Editions P.O.L

Editions P.O.L

Ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête. Et donnait la phrase rituelle : « En souvenir d’André. »

Je me rendais à l’adresse indiquée et là, je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne, de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m’avaient donné leur prénom. Lorsque le malade souffrait trop, l’autre personne était là pour m’expliquer. Je l’arrêtais très vite.

« Je vais d’abord m’occuper de la douleur. »

Le roman s’ouvre sur le narrateur à qui un organisme remet un dossier médical. Dans celui-ci il prend connaissance de la maladie de la personne qu’il va peut-être, s’il le choisit, aider à se suicider thérapeutiquement. Rien ne l’y contraint. Ce dossier lui donne l’assurance que ce malade est sain d’esprit que que par trois fois, à trois médecins, il a réaffirmé son désir d’en finir avec la vie.

Il s’agit de l’entretien entre cette lui et l’homme qui lui demande l’accompagnement vers la mort. Sous forme d’un long entretien, dans lequel le patient dévoilera les carnets qu’il a tenus toutes ces années concernant l’aide apportée aux personnes résolues à mourir dignement et sans souffrance, Martin Winckler comme à son habitude nous titille les neurones et l’humanité.

C’est un sujet qu’il connaît bien et qu’il défend depuis de longues années.

Puissant et profondément humain, un sujet qui dérangera sans doute mais qui devrait pourtant être au cœur du soin, et de la médecine, tout comme le traitement de la douleur chez le nourrisson est enfin pris en compte.

Cela ne s’arrête pas là, car Martin Winckler nous réserve une surprise et non des moindres.

Tout ce roman n’est qu’amour et respect. Il ne m’a personnellement pas dérangée car cela fait de longues années que je partage son point de vue peut-être pour avoir recueillie sans pouvoir rien y faire les paroles et pensées d’une personne très chère à mon cœur que je n’ai pas pu ( su ? ) aider à partir dignement sans souffrance. Je m’en veux.

Quelques extraits :

« il suffisait que je dise : raconte-moi, je t’écoute.

Mais je ne l’ai pas fait.

Longtemps je me suis demandé pourquoi.

Pourquoi je n’ai pas osé, finalement, aider mon père çà mourir.

Pourquoi je n’ai pas voulu entendre ma mère dire sa fatigue de vivre. » 

« Non.Je voudrais dormir.Vous ne m’entendez pas.

Je vous écoute mais…

Vous ne m’entendez pas

Elle m’a regardé droit dans les yeux.

Je voudrais rentrer.Chez moi. Et dormir.S’il.Vous.Plaît »

« Ce n’est ni la douleur, ni la dépression, ni la solitude.

C’est un sentiment plus pénible encore.

Celui d’en avoir assez.

Ëtre las d’être là. »

Martin Winckler ne situe pas ce roman dans l’espace ni le temps. Il y dénonce pourtant l’hypocrisie, l’acharnement, la méconnaissance ou tout simplement le bêtise devant la fin de vie et le courage de ces soignants qui écoutent et vivent au quotidien ces appels à l’aide, à l’humanité.

Roman prenant, sans doute dérangeant pour certains mais, il est primordial au XXI ème siècle d’arrêter de se voiler la face.

C’est une question nécessaire pour tous, nous-mêmes et nos proches.

C’est une déclaration pour le droit à mourir dignement, sans que la médecine et tout son clan ne s’acharne bêtement sur nous. Le droit de choisir.

Ce roman existe aussi en numérique 

Mélanie au crépusculeMélanie au Crépuscule

L’auteur, Sozuka Sun m’a fait l’amitié de m’offrir cette nouvelle et je l’en remercie encore.

La vie n’est pas facile pour Mélanie. Pourtant, celle de la petite Crépuscule est pire : bannie du Jardin des Dieux à cause d’une sombre prophétie. Mais quand deux destins contrariés s’entrechoquent, il en ressort parfois quelques éclats de talent !

La nouvelle débute par l’histoire de Crépuscule, cette enfant qui a eu la malchance de naître au Jardin des Dieux au mauvais moment. Victime d’une sombre prophétie, la petite Crépuscule court pour sauver sa vie. C’est ici l’univers de la fantasy, un bel univers fort bien dépeint, inquiétant et original. Ce côté mythe ne pourra que réjouir les amateurs de contes et légendes.

Puis, bascule vers la réalité en compagnie de Mélanie. Elle a bien des contrariétés Mélanie. Elle souffre de diabète et de tous les ennuis qui y sont liés, la prise de poids arrivant en tête. Mélanie est têtue, elle ne fait pas une bonne patiente.

De façon très surprenante ces deux univers vont finir par se côtoyer, se télescoper. J’ai vraiment beaucoup aimé la chute, très intéressante, bien amenée.

Je vous recommande chaudement cette nouvelle et cette écriture.

Encarnada Éditions, Sozuka Sun et Patrick Dos Santos ( graphiste ) sur Kobo et Amazon

 Le blog de Sozuka Sun

ColtLe colt et la boîte aux lettres

Mais pourquoi donc ce type en chemise tahitienne est planqué derrière cette énorme boîte aux lettres, avec, de surcroît, un colt en main ? Il fait très chaud, il lui reste  cinq coups dans son colt , c’est l’après-midi et de toute évidence un homme s’est introduit chez lui. Ça sent le règlement de compte à plein nez. Michael Roch nous embarque vitesse grand V dans cette nouvelle bourrée d’humour noir. Je craque complètement devant ce style vif  plein de gaieté et de rebondissements. Je ne parle même pas de la chute qui m’a fait mourir de rire et pourtant on est bien dans de  la nouvelle noire.

Franchement un cadeau comme celui-ci ne se refuse pas, foncez chez lui, lisez-le et dites lui ce que vous en pensez !

Pour découvrir l’auteur, Michael Roch consultez son blog Sans aucune issue : si vous cliquez la rubrique Me découvrir , vous trouverez des surprises comme celle-ci ( format PDF via le visuel, epub ou kindle ).

Une explication concernant la ‘catégorie’ que je lui ai octroyée à savoir  ImagiNoir. Je ne sais pas comment faire pour qu’un auteur figure parfois dans les romans noirs et polars et d’autres dans SF & Imaginaire alors Michael Roch inaugure cette nouvelle catégorie. Remerciements à Julie Mornelli qui m’a   filé le nom.

Je ne saurais que trop vous conseiller la lecture de La Boîte de Schrödinger – Expérience n°1, édition numérique chez Walrus et toutes les plateformes ( sans DRM) à 1 € 99 . Je vous en parle bientôt !

Les commentaires sont ouverts !!

chemin_retour1Le chemin du retour

Quelle émouvante nouvelle ! Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas aussi déjanté que la série des Jésus contre Hitler. L’auteur a écrit ici une nouvelle très émouvante, qui pour ma part m’a quasiment mis les larmes aux yeux.

Il nous raconte l’histoire de Babu, un vieux singe condamné à finir ses jours dans une réserve où les humains le protègent ainsi que ses congénères des braconniers. Babu est triste en observant la jeunesse dans l’enclos. Il pense à la forêt et surtout au Temple du Dieu Singe. Les jeunes ricanent, le tournent en ridicule : pourquoi vouloir retourner à la vie sauvage alors que l’humain leur donne tout sur un plateau ?

Comme il dérange, la relève  va l’aider à quitter l’enclos. Voilà l’un des sujets de cette nouvelle reçue gratuitement suite à mon inscription à la mailing list de l’auteur sur son site

Neil Jomunsi aborde avec sensibilité la vieillesse, la mélancolie,les conflits entre générations et le choc des cultures entre autre à l’arrivée de Babu en ville. J’ai été très touchée par Babu. L’auteur a trouvé les mots, les images pour nous sensibiliser à la fois aux problèmes écologiques ( enfin à mon avis ) et à la vieillesse, ajoutons à cela une pointe de croyance Le temple du Dieu Singe et tous les ingrédients sont en place pour une nouvelle bien différente de ce que j’ai lu dans Jésus contre Hitler. J’aimerais avoir l’occasion d’en discuter avec d’autres lecteurs, je ne veux pas spoiler car après tout cette nouvelle est d’aujourd’hui. Il y a pas mal de sujets abordés dans cette nouvelle. Voilà, c’est dit j’ai adoré la lire.

Cette nouvelle éditée par Studio Walrus  est à 0.99 cts d’€ chez les différents libraires en ligne.

Préambule : Toujours dans l’univers de Yumington , cette présentation vaut un discours. Merci à Jeff Balek et tous les amis de Yumington sans qui je n ‘oserais pas écrire ces twittfics ni leur envisager une autre vie.

Tout ce calme en moi m’étonne. Depuis quand n’ai-je pas connu cet état de grâce ? Si longtemps, trop peut-être.

C’est si agréable, je me sens infiniment légère, détachée, sans haine, sans autre envie que d’être là avec ce souvenir.

Une image, un portrait, celui d’un couple, immobile dans la furie de la rue. Instantanément, je l’ai repéré.

Les néons des magasins clignotent. Les gens ploient sous le poids de leurs achats :entrant,sortant, pressés, bousculés.

Et eux, se tiennent face à face, les mains dans les mains, le regard noyé l’un en l’autre, juste souriants sans parole.

Leur beauté rayonnante m’emplit d’une sensation que je n’identifie pas. Quelque chose en moi remue. Qu’est-ce donc ?

Combien de temps sont-ils restés ainsi tranquillement attentifs à leur bonheur ? Une éternité ou cinq minutes ?

Peu importe. Lorsque d’un bel ensemble, ils ont repris leur chemin, je les ai suivi de loin, remuée par ma découverte.

Ils se sont dirigés vers la 77 ème rue d’un même pas, flânant sans un regard pour les vitrines. J’ai entendu rire.

Leur douce odeur, l’empreinte de leurs corps dans mon décor m’accompagnent encore. Est-ce donc cela se nourrir d’amour ?

post-reproductionPost-Reproduction de Christophe Darlanuc

Synopsis : Quel rapport entre un vieux déserteur SS et Hanh, une jeune fille qui essaie de survivre dans l’enfer des Khmers rouges ? Et entre Laurent, qui se noie dans l’alcool depuis la mort de Cécile, sa femme alors enceinte de jumelles, et l’impitoyable dirigeante d’un obscur empire scientifique et industriel ?
Aucun a priori.
Sauf qu’un jour, Laurent reçoit un appel mystérieux. Une correspondante inconnue lui affirme que sa femme et les bébés qu’elle porte sont au centre d’une terrible machination et que l’accident dont elle a été victime n’était qu’une mise en scène.
Talonné par un tueur halluciné, Laurent se lance dans une course folle afin de retrouver Cécile. Au fur et à mesure de sa quête, il se rend compte que la vérité est effroyablement plus complexe que tout ce qu’il avait imaginé…

Un thriller qui va puiser au pire du passé pour engendrer le pire du futur…

Le prologue pourra peut-être vous paraître longuet, néanmoins et peu à peu, en cours de lecture, il m’a semblé tout à fait opportun. Christophe y pose les jalons de compréhension et c’est très important. Ensuite il faut avouer que j’ai un petit peu pataugé avec Hanh et sa fuite, mais je souligne la connaissance des lieux, et le suspense bien présent. J’ai énormément apprécié de ne piger qu’au final son histoire complète. Eh oui, difficile de parler de ce roman sans trop en dévoiler, il faut en parler à mots et maux couverts.Parce que ce roman c’est l’histoire d’une folie et celle des blessures subies, profondes et indélébiles.

Mon personnage préféré dans cette galerie abondante reste cependant Laurent. Ce mari qui a perdu sa femme enceinte de jumeaux dans un accident de voiture dont on a jamais retrouvé le corps. Il est touchant, vulnérable mais va faire montre d’un courage et de ténacité peu ordinaire. C’est à l’occasion d’un appel téléphonique qu’il va commencer à réfléchir et les coïncidences étant trop énormes mener l’enquête avec la sœur d’une autre victime enceinte de jumeaux également.

Il y a des passages excellents concernant Laurent comme celui où il règle ses comptes avec son associé : à la fois drôle et violent.

Quant à Hanh on la retrouve longtemps après l’avoir quittée dans un état particulier. Je ne sais toujours pas si je la plains ou la déteste, ce qui est assez déstabilisant vous en conviendrez.

Ce roman nous promène un peu partout sur la planète de questions en réponses plus ou moins ouvertes. Une quête de vérité qui n’est pas sans soulever de gros, très gros lièvres devant lesquels il vaut mieux être bien armé. Et justement des calibres, il y en a et beaucoup savent très bien les utiliser.

C’est aussi un roman sur la manipulation, la stratégie à long terme ( très long terme ) , la génétique et de fait les gros sous.

Comme vous le savez si vous parcourez de temps en temps Dzahell, et si vous me suivez sur twitter, j’aime beaucoup les romans noirs, les thrillers et celui-ci m’a séduite même s’il a certaines imperfections minimes à mon avis ( j’ai déjà laissé tomber avant la fin des lectures de thrillers d’auteurs reconnus comme dernièrement Caryl Ferey avec Mapuche par exemple ).

Maintenant, au sortir de ce roman auto-publié, j’aimerais beaucoup que Christophe Darlanuc écrive une suite. Il y a matière à en faire une belle et ça m’ennuie de rester sur ma faim comme ça.

Je vous conseille cette lecture de Post-Reproduction, roman auto-publié, de Christophe Darlanuc qui vous coûtera 2 € 99 chez Koko ou Amazon et 16 € 65 en version papier sur Lulu.com

Notez que sur demande vous pouvez recevoir les 15 premiers chapitres de ce roman via twitter en contactant l’auteur. Mieux qu’un court extrait, non ? 

Cliquez ici pour télécharger les 15 premiers chapitres du roman 

Aujourd’hui, grâce à Jérémy du blog Bouquinovore vous pouvez gagner 22/11/63 de Stephen King version papier ou ebook, au choix.

king

Pour cela il vous suffit de participer jusqu’au 31 mars 2013 en remplissant le formulaire et postant un commentaire sur la page du concours.  

Si vous avez un compte Twitter et / ou une page Facebook vous multipliez vos chances de le gagner.

Alors rendez-vous chez le Bouquinovore ?   

sixfaces1« Un monde cubique, comme un gigantesque dé flottant dans l’espace. Voilà ce qu’est Six Faces, la planète aux formes anguleuses. Et à planète étrange, aventures étranges.

Suivez le destin de Calamity Rainbow, voleur raté et exclu de sa guilde pour incompétence chronique. Alors que tout semble s’acharner sur lui, il découvre un médaillon dans une vieille grange qu’il est en train de « visiter ». Commence alors pour lui une course effrénée à travers tout le continent jusqu’aux origines de la Magia, la magie véritable.

À ses côtés, un professeur de Cypresstechnologie pleutre et coincé, un quarterback à la retraite forcée et une magicienne aussi belle que mystérieuse.

Mais une telle aventure n’est rien sans quelques ennemis, et Calamity a de quoi faire. À ses trousses ? Des voleurs vindicatifs, des assassins engagés par ces mêmes voleurs, une secte aussi effrayante qu’inoffensive, des policiers zélés, et surtout, des magiciens plus ou moins amicaux…

Plongez dans Six Faces et découvrez un monde étrange, de la Fantasy saupoudrée d’anachronismes et d’humour loufoque. Une saga épique où se mêlent magie, action, humour, voyage et parodie.

En quelques mots, l’Aventure avec un grand rire ! »

Il y a une belle galerie de personnages dans ce roman, à commencer par le fameux Calamity Rainbow, voleur qrevet râté. « la race des qrevets, êtres vaguement humanoïdes apparentés aux crustacés, au corps recouvert d’une fine carapace rose pâle. Lui était petit pour son espèce, et avait le teint particulièrement rouge ‘ Je suis sûr qu’ils l’ont fait exprès de me faire si rouge.’Il pensait souvent que tout avait été planifié pour que sa vie soit un enfer, même sa conception. »

Viré de la Guilde des voleurs associés de Prias ( GUIVOAP) pour incompétence chronique et notoire, peut-être contagieuse Calamity réussit à se la mettre à dos. Quand il rencontre Juejam je comprends encore, car celui-ci est un spécialiste de @cypresstechnologie. Je peux suivre le semblant d’explication donné au médaillon par Juejam. Où cela se complique c’est dans le pourquoi de cette course poursuite impliquant autant de monde : le quaterback Truk, des mages, d’autres voleurs, des assassins, des mages et magiciennes ,et bien sûr des flics…J’avoue que je me suis sentie un peu larguée par moments d’autant qu’il y a de nombreuses digressions, intéressantes au demeurant, mais qui m’ont éloignée du roman, perdue, paumée. J’ai souri de nombreuses fois surtout aux clins d’oeil, mon préféré reste celui à La foule d’Edith Piaf. Mais l’alchimie ne fonctionne pas à plein. Trop de personnages, trop de digressions et mon esprit est parti à la dérive, a eu du mal à retrouver les rails de l’intrigue. Dommage, parce que franchement pour un  premier roman hommage à Terry Pratchett et ses Annales du Disque monde c’est tout de même une belle réussite. Gageure que de s’attaquer d’emblée à ce genre de roman créant un univers complet, ce cube.En fait, je pense que cette aventure aurait gagné à être scindée en plusieurs parties, en coupant les épisodes introspectifs du narrateur ( en faire autre chose ? ). Néanmoins, j’ai passé un bon moment, je me suis amusée même si parfois la tentation a été grande de ‘sauter ‘ des passages pour aller à la progression de l’histoire.

Voilà, en fait moi j’aurais vue une série, qui aurait permis d’approfondir l’univers de Six faces sans en alourdir la lecture, qui aurait permis de s’accaparer les personnages de façon plus pertinente, donner une image plus fouillée des différentes populations dont j’attendais plus et  les insérer dans le scénario initial. 

Avis mitigé donc, mais un grand merci à l’auteur et beaucoup d’encouragement pour qu’il continue l’écriture car il n’y a pas a en douter, il a ce qu’on appelle une belle plume et beaucoup d’idées à exploiter.

Vous l’avez-lu ? Venez en parler, partageons notre découverte! 

Six faces d’Esteban Bogasi est à un euro sur Fnac, Kobo et Amazon 

 

 

Ceci est une twittfic « sauvage » dans l’univers de Yumington initiée par l’auteur Jeff Balek 

J’ai faim 

Je suis aux aguêts, j’ai décelé un mouvement pas loin, là dans l’herbe rabougrie. Il fait froid c’est couvert

Mon nez m’interpelle, : » ça sent la chair fraîche par ici  » ! j’ai l’estomac creux, je vais m’en prendre un tranche

Il est tellement pathétique, seul, à brailler à la lune et moi si affamée. Pauvre, pauvre de lui qui erre à l’abandon

Je louvoie à ses côtés, il est tellement dans son monde qu’il ne me capte pas …m’étonne pas, l’égocentrisme c’est ça

J’aime jouer et là il me satisfait pleinement. Je m’étire, me camoufle, guette et me dis que son heure est proche 

Il est foutu. Je lui saute dessus, il m’a pas vu venir. Je lui plante mes crocs dans la jugulaire

Y a du sang partout mais putain ça fait du bien , j’avais tellement faim !

J’ai aucun remords, je suis un animal  et à yumington en ce moment c’est dur pour tous

j’ai mangé un truc insipide mais j’ai mangé. Et maintenant ? j’attends le lendemain pour voir et me repaître encore  

Le texte de La faim de Léo Ferré

La faim
quand ça m’prenait
maint’nant ça va
du moins j’le crois
La faim
ça m’connaissait
car elle et moi
c’était comm’ça
La faim
faut y penser
de temps en temps
ça fait les dents
comm’chez les bêtes
féroces
ça coupe la noce
Ça fait penser
moi j’ai dîné
pas mal et toi
les aut’s j’m’en fous
Et gamberger
quel est ce chien
qui m’tend les mains
et ses yeux doux.
La faim
y’en a pour qui
ça va toujours
c’est comm’l’amour
La faim
y’en a pour qui
ça va jamais
toujours complet
La faim
y’en a pour qui
les vieux croûtons
c’est encor’ bon
comm’la romaine
ça gonfle
ça coupe la s’maine
Dans l’estomac
ça nage un peu
ça fait c’qu’on peut
ça bouch’les trous
Et dans l’taff’tas
ça serre un peu
un cran mon vieux
faut joind’les bouts.
La faim
quand par hasard
y’en a pour deux
ça fait causer
La faim
pour les bavards
c’est pas c’qu’y’a d’mieux
mais ça distrait
La faim
jamais en r’tard
cett’souris-là
n’attend mêm’pas
que tu la sonnes
ell’ trône
superbe matrone
Elle a son chic
les yeux cernés
du fil de soie
dans les tibias
Même en musique
elle fait jeûner
c’te cigal’-là
depuis des mois

La faim
y’en a qui dis’nt
qu’elle est fauchée
mais c’est pas vrai
La faim
ça a toujours
deux trois p’tits tours
dans son panier
La faim
quand t’as trimé
des tas d’années
dans sa carrée
donne un pourboire
un’ poire
pour
la
SOIF.

La Faim sera très probablement mon personnage récurrent dans les twittfics sauvages yumington

See you soon

Facebook, mon amour ! Eric Neirynck Ed.Omri Ezrati-Coll. Privée

Facebook, mon amour !
Eric Neirynck
Ed.Omri Ezrati-Coll. Privée

Facebook mon amour !

J’aime de plus en plus lire des recueils de nouvelles. Je trouve que c’est une bonne façon d’entrer dans l’univers d’un auteur. Et puis, je pioche au gré de mes envies une histoire par-ci par-là.

Facebook mon amour ! En compte 16, parfois très brèves.

Eric Neirynck les avait tout d’abord postées sur sa page Facebook. Ceci pour effacer de votre pensée toute idée qu’il puisse s’agir ici d’une publicité cachée pour ce réseau social.

Au cœur de ces textes, des hommes, des femmes, des beaux, des moches, des vieux, bref, l’humain.

Des histoires d’amour qui ne finissent pas toujours bien soit que nous en attendions trop, soit que nous en prenions peur. C’est la vie, et l’amour attend son heure sur internet ou dans la vie non « numérique », expression qui m’amuse empruntée à l’auteur.

Ça peut-être une attente tellement forte que cette rencontre ne trouve d’issue que dans la folie comme dans ‘La vieille’ qui je l’avoue m’a particulièrement émue.

Eric Neirynck extirpe les sentiments de cette galerie de personnages. Il les anime de doutes et d’espoirs. Il les place face à eux-mêmes en situation de devoir assumer, en partie au moins, leurs actions passées et / ou à venir.

Ce sont, via ce réseau, des quêtes d’aventures qui avortent faute de sincérité ou par lâcheté. Oui, l’amour ça peut foutre les chocottes, surtout quand le héros ou l’héroïne s’est auparavant bien ramassé. Vous qui me lisez, si vous côtoyez les réseaux sociaux ( twitter, FB, forum et autres ), vous savez bien, ( inutile de mentir je vous observe ), qu’il existe un grand nombre de personnes qui mentent sur eux-mêmes. Internet, c’est aussi le camouflage, s’inventer une vie qu’on n’a pas, et comme dans ‘Un jour de neige ‘ se retrouver comme un con, largué avant même le visu parce que la femme de l’autre côté aura pris peur elle-aussi.

C’est l’amour détruit par insouciance, manque de soin, qui finit par éloigner de vous le meilleur et vous mener dès la rencontre suivante vers un enfer.

C’est aussi beaucoup de bonheur lorsque la fusion des corps et de l’esprit est complète. Ce bonheur des débuts prometteurs quand on prend conscience du plus intime de son être comme dans ‘Epousailles’ très émouvante nouvelle de FaceBook mon amour !

Et puis d’autres ruptures, de celles qui vous laissent sur le carreau persuadé que jamais, non, plus jamais vous ne revivrez un tel amour. Ce sont des amours-cages qui vous guident vers un curé, comme vous iriez voir un psy.

Je ne vais pas vous détailler une à une ces nouvelles bien évidemment.

Sachez que même si beaucoup sont noires, l’auteur a une bonne dose d’humour comme dans ‘Imprudence’ et ‘Rencontre online’, vraiment ces deux là m’ont bien faite rire. C’est avec grand plaisir que j’ai donc renoué avec l’écriture d’Eric Neirynck  après l’avoir découvert dans Historietas, Les dix font le sapin et Le quadra génère ses propres angoisses. Beautiful érection ( tous trois chez Edicool éditions ). J’aime beaucoup l’écriture d’Eric Neirynck et cette sensibilité que je décèle en lui.

Et vous, quelles sont ou seront vos préférées ?

6 € 21 , livre papier chez Omri Ezrati

Au départ, je m’étais dit et je l’ai même annoncé sur twitter : « tiens je vais expliquer comment on peut être timide et rentre-dedans à  la fois. » J’ai rédigé, j’ai relu et ça m’a pas plu. Hop à la poubelle le bidule incompréhensible, oui, parfaitement et c’est pas parce que je vous prends pour des cons, non pas du tout, c’est que même moi je n’étais pas convaincue.Pour entrer dans le coeur du sujet, il aurait fallu que j’étale des pans de ma vie …or j’ai pas l’intention de faire de Dzahell  un journal intime.

Et puis mon humeur massacrante du jour n’arrange pas les choses. Je suis bien allée dans mon jardin gueuler un bon coup ( les voisins ont dû être ravis ) mais ça n’a pas suffit à dégager ce monstre de colère noire. Je me demande si je ne vais pas investir dans un punching-ball !

Reste une autre solution : l’écriture, pourquoi se gêner après tout ? Bon, les écrivains et tout, ne rugissez pas d’avance : non, je ne suis pas auteur, non, je vais pas aller sur vos plate-bandes, non je ne suis pas ‘ une blogueuse qui se la joue intello écrivaillonne’. Puis d’abord je suis chez moi, j’écris ce que je veux et comme je le veux, donc visiteur si t’es pas content, passe ton chemin et oublie tout de suite cette adresse.

Quand j’ai ouvert Dzahell, j’ai longtemps hésité à y créer des catégories. Pour moi, il y a la littérature un point c’est tout : des histoires, leurs auteurs et nous, les lecteurs. Les catégories ça ne sont jamais que des petites cases avec des mots, parfois des images, dedans. Ça n’est que mon avis : c’est un tue la curiosité, c’est un éteignoir à découvertes.

Ceci dit je suis la première à exprimer une certaine préférence pour le roman noir et je m’en suis expliquée plusieurs fois. J’y apprécie le réalisme cru et l’analyse de nos sociétés, tout n’y est pas ou tout noir ou tout blanc. J’ai déjà, placé un roman dans un autre genre que celui lancé par l’éditeur, après tout c’est moi qui décide ici. Mais comme vous avez besoin de repères, j’ai tout de même opté pour cette présentation, en espérant fortement que votre curiosité vous poussera à explorer. Tout ça pour en arriver à écrire ce qui suit.

Si je suis autant énervée, agacée, révoltée c’est que les années passent mais il reste toujours autant de censure ( consciente ou pas ), de préjugés, et de rigidité face à l’écriture ( et plus largement l’art ). Voilà un auteur Lilian  Peschet qui poste en ce moment des extraits d’une de ses nouvelles qui traite du coaching du suicide et qui reçoit par courriel des remarques du style «connaissez-vous la limite entre l’humour et le mauvais goût… » Mais punaise, dans quel siècle vit-on pour qu’on ne sache pas prendre de distance face à une œuvre ? Le sujet dérange et alors ? Il n’y fait pas l’apologie du suicide que je sache. Y a des auteurs qui tuent au kilomètres dans leurs romans, on les taxe pas d’être des tueurs en série pour autant , Pourquoi y aurait-il des sujets autorisés et d’autres tabous ?

J’aurais bien voulu demander à cette personne si elle a pris la peine de lire les autres nouvelles en ligne ? Si non, elle aurait dû. Elle se serait aperçu que cet auteur est talentueux, certes il titille et certains sujets peuvent déranger mais punaise c’est justement le questionnement qui est passionnant en plus de la qualité de son écriture. J’espère vraiment et du plus profond du cœur, que les éditeurs ne se soucient pas de ces remarques débiles et qu’ils ont de l’audace, de la curiosité sinon bientôt dans nos librairies ne resteront que de l’insipide, du fadasse, du plan-plan, bref du chiant comme la mort.

Y a un relent de vieille pudibonderie archaïque faux-derche qui me monte au nez, ça pue et ça me fâche beaucoup, beaucoup.

Cette Twittfic dans l’univers de Yumington a été rédigée suivant l’impulsion et  les indications de son créateur, l’auteur Jeff Balek.

Vous trouverez en cliquant ce lien le guide de présentation de Yumington, en espérant que vous nous y rejoindrez bientôt.

Il s’agit de raconter une histoire en 10 à 15 tweets ( maximum ) à partir d’une idée de base donnée par Jeff Balek.

Toutes les informations, le dossier Sarah Watson, le manuel du twittacteur et la présentation de Yumington sont sur le site des Yumingtonn stories 

Le meurtre de Sarah Watson

Printemps 1946,Dolltown, une année avant le suicide de John Watson. Quatre homme en costume cravate autour d’une table.

John Watson,va et vient faisant des moulinets et parlant  » je l’ai testée sur moi, elle fonctionne très bien « .

C’est quasiment indolore et opérationnel dans l’heure qui suit. Une incision, là… Il montre sa tempe droite.

Elle infiltre le néo-cortex en libérant ses actifs neutralisant. Puis elle sélectionne. Efficacité 100 %.

Six mois plus tard.Une chambre blanche, Watson couché, attaché et perfusé. Les même quatre hommes sont là.

« Ce n’est qu’une interférence. » R.J, le Gouverneur :  » les dégâts sont importants, vous avez risqué la vie d’autrui ».

« C’est arrangé, j’ai ouvert et coupé la connexion » « Tout cela doit rester secret, les dossiers classés à l’abri. »

« L’émanation était réelle.La cognition, la gestion des émotions,faut remettre ça à plus tard. Nous avons tous eu peur »

Je vais retrouver Sarah. Mon bilan est bon, il n’y a plus aucun danger. Je continue de travailler sur ce projet.

16/02/47.Watson travaille dans son bureau. C’est le milieu de la nuit. Sa femme,Sarah,dort.Il est angoissé,il sue.

Il sent affluer en lui un monceau d’émotions contradictoires. Il a peur, il veut agir. Ça lui échappe,il est trop tard.

Ça enfle en lui, jaillit plus fort et hirsute et bleu.Il ne dirige plus rien,tel un pantin. Il entend Sarah crier.

Un flash lui envoie l’image de Sarah crâne fracassé. Il tombe lourdement,choqué, au pied de l’escalier,hagard.

Il revit dans la terreur, cette vision gigantesque et bleue, ce cauchemar qui le poursuit depuis un an. Il se tait.

En cellule, le double revient en force, décuplé. John écrit fébrilement « Il est là, il est revenu  » et se pend. [end]

Editeur NumérikLivres Collection e-LIRE

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Une journée de fou

Dès le début de cette Journée de fou j’ai compris qu’elle me marquerait pour longtemps.

L’angoisse est tapie derrière les mots, les longues phrases et encore accentuée par l’annonce d’un fait divers qui tourne en boucle. Le personnage m’est tout d’abord apparu comme une énigme. Pourquoi une telle angoisse ? Pourquoi vit-il ainsi sur le qui-vive ? Mais très vite, on comprend qu’il y a vraiment quelque chose en lui qui ne tourne pas rond. Si je voulais faire de l’humour je dirais que si justement, c’est une spirale infernale dans laquelle il est piégé.

Le récit de cette folie est tellement bien mené, que ma gorge se serrait à l’idée de ressentir ce que cet homme éprouve dans sa tête et par réflexe dans son corps. C’est grâce à la puissance des mots et la rythmique de l’écriture que Gilles Piazo ( également musicien ) attrape notre cœur, le serre à l’étouffer nous faisant vivre intensément cette journée de fou de l’intérieur de la tête de son personnage.

Peu à peu, j’ai découvert le comment de cette progression vers la folie au fil de scènes venues du passé, des bribes de souvenirs, des évènements passés inaperçus mais ayant gravé leur empreinte. Des flash back sur les ondes qui déboussolent : Est-ce la réalité ? Un cauchemar ? Une autre angoisse ?

Je ne dévoile plus rien sur ce magnifique roman. Je ne peux que vous conseiller vivement de le lire.

J’ai adoré l’écriture de Gilles Piazo, sa façon l’air de rien de nous amener à nous questionner, réfléchir à cette masse d’infos qui nous tombe dessus en permanence : leur impact sur des esprits déjà fragilisés, leur nécessité ou leur incongruité. Ces interrogations qui m’assaillent régulièrement, sans doute comme l’auteur : que penser d’une société qui contraint à l’isolement en créant la peur ?

J’espère vraiment avoir l’occasion de lire un autre roman de Gilles Piazo.

J’aime beaucoup son blog  ainsi que l’expérience collective de fiction web qu’il mène sur Les carnets du lotissement 

Je vous invite à lire un extrait de Une journée de fou sur le site de l’éditeur Numériklivres où vous pouvez également l’acheter pour 3 € 99.

Lisez également une interview de l’auteur sur le site de l’éditeur

Roman numérique téléchargeable sur les principales plateformes de téléchargements.

Cette Twittfic dans l’univers de Yumington a été rédigée suivant l’impulsion et  les indications de son créateur, l’auteur Jeff Balek. J’aurais l’occasion de vous en parler plus longuement bientôt.

Il s’agit de raconter une histoire en 10 à 15 tweets ( maximum ) à partir d’une idée de base donnée par Jeff Balek.

Pour celle-ci, Hale dite Two, l’héroïne de Jeff Balek dans All Sinners se retrouvant mutée aux archives en sort des affaires non-élucidées. Le dossier complet, le manuel 2013 du twittacteur ainsi que les précédentes twittfics est à cet endroit . Les hashtags utilisés sont #twittfic et #yumington

Mort à Sorrow Beach

Et voilà, une expérience qui finit mal.C’est ma veine, je croyais m’en mettre plein les fouilles.

J’ai répondu à l’annonce du labo. Me suis déplacée jusque Yumington, ville inconnue. Il m’avait demandé complet secret.

Je me sens crever, doucement, sans douleur sur le sable humide. Etrange sensation cotonneuse.

Au hangar, ils m’ont bombardée de lumière verte: 2 x, 3x, 4x. Ils marmonnaient:  » avec le tablier et le masque, ça ira. »

Il est lourd ce tablier, je me sens asphyxiée par le masque. Ils m’observaient derrière la vitre.Mes jambes flageolaient.

Tout se diluait autour de moi. Ils se sont mis à gesticuler, me contrôler la tension en disant que j’étais trop menue.

Ils paniquaient et, curieusement, je ne pouvais même plus parler. A vrai dire, je m’en foutais. Bizarre tout de même.

Ce que j ‘ai soif ! Ils m’ont fait boire un liquide transparent, genre flotte. Ça ne calmait rien,et je m’affaissais.

J’ai atterrie dans une voiture.Le chauffeur, pâle, m’a soutenue et laissée ici en me disant  » buvez cette fiole ».

Je suis une chiffe. Je décline. Je suis sans-papiers. Le labo avait tout prévu. Plus que quelques minutes à ma vie.

Editeurs NumérikLire

Editeurs NumérikLire

Après avoir perdu son logement, notre homme trouve refuge dans son bureau. Mais les affaires périclitent, les factures s’accumulent, les injonctions tombent noyant le bonhomme dans un quotidien de plus en plus oppressant. Il vit de nuit, passant ses journées reclus dans le noir, à ruminer ses sombres pensées pour échapper au destin qui se pointe inéluctablement. Il ne peut échapper aux créanciers. Le voilà à la rue avec pour seul refuge sa 205 rouge où il va apprendre à subsister tant bien que mal. Jeff Balek décortique les pensées intimes de son personnage oscillant entre le sentiment d’ivresse d’une nouvelle liberté, les craintes qui se saisissent de lui la nuit, le désir de tendresse, garder coûte que coûte sa dignité. Chaque jour, se réveiller perclus de douleurs, se contorsionner pour se changer, être si stressé que le sommeil est hâché en vagues successives. Ne trouver un semblant de repos qu’en jetant pêle-mêle sur le papier des mots, des phrases, autant de bouées de sauvetage.Parfois dans cette errance quotidienne, il aperçoit un ange, ou il découvre une beauté assassinée par les passants indifférents, blasés. Le regard des autres sur lui, un regard assassin, cruel et blessant.

Il essaye de trouver du boulot mais sans domicile c’est bien difficile. Il faut se résoudre à consulter le carnet d’adresses. Il faut vivre.

Il y a des romans qui prennent aux tripes tant ils expriment une réalité crûe en utilisant un langage à la fois direct et empreint de poésie. Jeff Balek avec Macadam Gonzo a produit cet effet sur ma lecture.

A priori, c’est une histoire banale. Des clodos, ont en voit chaque jour qui ont pour beaucoup vécu cette descente en enfer décrite par Jeff. Ça sent le vrai, c’est d’une sincérité presque désarmante, bref ce récit est à la fois une grosse baffe, un témoignage, l’espoir au bout du tunnel, un coup de talon pour remonter en surface. C’est une aventure humaine émouvante.

De façon assez étrange, Macadam Gonzo n’est pas  un roman déprimant. C’est une belle leçon d’humanisme surtout.

Macadam Gonzo de Jeff Balek édité par Numériklivres : 3 € 99 en vente, entre autre, sur L’immatériel

La version papier existe chez Lulu.com

Les folles de la Nationale 4

freemium_herveTout commence à Madrid, peu après le décès de Franco, lorsque Don Diego de la Vega , phalangiste convaincu, puissant et riche confie une mission à Joseph Hosana. Celui-ci est le garde du corps de Carlotta, la fille de son patron. Sa mission, se rendre à Strasbourg pour livrer à José Luis De La Vega, le fils renié et camé, un colis. Ce fils loqueteux, qui s’est rebaptisé Johnny, s’est acoquiné avec Werner, militant extrémiste oeuvrant pour La fraction rouge. Joseph devra voyager incognito. Mais Carlotta lui demande un service qu’il accepte. Le périple commence.

En cours de route, interviendront le Père Wanabee et Lili avec qui Joseph poursuivra son chemin. Bien vite, il s’aperçoit qu’il est pris en filature par deux hommes en mercedes, deux espagnols. Gus et Clod, deux frangins qui n’y vont pas par quatre chemins. Clod est complètement cintré, et donne du fil à retordre à Gus.

Et bien sûr, il y a les fameuses Folles de la Nationale 4, deux braqueuses de stations essences qui dérapent après avoir commis des meurtres. Ce sont Louise et Martha, des insoumises qui ont maintenant toute la flicaille de France aux fesses. Joseph, Lili et le Père Wanabee vont leur servir de garantie.

Un road movie, ça déménage, ça prend des détours et des lacets, et comme la galerie de personnages est autant explosive que surprenante, les surprises et rebondissements sont nombreux pour le plus grand plaisir du lecteur.

Violence, sexe, drogue, amour, vengeance, magouilles : autant d’ingrédients pour un ( très ) bon roman noir, entrée en matière d’une série que je vous conseille chaudement,

Hervé Fuchs nous fait revivre la fin des années 70, sur fond musical bien souvent. Le style est alerte, ici  pas de temps morts. Je mets au défi quiconque de s’ennuyer ou s’endormir sur ce roman. Je suis même prête à parier qu’après cette lecture vous vous précipiterez sur la suite des aventures.

Hervé est quelqu’un de sympathique aussi a-t-il mis sur son site Les folles de la Nationale 4  le premier chapitre des Folles ainsi que la description des personnages, le décor et la bande son. Prenez-y connaissance de la série.

A noter, vous pouvez commander Les folles de la Nationale 4 en version papier.

Cerise sur le gâteau, Les folles de la Nationale 4 est gratuit

Sur le site de l’éditeur Edicool

En numérique via L’immatériel

au commencementetaitlavie

Au commencement était la vie  Joyce Carol Oates

Cet avis de lecture a été rédigé par mon amie,  Marie Chevalier, auteur, dont vous trouverez le blog dans les liens amis. Merci à elle !

 

Deux gamines seules avec un père ivrogne et très violent.

Un jour, il les bat plus fort que d’habitude et la petite de 6 ans succombe.

Kathleen, 11 ans est « tabassée » et transportée à l’hôpital dans un état très grave.

Elle va s’en remettre mais à quel prix !

Toute sa vie sera marquée par cet évènement. Elle sera aide-soignante par choix. Et quand elle croit avoir retrouvé la paix et qu’elle tombe amoureuse d’un jeune médecin, elle envisage enfin une vie normale.

Elle ne se remettra pas d’un acte insensé et terrible qu’elle fera. Elle « aidera » les patients à trouver la paix.

Elle avait vécu le pire dans sa chair. Elle pouvait maintenant passer à l’acte.

Horrible histoire, bouleversante et tragique et folle de cette gamine missionnaire du malheur et de la mort.

Du grand Joyce Carol Oates comme d’habitude mais aussi comme souvent « âmes sensibles s’abstenir »

Philippe Rey

Philippe Rey

« S’emparant d’un fait-divers, un mystère jamais résolu, qui bouleversa l’Amérique- l’assassinant le soir de Noêl 1996 de la petite JonBenet Ramsey, 6 ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté-, Joyce Carol Oates reconstruit l’affaire qu’elle n’hésite pas à dénouer. »

Le narrateur de ce roman est Skyler, 19 ans aujourd’hui mais 9 lors de l’assassinat de sa soeur Edna-Louise rebaptisée Bliss par leur mère Betsey dans un accès de mysticisme . A travers ce témoignage, il tente de renouer avec le présent, pour cela il lui faut se souvenir.

Au départ il est seul, le petit homme de sa mère. Celle-ci ne travaille pas et n’a de cesse de se faire inviter par les plus nantis de la ville. Ayant pratiqué le patin à glace étant jeune, elle va essayer de mettre Skyler sur la glacemais il a peur. Bix, le père, toujours en voyage, cadre dynamique très apprécié par la gente féminine ne s’occupe que très peu de son fils. Quand arrive Edna-Louise, Betsey ne la considère que comme un fardeau jusqu’au jour où elle se rend compte des prédispositions de sa fille pour le patinage …elle renommera sa fille, Bliss. Dès lors la petite est retirée de l’école pour des cours à domicile et devient une bête à concours. La petite ne se sent exister aux yeux de sa mère qu’à travers le patin…le moindre échec devient alors une torture pour l’enfant qui culpabilise. Skyler mettra longtemps à l’aimer vraiment. Puis, il l’aidera souvent à cacher les pipis au lit, lui dessinera des petits coeurs à l’encre rouge que celle-ci lui réclame comme si son avenir en dépendait, en guise de protection.
Evidemment, nous savons comment l’histoire s’achève, la petite est morte mais qui donc l’a tuée ? Est-ce réellement ce maniaque qui se dénonce puis se suicide ensuite ou est-ce plus compliqué que cela ?

Joyce Carol Oates a écrit un roman suffocant où se télescopent le voyeurisme des médias, l’enfer familiale, l’ère de l’apparence et le désir d’être intégré, le poids des désirs de la mère et sa folie de devenir quelqu’un à travers sa fille

J’ai lu ce roman lentement car j’ai franchement eu mal pour les enfants, je n’avais qu’un souhait les enlever très vite de cette folie destructrice. Skyler passe les 10 années suivants le crime dans des hôpitaux, des écoles spécialisées hors de prix où il sera traité à grand coup de médicaments. Il y a cette profonde hypocrisie des différents psychologues et psychiatres qui n’hésitent pas à prescrire tout un tas de médicaments dès le plus jeune âge. Dans tout ça, le père n’a jamais tenu ses promesses, il est l’éternel absent ne tenant aucune promesse.

C’est un roman que je conseille vivement à tous ceux qui aiment les développements psychologiques.

Autrement Littérature

Dark island

L’histoire commence l’été des 16 ans de Shirin Wilson à Port Breton en villégiature. Shirin fascinée par l’île de Storn aime se réfugier seule dans une crique d’où elle peut la contempler. Cet été là, elle fait la connaissance de Venn, jeune héritier du domaine de Storn. Entre attraction et répulsion, les deux jeunes gens vont toutefois se rendre sur l’île.
Dix ans plus tard Venn et Shirin se retrouvent lors d’une soirée mondaine. Shirin est belle, intelligente mais pas si instruite que cela…pour moi c’est son intelligence de coeur qui est riche et désarmante à la fois.

Ils se marient sachant que bien des épreuves les guettent et la première la plus terrible pour Shirin sera de devoir renoncer à son amour pour Storn.

Je ne dirai rien de plus sur ce court roman qui m’a complètement charmée. Certains pourraient dire qu’il est « mièvre », pas moi car l’écriture de Vita est élégante, précise. Vita donne à Shirin une âme, un souffle puissant tourmenté par ses sentiments intérieurs.

Il fallait bien qu’un jour je lise cette auteure proche de Virginia Woolf que j’aime beaucoup.

Editions Liana Levi – Piccolo n°22
Paru le 01-11-2003 304 pages
Trad. de Michelle Herpe Voslinski
10,15 €

 

Dites leur que je suis un homme

Chez l’éditeur : Dans la Louisiane des années quarante, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé d’avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l’avocat commis d’office. Si le verdict ne fait aucun doute, l’accusé, lui, décide de mener un combat pour retrouver aux yeux de tous sa dignité humaine.

Mes impressions :

Jefferson est un jeune noir accusé de meurtre . Il est défendu par un blanc. Au cours de son procès, il se fait traiter de porc, il n’est même pas un être humain. Il n’est pourtant pas coupable mais la justice est rendue par les blancs. Il ne se défend pas, personne ne le peut à cette époque. Il n’a plus qu’à attendre que la date de sa mise à mort soit fixée.

Sa nan-nan ( tante ) et la meilleur amie de celle-ci vont tout mettre en oeuvre pour qu’il décide de mourir dignement et faire disparaître l’affront des propos tenus au tribunal. Pour se faire, elles demandent à Wiggins, l’instituteur noir du village d’aller lui rendre visite en prison ainsi qu’au pasteur.
Wiggins est désemparé ne sachant que dire et quoi faire, cela le perturbe énormément, lui qui n’est pas croyant.
Nous assistons aux discussions entre Wiggins et Jefferson, les visites de la famille et le comportement abject des notables blancs.
Le moment où la chaise électrique arrive dans la petite ville est particulièrement bien décrit, chacun se rend compte du bruit qu’elle va faire, chacun est bouleversé à sa manière.
C’est un roman plein d’humanité sur la dignité et le courage.
Je vous le dis sincèrement, j’ai pleuré dans les dernières pages.