques unes de ses œuvres. Sa tante Lola est en compagnie d’AK un de ses amis très proche.

Un jeune homme, d’une vingtaine d’années, est en arrêt devant l’une de ses toiles : sombre et terriblement triste. C’est ainsi que Lola va faire la connaissance de Viktor. Uen phrase qu’il lui dit l’intrigue : « Si tu pars, tu m’oublieras » Eva  s’interroge et revenant vers lui ne peut que lui prouver l’inverse.

Quittant le vernissage, Lola et elle sont arrêtées car les policiers sont sur une scène de crime : une femme trouvée morte en pleine rue. Et là, Eva n’en revient pas car elle retrouve Viktor dont étrangement sa tante ne se souvient pas. Viktor la presse de questions et surtout ne comprend pas pourquoi la morte avait dans son sac une invitation pour le vernissage.

Viktor contraint Eva à le suivre, et c’est arrivés dans son appartement qu’il lui révélera un secret qui la plongera dans l’inquiétude et le souvenir de son frère Michel, disparu 5 ans auparavant juste après les funérailles de leurs parents.

Mais Viktor est  étonnant, et Eva à 16 ans sent qu’elle tombe amoureuse bien vite d’un homme qui paraît si différent.

L’enquête commence, la traque aussi. Ce roman de Chantal Khiri-Schmitt est à la fois un polar et une belle histoire d’amour. Eva découvre, s’interroge, et pour finir abdique complètement. Ce sont les premiers émois, l’apprentissage, le cœur qui bat et la dimension fantastique de l’amour. Un danger ? L’acceptation totale de la différence ? Car Viktor n’est décidément pas un homme comme les autres, c’est ce que vous découvrirez en lisant ce premier épisode de La prophétie du sang. Viktor est un nomade….

Chantal se substitut parfaitement aux pensées d’Eva : émancipée, curieuse, tolérante.

J’aime bien quand l’amour et l’intrigue se conjuguent ainsi et je félicite Chantal pour ce premier épisode qui est une réussite.

La prophétie du sang : Journal de mort est édité par Mots ouverts ( cliquez le lien )  en epub sans DRM au prix de 6 € 50 ( en suivant le lien vous avez accès à un extrait de ce premier tome )

A découvrir !

Le cimetière des éléphants. Isabelle Bouvier  Auto-édition  Réalisation Passeurs-de-savoirs ebook

Le cimetière des éléphants. Isabelle Bouvier
Auto-édition
Réalisation Passeurs-de-savoirs
ebook

Le cimetière des éléphants

La présentation de ce recueil par l’auteure :  » 20 nouvelles à la fois drôles, émouvantes et parfois surprenantes.Un médecin et son patient, un chat, des vieilles filles luttant contre la solitude du monde moderne, deux copains quinquagénaires, quelques retraités rebelles, un artiste tourmenté, une victime de la mode, une avare, de jeunes mariés, des couples improbables, une voyeuse, une enquête surnaturelle, une quête de filiation… et tant d’autres aventures, comme autant d’instantanés de vies, parfois loupées.Une galerie de personnages au destin incertain, à visiter sans modération  » 

Dans ce billet, je ne citerai pas toutes les nouvelles de ce recueil car certaines sont extrèmement courtes et il me serait difficile d’en parler sans trop en dévoiler.

Sables : Un vieillard est amené par les pompiers à l’hôpital serrant dans son poing un carnet. Le médecin a son chevet va le lire afin d’essayer de s’expliquer le mal de son patient. Il s’agit d’un carnet intime, en y remontant le fil du temps, le médecin va apprendre que son patient a fait la guerre d’Algérie. Tout est consigné des horreurs perpétrées.

Point de retraite : C’est une femme de 44 ans qui s’adresse à nous dans cette nouvelle. Elle repense aux projets de retraite qu’elle faisait étant plus jeune : la maison en bord de mer, de plain pied car on est moins mobile avec la vieillesse, et puis un jardin pas trop grand. Mais voilà, la vie joue des tours et le médecin lui annonce tranquillement que, non, il n’y aura pas de lendemains. Comment va-t-elle réagir face à ce cruel destin ?

Paul et Polo : Paul, la cinquantaine flamboyante mariée à Sylviane est en manque de sensations, d’aventures et de sexe pour tout dire. Polo, quasiment du même âge, est aux yeux de son épouse Ginette, une chiffe molle qui n’apporte dans leur couple aucune surprise mais, elle l’a alors elle le garde. Ces deux-là se retrouvent souvent au bar autour d’un pastis. Y en a marre de cette vie, faut-il en accepter la fatalité ?

Le bonheur portable : La narratrice a 46 ans, elle vient de changer d’emploi et ne connaît personne dans cette ville. Evidemment, le célibat rend suspicieux « Vous n’êtes pas normale, solitaire et bizarre, voire dangereuse ! Vous êtes un être sauvage, pire, un être asocial ! »

Son mot d’ordre est Communication, direction le magasin de téléphonie mobile pour acheter un smartphone, cet engin qui semble ravir les jeunes et jolies femmes qu’elle croise dans la rue.

Une des nouvelles que j’ai préférée tant l’auteur y joue de l’humour tout en étant hyper réaliste.

Pétunia : Sophie contrairement à son habitude va seule au marché. Pétunia est malade. Elle se fait du souci car la retraite ne suffit pas à payer les examens médicaux de Pétunia. En plus, Pétunia la boude lorsqu’elle rentre à la maison. Que se passe-t-il ? Pourquoi ce silence ?

Marguerite : La mari de Marguerite, Albert est décédé. Ils ne se sont jamais quittés, ils ont été résistants ensembles et voilà que Marguerite est seule, sans enfant.

Que s’est t-il passé avant cette mort jusqu’à ce coup de fil qui a tant bouleversé Marguerite ?

Hortensias : Maria vit en Bretagne dans une maison que les habitants ont surnommé « La glacière ». Maria est pingre, personne ne comprend bien pourquoi. Elle s’impose une vie difficile jusqu’à manger le pain de la veille pour ne pas jeter. Son dada courir les bonnes affaires. La dernière en date : une stèle. Quel tour nous joue l’auteure dans cette nouvelle bien noire ?

Le cimetière des éléphants : « Ils étaient assis tous les cinq devant la télévision de la salle commune. Assis n’est pas le mot juste, avachis plutôt. Ils étaient comme des zombies, leurs yeux vides fixaient l’écran, avalant le programme que l’infirmière leur avait choisi, une émission sur les éléphants. »

Ils sont devant cet écran dans L’ensoleillade leur maison de retraite. Violette se fâche et la discussion commence avec ses amis Amélia, Alphonse, Poucette et Hugues. La vent de la révolte gronde ! A qui mieux mieux ils réclament un autre programme. Ils ne sont pas des éléphants, leur heure n’est pas venue. Les vieux veulent le respect de leur personne, veulent qu’on les traite avec dignité, ils ne sont pas des bébés. Comment se manifeste la rébellion ? Parviendront-ils à leur fin ?

Mémé a du poil aux pattes : La narratrice a juste quinze ans, elle est jolie c’est ce que lui dit sa mémé qui est désormais veuve. La gamine aime bien espionner, peut-être écrira-t-elle des romans policiers lorsqu’elle sera adulte. En tous cas, elle surprend ses parents se demandant si Mémé a quelqu’un dans sa vie. « Pas possible Mémé a du poil aux pattes » ses mots lui sortent de la gorge et ont l’avantage d’amuser ses parents. Curieuse, elle décide de suivre sa Mémé jusqu’à lui piquer un courrier dans sa boîte aux lettres. Est-il toujours bon de vouloir en savoir tant ? Quel est donc ce courrier qui l’intrigue au plus haut point ?

Au final, un recueil sympathique mais inégal. Certaines nouvelles étaient à mon goût vraiment trop courtes. Une remarque, il est dommage que la fin de certaines soit tellement prévisible, heureusement l’humour et la façon de traiter le sujet permettre de faire passer ce léger désagrément.

Toutes ces nouvelles plongent dans l’humanité, la famille, la quête de soi, frôlant parfois le fantastique.

En tous cas, Isabelle Bouvier a une belle écriture, beaucoup d’humour et un regard pertinent sur les arrangements entre humains.

A découvrir.

En vente 3 € 06 sur Amazon

Sa carte de visite Aliaz

PeschettueurLe tueur alcoolique

L’auteur, Lilian Peschet, a choisi d’écrire cette nouvelle en se plaçant dans les pensées de ses personnages. Quel est donc ce tueur qui s’attaque à ses victimes sans qu’il n’y ait aucun rapport entre elles ? Un homme dans un cinéma, une étudiante dans les toilettes de la FAC et toujours le même procédé.

Et nous le suivons ce tueur, dans le dédale de sa pensée. Nous l’entendons et le voyons dans son quotidien, un quotidien obsessionnel. Il est là penché au dessus de sa baignoire parlant à sa fée, la suppliant. Quelle est sa folie meurtrière ? Comment choisit-il ses victimes ?

Je ne vais pas aller plus loin dans ce post car je risquerais d’en révéler trop. Je vous conseille de découvrir l’auteur.

Cette nouvelle est encore inédite et devrait bientôt être publiée sur Amazon et Kobo. Le tueur alcoolique est le premier texte à inaugurer la future Collection «  Fais divers » de Lilian Peschet.

Le site internet de Lilian Peschet est ici : ianian

La rage en d’dans est un billet d’humeur inspiré par Lilian.

Je ne peux terminer ce papier sans parler du très beau travail de Christophe Malinowski pour la couverture de cette nouvelle. C’est une collaboration étroite entre l’auteur, et l’artiste photographe également jongleur de mots. Je vous invite à visiter son très beau site internet : Christophe Malinowski    

Via Twitter, l’auteur Neil Jomunsi a lancé l’idée Adopte un auteur afin que auteurs et lecteurs puissent se parler directement, permettre aux lecteurs / blogueurs de lire gratuitement les e-books en contrepartie d’un retour de lecture ( sans obligation d’en dire du bien ) sur le site des librairies en ligne ou sur les blogs personnels.

Le site Adopte un auteur  Tout y est expliqué.

Ne me reste qu’à vous dire, allez-y, il y a de la lecture pour tous les goûts.

Soyez curieux !

En format kindle ( cliquez ) 0,89 €

epub sans DRM

 

post-reproductionPost-Reproduction de Christophe Darlanuc

Synopsis : Quel rapport entre un vieux déserteur SS et Hanh, une jeune fille qui essaie de survivre dans l’enfer des Khmers rouges ? Et entre Laurent, qui se noie dans l’alcool depuis la mort de Cécile, sa femme alors enceinte de jumelles, et l’impitoyable dirigeante d’un obscur empire scientifique et industriel ?
Aucun a priori.
Sauf qu’un jour, Laurent reçoit un appel mystérieux. Une correspondante inconnue lui affirme que sa femme et les bébés qu’elle porte sont au centre d’une terrible machination et que l’accident dont elle a été victime n’était qu’une mise en scène.
Talonné par un tueur halluciné, Laurent se lance dans une course folle afin de retrouver Cécile. Au fur et à mesure de sa quête, il se rend compte que la vérité est effroyablement plus complexe que tout ce qu’il avait imaginé…

Un thriller qui va puiser au pire du passé pour engendrer le pire du futur…

Le prologue pourra peut-être vous paraître longuet, néanmoins et peu à peu, en cours de lecture, il m’a semblé tout à fait opportun. Christophe y pose les jalons de compréhension et c’est très important. Ensuite il faut avouer que j’ai un petit peu pataugé avec Hanh et sa fuite, mais je souligne la connaissance des lieux, et le suspense bien présent. J’ai énormément apprécié de ne piger qu’au final son histoire complète. Eh oui, difficile de parler de ce roman sans trop en dévoiler, il faut en parler à mots et maux couverts.Parce que ce roman c’est l’histoire d’une folie et celle des blessures subies, profondes et indélébiles.

Mon personnage préféré dans cette galerie abondante reste cependant Laurent. Ce mari qui a perdu sa femme enceinte de jumeaux dans un accident de voiture dont on a jamais retrouvé le corps. Il est touchant, vulnérable mais va faire montre d’un courage et de ténacité peu ordinaire. C’est à l’occasion d’un appel téléphonique qu’il va commencer à réfléchir et les coïncidences étant trop énormes mener l’enquête avec la sœur d’une autre victime enceinte de jumeaux également.

Il y a des passages excellents concernant Laurent comme celui où il règle ses comptes avec son associé : à la fois drôle et violent.

Quant à Hanh on la retrouve longtemps après l’avoir quittée dans un état particulier. Je ne sais toujours pas si je la plains ou la déteste, ce qui est assez déstabilisant vous en conviendrez.

Ce roman nous promène un peu partout sur la planète de questions en réponses plus ou moins ouvertes. Une quête de vérité qui n’est pas sans soulever de gros, très gros lièvres devant lesquels il vaut mieux être bien armé. Et justement des calibres, il y en a et beaucoup savent très bien les utiliser.

C’est aussi un roman sur la manipulation, la stratégie à long terme ( très long terme ) , la génétique et de fait les gros sous.

Comme vous le savez si vous parcourez de temps en temps Dzahell, et si vous me suivez sur twitter, j’aime beaucoup les romans noirs, les thrillers et celui-ci m’a séduite même s’il a certaines imperfections minimes à mon avis ( j’ai déjà laissé tomber avant la fin des lectures de thrillers d’auteurs reconnus comme dernièrement Caryl Ferey avec Mapuche par exemple ).

Maintenant, au sortir de ce roman auto-publié, j’aimerais beaucoup que Christophe Darlanuc écrive une suite. Il y a matière à en faire une belle et ça m’ennuie de rester sur ma faim comme ça.

Je vous conseille cette lecture de Post-Reproduction, roman auto-publié, de Christophe Darlanuc qui vous coûtera 2 € 99 chez Koko ou Amazon et 16 € 65 en version papier sur Lulu.com

Notez que sur demande vous pouvez recevoir les 15 premiers chapitres de ce roman via twitter en contactant l’auteur. Mieux qu’un court extrait, non ? 

Cliquez ici pour télécharger les 15 premiers chapitres du roman 

Les folles de la Nationale 4

freemium_herveTout commence à Madrid, peu après le décès de Franco, lorsque Don Diego de la Vega , phalangiste convaincu, puissant et riche confie une mission à Joseph Hosana. Celui-ci est le garde du corps de Carlotta, la fille de son patron. Sa mission, se rendre à Strasbourg pour livrer à José Luis De La Vega, le fils renié et camé, un colis. Ce fils loqueteux, qui s’est rebaptisé Johnny, s’est acoquiné avec Werner, militant extrémiste oeuvrant pour La fraction rouge. Joseph devra voyager incognito. Mais Carlotta lui demande un service qu’il accepte. Le périple commence.

En cours de route, interviendront le Père Wanabee et Lili avec qui Joseph poursuivra son chemin. Bien vite, il s’aperçoit qu’il est pris en filature par deux hommes en mercedes, deux espagnols. Gus et Clod, deux frangins qui n’y vont pas par quatre chemins. Clod est complètement cintré, et donne du fil à retordre à Gus.

Et bien sûr, il y a les fameuses Folles de la Nationale 4, deux braqueuses de stations essences qui dérapent après avoir commis des meurtres. Ce sont Louise et Martha, des insoumises qui ont maintenant toute la flicaille de France aux fesses. Joseph, Lili et le Père Wanabee vont leur servir de garantie.

Un road movie, ça déménage, ça prend des détours et des lacets, et comme la galerie de personnages est autant explosive que surprenante, les surprises et rebondissements sont nombreux pour le plus grand plaisir du lecteur.

Violence, sexe, drogue, amour, vengeance, magouilles : autant d’ingrédients pour un ( très ) bon roman noir, entrée en matière d’une série que je vous conseille chaudement,

Hervé Fuchs nous fait revivre la fin des années 70, sur fond musical bien souvent. Le style est alerte, ici  pas de temps morts. Je mets au défi quiconque de s’ennuyer ou s’endormir sur ce roman. Je suis même prête à parier qu’après cette lecture vous vous précipiterez sur la suite des aventures.

Hervé est quelqu’un de sympathique aussi a-t-il mis sur son site Les folles de la Nationale 4  le premier chapitre des Folles ainsi que la description des personnages, le décor et la bande son. Prenez-y connaissance de la série.

A noter, vous pouvez commander Les folles de la Nationale 4 en version papier.

Cerise sur le gâteau, Les folles de la Nationale 4 est gratuit

Sur le site de l’éditeur Edicool

En numérique via L’immatériel

Éditeur Christian Bourgois

Une petite ville d’Amérique, le soir d’Halloween. Une fillette est retrouvée morte sur le bord de la route enfouie sous des feuilles mortes. Nous sommes à la veille d’une rencontre très importante de football, la petite ville risque d’être sous les feux de la rampe, les édiles se frottent les mains de bonheur en pensant à la somme d’argent que cela signifie.
Le hic c’est que le responsable est le quaterback de l’équipe sur qui repose la future victoire.
Le maire et le commissaire de police confient l’enquête avec charge de l’enterrer à Lawrence qui vit seul depuis le divorce et ne peut voir que très rarement son fils. La maire lui promet le poste de commissaire.
Lawrence va cependant aller jusqu’au bout de son enquête et révéler beaucoup de faits.

Michael Collins dépeint ses personnages avec beaucoup de soin, les salauds comme les femmes qui élèvent seules leurs enfants. On y côtoie le mensonge, l’appât du gain, la trahison, la bigoterie et la vie morne et vide des villageois.

Il y a beaucoup de rebondissements, de manipulations, de mensonges, une intrigue costaud, un bon roman noir.

Editions Actes Sud- Actes noir
Janvier 2012 – 272 pages
trad. de Simon Baril
21,30€

Ce roman est basé sur une histoire vraie, celle de l’assassinat de Kitty Genovese dans l’indifférence de ses voisins, le13 mars 1964.

Dans De bons voisins la victime s’appelle Kat Marino, c’est un tout petit brin de femme qui travaille de nuit en tant que gérante d’un bar. C’est en rentrant chez elle qu’elle sera violée et agressée pour finir en sang. Elle luttera de toute sa volonté, de toutes ses forces toute la nuit. Dans cette cours d’immeuble, plusieurs fenêtres sont encore allumées. Que font donc les voisins ?
Ryan David Jahn nous les présente à tour de rôle, et nous montre ce qu’ils vivent au moment où Kat lutte de toute sa volonté pour survivre.

Un jeune homme de 19 ans s’occupant de sa mère très malade doit le lendemain se présenter pour la visite médicale afin d’aller au Vietnam. Un couple qui entreprend une première expérience échangiste, un homme qui se découvre homosexuel, une infirmière qui rentre bouleversée de son travail, un autre homme qui revient du bowling et qui se dispute avec sa femme. Toutes ces personnes, bien que voyant le drame se dérouler sour leurs yeux n’appelleront pas la police, chacune étant persuadée que l’autre,le voisin l’aura déjà fait.

L’auteur nous présente aussi les personnes qui arriveront sur les lieux du drame : le policier, les ambulanciers et l’un des voisins qui était absent.
Nous plongeons dans l’esprit du tueur qui se demande quand on l’empêchera de commettre de telles horreurs.
Et à chaque fois, nous assistons impuissants à la lutte de Kat, sa volonté de vivre.

C’est un roman fort bien écrit qui forcément dérange. Ça fait peur,ça remue les tripes. N’est-ce pas parfois dans l’indifférence la plus complète que des drames se produisent ? Combien de bons voisins n’alertent personne lorsqu’ils entendent des enfants ou des femmes crier dans la nuit ? Combien parmi nous passons devant les pires détresses en baissant les yeux car, après tout que pouvons nous faire ?

C’est en plus de la lâcheté , de la bêtise et de l’égoïsme.

Une bonne lecture dénichée sur les rayonnages de ma bibliothèque municipale.

 

Editions Jigal – Grand Format
340 pages – Sept.2009
18 € 25

La quatrième de couverture :

C’est l’été, il fait chaud, les touristes sont arrivés et au commissariat de Perpignan, Sebag et Molina, flics désabusés rongés par la routine, gèrent les affaires courantes sans grand enthousiasme. Mais bientôt une jeune Hollandaise est sauvagement assassinée sur une plage d’Argelès et une autre disparaît sans laisser de traces dans les ruelles de la ville. Sérial killer ou pas, la presse se déchaîne aussitôt ! Placé bien malgré lui au centre d’un jeu diabolique, Sebag, à la merci d’un psychopathe, va mettre de côté soucis, problèmes de cœur et questions existentielles, pour sauver ce qui peut l’être encore ! « Elle attend sans joie, patiente et succombe. La maison de pierre deviendra sa tombe. Qui fait quoi, qui attrape qui ? Qui est le chat, qui est la souris ? »

 

Ce que j’en ai pensé :

Dans ce roman, l’inspecteur Gilles Sebag  grand amateur de café est un personnage attachant.Il pense beaucoup à sa famille. IL s’interroge au sujet de sa femme, de ses enfants adolescents qui grandissent vite.Malgré son choix de carrière, il avait mis entre parenthèse son métier pour savourer le fait d’être père. De quoi évidemment se faire montrer du doigt par ses pairs.
C’est la vie d’un commissariat qui est dépeinte. Au début,il y a  la découverte du cadavre d’une jeune hollandaise par Robert, retraité qui passe toutes ses vacances à Argelès. Ensuite, la disparition d’une autre hollandaise à Perpignan, puis l’agression d’une autre jeune hollandaise mettent la puce à l’oreille. Et, pure routine au commissariat, une femme signale la disparition de son mari, José, chauffeur de taxi.

Bon j’avoue que parfois j’ai été agacée voyant les indices et je n’avais qu’une envie , celle de voir Sebag se bouger mais, il faut parfois être indulgent …ça ne fait pas tilt tout de suite. Pas de sang à outrance dans ce roman mais de très beaux descriptifs de paysages, de monuments,d’églises. Un beau voyage au pays des senteurs aussi.

Georget nous livre là une intrigue sympathique, un style ni trop lent ni trop emporté,l’accent catalan, et une jolie galerie de personnages.

A savourer doucement.

Editions Krakoen – 332 pages
2010 – 11,20 €

Le mot de l’éditeur :

Kerande, côte atlantique, été 2009. Les touristes se bousculent dans la petite cité médiévale, inconscients du drame qui se joue à quelques pas de là. Deux morts par balle. Deux « clients » plus ou moins forcés d’une très chic et très discrète clinique psychiatrique. Les gendarmes enterrent vite le dossier, avec la bénédiction du Parquet de Nantes : un fils à papa trop médiatique compte au nombre des tués. Folie meurtrière confirmera à son tour – bien malgré lui – le commissaire Czerny. Car il le sent : un fou peut en cacher un autre ; et la tuerie n’est pas finie. Czerny parviendra-t-il à démêler le vrai du faux ? La vie lui a appris à se méfier des coupables livrés sur un plateau. Surtout lorsque les coupables en question sont derrière les barreaux.

Ce que j’en ai pensé :

Je l’avoue j’ai adoré la fine équipe policière et l’humour de ce roman. Il y a le commissaire Czerny qui se déplace en solex qu’il appelle Galet. Ayant été blessé, il se déplace avec des béquilles et se fait voiturer par Colin, bègue qui ponctue ses phrases de  » Nom d’un chien » pour parvenir à parler correctement. Czerny a aussi un mainate à qui il verse du martini tous les soirs et dont il se soucie énormément. Et il a une façon bien à lui de se représenter les énigmes, en visualisant des cubes.
Il y a Mazurelli, rocker à la banane, sans doute le plus amusant de l’équipe.
Il y a Pastèque, le pro des technologies. Il y a Joss ( comme Joss Randal) fine équipière toujours prête à aller sur le terrain et une légiste complètement délirante, bavarde et gourmande.
Deux meurtres à la clinique dont un qu’il vaudrait mieux taire par peur du scandale. Un autre meurtre celui d’un maître chanteur à Nantes sans lien apparent. et pourtant Czerny prendra en charge les trois affaires. C’est un climat particulier que l’on aborde ici, celui de l’univers des cliniques psychiatriques pour riches. Il y a beaucoup de personnages, et toute cette galerie est décrite avec grand soin.

Hervé Sard mène son roman tambour battant, avec brio et humour. Une bonne intrigue, des personnages qu’on n’oublie pas de si tôt, bref, un roman policier très sympathique.

Je vous recommande cette lecture, je suis persuadée que comme moi vous vous attacherez à cette équipe de doux-dingues

 

 

La quatrième de couverture :

Quatre SDF sont recrutés par le mystérieux Hensley pour devenir braqueurs professionnels. Après une préparation quasi militaire, tout est en place pour le coup d’essai : le braquage d’une banque en plein Paris. Mais rien ne se passe comme prévu…
Un scénario magistral pour un roman noir, tendre et énervé, qui met en vedette, une fois n’est pas coutume, les vrais oubliés de nos démocraties libérales.

Ce que j’en ai pensé :

Quatre sans-abris ( Paol, Louis, Sonia et Jack ) sont recrutés par Hensley (le metteur en scène ) pour braquer des banques. Ils vont subir un entrainement quasi-militaire dans un château. Lorsqu’enfin ils sont prêts, le braquage en plein Paris peut avoir lieu. Mais rien ne se passe comme prévu, il y aura des pertes humaines. Ils se sont fait berner. Au même moment un autre braquage a lieu qui lui,finira en boucherie.

Le commissaire Degrave se charge de l’enquête. Il est dans le même temps très inquiet pour son fils Petit Pierre qui se rapproche des milieux d’extrème droite sans que lui et son épouse n’aient su réagir à temps, pensant que ça lui passerait. Ils se demandent comment de telles idées ont pu germer en lui. Petit à petit, Degrave comprend que son fils est peut-être bien mouillé dans des affaires bien louches.Nos deux rescapés Sdf vont remonter jusqu’au commanditaire des braquages.

Un roman sombre, politique et réaliste qui explore les milieux néo-nazis sans concession. C’est écrit dans un style fluide, avec un regard très juste sur notre société. Ce qui n’est pas le moindre compliment pour un roman noir : on se fait embarquer et les éléments se mettent en place progressivement pour un final déroutant. Les personnages principaux, comme annexes, sont tous très bien décrits.

Actes Sud-10/ 2011 – 416 p- 23,40€
trad.Marianne Millon

Ce roman se situe à Madrid après les attentats du 9 novembre,et la robotique a gagné du terrain .Malgré toutes ces avancées, les meurtres atroces continuent .La police a recours aux appâts, hommes et femmes recrutés  souvent très jeunes et dans le cas de Diana, après un traumatisme.

Diana Blanco est le meilleur appât de Madrid. Elle se fait du souci pour Vera, sa soeur, futur appât. Ces appâts sont formés en jouant des pièces de Shakespeare dans lesquelles les psychiatres ont décelé 50 phillias
En fait les appâts jouent des scènes que les psychopathes attendent, espèrent, qui les font jouir, les conduisant parfois à la mort. Pour ces flics, les pièces de Shakespeare représentent le psynome (le désir ) et la phillia ( variante au sein du psynome)  de chaque être humain. Combien d’appâts seront sacrifiés en partant sur les traces du Spectateur ? Diana se lance à sa poursuite, Vera est en danger.

Somoza a écrit un thriller psychologique captivant. Vous commencez à le lire et voilà que vous ne pouvez plus le lâcher. L’auteur étant psychiatre il n’est pas surprenant que ses romans regorgent de psychologie. Quel plaisir de suivre l’enquête et de frissonner ! Dans cet après-attentat, la police forme et utilise ses appâts les considérant avant tout comme des instruments et non plus comme des humains. Délaissant les machines qui ont montré leurs limites, les Appâts les remplace.

Décidément, avec La Dame numéro 13 , Clara et la pénombre, j’ai attrapé le virus José Carlos Somoza et je ne lutte même pas.

Editions Liana Levi – « Policiers « 
Trad.de Dominique Lepreux
06-05-2011 / 384 pages
20,30 €

Ce qu’en dit l’éditeur :

Les Galiciens? Ce sont des taiseux selon Rafael Estevez, adjoint de l’inspecteur Caldas. Et dans la halle aux poissons du port de Panxón, les mots ne servent qu’à surenchérir lors des ventes à la criée. Impossible de tirer des pêcheurs une quelconque information, même un noyé qui gît mains ligotées sur la plage les laisse de marbre. Pourtant, sur cette côte espagnole battue par l’Atlantique, la rumeur court, silencieuse. Elle parle de naufrages, de bateaux engloutis, de vengeance des morts, d’amulettes contre le mauvais sort… Au comptoir des tavernes où se retrouvent les marins, dans le brouhaha des conversations et des parties de dominos, on peut en saisir quelques bribes. Mais difficile pour nos deux policiers de tirer le bon fil dans cet enchevêtrement d’histoires vraies et de superstitions…

Ce que j’en ai pensé :

Le roman se déroule en Galice près de Panxon. Un homme est retrouvé noyé les mains liées non loin d’un petit port de pêche. Un suicide pense-t-on dans un premier temps, mais la soeur du défunt n’y croit pas. L’inspecteur Léo Caldas accompagné d’ Estevez, l’aragonais va mener une enquête laborieuse car les galiciens sont des taiseux au grand désespoir de l’aragonais, impulsif qui n’hésite pas à défoncer des portes ou distribuer quelques baffes au passage.
Des rumeurs circulent, l’on aurait aperçu Sousa capitaine de bateau pourtant décédé 12 ans auparavant. Pour les deux inspecteurs, il va falloir démêler le passé pour éclaircir cette affaire complexe. Car non seulement les habitants sont des taiseux mais ils font partie de la communauté des pêcheurs…chacun sait quelque chose mais il faut bien du talent pour saisir dans les silences la vérité. Caldas est patient.

L’intrigue est stimulante, intrigante avec ses fantômes surgis du passé. Je me suis promenée dans les paysages, j’ai goûté les saveurs marines ( que de plats évoqués dans ce roman). Léo Caldas et son acolyte sont des personnages attachants que j’ai envie de retrouver rapidement.

C’est beau, c’est la Galice, et Villar nous sert une intrigue à caractère sociologique et des drames de la vie laissant leur empreinte indélébile au coeur des pêcheurs et de leur communauté.

Editions Rivages noir – 368 p
Paru le 01-03-2007 – 8.65 €

La ménagerie c’est Malo Rottweiler dit Le chien, mais aussi Impala, Le chameau, Le Pottock, la marmotte. Ces noms d’ animaux totems leur avaient été attribués par Jean-Loup Fresnel, Loup. Le roman s’ouvre sur la mort brutale de celui-ci. Les enquêteurs souffrent, surtout Le chien car orphelin tout petit c’est Loup qui lui aura permis de se sortir des embarras.
Puis l’enquête emmène nos inspecteurs vers le meurtre de deux danseurs pour femmes, qui ont été assassinés dans de grandes souffrances comme affectionnait de le faire les nazis.
Au commissariat, parviennent des lettres de dénonciation signé par un certain Thor. Pour un moment tout laisse à penser que les milieux d’extrème droite sont mêlés à ces affaires.
Allant chercher des indices au domicile de Loup, Le chien se fait agresser et Le chameau est blessé à la cuisse.
Bientôt Rottweiler comprend qu’il faudra remonter dans le passé pour élucider le présent, passé qui mène en Normandie. Il y découvrira une facette de Loup qu’il ne soupçonnait pas.

Un très bon roman qui file vite, fort bien écrit avec des personnages fouillés et de l’humour. J’ai adoré. Il existe une trilogie avec Loup, je vais certainement la lire…la question est quand ?