20_07_16

Lorsque Garance se présente chez Marylène et Jean-Michel c’est pour postuler en tant que femme à tout faire, en apparence car en fait nous apprenons très vite qu’elle est à la recherche de sa fille, Sophie, disparue inexplicablement quatre ans auparavant. Sophie aime les cochons, beaucoup et elle travaillait dans l’exploitation d’élevage porcins, consciencieusement, et efficacement comme va l’apprendre Garance en approchant les différents employés de la porcherie : l’idiot, le patron, Bambi l’équarrisseur.

Le couple est arriviste, rien ne semble pouvoir freiner leur appétit d’expansion. Certains employés sont salement immondes.Laurence Biberfeld pénètre cet enfer sans faire de concessions, tout simplement, décrivant les conditions d’enfermement de ces animaux.Les mots sont forts, évocateurs d’autant qu’elle nous fait entrer dans les pensées des cochons, des truies et des petits…forcément ça ne laissera personne indifférent.Ici, nul besoin d’images chocs pour comprendre la peur, la douleur, l’horreur.Les mots suffisent y compris pour sentir toute la puanteur d’un tel endroit. C’est la force l’écriture de l’auteure, son pouvoir.Mais il n’y a pas que les cochons il y a aussi toute cette faune évoluant autour de la porcherie, évidemment cela peut surprendre, des phrases ponctuées de son animal : le chat, le rouge-gorge, le serpent, les rats etc…cette faune, tous ces animaux sont aussi des personnages, de magnifiques personnages s’interrogeant sur l’imbécillité humaine, s’étonnant de l’agitation, des témoins, un peu comme dans les fables et contes de notre enfance. Un tour de force, une idée géniale.

Ce que vit le rouge-gorge c’est aussi des histoires d’amour : amour dévorant et passionnel pour Marylène envers Jean-Mi, amour de Jean-Mi pour Garance, amour de Léo l’idiot envers Sophie et amour sans illusion mais profond entre Garance et Bambi. Ça signifie pas mal de mélo et probablement pas mal d’ennuis pour certaisn-e-s.

La part d’ombre des uns et des autres éclate au grand jour.

Laurence Biberfeld a encore signé là un splendide roman noir atypique comme j’aime. Un roman qui touche au coeur du questionnement social mettant en valeur des marginaux, ou plus précisément ceux que l’on dit être marginaux. J’avoue que c’est important pour moi et que c’est ce qui m’intéresse tant dans les récits de l’auteure. Les éditions Au delà du raisonnable sont à remercier d’avoir le courage de publier ce type d’histoire. Espérons que les lecteurs seront au rendez-vous même si ce récit est éprouvant il respire néanmoins l’amour et l’humanité.

Vous qui lisez cet article, qui aimez l’écriture et les histoires hors les sentiers battus … Lancez-vous !

 

James.G.BallardQue notre règne arrive – J.G. Ballard

 

 » – Et le cycle se répète. » Je m’adossai, conscient du souffle brûlant de Maxted dans l’atmosphère. » D’autres attaques racistes et incendies, d’autres hôtels pour immigrants brûlés de fond en comble. Alors comme ça, les gens de la voie rapide en ont assez de mâchouiller des brindilles. Une question se pose, quand même. Qui organise des crises de folie ?

– Personne. C’est ce qui fait la beauté de la chose.La psychopathie élective attend en nous, prête à surgir dès que le besoin s’en fait sentir. Il s’agit d’un comportement de primate dans ce qu’il y a de plus extrême. Les chasses aux sorcières, les autodafés, les bûchers d’hérétiques, le tisonnier brûlant enfoncé dans le fondement de l’ennemi, les gibets à l’horizon. La folie choisie peut infecter une résidence ou une nation entières.

– L’Allemagne des années 30 ?

– Très bon exemple. Même de nos ours, on s’imagine que les chefs nazis ont entraîné le peuple allemand dans les horreurs d’une guerre raciste. C’est ridicule. Les allemands étaient prêts à tout pour s’évader de leur prison. La défaite, l’inflation, les réparations de guerre grotesques, la menace des barbares orientaux. Devenir fous leur redonnait la liberté, alors ils ont choisi Hitler pour mener la chasse. Voilà pourquoi ils sont restés unis jusqu’au bout. Ils avaient besoin d’adorer un dieu psychopathe, ils ont recruté un M.Personne, et ils l’ont hissé sur l’autel le plus élevé. Les grandes religions font ça depuis des millénaires.

– Des états de folie élective ? Le christianisme ? L’islam ?

– De vastes systèmes d’illusion psychopathe qui ont tué des millions de gens, déchaîné des croisades et fondé des empires. Grande religion égal danger. De nos jours les gens sont prêts à tout pour croire, mais ils n’atteignent Dieu qu’à travers la psychopathie. Regardez les endroits du monde les plus religieux – le Moyen Orient et les Etats Unis. Ce sont des sociétés malades, dont l’état va empirant. Les gens ne sont jamais plus dangereux que quand ils ne peuvent plus croire d’en Dieu.

– Mais en quoi d’autre peut on croire ?  » J’attendis une réponse, pendant que le psychiatre regardait le MétroCentre par la fenêtre panoramique. Mon hôte avait les poings crispés en l’air comme s’il cherchait à stabiliser le monde qui l’entourait.  » Docteur Maxted ?

– En rien. Hormis la folie. » Après s’être ressaisi, il se retourna vers moi.  » Les gens ont l’impression que l’irrationnel est fiable. Qu’il offre la seule garantie de liberté face à l’hypocrisie, aux salades, à la pub dont les abreuvent politiciens, évêques et universitaires. Alors ils redeviennent volontairement primitifs. Ils sont en quête de magie et de déraison, parce qu’elles se sont révélées bien utiles par le passé et qu’elles leur serviront peut-être à nouveau. Ils ont envie d’entrer dans un nouvel Age Noir. Les lumières sont là, mais elles s’éloignent dans la nuit intérieure, la superstition et la déraison. L’avenir verra entrer en compétition les grandes psychopathies, toutes délibérées, toutes issues d’une tentative désespérée d’échapper au monde rationnel et à l’ennui du consumérisme.

– Le consumérisme mènerait à la pathologie sociale ? C’est difficile à croire.

– Il lui ouvre le chemin. La moitié des produits qu’on achète de nos jours n’est guère constituée que de jouets pour adultes.Le danger, c’est que le consumérisme a besoin de quelque chose de très proche du fascisme pour continuer sa croissance. (…)

– Mais pas de bottes cavalières, fis-je remarquer. Ni de Führer fulminant.

– Pas encore. De toute manière, ils appartiennent à la politique de rue. Nos rues à nous sont les chaînes du câble. Nos insignes du parti, nos cartes de fidélité or et platine. Ça vous paraît un peu ridicule ? D’accord, mais tout le monde trouvait les nazis vaguement marrants. La société de consommation est une sorte d’Etat policier mou.On croit avoir le choix, mais tout est coercitif.Si on n’achète pas encore et toujours, on est mauvais citoyen. Le consumérisme crée d’énormes besoins inconscients, que seul le fascisme peut satisfaire. En fait, le fascisme est la forme que prend le consumérisme quand il opte pour la folie élective. »

traduit de l’anglais par M.Charrier

lhomme-chauve-sourisL’homme chauve-souris – Jo Nesbo

– « Est-ce que tu t’es déjà trouvé seul en l’air, Harry ? Tu as déjà volé ? Est-ce que tu as sauté de très, très haut, et senti l’air essayer de te porter, te recevoir et caresser ton corps ? »

Joseph avait déjà correctement entamé la première bouteille, et sa voix s’était enrichie d’un timbre chaud.

Le regard brûlant, il décrivit à Harry la beauté d’un saut en chute libre :

«  Ça réveille tous les sens. Tout ton corps te crie que tu ne peux pas voler. « Mais je n’ai pas d’ailes », te crie-t-il en essayant de couvrir le boucan de l’air qui siffle dans tes oreilles. Ton corps est persuadé qu’il va mourir et tire tous les signaux d’alarme – réveille complètement tous tes sens pour savoir si l’un d’entre eux arrive à trouver une issue. Ton cerveau devient l’ordinateur le plus puissant qui soit, il enregistre tout ; ta peau sent la température qui monte au fur et à mesure que tu tombes, tes oreilles sentent la pression qui augmente, et aucune ride ni aucune nuance chromatique ne t’échappe dans la carte que tu as sous toi. Tu peux même sentir la planète qui s’approche. Et si, à ce moment là, tu arrives à repousser la peur de la mort au second plan, Harry, tu es pour un instant un ange, à tes propres yeux. Tu vis une vie entière en quarante seconde.

– Et si tu n’arrives pas à repousser cette peur de la mort ?

– Il ne s’agit pas de la repousser complètement, juste de la mettre au second plan. Parce qu’elle doit être présente, comme un son clair et perçant, comme de l’eau froide contre la peau. Ce n’est pas la chute, mais la peur de mourir, qui réveille les sens. Elle apparaît d’un coup, comme un rush dans tes veines, au moment où tu quittes l’avion. Comme se piquer. Elle se mélange ensuite à ton sang, et te rend bien-heureux et fort. Si tu fermes les yeux, tu peux la voir comme un beau serpent venimeux qui te regarde de ses yeux reptiliens.

– Tu parles de ça comme si c’était une drogue, Joseph.

– Mais c’est une drogue ! Répondit Joseph qui gesticulait maintenant à qui-mieux-mieux. C’est exactement ça. Tu veux que la chute dure toujours, et quand tu auras sauté un certain nombre de fois, tu remarqueras qu’il t’est de plus en plus difficile de tirer sur la poignée d’ouverture du parachute.Tu finiras par avoir peur d’une overdose, un jour, et de ne pas tirer sur la poignée, et là, tu arrêtes de sauter. Et c’est là que tu te rends compte que tu es devenu dépendant. L’abstinence te déchire, la vie te semble dénuée de sens, triviale, et tu te retrouves à nouveau tassé derrière le pilote dans un vieux Cessna qui met des plombes à monter jusque dix mille pieds, ce qui ne l’empêche pas de te grignoter toutes tes économies. »

Roman traduit du norvégien par Élisabeth Tangen et Alexis Fouillet 

GardiensVéritéLes gardiens de la vérité – Michael Collins

J’appelle celui-ci «  Ode à un directeur stagiaire ».

Quand vous entrerez dans notre ville, j’aimerais que vous lisiez ce qui suit, pour vous éclairer sur la façon dont ça se passe ici, avec nous, à ce moment de l’histoire. C’est vraiment la chose à faire. Même au Moyen Age ils mettaient des panneaux où on pouvait lire : « Peste ! Défense d’entrer ! »

Voilà ce que je dirais…

Nous n’avons rien fait dans cette ville depuis plus de dix ans. C’est comme si la peste s’était abattue sur nos hommes, tout aussi horrible que les dix plaies d’Égypte. Avant, nos hommes fabriquaient des voitures, des feuilles de métal, des caravanes, des machines à laver et des sèche-linge, des encadrements de porte, des poutrelles d’acier pour les ponts et les gratte-ciel. Notre ville avait dees contrats avec Sears, Ford et General Motors. Tout le monde travaillait dans une usine, on pliait le métal pour lui donner la forme d’ailes de voiture, de joints de culasse, de culasses, de têtes de Delco, et on cousait des sièges de vinyle pour des Cadillac et des Continental. Les mains nous démangeaient de faire quelque chose. Les usines étaient nos cathédrales, qui avaient poussé dans les Grandes Plaines.

Autrefois le vacarme, le grondement souterrain des machines emplissait notre conscience. Vous auriez ressenti le son répété des marteaux-pilons sous notre couche de neige quand l’hiver s’abattait et nous fermait au monde extérieur, transformant les choses tandis que la neige lourde tombait sur les plaines et nous isolait.Nos fourneaux saignaient dans la neige, un creuset de feu parmi les plaines. La paix régnait à l’époque, et la sécurité, on roulait tous sous les globes des lampadaires dans les rues labourées, on rentrait lentement chez nous en voiture, épuisés, tandis que les machines de notre existence avalaient l’équipe de nuit. Vous auriez vu le lent serpent des trains chargés des voitures luisantes que nous avions fabriquées partir vers les grandes villes des côtes Est et Ouest.

Si vous étiez venus nous rendre visite dans la chaleur brûlante de l’été, vous auriez vu nos hommes dans des T-shirts jaunes pleins de taches, ruisselants de sueur, qui mangeaient au bord de la rivière dans des gamelles en fer, et descendaient du Coca-Cola glacé et des seaux de bière fraîche. Vous auriez vu comment ils s’essuyaient la bouche de l’avant-bras, avec une grande satisfaction, avant de se lever, de s’étirer et de faire le tour des cours d’usine en tirant de longues bouffées de leur cigarette. Vous auriez peut-être entendu le bruit sec d’une batte de base-ball pendant la pause du déjeuner, nos hommes couraient d’une base à l’autre autour des terrains derrière les usines, et lançaient des balles au-delà du périmètre des grès brun de notre existence. Il y avait de la bière bon marché dans l’obscurité des bouges pour les hommes qui en avaient besoin, et tout un assortiment de putains dans le vaste labyrinthe des viaducs et des mares de refroidissement des fonderies. Nous avions aussi une fabrique de chocolat, dans laquelle nos jeunes femmes coiffées de toques de pâtissières collaient des caramels au lait sur des plaques de cuisson cirées. Vous les auriez rencontrées en train de fumer, accotées aux murs de grès noircis, de pâles fantômes couverts de farine. Elles avaient cette luxueuse odeur de cacao et de cannelle incrustée dans les pores de la peau.

Et par une chaude nuit d’été, vous nous auriez trouvés dans le destin collectif d’un drive-in en voiture dans l’air chaud et humide de l’été vous auriez entendu les cris perçants dans le réseau de l’horreur de vivre pendant la guerre froide, alors que des fourmis géantes nées d’un holocauste nucléaire attaquaient la ville de New-York.

Il y avait un mouvement permanent dans notre ville, dense et inépuisable, autonome, l’alimentation éternelle des fourneaux se poursuivait nuit et jour avec nous dans un isolement magnifique, les gardiens de l’industrie. Vous auriez pensé, comme nous, que les moyens de production ne cesseraient jamais de fonctionner, mais vous auriez eu tort.

Aujourd’hui, nos usines près de la rivière sont abandonnées, les fenêtres crevées, des touffes d’herbe poussent à travers les toits effondrés. Nous sommes en guerre contre nous-mêmes dans la plus grande calamité que notre nation ait jamais affrontée. Nous nous entre-tuons dans des échanges truqués, dans un marché noir de la drogue qui se déroule à l’ombre de nos cathédrales abandonnées. Nos adolescents se glissent parmi ces ruines, escaladent les clôtures fermées par des chaînes, arrachent les tuyaux de cuivre des usines, et les vendent. Des issues de secours rouillées conduisent à des escaliers qui vont vers l’oubli et les ténèbres. On traîne, dans les cours, des machines à l’allure préhistorique que l’on cannibalise de tout ce qui a de la valeur, carcasses de l’industrie. Nos filles écartent les jambes sur le plancher d’ateliers dans lesquels autrefois nos hommes martelaient de l’acier. Nous sommes encerclés par des champs de maïs, cernés par des récoltes dont la culture ne paie plus. La bourse de commerce a été liquidée. Il y a des montagnes de beurre et des montagnes de blé, des stocks de nourriture en train de pourrir, qu’il faut détruire à cause de la surproduction et de la chute des prix.

Nous sommes à présent une ville de directeurs stagiaires.Oh, heureux sommes-nous qui avons hérité de la friteuse ! Maintenant, nous mangeons. Cela est devenu notre unique occupation, nos mains oisives ont trouvé quelque chose à attraper. Nous attrapons surtout des hamburgers, dans une manifestation carnivore de désir sublimé pour nos machines mortes. Nous avons McDonald’s, Burger King, Arby’s, Hardee’s, Dairy Queen, Shakey’s, Big Boy, Ponderosa, Denny’s, International House of Pancakes…

Mais cela vous ne le lirez jamais sur des panneaux aux portes de notre ville.

Roman traduit de l’anglais ( États-Unis ) par Jean Guiloineau

La Brigade des loups : 3ème épisode Lilian Peschet Voy’el- collection e-courts Couverture : El Theo

La Brigade des loups : 3ème épisode
Lilian Peschet
Voy’el- collection e-courts
Couverture : El Theo

La Brigade des loups : épisode 3 et 4

Attention si vous n’avez pas lu les épisodes précédents ces quelques mots sur les épisodes 3 et 4 peuvent vous gâcher quelques révélations. Maintenant que vous voilà prévenus en route pour cette suite trépidante.  

2020. L’épidémie de lycanthropie sévit en Europe depuis près de trente ans. La Roumanie est l’un des pays les plus en pointe concernant la recherche sur ce rétrovirus, mais aussi l’un des rares où les lupins ont le droit de vivre dans la société.
Sous certaines restrictions.
Pour s’occuper des crimes lupins, des unités de polices spéciales exclusivement composées de malades ont été créées.
On les appelle les Brigades des loups.

Vasile, l’ex Cap de la Brigade des loups va être jugé. La haine anti-lupin a pris une ampleur considérable, à tel point que l’armée s’affaire autour du tribunal.

Le pétage de plombs de Vasile a permis aux extrémistes d’installer un climat de peur et de rejet asseyant par la même occasion leur soif de pouvoir et de domination. La population semble favorable à l’euthanasie et des milices se sont formées. La presse est là « Ils veulent contempler ce loup qui a perdu son humanité. Ce monstre. »

Tandis que le tribunal est assiégé par la foule haineuse, le QG est attaqué.

Dans cette foule quelques résistants secourent Mikaï et Vasile.

La situation est à l’urgence, la Brigade est scindée. Chacun a conscience que désormais c’est la place au génocide, le retour à la traque. Dragos et Yakov sont mis aux arrêts.Vasile et Mikaï fuient.

Pavel impuissant constate 

Y a quelque chose d’irrationnel chez l’homme. Un truc sauvage. Dangereux. Il a beau mettre des vêtements, se raser, se coiffer, se recouvrir de parfum, pour avoir l’air civilisé, il reste bête. Bien pire que nos monstres. Car nos monstres, au moins, ils portent sur leur visage leur sauvagerie.

Comme le souligne le Cap’ «  les loups sont devenus incontrôlables ».

Paradoxalement, il y a comme une envie d’en découdre, pour prouver qu’on est pas dangereux. C’est idiot. Mais l’exclusion et la haine rendent idiots.

Au total, un épisode qui fait charnière dans cette série, ce qui explique peut-être pourquoi à sa première lecture je l’ai trouvé un peu «  poussif » dans le sens où j’ai eu l’impression que l’auteur avait eu plus de difficulté à le narrer. Ceci n’enlève rien à l’intérêt de l’histoire d’autant que le côté politique est bien développé, pertinent, avec des coins obscurs dont on attend la résolution avec curiosité. Et surtout, j’aime beaucoup comment Lilian traite ses personnages. Il y a un humanisme, une tendresse et un respect pour la Brigade qui m’émeuvent beaucoup. Et je ne parle pas des quelques trouvailles sympathiques de cet épisode.

Episode 4 :

C’est surtout à partir de maintenant que le risque de spoiler est le plus important.

 Nous suivons Mikaï et Vasile toujours en fuite. C’est l’occasion pour Mikaï de remonter ses souvenirs, ceux de 1991 dans lesquels il fuyait en compagnie d’un ami Hanz.

Mikaï et Vasile sont pourchassés, arrivant dans une ville, Mikaï crie pour savoir si des loups sont dans le coin. On lui répond mais ce n’est pas ceux qu’il croit. S’ensuit une bagarre intense dont ils seront sauvés in extrémis par d’autres loups, cette fois des alliés. Car à leur grande stupeur ces loups étaient des soldats : stupeur car les lupins ne portent pas d’armes en théorie. Mikaî perdra un bras dans cet affrontement. Quant à Vasile il est encore à moitié dans les vapes se demandant où est sa Brigade, depuis combien de temps tout a dérapé ainsi. Les lupins résistants vont leur faire des révélations utiles et inquiétantes entre autres que les Brigades n’existent plus, que ses lupins sont emprisonnés et «  formatés », en une armé aveugle et soumise. Fin de cet épisode après l’assaut du camp où se trouvent les ex membres des Brigades des loups.

Un épisode haletant, sans temps morts qui nous permet d’en apprendre beaucoup plus sur Mikaï et la façon dont ont été traités les lupins depuis des années. On pressent derrière tout ça quelque chose de puissant et terrible sans pouvoir. La haine, la peur prennent de multiples visages et les plus horribles ne sont pas toujours ceux auxquels ont pourrait croire en premier.

Verdict ? Lisez cette série éditée par Voy’el et plus vite que ça !! Le premier épisode est toujours gratuit, les suivants à 99 cts d’€ chez L’immatériel ( par exemple ) 

Mon avis sur les épisodes 1 et 2  en cliquant sur les liens.

L’avis de Cécile Duquenne sur l’épisode 3 sur son blog

A noter que l’émission Rêves et Cris a fait l’éloge de La Brigade des loups dans son émission du 17 janvier 2014. Cliquez pour lire la vidéo

Quelques bibliothèques dans mon chez moi.

Quelques bibliothèques dans mon chez moi.

 

L’origine de ce billet est sur un statut Facebook, celui de Fabrice Colin sur lequel est intervenu Julien Simon annonçant qu’il est en train de traduire en français Le roi en jaune de Robert W.Chambers appartenant au domaine public et qu’il souhaite en proposer une version numérique gratuite. Honnêtement, je ne connaissais absolument pas l’auteur et encore moins l’oeuvre donc, mais les réactions m’ont donné furieuse envie de découvrir.

C’est avec un poil de consternation que j’ai lu certains commentaires de la part de «  professionnels ». Cette levée de boucliers a entraîné des articles l’un de Neil Jomunsi ( Julien Simon )  l’autre de Julien Morgan .

Il se trouve que Le Roi en jaune est en vente chez Malpertuis

Pourquoi cette montée en puissance de réactions négatives à la limite du respectueux ? Qu’en pensons-nous, nous lecteurs de cette affaire ? Je vais parler en mon nom.

Après tout, je n’ai aucun scrupule à télécharger du libre et gratuit sur noslivres.net par exemple. Est-ce que pour autant je vais culpabiliser parce que des traducteurs, des illustrateurs ont bossé sur les titres payants ? Non, sûrement pas.

Les personnes qui donnent accès à ces titres libres et gratuits font un gros travail, et là je ne parle pas que de la traduction, de la mise en page etc, je parle de la mise à disposition d’un patrimoine culturel commun, à sa propagation pour l’intérêt de tous, pour le bien de la culture. Et surtout, au fond de moi une petite voix susurre à mon oreille, c’est ça l’égalité d’accès, pas besoin d’avoir le porte-monnaie ouvert et toutes les familles chanceuses qui ont accès à internet peuvent s’offrir une part du patrimoine mondial ( sous certaines conditions ).

Alors pourquoi sous prétexte qu’un éditeur, un traducteur, un illustrateur ( et tous les autres acteurs de cette chaîne) ont bossé sur une version papier de l’ouvrage je devrais culpabiliser de me diriger vers une version numérique gratuite ?

Prenons l’exemple de Lovecraft. J’en ai plusieurs livres papiers, et d’autres en numériques que je n’ai pas achetés, et depuis peu existe grâce à François Bon The Lovecraft Monument qui propose pour un abonnement de 11 € l’accès en continu à tout son contenu ( riche et varié ). Encore plus surprenant direz-vous le fait qu’un accès gratuit me soit proposé ne me fera pas reculer devant un achat par la suite. Pourquoi ? La lectrice en moi cherche la découverte, se fait souvent menée par le bout du nez par sa curiosité vorace et insatiable.

Aussi la mise à disposition gratuite de certains textes me permet-elle de «  défricher » en quelque sorte. C’est en cela que j’approuve le billet de Julien Morgan « Est-ce que proposer du gratuit permet de vendre plus de payant ? Oui ou non. Impossible de savoir avec certitude si un lecteur achète un ebook parce qu’il a été convaincu par le gratuit. »  Ce qui est certain, c’est que les éditeurs qui proposent du gratuit donnent un aperçu de leur travail ( je résume à éditeurs mais vous m’aurez comprise ) et que ce travail s’il est bien fait, et s’il correspond à ma vision en tant que lectrice m’incitera probablement à chercher un titre que je payerai volontiers. Encore une fois, je cite Julien Morgan « Un lecteur qui télécharge gratuitement, c’est un promoteur de plus de votre travail (et de celui de l’auteur). Pour peu que vous fassiez votre boulot sérieusement. »  Ça semble tomber sous le sens, eh bien il faut croire que non pour certains professionnels.

Je n’aime pas utiliser des termes commerciaux pourtant il faut bien en passer par là. Ce qui me fait souvent sourciller d’ailleurs, c’est de me voir qualifier de «  cœur de cible », « masse », « consommatrice », « cliente » mais si au moins tout cela rendait service à ces professionnels ce serait bien, si de tout cela découlait une offre véritable, un vrai respect,souci du lectorat mais non, que nenni …Encore plus exaspérant, sous prétexte que les lecteurs n’y connaissent (-traient ) rien, n’appartiennent pas à ce sacro-saint milieu ils n’auraient qu’à se taire et se garder de toutes interventions sur le sujet. Bon à racker mais pas à suggérer, pas à critiquer …quel comportement édifiant. Ah si j’oubliais, le lecteur peut voter pour des œuvres,des auteurs …ça, par contre le moment venu on sait bien nous trouver, et ça brosse, ça lustre, ça appâte…

Honnêtement, il y a un comportement rapace dans toute cette histoire qui a tendance à me révulser.

Je ne peux pas clore ce billet ( rédigé un peu à l’arrache et à peine structuré mais Stéphane Desienne  et quelques uns m’ont dit que c’est pas plus mal;) ) sans aborder l’auto-édition tant décriée, et souvent méprisée, fort injustement d’ailleurs.

Parce qu’un artiste, ici un auteur ose se lancer seul la qualité de son œuvre serait médiocre et il nuirait à ce sacro-saint monopole de l’édition ? Voyons voir un peu de mon expérience personnelle sur ce sujet. Je lis régulièrement des auto-édités sans sauter au plafond devant les fautes d’orthographe, leurs récits sont la plupart du temps bien fichus. Après c’est comme partout, une question de goûts et de couleurs. Ceci dit, il m’est arrivé de lire des ebooks truffés de fautes, mal fichus proposés par des maisons d’éditions et parfois même d’avoir tiré la sonnette d’alarme en disant: Vous ne pouvez pas le laisser à la vente dans cet état. Pauvre auteur édité qui n’a même pas bénéficié du travail d’un relecteur, d’un correcteur.Alors ? Tout ça pour dire, personne n’est à l’abri d’une coquille même un éditeur aussi prestigieux soit-il.

J’ai beaucoup de respect pour tous les acteurs de la chaîne du livre ( libraires inclus évidemment). Le fait d’acheter du libre et du gratuit ne me rend pas coupable vis à vis de ce monde littéraire. Ce n’est pas à moi, nous lecteurs, de nous remettre en cause mais bien à vous tous de réfléchir avec nous à un avenir plus fleurissant qui ne pourra que réconcilier chacun avec l’amour du lire et de la découverte. Moi, lectrice, je veux avoir le choix.

Je ne suis pas une consommatrice de livre, j’en suis lectrice, je les aime et les respecte quelque soit leur forme (at ).

Ce billet est incomplet, j’en suis consciente. J’ai essayé de retranscrire du mieux possible mon sentiment, mes attentes et mes espoirs.

Le rêve Omega-Ep.1: Souvenirs mortels Auteur : Jeff Balek  Ed.Bragelonne - Coll. Snark Janvier 2014

Le rêve Omega-Ep.1: Souvenirs mortels
Auteur : Jeff Balek
Ed.Bragelonne – Coll. Snark
Janvier 2014

 Le rêve Oméga : Souvenirs mortels ( ép. 1 )

Garibor Coont a un passe-temps peu ordinaire et rare, ce passe-temps lui est accessible parce qu’il est ouvrier disséqueur. Frauduleusement, il extrait la mémoire d’Heisenberg de certains morts, leur implant mental. Lui, son truc est de reconstituer la vie du cadavre à partir de cette fameuse mémoire. Il se croit à l’abri prenant toutes les précautions. Mais le Yumington de 2075 connaît une grosse expansion de technologies et au total il voit arriver chez lui l’agent John Smith envoyé par l’Organisation.

Imagine tout un réseau de capteurs haute fréquence qui quadrille la ville. Des capteurs censés faire tout autre chose qu’enregistrer les ondes rémanentes de ton implant, comme la gestion des feux rouges par exemple ou des bots censé réguler la circulation ou animer les panneaux publicitaires. Toutes ces petites antennes, ces petits relais…Tout ça te capte, te surveille, t’observe.

Sécurité oblige. Et pour ton plus grand bien.

Garibor n’a pas le choix et le voilà embringué dans une affaire qui pourrait bien le dépasser complètement. L’Organisation surveille tout événement qui sort de l’ordinaire. Garibor doit découvrir la source de ce virus qui efface la mémoire de ses victimes.

Ce sera tout pour l’aperçu de Le rêve omega : Souvenirs mortels, premier épisode. J’ai bien trop peur de spoiler sans le vouloir.

Si vous visitez régulièrement ce blog, Yumington ne vous est pas étranger, dans le cas contraire je vous invite chaudement à visiter le site créé par l’auteur Jeff Balek qui vous expliquera tout sur la ville et le projet.

Le récit de la série Le rêve Oméga de la nouvelle collection Snark des éditions Bragelonne se situe en 2075  Epoque qui a vu fortement évoluer la ville tant en surface qu’en sous-sol ( ainsi Garibor vit-il dans un cubicle sous terre ). On suppose une bataille technologique et de manipulations…surtout quand la société est bourrée de tels instruments.

Le style est vif, les chapitres courts, ce que j’affectionne beaucoup car chez moi ça provoque l’irrésistible besoin de continuer … c’est pour cela que je l’ai lu d’une traite, ne pouvant me résigner à remettre au lendemain la suite.

Jeff Balek égratigne au passage quelques avancées technologiques tant vantées aujourd’hui par certains et sous couvert de science-fiction fait travailler le cerveau ( comme bon nombre de récits de SF d’ailleurs).

Au total, Souvenirs mortels ouvre la série avec talent. Et puis, ça faisait un moment que j’attendais le retour de l’auteur dans sa ville et je suis comblée par cette époque. Bravo et merci !

Ce premier épisode est gratuit, vous pouvez le télécharger ( tous supports et sans DRM ) par ici par exemple.  

Les étoiles regardent aussi : Tome 1 Mendung

Mendung ( T 1 Les étoiles regardent aussi )  Julien Morgan Ebook - Autopublié Couv : Lysander Keris Sept- 2013

Mendung ( T 1 Les étoiles regardent aussi )
Julien Morgan
Ebook – Autopublié
Couv : Lysander Keris
Sept- 2013

Le résumé : Un demi-siècle après qu’un signal extraterrestre a été capté à l’observatoire de Lembang, en Indonésie, le vaisseau d’exploration le Geminga découvre, dans la constellation du Toucan, une planète qui pourrait en être l’origine. Malheureusement, à peine a-t-il débarqué dans le système solaire que le monde est attaqué par une armada de vaisseaux spatiaux et dévasté par des milliers d’explosions thermonucléaires. A la fois choqué par cette tragédie et inquiet des retombées politiques, l’entrepreneur Jari Orison lance une mission scientifique dans l’espoir de comprendre ce qu’il s’est passé.

Bon je vais pas vous la raconter, le résumé est impeccable mais oui, j’ai beaucoup aimé. Le reproche que je fais est que niveau technique ce n’est pas à la portée de tout le monde MAIS cela donne de la crédibilité à ce space-opéra pour les purs et durs du genre, donc finalement c’est sans aucun doute un bon point pour Julien Morgan

En fait je me suis immergée dans le récit très rapidement, cette histoire de signal, et d’holocauste m’interpellant grandement.

Ensuite, ça prend une ampleur trépidante. Plein de personnages dont l’ héroïne principale, Tallulah qui dans la vie est le matou de l’auteur. Des personnages nombreux mais auxquels on s’attache parce qu’ils sont bons ou au contraire extrêmement détestables.

On trépigne d’en savoir plus, quelques passages paraîtront sans doute plus obscurs mais rapidement on se laisse séduire par les personnages. Mine de rien Julien Morgan nous fait cogiter et c’est cool.

J’ai toujours un faible pour les histoires qui mêlent politique et récit, et ici on retrouve tout ça.

Alors oui je suis pas fortiche en SF, je redécrouvre depuis ma liseuse et là, j’ai été bien servie.

J’ai eu peur aussi quand l’expédition arrive sur Mendung, les habitants ne sont pas à proprement parler hospitaliers mais ajoutez à cela mon goût pour les intrigues et vous comprendrez d’autant mieux mon intérêt pour Mendung et ma curiosité quant à la suite. La musique qui a accompagné Mendung est ici et franchement je comprends à fond.

La chronique déjantée et indispendable de Lilian Peschet

Mendung sur le site de l’auteur

Je vous ai déjà parlé de Julien Morgan avec  Un tour de montagnes russes le soir de la Saint Thorlak

Sur Amazon, SamshWords, itunes, kobo etc à 2 € 95

Bonne découverte à tous !

Face à l'étoile Neil Jomunsi Auto-édition – Ebook Projet Bradbury N° 8 Couverture :Roxane Lecomte

Face à l’étoile
Neil Jomunsi
Auto-édition – Ebook
Projet Bradbury N° 8
Couverture :Roxane Lecomte

Face à l’étoile

 

Le pitch : La vie semble sourire à William Goldsmith : ce candidat à l’élection municipale, ambitieux et séduisant, a toutes les chances de remporter le siège très convoité de maire de Cincinnati. Mais cette image de parfait homme politique menace d’être écornée. Goldsmith est en effet empêtré dans une affaire de corruption mafieuse qui a tout d’une épée de Damoclès. Et puis il y a cette étoile apparue dans le ciel, tel l’oeil de Dieu sur Caïn, qui semble l’observer et pénétrer son âme. Tiendra-t-il sous la pression ? 

C’est la dernière ligne droite avant les élections pour Goldsmith, le stress se fait sentir et Vito, le mafieux avec qui il a passé « contrat » se charge de le lui rappeler.

« Depuis quand la loi fait-elle les maires ? »

Ce William, dit Bill lors d’un monologue intérieur savoureux et sincère étale sa conscience d’homme politique, et c’est à la fois pitoyable, triste et finalement … très humain.

Cependant, les élections ne sont pas seules à faire la une. En effet il y a cette étoile surgit par magie qui suscite interrogations de toutes parts et réveille « en chacun des histoires et des légendes plus vieilles que l’homme lui-même » .Concédant un peu de son temps à ses enfants, Bill les accompagne pour observer cet astre étrange.

C’est à partir de ce moment que le récit glisse peu à peu dans l’étrange pour finir dans l’absurde, l’inattendu, un joli pied de nez au réel.

Ma conclusion toute personnelle, mon avis se résument à : « nous ne sommes que bien peu de chose ».

Face à l’étoile est donc pour moi une réussite, une belle alliance entre le récit noir et le surréalisme.

Et comme cette nouvelle est gratuite c’est l’occasion pour vous de goûter au style de l’auteur et à ce genre particulier.

L’article sur cette nouvelle et les liens de téléchargement se trouve à cet endroit  .Cette note de l’auteur vous aidera peut-être à entrer dans ce récit déroutant, il est vrai.

Deidre  et Chti_suisse  ne partagent pas tout à fait mon avis.

La Brigade des loups : 2ème épisode Lilian Peschet Voy’el- collection e-courts Couverture : El Theo

La Brigade des loups : 2ème épisode
Lilian Peschet
Voy’el- collection e-courts
Couverture : El Theo

La Brigade des loups : épisode 2

Résumé par l’éditeur : 2020. L’épidémie de lycanthropie sévit en Europe depuis près de trente ans. La Roumanie est l’un des pays les plus en pointe concernant la recherche sur ce rétrovirus, mais aussi l’un des rares où les lupins ont le droit de vivre dans la société.
Sous certaines restrictions.
Pour s’occuper des crimes lupins, des unités de polices spéciales exclusivement composées de malades ont été créées.
On les appelle les Brigades des loups.

Un attentat dans un centre commercial de Bucarest. Des revendications d’un groupe indépendantiste moldave. Une autre bombe qui doit exploser. Mais l’ennemi se trouve-t-il vraiment à l’extérieur de Bucarest ? La Brigade risque beaucoup à enquêter sur une affaire où elle n’est pas désirée… 

Quel plaisir de retrouver les enquêteurs de la Brigade des loups !

L’épisode 2 laisse encore une fois la parole aux membres de la Brigade sous forme de récit choral.

L’auteur est toujours aussi proche de ses personnages, qu’il parvient à animer tout en leur donnant une épaisseur. Ainsi nous pénétrons dans leurs souvenirs, qui sont tristes et tragiques pour la plupart. J’y ai senti un réel attachement pour les membres de la Brigade qui bien que souffrant de lycanthropie se révèlent parfois bien plus humains que les non-atteints.

Et cette Brigade se sert les coudes.

Donc Bucarest est menacée par un groupe d’extrémistes poseurs de bombes, le NRM ( Nouveaux républicains moldaves ). Même si la présence de la Brigade des loups ne plaît pas sur les lieux du drame, l’équipe va tout de même remonter les traces des terroristes supposés.

On retrouve ce côté politique qui était déjà plaisant dans le premier épisode, et on apprécie la fluidité de l’histoire, qui, bien que courte, expose clairement les faits. L’écriture de l’auteur lui permet ce tour de force. Et puis, même si sa réputation de bûcheron de l’écriture lui colle à la peau, Lilian Peschet introduit sensibilité et tendresse, il y a vraiment des lignes émouvantes. A l’image de la citation suivante de Yakov plongeant dans ses souvenirs :

En cet instant, toi et ta bouteille, moi et la lettre,  ‘ »nous  » n’existait plus.

Il est impossible de ne pas être captivé par ce récit. On suit avec intérêt la progression des recherches menées par l’équipe et même si il s’agit d’une uchronie, la lecture est aisée.

Je suis déjà impatiente de retrouver La Brigade des loups !

Un grand merci à Lilian de m’avoir permis de le lire en avant-première.

Cet épisode est à 99 cts d’€ et vous pouvez le télécharger, entre autre, sur L’immatériel

Le premier épisode est gratuit, vous pouvez lire mon avis à cet endroit

L’avis de Cécile Duquenne sur La Brigade des loups, épisode 2 sur son blog

Kukulkán - Neil Jomunsi Auto-édition -Ebook Projet Bradbury N° 4  Couverture : Roxane Lecomte

Kukulkán – Neil Jomunsi
Auto-édition -Ebook
Projet Bradbury N° 4
Couverture : Roxane Lecomte

Kukulkán

Pitch : Lorsque Cayetano est appelé ce matin-là pour résoudre un problème de termites chez Jane, une vieille Américaine un peu illuminée persuadée d’avoir des démons sous son plancher, l’exterminateur est à mille lieues de se douter de ce qui se trame dans le sous-sol de Villa Nueva. Aidé par Zorro, son fidèle compagnon à quatre pattes, il devra affronter des entités anciennes et depuis longtemps oubliées, mais qui n’ont rien perdu de leur puissance.

Cette fois Neil Jomunsi nous refait voyager. En route donc pour le Guatemala, ses paysages, ses habitants et leurs usages.

Le personnage central, Cayetano, est intègre et ne se défile jamais devant un travail même si comme pour Jane, la vieille hurluberlue, il pressent qu’il risque de se déplacer inutilement avec son fidèle compagnon, le chien Zorro.

Comme les pompiers, il s’astreignait à se déplacer systématiquement pour constater les faits, quitte à ce qu’il s’agisse d’une fausse alerte.

Ce duo homme-canidé fonctionne à merveille. Zorro parlerait que cela ne m’aurait pas surprise tant ils sont tous deux attachants et attachés l’un à l’autre.

Un ton plus léger donc pour cette 4 ème nouvelle du Projet Bradbury, ce qui ne signifie pas pour autant que l’auteur n’y introduit pas un pied de nez fort bien venu aux profiteurs et rapaces.

Cayetano n’est pas homme à faire l’autruche, sa probité va le mener à faire une découverte qui tirera la nouvelle vers la fantaisie ( avec un clin d’oeil mais pour savoir à qui, lisez l’article de présentation de la nouvelle sur le site de Neil Jomunsi ).

 Kukulkán est une nouvelle au ton plus léger, bien rythmée en péripéties avec une chute qui m’a complètement réjouie. J’ai beaucoup apprécié Cayetano et la ballade au Guatemala. Le côté mythe est aussi bien agréable.

Comme les précédentes, Kukulkán est à 99 cts sur Amazon  et sur Smashwords  et bientôt sur Kobo et iBookstore.

Le #Projet Bradbury est hébergé sur le site d’ActuaLitté

Le blog Neil Jomunsi

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L’avis de Chti_suisse sur son blog

Mes avis de lectures concernant les 3 premières nouvelles

Bonne lecture ! 

Nouveau message - Neil Jomunsi  Auto-édition - ebook  Projet Bradbury n° 1  Couverture Roxane Lecomte

Nouveau message – Neil Jomunsi
Auto-édition – ebook
Projet Bradbury n° 1
Couverture Roxane Lecomte

Nouveau message

 

Nouveau message est la première nouvelle mettant en route le Projet Bradbury de l’auteur Neil Jomunsi. Suivant le conseil d’un de ses auteurs favoris,l’écrivain de science-fiction Ray Bradbury Neil Jomunsi s’est lancé pour défi d’écrire 52 nouvelles à raison d’une nouvelle par semaine. Un challenge que nous sommes d’ores et déjà nombreux à soutenir et suivre avec assiduité.

Pour prendre connaissance de la génèse de ce projet, et en suivre le déroulement quasiment au jour le jour, rendez-vous sur le blog dédié, avec le soutien d’Actualitté

Mais il est temps maintenant d’entrer dans cette histoire et de vous en dire quelques mots.

Samuel est expert en sécurité informatique. Il travaille pour le gouvernement et même s’il irrite son patron, Bob, il sait que son savoir est trop important pour qu’on ose le virer. Ce jour-là, il va pourtant recevoir un mail qui a toutes les apparences d’un spam : « TROUVEZ L’AMOUR EN QUATRE JOURS ! » inconcevable et terriblement irritant pour ce génie de l’informatique. C’était comme « découvrir une tache de gras sur un écran nettoyé de frais. Quelle faute de goût. »

Samuel met donc en branle sa création, son programme «  Destruction finale » qui, surprise, ne décèle aucun virus ni dans le document ni dans les images.

Ce mail va tellement le tarabuster qu’une fois rentré dans son antre de célibataire il succombe à la tentation et crée son compte sur Symbio, une sorte de site de rencontres qui promet qu’en une semaine vous trouvez votre âme sœur.

Il envoie quantité de messages privés, tous quasiment identiques et patiente, agité, tout en buvant des bières. Le lendemain, alors que dépité il s’apprête à effacer son compte, une certaine Lydia a répondu à son message. Cette jeune femme correspond tout à fait aux souhaits de Samuel, et travaille également dans l’informatique. De fil en aiguille, conversations après conversations, Samuel change, ses émotions le submergent

« Une boule de chaleur s’était logée dans sa poitrine, comme un chaton pelotonné sous son tee-shirt. »

Après quelques mois, des conversations sur IRC sécurisé par Samuel, voilà notre héros amoureux, lui qui n’osait même plus en caresser l’espoir. Lydia déteste son boulot, elle bosse pour une agence gouvernementale et s’est aperçu que son agence collecte des informations personnelles sur tout le monde. Cela l’effraie et surtout la révolte. Samuel bientôt devra faire un choix : reprendre le cours de son existence comme auparavant, ou décider de prendre un tournant d’importance.

Je ne vous en dis pas plus, ça serait dévoiler le sujet de Nouveau message et bien dommage pour votre lecture.

Cette première nouvelle du projet Bradbury est une belle réussite. Neil Jomunsi y mêle actualités ( sujets brûlants) à une bien jolie histoire d’amour. Voir Samuel revivre, pour ainsi dire, ressusciter après sa rencontre avec Lydia est touchant.La fin est audacieuse, et étonnante. Un chouïa de tristesse, de l’amour, de la technologie, de la manipulation : autant d’ingrédients qui parsèment cette nouvelle avec bonheur.

Et plus je lis Neil Jomunsi plus je trouve son écriture poétique ( oui, oui parfaitement ), les traits d’humour sont distillés au bon moment. Bref, à lire que vous dire de plus ?

Nouveau message est une nouvelle auto-éditée au prix de 99 cts disponible sur Smashword , Kobo et Amazon

Une chouette interview de Neil Jomunsi par Jean-Basile Boutak sur son site

La belle couverture est de Roxane Lecomte : Le site Châpal et Panoz

La chronique déjantée et indispensable de Lilian Peschett ( @LilianPCB ) sur son blog

 

Justice est faite  Christian Roux In8 éditions Coll. Quelqu'un m'a dit

Justice est faite
Christian Roux
In8 éditions Coll. Quelqu’un m’a dit

Justice est faite 

Sur le site de l’éditeur : Les prisons sont engorgées. Heureusement, la République est inventive. Elle a imaginé une nouvelle manière de rendre justice. Le coupable peut désormais choisir d’être sanctionné par sa victime plutôt que d’écoper d’une peine d’emprisonnement. Étienne, justicier officiel de la République, veille à ce que ces peines soient exécutées dans le respect des droits et des devoirs de chaque citoyen. Terne et inoffensif, il remplit sa tâche avec l’objectivité qu’impose la fonction. Jusqu’à ce qu’une femme, splendide encore, mais d’âge mûr, se plaigne d’avoir été volée de sa jeunesse.

Voilà une collection que j’ai découvert grâce à mon inscription à la mailing list de Christian Roux. Si vous avez déjà parcouru ce blog vous avez sans doute remarqué qu’il y a trois articles concernant ses romans ( je n’ai pas rendu compte de tout, hélas ). Christian Roux fait partie de ses auteurs français dont je suis l’actualité avec beaucoup d’intérêt. Il y a en France de très bons auteurs de romans noirs et policiers. J’avoue que parcourir la plupart des blogs littéraires et n’y trouver la plupart du temps que des titres et auteurs courus et reconnus, m’agace un tantinet. D’autant qu’à mon sens ce n’est pas le nombre d’exemplaires vendus ni le nombre de recensions comptées qui font la qualité du livre. Bref, laissons de côté ce sujet que je connais être dangereux car souvent très mal compris et interprété et chacun ses goûts comme dirait l’autre. Ici, je ne cherche pas l’audience mais à partager des lectures moins «  plébiscitées »parce que tout simplement ignorées ou mésestimées.

Justice est faite  c’est exactement une lecture à faire pour tous ceux qui s’interrogent sur ce désir de vengeance des victimes et de leur famille, et sur une dérive fictive basée sur des informations elles bien réelles : la surpopulation carcérale et par conséquent le besoin d’économie de l’Etat.

Mais entrons donc dans ce court récit.

Etienne est Justicier mais non il ne parcourt pas la France à la recherche des malfaiteurs. Lui, il fait en sorte que l’indémnisation demandée par la (les) victimes ou sa famille soit respectueuse de la Loi. Il doit s’assurer que le condamné a bien saisi la compensation exigée. Au début de ce récit nous apprendrons ainsi comment un homme préfère perdre sa main droite plutôt que d’effectuer ses 15 années de prison.Durant toute cette sanction il devra regarder le chirurgien agir, voir sa main tomber dans le panier et prononcer « Justice est faite ».

Etienne est un être tout ce qu’il y a de plus banal.

Un jour, se présente à lui son ex-maîtresse, Zelda Ardrich. Il était fou amoureux d’elle et pourtant avait choisi de la quitter. Petites touches par petites touches, Etienne nous révèle l’histoire de cette vie commune et de la séparation. Zelda est ce qu’on appelle une maîtresse femme, forte, résolue et dure.

Je ne peux pas en raconter plus au risque d’en dire trop et l’intérêt serait perdu. Sachez que c’est réellement du très bon roman noir made in France avec un dénouement on ne peut plus surprenant, déroutant et inquiétant pour ne pas dire machiavélique.

Je vous recommande encore une fois très vivement de faire connaissance avec cet auteur si ce n’est déjà fait.

Editeur In8 / collection Quelqu’un ma dit  : 8 € , 64 pages , édition papier. Parution 21 / 03/ 2013

Réalités virtuelles- Pierrick Messien Souffle numérique Auto-édition

Réalités virtuelles Pierrick Messien
Souffle numérique
Auto-édition

Réalités Virtuelles 

Synopsis :  Dans un futur proche, les modes de vie et l’économie se sont centrés autour de mondes virtuels dans lesquels la plupart des êtres humains se plaisent à évoluer, parfois vingt-quatre heures par jour. Les relations humaines changent au contact du virtuel et les choses physiques dépérissent. Certains seraient prêts à se damner pour échapper au réel, que ce soient les travailleurs lambdas à la recherche de fantasmes illusoires ou les hommes les plus influents, qui tirent les ficelles. D’autres rêvent de renverser le nouveau système : hackers, résistants, marginaux… Réalités Virtuelles est un recueil de sept nouvelles qui vous plongeront dans le virtuomonde et vous feront découvrir une multitude de personnages plus ou moins virtuels. Cet univers de Science-fiction vous placera face à une France désertée au profit des réalités virtuelles, sous un système politique et économique trouble, où tout semble au bord de la rupture.

Ce recueil est constitué de 7 nouvelles. Toutes traitent du virtuomonde et de virtuoloisirs. 

La première s’intitule Infidélités étant en lecture gratuite sur Youscribe, je vous invite à vous y rendre et découvrir l’histoire de ce couple Cléo et Lilia. Comme beaucoup de personnes il est devenu quasiment impossible de travailler dans la réalité et d’ailleurs qui le souhaite encore ? Ils ne se retrouvent autour du repas qu’une fois par jour. Le temps a usé leur couple, ils n’ont plus grand chose à se dire ni même à partager.

La suite ici : Youscribe  

Justice aveugle : Dans cette nouvelle, l’auteur nous invite à suivre les péripéties de Blaze, une toute jeune fille dont les parents sont entièrement absorbés par le virtuomonde et qui livrée à elle-même décide de mettre à profit les leçons de combat prises pour se confronter à Monsieur X, un malfaiteur, dans la cité glauque. Elle a atteint un tel niveau de jeu qu’elle ne redoute presque plus rien ni personne, hormis la balles. Il y a de l’affrontement dans l’air, du sang, de l’adrénaline et une fin non, je me tais ! 

Errance : Ici, nous allons suivre Bayton, une cinquantaine d’années, sans emploi suite à son licenciement d’une grosse firme où il tenait pourtant un des plus gros postes. Lorsqu’il est revenu à la réalité, le choc fut terrible car il est atteint d’un cancer du cerveau. Son Intelligence Artificielle, IA, s’occupait de lui lorsqu’il était dans le caisson et tous les soins lui étaient prodigués. Mais voilà, il n’a plus un sous. Il se résigne donc à pénétrer dans les appartements désormais quasi déserts tandis que leurs occupants sont plongés dans le virtuomonde. Et il va rencontrer une IA qui veille et attend que son maître réapparaîsse. Que va-t-il se passer entre Bayton et cette IA ? 

Jeunesse : Nous sommes en plein jeu avec deux «  enfants » Cytale, la fille et Talween le garçon. Ils sont épris, s’amusent, créent et inventent leur environnement au gré de leur fantaisie. Ils sont riches, disposent d’un serveur privé et des outils d’administration qui vont avec. Pourtant sans préavis, Cytale disparaît et Talween appelle vite au secours son IA. Que s’est-il passé ? Pourquoi Cytale était-elle si effrayée ? 

Hackers: Alice et Chapelier vont braquer la Titan Internationale. Postés sur un toit ils observent en dessous les « petits employés en costume qui entraient et sortaient, aussi bien alignés qu’une colonie de fourmis. » Ils prennent aussi en compte les virtuoflics, le nombre de gardes et d’employés. Bientôt, ils vont commettre un énorme délit et peut-être devenir comparables à Robin des Bois. Proches du but, ils vont se heurter aux virtuoflics. Séparés les uns des autres, Alice perdra sa chère IA, Cheschire ( qui d’ordinaire se loge à son cou en écharpe ). Que deviendront ces hackers ? Quel sera leur destinée ?

 Période électorale : Avec un tel titre vous imaginez bien qu’on entre en pleines magouilles. Sachez déjà que la notion de patriotisme a disparu, les français ne se définissant plus que par rapport à leurs serveurs, même si ceux-ci demeurent encore pour la plupart francophones.

L’auteur nous fait assister à la réunion du CAC10, ces entreprises ont chacun leur poulain à charge pour elle de réussir à le faire élire. Richard est l’un de ses très roches entrepreneurs, accompagné de son IA Zéro il va prendre le dessus sur cette réunion. Il ne se fait pas de souci sur l’issue, le pays est presque complètement sous domination du virtuomonde, les seuls qui lui posent encore quelques souci sont les satanés hackers. Cela ne durera pas. Lui-même est résolument dans la réalité. Donc ce jour là chaque virtuonaute français devra passer 5 minutes de son temps dans « un serveur de vote ». Richard maîtrise tout, il a tout planifié aidé de Zéro. Personne ne pourra s’opposer à son plan. Ou alors ? 

Résistants : Ici, bien sûr l’auteur nous propose de suivre ce groupe de résistants: Macro, Betty, Gamer, Koloss. Tous ont décidé de résister et pour cela veulent attaquer une centrale électrique, la mettre hors service ne serait-ce que quelques minutes. Pour cela, ils ont réussi à obtenir de vieux plans par un ancien employé, viré. Ils ont fait le tour des appartements et trouvés de vieilles armes.Comment cela finira ? A vous d’être curieux. 

Voilà pour la présentation succincte de ce recueil que je vous conseille vivement. Pierrick Messien a parfaitement maîtrisé l’espace du virtuomonde. Tout y est compréhensible même pour les personnes, qui comme moi, n’ont jamais joué en réseaux.

Les personnages sont tour à tour attachants ( Jeunesse, Errance ) ou répugnants comme dans Période électorale ou Hackers. J’ai apprécié d’en retrouver  certains dans une autre nouvelle.

Je me suis prise à réfléchir sur les situations énoncées, et surtout sur toutes les avancées technologiques décrites, et cette incroyable dépendance qui asservit si aisément.

C’est une lecture plaisir et à suspense d’un auteur que je vais suivre à l’avenir, d’autant qu’il y a du nouveau en préparation…mais chut ! En attendant, je vous dis «  lisez ce recueil » pour cela je vous donne les adresses qui vont bien.

Sur Youscribe à 2 , 99 € ( epub ou PDF )

Format Kindle   2, 99 € 

Sur kobobooks ( epub sans DRM ) 

Le blog de Pierrick Messien

Et, bonne lecture !! 

1950, Niagara Falls ( d’où le titre ), haut lieu touristique. Ariah, 29 ans, vient d’épouser Gilbert. Ils sont tous deux presbytériens. Aux lendemains de la nuit de noces, Ariah se réveille seule dans la chambre d’hôtel. Désemparée, elle va errer dans l’hôtel et apprendre peu de temps ensuite qu’un homme s’est jeté dans les chutes. Durant sept jours elle va errer le long des chutes, on l’appellera la Veuve Blanche. Elle est persuadée d’être damnée. Dick Burnaby, brillant et riche avocat aux nombreux amis la suit comme son ombre. Il tombe amoureux d’elle qui n’est pourtant ni très belle ni de son milieu et l’épousera très rapidement. Ils vivront ensuite dix années de bonheur durant lesquelles ils auront trois enfants : deux garçons et une fille. Ariah ne se passionne que pour son mari et ses enfants, elle ne souhaite rien savoir ni même comprendre du monde qui l’environne.

1962 : Dick prend fait et cause pour une femme dont la famille et la maison ( durement acquise ) ont souffert des industries chimiques qui ont fleuri à Niagara Falls ( leucémies, fausses couches, empoisonnement du sol, allergies etc …) Il y perd ceux qu’ils pensaient être ses amis, beaucoup d’argent et se met à dos les notables. Une lutte acharnée débute , Dick ne s’en sortira pas indemne. Ariah lui tourne le dos, lui reprochant d’abandonner sa famille. Dick disparaît à son tour…Ariah élève les enfants seule en donnant des leçons de piano. Elle interdit aux enfants de parler de leur père, il les a abandonnés s’acharne-t-elle à dire. Ils passeront leur enfance à tenter d’en savoir plus, subissant les sautes d’humeur d’Ariah, mère possessive, entêtée, et névrosée.

1978: L’industrie chimique est punie lors d’un procès retentissant. Les enfants quant à eux chacun à leur façon auront découvert quelques parcelles de vérité concernant leur père. C’est aussi pour eux un grand moment car ce procès réhabilité Dick.

Mon avis Un roman fleuve ( avec quelques longueurs tout de même ) qui aborde pas mal de sujets : le puritanisme, les arrangements entre industriels, politiques et laboratoires. Au coeur de ce roman Ariah que je ne suis pas parvenue à aimer tout en lui trouvant des excuses dans son éducation et le traumatisme de son premier veuvage. Elle fait subir tant de choses à ses enfants, les obligeant à vivre dans le dénuement, les écrasant par son amour maternel vorace et intransigeant , leur interdisant de questionner sur leur père que j’étais choquée par sa conduite. Certains personnages auraient du être mieux expliqués comme cette femme en noire que Royall va croiser.

C’était la première rencontre avec cette auteure, sans doute pas la dernière. Une bien belle plume.

Actes Sud

C’est bien plus qu’un roman sur la délinquance sexuelle et l’exclusion ; c’est un roman sur l’hypocrisie, la perte d’identité. A travers l’histoire de Kid, Russell Banks déroule devant nous un univers sans pitié, misérable, et méprisant, un monde fait de culpabilisation , de fausse pudibonderie, de perte de soi.
Kid, avec son bracelet electronique à la cheville ne comprendra qu’en toute fin de roman qu’il lui reste malgré tout encore 10 ans à vivre ainsi dans l’exclusion, ces 10 années de mise à l’épreuve pendant lesquelles il n’aura pas accès à un logement car il ne doit pas résider près des écoles ou lieu public, et de plus n’importe qui : futur employeur ou bailleur peut connaitre en un clic son passé et sa condamnation. Kid a grandi quasiment seul avec pour compagnie un iguane ( d’où la photo de couverture) Sa mère ne se préoccupant guère de lui, il a commencé à traîner sur le net, de fil en aiguille sur les sites pornographiques. Sa condamnation a trois mois de prison, il la doit à un traquenard suite à un chat avec une jeune fille. Rien n’était prémédité, il ne pensait même pas réellement à ce qu’il pourrait faire si l’occasion de présentait. Le vice est là, dans ce piège qu’on lui a tendu. Kid m’a énormément touchée, attendrie et attristée
A sa sortie de prison Kid n’a pas la choix, il va rejoindre la cohorte des laissés pour compte sous le viaduc. C’est là qu’un professeur de sociologie, énorme qui prend toute la place, va aller à sa rencontre pour l’interviewer . Qui est Kid aujourd’hui ? pourquoi a t il été condamné ? Mais Alamasse comme kid surnomme le prof est il vraiment ici dans ce seul but ? N’a t il pas lui aussi un secret, une maladie ?
C’est tout au long du roman aussi l’occasion de s’interroger sur la place que prennent les nouvelles technologies, sur la place que l’individu puni peut encore trouver dans un monde déshumanisé et hypocrite.

Paru le 24/03/2011 – 324 p – 18 €
Edition du Seuil

4ème de couverture :« Fascinée, je contemple de nouveau le semi-automatique. L’idée me traverse l’esprit de le retourner contre moi mais, encore une fois, Vincent n’est le problème. Il le sait, je le sais. Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. La tension permanente suscitée par l’affichage des résultats de chaque salarié, les coups d’œil en biais, les suspicions, le doute permanent. La valse silencieuse des responsables d’équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles. L’infantilisation, les sucettes comme récompense, les avertissements comme punition, les objectifs inatteignables. Les larmes qui coulent pendant des heures, une fois seul, mêlées à une colère froide qui rend insensible à tout le reste. Les injonctions paradoxales, la folie des chiffres, les caméras de surveillance, la double écoute, le flicage, la confiance perdue. La peur et l’absence de mots pour la dire. Le problème, c’est l’organisation du travail et ses extensions. Personne ne le sait mieux que moi. Vincent Fournier, 13 mars 2009, mort par balle après ingestion de sécobarbital, m’a tout raconté. C’est mon métier, je suis médecin du travail. Écouter, ausculter, vacciner, notifier, produire des statistiques. Mais aussi : soulager, rassurer. Et soigner. Avec le traitement adéquat. »

Ce livre a reçu le « Trophée 813 » de l’année 2011.

Roman noir terriblement suffocant qui à travers Carole Matthieu, médecin du travail, nous plonge dans l’enfer de cette politique du chiffre et de la concurrence. Le style est sec, autant que la souffrance. L’univers professionnel  est dérangeant et inquiétant. Carole Matthieu craque, elle tue Vincent Fournier…son souhait dénoncer et soulager ceux qu’elle voit passer chaque jour dans son bureau. Elle aussi subit cet univers. Les patrons voudraient bien qu’elle se limite aux visites annuelles. Les syndicats quant à eux la trouve dérangeante et n’accepte que difficilement son intrusion au sein du Comité d’hygiène et sécurité et condition de travail ( CHSCT) Elle regarde autour d’elle cette plateforme d’appel téléphoniques et constate les angoisses et pressions quotidiennes, à quoi, à qui sert-elle ? Combien de temps encore les employés vont-ils ployer sous le joug ? Que peut-elle faire ?
Tout au long du roman Carole s’enfonce inexorablement,  oubliant de se nourrir, ne tenant plus qu’à coup d’expédients tels que les médicaments ( tranquillisants, amphétamines etc…) Evidemment la police s’en mêle et cet inspecteur chargé de l’enquête aura bien du mal à déterminer qui est  le réel meurtrier ….le peut-il seulement ?

Roman noir, hélas, d’actualité. Une lecture oppressante. Marin Ledun maîtrise parfaitement son sujet, utilisant un langage choc, des phrases assez courtes, le lecteur prend de plein fouet le résultat du marketing  brutal au sein des entreprises. Evidemment, on pense aux suicides  à France Télécom et dans tant d’autres entreprises. Jusqu’où a-t-on encore le droit de se laisser exploiter et berner ? Combien de temps à supporter l’absurdité de ce mode de fonctionnement ? Comment les syndicats et sur quels points devraient-ils agir pour gagner en efficacité ? Aucune réponse n’est donnée, néanmoins il serait bon de se poser les bonnes questions. Doit-on sacrifier sa vie à un emploi dans ces conditions ?

Oui, ce roman incite à la réflexion, il n’y a pas de doute. Un roman fort et impressionnant.

Editions Krakoen – 332 pages
2010 – 11,20 €

Le mot de l’éditeur :

Kerande, côte atlantique, été 2009. Les touristes se bousculent dans la petite cité médiévale, inconscients du drame qui se joue à quelques pas de là. Deux morts par balle. Deux « clients » plus ou moins forcés d’une très chic et très discrète clinique psychiatrique. Les gendarmes enterrent vite le dossier, avec la bénédiction du Parquet de Nantes : un fils à papa trop médiatique compte au nombre des tués. Folie meurtrière confirmera à son tour – bien malgré lui – le commissaire Czerny. Car il le sent : un fou peut en cacher un autre ; et la tuerie n’est pas finie. Czerny parviendra-t-il à démêler le vrai du faux ? La vie lui a appris à se méfier des coupables livrés sur un plateau. Surtout lorsque les coupables en question sont derrière les barreaux.

Ce que j’en ai pensé :

Je l’avoue j’ai adoré la fine équipe policière et l’humour de ce roman. Il y a le commissaire Czerny qui se déplace en solex qu’il appelle Galet. Ayant été blessé, il se déplace avec des béquilles et se fait voiturer par Colin, bègue qui ponctue ses phrases de  » Nom d’un chien » pour parvenir à parler correctement. Czerny a aussi un mainate à qui il verse du martini tous les soirs et dont il se soucie énormément. Et il a une façon bien à lui de se représenter les énigmes, en visualisant des cubes.
Il y a Mazurelli, rocker à la banane, sans doute le plus amusant de l’équipe.
Il y a Pastèque, le pro des technologies. Il y a Joss ( comme Joss Randal) fine équipière toujours prête à aller sur le terrain et une légiste complètement délirante, bavarde et gourmande.
Deux meurtres à la clinique dont un qu’il vaudrait mieux taire par peur du scandale. Un autre meurtre celui d’un maître chanteur à Nantes sans lien apparent. et pourtant Czerny prendra en charge les trois affaires. C’est un climat particulier que l’on aborde ici, celui de l’univers des cliniques psychiatriques pour riches. Il y a beaucoup de personnages, et toute cette galerie est décrite avec grand soin.

Hervé Sard mène son roman tambour battant, avec brio et humour. Une bonne intrigue, des personnages qu’on n’oublie pas de si tôt, bref, un roman policier très sympathique.

Je vous recommande cette lecture, je suis persuadée que comme moi vous vous attacherez à cette équipe de doux-dingues

 

 

C’est un jeune homme parcourant la campagne chinoise qui va recueillir l’histoire d’un vieil homme, Fugui Xiu. Il est fils de propriétaire terrien. Il est mariée à Jiazhen avec qui il a eu une petite fille de 3 ans, Fengxia. Ils attendent un deuxième enfant. Ils vivent sous le même toit que les parents de Fugui.Fugui est dépensier, un «  fils indigne  » comme dit son père. Il fréquente les maisons closes et se met à jouer tant et si bien qu’il finit par ruiner sa famille. Son père hypothèque alors la maison et les terres. Fugui devra porter les sapèques à la ville chez Long’er.

Fugui comprit le message de son père :

Brusquement, je compris pourquoi mon père avait commandé des sapèques et non pas des pièces d’argent. Il voulait m’enseigner une vérité, me faire sentir combien l’argent était difficile à gagner. Cette idée me coupa les jambes. Accroupi au bord de la route , je me remis à sangloter en hoquetant, secoué jusqu’au bas du dos.

Fugui réclame 5 mou de terre à Long’er pour que sa famille puisse subsister. Fugui travaille durement sur la terre. Son père est mort et sa mère est au bout du rouleau.Jiazhen accouche d’un fils, Youqin et revient au domicile lorsque celui-ci a 6 mois.Devant l’inconscience de son gendre et le méprisant pour la ruine qu’il a provoquée, le père de Jiazhen vient la reprendre laissant Fengxia à la garde de son père. La famille doit quitter le domicile car Long’er en prend possession.

Mais bientôt la mère de Fugui tombe malade, il part en ville quérir un médecin…et là tout dérape. Il se fait embarquer par les soldats du Kuomintang. Lorsqu’enfin il pourra revenir chez lui, sa mère est morte et sa fille a été frappée par une maladie.

Curieusement, c’est la perte de leurs biens qui sauvera la famille. Long’er est fusillé en tant que propriétaire. Pauvres, Fugui et Jiazhen envoient leur fils à l’école et cherche à placer Fengxia. Puis c’est le collectivisme ( cantines, travaux des champs ) et les réquisitions, y compris le mouton de Youqin.

Et là s’arrêtera mon petit compte-rendu car je ne peux en dévoiler plus sans trahir le roman et les évènements qui vous y attendent. Je me demande même si je n’en ai pas déjà trop raconté. Vivre c’est ce qu’il reste au bout du compte, malgré les échecs, les deuils, et les déceptions.

Ce livre est moins intense que Brothers pourtant Yu Hua a réussi de nouveau à m’amener les larmes aux yeux.

Une belle façon de connaître la Chine et les vagues politiques successives.