Editions Krakoen – 332 pages
2010 – 11,20 €

Le mot de l’éditeur :

Kerande, côte atlantique, été 2009. Les touristes se bousculent dans la petite cité médiévale, inconscients du drame qui se joue à quelques pas de là. Deux morts par balle. Deux « clients » plus ou moins forcés d’une très chic et très discrète clinique psychiatrique. Les gendarmes enterrent vite le dossier, avec la bénédiction du Parquet de Nantes : un fils à papa trop médiatique compte au nombre des tués. Folie meurtrière confirmera à son tour – bien malgré lui – le commissaire Czerny. Car il le sent : un fou peut en cacher un autre ; et la tuerie n’est pas finie. Czerny parviendra-t-il à démêler le vrai du faux ? La vie lui a appris à se méfier des coupables livrés sur un plateau. Surtout lorsque les coupables en question sont derrière les barreaux.

Ce que j’en ai pensé :

Je l’avoue j’ai adoré la fine équipe policière et l’humour de ce roman. Il y a le commissaire Czerny qui se déplace en solex qu’il appelle Galet. Ayant été blessé, il se déplace avec des béquilles et se fait voiturer par Colin, bègue qui ponctue ses phrases de  » Nom d’un chien » pour parvenir à parler correctement. Czerny a aussi un mainate à qui il verse du martini tous les soirs et dont il se soucie énormément. Et il a une façon bien à lui de se représenter les énigmes, en visualisant des cubes.
Il y a Mazurelli, rocker à la banane, sans doute le plus amusant de l’équipe.
Il y a Pastèque, le pro des technologies. Il y a Joss ( comme Joss Randal) fine équipière toujours prête à aller sur le terrain et une légiste complètement délirante, bavarde et gourmande.
Deux meurtres à la clinique dont un qu’il vaudrait mieux taire par peur du scandale. Un autre meurtre celui d’un maître chanteur à Nantes sans lien apparent. et pourtant Czerny prendra en charge les trois affaires. C’est un climat particulier que l’on aborde ici, celui de l’univers des cliniques psychiatriques pour riches. Il y a beaucoup de personnages, et toute cette galerie est décrite avec grand soin.

Hervé Sard mène son roman tambour battant, avec brio et humour. Une bonne intrigue, des personnages qu’on n’oublie pas de si tôt, bref, un roman policier très sympathique.

Je vous recommande cette lecture, je suis persuadée que comme moi vous vous attacherez à cette équipe de doux-dingues

 

 

Editions Rivages noir – N° 639
288 pages – Paru le 21-03-07- 8.15 €

Jacques Lafleur a été retrouvé égorgé avec  un sécateur ( qui a disparu ) alors qu’il enlevait les ronces dans le jardin de sa soeur, Jeanne, à Toulouse. L’histoire se déroule un an après la tragédie d’AZF. Le capitaine Félix Dutrey assisté de Magali Lopez enquête sur ce crime. Jacques Lafleur était un marginal, un baroudeur. Après un accident il était revenu vivre à Toulouse chez sa soeur. Félix interroge son frère,  amoureux des serpents et sa belle-soeur, quant à Jeanne elle paraît avoir perdu la tête.Parallèlement Pascal Dessaint nous parle de Rémi, un jeune homme, qui travaille au tri des ordures. Rémi y récupère des livres. Un jour, il met de côté un carton empli de cahiers, des carnets intimes qui s’avèrent être ceux de Jacques que Jeanne avait jetés.Ainsi à travers l’enquête de Félix et les cahiers que lit Rémi la vie de Jacques, ses interrogations nous sont dévoilées.Son passé s’avère  bien plus complexe qu’il ne semble.

Pascal Dessaint a une écriture sensible et imagée. Comme dans tous les romans que j’ai lu de cet auteur, les personnages sont de plein fouet dans la réalité et souvent très proches de la nature, en l’occurence dans ce roman, Jacques.

Il n’y a pas d’hécatombe, pas d’hémoglobine partout, juste des personnes aux prises avec elles-même, leur conscience et leur contradiction: des humains tout simplement et c’est ce qui fait que j’apprécie beaucoup le style Dessaint.

C’est un jeune homme parcourant la campagne chinoise qui va recueillir l’histoire d’un vieil homme, Fugui Xiu. Il est fils de propriétaire terrien. Il est mariée à Jiazhen avec qui il a eu une petite fille de 3 ans, Fengxia. Ils attendent un deuxième enfant. Ils vivent sous le même toit que les parents de Fugui.Fugui est dépensier, un «  fils indigne  » comme dit son père. Il fréquente les maisons closes et se met à jouer tant et si bien qu’il finit par ruiner sa famille. Son père hypothèque alors la maison et les terres. Fugui devra porter les sapèques à la ville chez Long’er.

Fugui comprit le message de son père :

Brusquement, je compris pourquoi mon père avait commandé des sapèques et non pas des pièces d’argent. Il voulait m’enseigner une vérité, me faire sentir combien l’argent était difficile à gagner. Cette idée me coupa les jambes. Accroupi au bord de la route , je me remis à sangloter en hoquetant, secoué jusqu’au bas du dos.

Fugui réclame 5 mou de terre à Long’er pour que sa famille puisse subsister. Fugui travaille durement sur la terre. Son père est mort et sa mère est au bout du rouleau.Jiazhen accouche d’un fils, Youqin et revient au domicile lorsque celui-ci a 6 mois.Devant l’inconscience de son gendre et le méprisant pour la ruine qu’il a provoquée, le père de Jiazhen vient la reprendre laissant Fengxia à la garde de son père. La famille doit quitter le domicile car Long’er en prend possession.

Mais bientôt la mère de Fugui tombe malade, il part en ville quérir un médecin…et là tout dérape. Il se fait embarquer par les soldats du Kuomintang. Lorsqu’enfin il pourra revenir chez lui, sa mère est morte et sa fille a été frappée par une maladie.

Curieusement, c’est la perte de leurs biens qui sauvera la famille. Long’er est fusillé en tant que propriétaire. Pauvres, Fugui et Jiazhen envoient leur fils à l’école et cherche à placer Fengxia. Puis c’est le collectivisme ( cantines, travaux des champs ) et les réquisitions, y compris le mouton de Youqin.

Et là s’arrêtera mon petit compte-rendu car je ne peux en dévoiler plus sans trahir le roman et les évènements qui vous y attendent. Je me demande même si je n’en ai pas déjà trop raconté. Vivre c’est ce qu’il reste au bout du compte, malgré les échecs, les deuils, et les déceptions.

Ce livre est moins intense que Brothers pourtant Yu Hua a réussi de nouveau à m’amener les larmes aux yeux.

Une belle façon de connaître la Chine et les vagues politiques successives.

La quatrième de couverture :

Quatre SDF sont recrutés par le mystérieux Hensley pour devenir braqueurs professionnels. Après une préparation quasi militaire, tout est en place pour le coup d’essai : le braquage d’une banque en plein Paris. Mais rien ne se passe comme prévu…
Un scénario magistral pour un roman noir, tendre et énervé, qui met en vedette, une fois n’est pas coutume, les vrais oubliés de nos démocraties libérales.

Ce que j’en ai pensé :

Quatre sans-abris ( Paol, Louis, Sonia et Jack ) sont recrutés par Hensley (le metteur en scène ) pour braquer des banques. Ils vont subir un entrainement quasi-militaire dans un château. Lorsqu’enfin ils sont prêts, le braquage en plein Paris peut avoir lieu. Mais rien ne se passe comme prévu, il y aura des pertes humaines. Ils se sont fait berner. Au même moment un autre braquage a lieu qui lui,finira en boucherie.

Le commissaire Degrave se charge de l’enquête. Il est dans le même temps très inquiet pour son fils Petit Pierre qui se rapproche des milieux d’extrème droite sans que lui et son épouse n’aient su réagir à temps, pensant que ça lui passerait. Ils se demandent comment de telles idées ont pu germer en lui. Petit à petit, Degrave comprend que son fils est peut-être bien mouillé dans des affaires bien louches.Nos deux rescapés Sdf vont remonter jusqu’au commanditaire des braquages.

Un roman sombre, politique et réaliste qui explore les milieux néo-nazis sans concession. C’est écrit dans un style fluide, avec un regard très juste sur notre société. Ce qui n’est pas le moindre compliment pour un roman noir : on se fait embarquer et les éléments se mettent en place progressivement pour un final déroutant. Les personnages principaux, comme annexes, sont tous très bien décrits.

Edition Gallmeister-paru le 23-02-2012
336 pages, 23 € 60

Walt Longmire est de retour dans son Wyoming avec sa fille Cady  souffrant de problème de motricité et de mémoire( Cf L’indien blanc ).
Nous retrouvons avec plaisir toute l’équipe du shériff  ainsi qu’ Henry dit la Nation Cheyenne.
Le long d’une route, deux ranchers qui fauchent les herbes trouvent le corps d’une jeune asiatique, une vietnamienne. Elle a été étranglée. Elle n’a pas de papier sur elle hormis une vieille photo où l’on voit une jeune fille et un homme de dos à un piano..Walt se reconnait, cette photo a été prise au vietnam alors qu’il enquêtait sur une affaire de drogue chez les GIs. La jeune fille s’appelait Mai Kin. Elle fut assassinée.
Cette découverte va renvoyer Walt vers son passé,à travers ses souvenirs nous suivons cette période de sa vie et sa rencontre avec Mai Kin.
Les enfants de poussière ce sont les enfants nés des amours entre militaires américains et vietnamiennes.
Près du corps de la jeune asiatique, Walt attrape un indien , très grand et très fort….c’est un crow. Il le fait enfermer car il s’agit du principal suspect. Pourtant Walt n’y croit pas.

Encore une fois un très beau roman à l’enquête superbement menée. J’y ai retrouvé l’humanisme de Walt, le silence d’Henry qui pousse dans ses retranchements son ami de toujours. Craig Johnson nous ouvre des pans du passé de Walt et d’Henry pour notre plus grand plaisir. Et puis aimant beaucoup le sherif Walt, ce roman nous en apprend beaucoup sur son passé dans l’armée.

Je suis de très prêt la sortie des romans de Craig Johnson, pas question d’en rater un. Cette fois encore, un grand merci à ma bibliothèque qui m’a permis de le découvrir avec les premiers volets des enquêtes de Walt, Little Bird  chez Gallmeister.

Editions Gallmeister-296 p
Paru le 07/04/2011 -23.40 €

Dans ce troisième roman, nous retrouvons Walt Longmire et Henry standing Bear en route pour Philadeplhie où Henry participe à une exposition sur l’art indien. Walt accompagne Henry pour y voir Cady sa fille qui y est avocate et souhaite lui présenter son ami, Devon Conliffe avocat lui aussi.
Hélas, lorsqu’il arrive c’est pour apprendre que Cady a été agressée et se trouve dans le coma. Walt ne peut se résigner à attendre à côté de son lit et commence à mener l’enquête. C’est l’occasion pour lui de faire connaissance avec la famille de son adjointe, Vic Moretti. Tous sont policiers sauf un frère Al qui tient un restaurant avec son oncle. Tournure agréable qui nous permet de découvrir cette terreur qu’est Vic à travers sa famille.
Walt va vite soupçonner Devon mais…lui aussi va être assassiné. Apparaît alors un mystérieux indien blanc qui semble décidé à aider Walt et Henry mais pourquoi et comment ? C’est là le génie de Craig Johnson, les personnages sont fort bien campés, les scènes s’enchaînent rapidement dans un décors qui est cette fois la ville.
Dans une aventure qui met à jour une intrigue sur fond de drogue et de politique, j’ai pris encore une fois un grand plaisir à retrouver les personnages de Walt Longmire au stenton et d’Henry Standing Bear mais aussi Vic qui vient à la rescousse.

Un changement de décors radical mais encore une fois un roman trépidant au suspens bien conservé.

Actes Sud-10/ 2011 – 416 p- 23,40€
trad.Marianne Millon

Ce roman se situe à Madrid après les attentats du 9 novembre,et la robotique a gagné du terrain .Malgré toutes ces avancées, les meurtres atroces continuent .La police a recours aux appâts, hommes et femmes recrutés  souvent très jeunes et dans le cas de Diana, après un traumatisme.

Diana Blanco est le meilleur appât de Madrid. Elle se fait du souci pour Vera, sa soeur, futur appât. Ces appâts sont formés en jouant des pièces de Shakespeare dans lesquelles les psychiatres ont décelé 50 phillias
En fait les appâts jouent des scènes que les psychopathes attendent, espèrent, qui les font jouir, les conduisant parfois à la mort. Pour ces flics, les pièces de Shakespeare représentent le psynome (le désir ) et la phillia ( variante au sein du psynome)  de chaque être humain. Combien d’appâts seront sacrifiés en partant sur les traces du Spectateur ? Diana se lance à sa poursuite, Vera est en danger.

Somoza a écrit un thriller psychologique captivant. Vous commencez à le lire et voilà que vous ne pouvez plus le lâcher. L’auteur étant psychiatre il n’est pas surprenant que ses romans regorgent de psychologie. Quel plaisir de suivre l’enquête et de frissonner ! Dans cet après-attentat, la police forme et utilise ses appâts les considérant avant tout comme des instruments et non plus comme des humains. Délaissant les machines qui ont montré leurs limites, les Appâts les remplace.

Décidément, avec La Dame numéro 13 , Clara et la pénombre, j’ai attrapé le virus José Carlos Somoza et je ne lutte même pas.

Actes sud- Babel n° 793
Mars 2007 , 567 p , 10 € 70
Trad. de Marianne Millon

 

L’histoire se déroule à Madrid. Un jeune homme, Salomon Rulfo, poète, fumeur et alcoolique fait le même cauchemar depuis plusieurs semaines. Dans celui-ci, il voit une grande maison blanche et lorsqu’il y entre une femme l’appelle. Il passe devant un grand aquarium et dans la chambre du haut il trouve le cadavre décapité d’une femme. Ce cauchemar est si terrible qu’il va voir un médecin ( Ballesteros) pour qu’il lui prescrive un somnifère. Cela fonctionne jusqu’à une nuit où s’éveillant il voit passer à la télévision les images de la maison dont il rêve. Dans cette émission est relaté l’assassinat sauvage d’une jeune italienne et de ses domestiques par un homme qui s’est ensuite donné la mort.
Il décide coûte que coûte de pénétrer dans la maison et arrivant devant se trouve nez à nez avec une jeune femme très belle, Raquel, immigrée sans papier livrée au pire des esclavages sexuels. Tous deux font le même rêve.
Quand ils sortent de la maison derrière une vieille photo ils ont trouvé un papier anoté ainsi qu’une sorte d’amulette.
Raquel ne semble pas avoir de souvenir mais un terrible secret pèse sur elle.
Rulfo va voir un ancien ami pour prendre conseil et celui-ci va commencer à lever le voile sur ce mystère de l’amulette et des dames citées dans le document
« Les dames sont treize : la N° 1 Invite, la N°2 Surveille, la N°3 Punit, la N°4 Rend fou, la N°5 Passionne, la N°6 Maudit…
– La N°7 Empoisonne, récitait le vieux, tandis que l’enfant lisait sans un seul murmure, sans une seule erreur. La N°8 Conjure, la N°9 Invoque, la N°10 Exécute, la N°11 Devine, la N°12 Connaît. Il s’arrêta et sourit. Ce sont les dames. Elles sont treize, elles sont toujours treize, mais on n’en cite que douze, tu vois ? … Tu ne dois en mentionner que douze, ne te risque jamais, même en rêve, à parler de la dernière. Pauvre de toi si tu mentionnais la treize ! Tu crois que je mens ? »

Peu à peu, ils découvrent la vérité sur les Dames …muses ? secte ? sorcières ? Elles sont au coeur des horreurs et des supplices les plus inimaginables à force de mots tirés des plus grandes poésies ( Shakeaspere, Neruda etc )
Les mots deviennent une arme redoutable, inéluctable.

 Je n’en dirais pas plus sur l’histoire qui est du début à la fin captivante, éprouvante, fantastique et superbement bien racontée malgré l’horreur de certaines scènes.

Certains pourraient penser que les citations de poètes sont rébarbatives, rassurez-vous ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, à parier que comme dans L’Appât qui incite à (re-)lire  Shakespeare, vous serez tenté par la lecture de certaines poésies. En tout cas, c’est l’effet que ces lectures ont eu sur moi. J’aime vraiment beaucoup le style littéraire de Somoza, la façon de traiter son sujet qui, pour ma part, fait de lui un auteur quasiment inclassable et inégalable.

Editions Rivages-Coll.Rivages/Thriller
Grand format – 208 pages.
Paru le 02-02-2011 – 16.50 €

C’est un roman qui se dévore car Pascal Dessaint a la plume alerte. Tous ces personnages sont finalement banales qui basculent d’un coup dans la démence, la méchanceté ou la violence.Un paisible village d’Ariège où le temps pourrait couler tranquillement. Pascal Dessaint à travers ses personnages à qui il donne la parole tour à tour décrit la cupidité et l’appel du sexe, ou les deux à la fois. Le maire magouilleur qui va se faire piéger par Martine, l’épouse d’Antonin ancien gardien de prison.Rien ne va plus entre les époux, l’un et l’autre se défie…Martine planque les économies du ménage alors Antonin fomente sa revanche.
Il y a Coralie qui surprend le maire avec Martine et qui compte bien tirer son épingle du jeu.
Deux ex-taulards qui veulent rendre visite à Antonin en compagnie de leur hérisson. Deux taulards homosexuels mais qui ne l’avoueraient pour rien au monde.
Il y a Rémi complètement cinoque qui a deux poules Sten et Dhal encore amoureux de sa maitresse de 15 ans son aînée qu’il trimbale partout avec lui et pourtant elle est morte
Et puis il y a Maxime l’apiculteur qui a bien du soucis avec le frelon asiatique, c’est bien le seul a être normal

On sourit beaucoup car l’humour est omniprésent même si au total les cadavres ne se comptent même plus.

Un bon roman !

Ce roman faisait partie des 6 romans concourant pour le Prix de la ville de Mauves, Mauves en Noir 2012

Rivages Noir-N° 575
256 p-Paru le 07-10-05-7,65 €

L’histoire est captivante avec dès le début ce rêve récurrent que fait Geoffrey  devenu amnésique suite à un accident. Qui était-il donc avant ? Après huit ans comment se fait-il que tout à coup tout déraille pour lui ? Qui sont ces personnes qui un soir s’acharnent à lui offrir des coupes de champagne ?

Geoffrey, à 26 ans replonge dans le passé. Pourquoi Josepha s’est -elle suicidée alors qu’ils allaient emménager ensembles ? Geoffrey n’y croit pas, pas plus que Lancelot, le flic ( qui tourneau café depuis qu’il a arrêté de boire).
Parlons en de ce Lancelot qui abrite chez lui Coralie sans papiers qui s’aperçoit au final qu’il est raciste .Lancelot au physique si ingrat qui découvre enfin l’amour.
Lancelot entre bien et mal, sous-marin du gouvernement qui traque et retraque inlassablement mais qui ? et pourquoi ? En arrière plan de ce roman les attentats du 11 septembre, la lutte anti-terrorisme et l’activisme.
Geoffrey va partir en quête de son passé pour comprendre, il va le  prendre en pleine face, durement ….Pourtant, Christian Roux laisse place à l’espoir.

Christian Roux nous offre encore une lecture passionnante pleine d’humanisme, portant un regard acéré sur notre  » belle et honorable société  » si florissante. Manipulations, mensonges, fuite ponctuent ce bel et émouvant roman noir.

Editions Rivages Noir – N °464
Trad.de Laurent Lombard
368 p – Paru 07-03-03 – 10.65 €

 4 ème de couverture : Été 1960. Dans l’aube naissante, un homme est étendu sur une plage du nord de l’Italie. Il a une blessure à la gorge. Debout, une jeune femme contemple son cadavre. « Ça devait arriver », pensa-t-elle. Elle ramasse un couteau, l’arme du crime, et le jette à la mer. Puis elle prend la fuite. Elle repart chez elle, en Allemagne. Quelques heures plus tard, des carabiniers trouvent le corps du jeune sicilien. Le vent a déjà effacé les empreintes de pas sur le sable. Le sable ne garde rien en mémoire. Le sable ne se souvient pas…

L’histoire commence avec la découverte sur la plage ( près de Venise) du corps d’un jeune sicilien. Il est mort poignardé. Une jeune allemande le trouve et prend la fuite le matin de bonne heure pour rentrer dans son pays. Pourquoi fuit-elle ?
Michela est dépressive, son père ( policier de haut grade) l’a amenée en villégiature chez un de ses amis qui a un fils Roberto. Il fera appel à Alberto pour tenter de changer les idées de sa fille car Al est un ami d’enfance et toujours très proche de la famille.

Il fait chaud dans ce roman, une chaleur moite qui envahit tout et pèse. Il y a beaucoup de personnages

Scerbanenco dépeint ses personnages avec la même précision qu’ils soient de premier plan ou secondaire et il y a foison de caractères dans ce roman social qui dénonce la richesse quasi-outrancière du Nord par rapport à la Sicile d’où venait la victime et bientôt sa soeur qui le recherche.
C’est machiavélique, l’intrigue est bien menée et le dénouement inattendu …je me suis faite mener par le bout du nez.
Mon avis est plus que favorable car j’ai beaucoup accroché sur cette écriture fine et sensible.
A recommander aux lecteurs de polars sociaux et psychologiques et à tous ceux qui aiment l’Italie.

 

Qu’il est difficile de trouver les mots justes pour écrire sur Brothers. Ce roman de presque 700 pages est d‘une rare et précieuse intensité.

Yu Hua place le décors de son livre dans le bourg de Liu. Ainsi parcourons nous de la révolution culturelle à aujourd’hui, les rues du bourg de Liu et la transformation progressive de son paysage et de ses habitants

Song Gang et Li Guangtou sont demis-frères….Li Lan est la mère de Li Guangtou et Song Fanping celui de Song Gang. Le livre commence part une scène très drôle ( Rotko en a mis en extrait plus haut ).
Song Gang est discret, effacé face à Li Guangtou qui n’aime rien tant que saisir l’occasion de regarder en cachette les fesses des filles et jouer avec sa » libido « .
Tous les personnages sont décrits avec grand soin et auront leur importance tout au long de ce long roman.
Song Fanping, le père, est une force de la nature, un grand gaillard qui n’en reste pas moins un coeur doux et généreux qui par tous les moyens veut protéger sa famille. Il a un grand sens de l »honneur et des responsabilités. Li Lan , celle qui souffrit tant de son premier mariage découvre la tendresse, l’amour et la sérénité…Hélas voilà que la Révolution culturelle va bouleverser le petit bourg de Liu.

Ce passage est un raz -de- marée dans le bourg. La cruauté, l’avarice, la petitesse s’installent et les mots de Yu Hua sont terriblement justes. Ce n’est pas tant la dureté de certaines scènes que de se sentir emplie de compassion pour la détresse de certain(e)s qui m’ont fait pleurer comme une fontaine. Des scènes de violence, de dureté, de sang, j’en ai lues beaucoup mais aucune n’a pu (su) comme Yu Hua sait si bien le faire me prendre aux tripes et provoquer cette communion de lecteur avec les personnages.
Song Gang et Li Guangtou doivent grandir , se perdre et se retrouver. L’un s’efface, l’autre nourrit sa revanche. L’un subira toute sa vie les conséquences de promesses faites, l’autre en profitera sans vergogne.
Et puis finalement, le destin et l’acharnement vont avoir des résultats et provoquer des retournements pour les deux frères.

L’argent tient une grande place dans ce livre…son manque ou sa profusion, les conséquences d’un état comme l’autre sont profondes.

Et puis, les sentiments et non la sensiblerie car Yu Hua a su très bien contourner ces  » travers ».

C’est avec beaucoup de finesse, d’humour et d’émotion que Yu Hua s’exprime.

Si vous êtes rebutés par le langage brut , ce livre ne vous plaira peut-être pas mais pourquoi ne pas essayer ?

Voilà j’ai reposé le livre que j’avais emprunté à la bibliothèque. Je veux l’avoir dans ma propre bibliothèque, c’est un chef d’oeuvre …je suis étonnée qu’il ne soit pas encore adapté au cinéma.

Dans l’édition d’Actes sud les notes de fin de volume sont utiles à la compréhension du contexte historique et aux différentes allusions aux légendes et courant artistiques

 

Histoire de vous donner envie, un extrait en début de livre

De nos jours, des fesses de femmes nues, on en voit partout, à la télévision, au cinéma, dans les VCD ou les DVD,dans les publicités ou dans les magazines, sur les stylos à bille ou les briquets… Des postérieurs de toutes sortes, des postérieurs d’importation ou des postérieurs de fabrication chinoise ; des blancs, des jaunes, des noirs et des bruns ;des larges, des étroits, des gros et des maigres ; des lisses et des rugueux ; des jeunes et des vieux ; des faux et des vrais. On n’a que l’embarras du choix, et une paire d’yeux ne suffit pas pour tout regarder. De nos jours, les fesses d’une femme à poil, cela ne vaut plus rien : il suffit de lever la tête pour en voir une paire, on a à peine le temps d’éternuer qu’on tombe sur une deuxième, et on n’a pas sitôt tourné le coin de la rue qu’on risque de marcher sur une troisième. Mais en ce temps-là, il n’en allait pas de même. C’était un trésor que personne n’aurait échangé contre tout l’or du monde, et il n’y a qu’aux toilettes qu’on pouvait espérer en mater une.
Si vous l’avez lu aussi, votre avis m’intéresse, aussi n’hésitez pas à commenter

Editions Cap Bear

C’est une histoire de famille, celle d’Henriette et Joseph, leurs enfants et petits-enfants. C’est une histoire qui commence sur un drame sur la plage Saint Vincent, les corps d’Henriette et Joseph sont retrouvés noyés et liés par les poignets. Que s’est-il passé ? Qui aurait pu avoir envie de les éliminer ? Comme à chaque fois qu’un corps est découvert, une enquête est ouverte. Nicole Yrle peu à peu à petites touches intimistes et poétiques nous invite à visiter l’univers de ce vieux couple : leur passé ( l’occasion d’en connaître plus sur leur us et coutumes ), la lente érosion de leur présent, leurs doutes, leurs espoirs.
J’ai retrouvé avec bonheur la plume de Nicole Yrle entretenant ce souci des personnages et de leurs pensées intimes, les détails de la vie quotidienne, qui dans ce roman tient une très belle et poignante importance. Tout, des paysages aux coutumes, est soigneusement dépeint comme une carte postale complétée de senteurs et des sons.

Un beau roman qui renvoie au droit des personnes à disposer d’eux-même.

 

Editions Rivages Noir – N°866
160 p-Paru le 02-05-12- 7 €

Quatrième de couverture :

Dans une France minée par le chômage et les plans sociaux, Larry, ingénieur acousticien, perd son emploi. Même pour un travail non qualifié, on ne veut pas de lui. Trop diplômé. Lassé des entretiens d’embauche qui ne mènent nulle part, écoeuré, aux abois, il fait une bêtise. Fabrique une bombe. Elle est fausse, mais lui seul le sait et le pouvoir de persuasion de la bombe est immense…

Depuis Le Couperet de Westlake, la souffrance au travail, la peur du chômage et la détresse induite par la perte d’emploi, sont des thèmes plus actuels que jamais. Christian Roux s’en empare dans ce road-novel intense aux accents de fable politique.

 

Ce que j’en ai pensé :

Encore un roman de Christian Roux qui décortique notre société, bref, un roman noir comme je les aime. De son écriture claire et limpide, sans jamais en ajouter, l’auteur nous fait suivre le parcours  de Larry qui perdant son emploi se trouve comme un funambule. Il s’aperçoit avec un peu d’amertume que les anciennes certitudes du temps de l’opulence ne peuvent persister dans ce nouveau présent qu’il lui faut affronter. L’amour qu’on croyait éternel s’émiette.Femme et enfant s’éloignent. Alors il se rend aux entretiens, sans aucune illusion.

[…]il fallait bien qu’il joue le jeu, s’il voulait essayer de croire qu’il gardait la main sur les quelques lambeaux de sa vie pas encore déchiquetés par ce monstre protéiforme, de plus en plus invincible au fur et à mesure que le temps passait : la crise.

 Et puis, parce qu’il veut  croire qu’il a encore son destin en main, il fabrique une bombe, une petite qui ne ferait pas de mal à une mouche. Il déambule ainsi dans les rues, il la brandit lors d’un entretien. Il imagine les réactions de la foule et il prend de la hauteur par rapport à tout ce qui l’entoure. Mais voilà, l’histoire dérape lorsque dans le sas d’une banque il laisse passer une jeune femme, Lu.
Larry réagit au quart de tour afin d’éviter une tuerie, s’ensuit une fuite en avant accompagné de Lu.
Décidément Christian Roux a ce talent de donner vie à ses personnages, de les rendre humains, fragiles. Comme pour ses précédents romans, l’auteur porte un regard aiguisé ici plus particulièrement sur le chômage : l’hypocrisie du Pôle Emploi ( sans accuser les employés ), l’indifférence qui frappe les sans-emplois, la vie quotidienne qui dérape et se dissout.
C’est réaliste, désespérément réaliste et la fin est très percutante.
En conclusion, vous le devinez, je vous le recommande vivement.

Editions Liana Levi – « Policiers « 
Trad.de Dominique Lepreux
06-05-2011 / 384 pages
20,30 €

Ce qu’en dit l’éditeur :

Les Galiciens? Ce sont des taiseux selon Rafael Estevez, adjoint de l’inspecteur Caldas. Et dans la halle aux poissons du port de Panxón, les mots ne servent qu’à surenchérir lors des ventes à la criée. Impossible de tirer des pêcheurs une quelconque information, même un noyé qui gît mains ligotées sur la plage les laisse de marbre. Pourtant, sur cette côte espagnole battue par l’Atlantique, la rumeur court, silencieuse. Elle parle de naufrages, de bateaux engloutis, de vengeance des morts, d’amulettes contre le mauvais sort… Au comptoir des tavernes où se retrouvent les marins, dans le brouhaha des conversations et des parties de dominos, on peut en saisir quelques bribes. Mais difficile pour nos deux policiers de tirer le bon fil dans cet enchevêtrement d’histoires vraies et de superstitions…

Ce que j’en ai pensé :

Le roman se déroule en Galice près de Panxon. Un homme est retrouvé noyé les mains liées non loin d’un petit port de pêche. Un suicide pense-t-on dans un premier temps, mais la soeur du défunt n’y croit pas. L’inspecteur Léo Caldas accompagné d’ Estevez, l’aragonais va mener une enquête laborieuse car les galiciens sont des taiseux au grand désespoir de l’aragonais, impulsif qui n’hésite pas à défoncer des portes ou distribuer quelques baffes au passage.
Des rumeurs circulent, l’on aurait aperçu Sousa capitaine de bateau pourtant décédé 12 ans auparavant. Pour les deux inspecteurs, il va falloir démêler le passé pour éclaircir cette affaire complexe. Car non seulement les habitants sont des taiseux mais ils font partie de la communauté des pêcheurs…chacun sait quelque chose mais il faut bien du talent pour saisir dans les silences la vérité. Caldas est patient.

L’intrigue est stimulante, intrigante avec ses fantômes surgis du passé. Je me suis promenée dans les paysages, j’ai goûté les saveurs marines ( que de plats évoqués dans ce roman). Léo Caldas et son acolyte sont des personnages attachants que j’ai envie de retrouver rapidement.

C’est beau, c’est la Galice, et Villar nous sert une intrigue à caractère sociologique et des drames de la vie laissant leur empreinte indélébile au coeur des pêcheurs et de leur communauté.

Editions Rivages noir – N° 352
Trad. de Marianne Millon
432 p – Paru le 09-03-2000
10.65 €

Petra et Garzon forment un tandem atypique, ici le supérieur est la femme, Petra Delicado la quarantaine alors que Garzon frise la retraite. Il est assez macho. Certains passages sont amusants lorsque Petra malmène un peu un suspect,  Garzon obéit, en policier discipliné mais montre sa désapprobation. Garzon pense que les femmes sont toutes des fleurs fragiles ce en quoi Petra et l’enquête qu’ils mènent tous deux à la recherche de ce violeur vont le désillusionner. Pour finir des liens forts et qu’on sent porteur d’une profonde amitié et d’un respect considérable se lient entre nos deux policiers.

Dans ce roman, pas d’experts, mais une enquête à l’ancienne. Le mystérieux violeur ne laisse aucun indice si ce n’est cette marque de fleur sur les bras des jeunes femmes, toutes fragiles. Petra et Garzon nous font progresser à leur rythme, tâtonnant, se trouvant en but à la critique médiatique, et même les victimes, achetées par les médias leur tournent le dos.

Alicia Gimenez Bartlett offre une analyse des milieux populaires et des liens parfois glauques au sein de la famille. Une enquête passionnante par son côté sociale. Les personnages sont attachants, personnellement j’aime aussi beaucoup Garzon et Petra pleine de bonnes intentions pour son avenir. Les ex m’ont fait sourire. Petra devant le plus vieux se sent comme une gamine en faute tandis qu’avec le plus jeune, elle jouerait presque à la maman.

Un bon moment de lecture

Editions Rivages noir – 368 p
Paru le 01-03-2007 – 8.65 €

La ménagerie c’est Malo Rottweiler dit Le chien, mais aussi Impala, Le chameau, Le Pottock, la marmotte. Ces noms d’ animaux totems leur avaient été attribués par Jean-Loup Fresnel, Loup. Le roman s’ouvre sur la mort brutale de celui-ci. Les enquêteurs souffrent, surtout Le chien car orphelin tout petit c’est Loup qui lui aura permis de se sortir des embarras.
Puis l’enquête emmène nos inspecteurs vers le meurtre de deux danseurs pour femmes, qui ont été assassinés dans de grandes souffrances comme affectionnait de le faire les nazis.
Au commissariat, parviennent des lettres de dénonciation signé par un certain Thor. Pour un moment tout laisse à penser que les milieux d’extrème droite sont mêlés à ces affaires.
Allant chercher des indices au domicile de Loup, Le chien se fait agresser et Le chameau est blessé à la cuisse.
Bientôt Rottweiler comprend qu’il faudra remonter dans le passé pour élucider le présent, passé qui mène en Normandie. Il y découvrira une facette de Loup qu’il ne soupçonnait pas.

Un très bon roman qui file vite, fort bien écrit avec des personnages fouillés et de l’humour. J’ai adoré. Il existe une trilogie avec Loup, je vais certainement la lire…la question est quand ?

Pocket – 10/ 09 / 2009
Thriller – Policier
480 p – 7 € 60

Quatrième de couverture :

Arnaud Lécuyer est un magicien un peu particulier, personne ne se méfie de lui…
Récemment libéré de prison, il reprend le cours de sa vie : observer, attirer, tuer. Pour ses victimes, il reste Le Magicien. Son public préféré : les enfants.
Un homme se méfie de lui, le commissaire Mistral. Formé à dresser le profil psychologique des tueurs en série et à les traquer, il a senti derrière ces récentes disparitions et meurtres de jeunes garçons la signature d’un même homme. Invisible, secret, insaisissable. Un magicien…
Cet ouvrage a reçu le Prix des Lecteurs « Goutte de Sang d’Encre »

Ce que j’en ai pensé :

J’ai eu des difficultés à poursuivre la lecture, ça m’a semblé long, trop, pourtant l’intrigue est intéressante et le fait qu’un policier la raconte la rend beaucoup plus documentée de l’intérieur si j’ose dire. Ce n’est qu’arrivée environ à la moitié du livre que mon intérêt a grandi. Le tout début du livre accompagne Arnaud Lécuyer de sa sortie de prison après douze ans pour viol d’une personne âgée jusqu’à la reprise de ses pulsions, pulsions qui le poussent à vouloir abuser de jeunes garçons et les
tuer après les avoir attiré près de lui grâce à des tours de magie. Il n’arrive pas à se maîtriser et bientôt il récidive…Le magicien est de retour. Mistral le commissaire apprend que le magicien est revenu alors qu’il n’avait rien fait depuis des années. Et pour cause puisqu’il était en prison.

Arnaud Lécuyer sait se fondre dans le décors, il éteint ses feux de haine et le soir venu reprend sa vieille collection et guette le moment où il la complétera et il y parvient.
Tous les policiers, et les différent services vont travailler conjointement. Mistral qui revient des Etats Unis où il a été formé au profilage va le traquer grâce à ces nouvelles méthodes encore trop méconnues en France. Il n’hésitera pas à prendre des risques et provoquer Le Magicien.

Au total, un rythme trop lent pour moi. J’aurais aimé en savoir plus sur l’enfance d’Arnaud Lécuyer.

L’écriture est laborieuse.