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La citation de l’éditeur :
[…] Les Gueux, c’était l’enfer. Et c’était aussi le paradis. Allez expliquer ça… Des années que ça durait. Les Gueux, c’était un no man’s land avec du monde dedans. Ceux qui vivaient là, ils se cramponnaient, vous comprenez, comme des naufragés sur un radeau qui prend l’eau qu’on colmatait au système D. On s’arrangeait, fallait bien. Et puis ça a recommencé. Et puis ça s’est arrêté. C’est quand on a compris, quand tout était fini, que tout a commencé. Les trois mortes, c’est sûr, elles n’étaient pas inventées. Alors, enfer ou paradis, j’ai plus douté.
Qui sont les Gueux ? Ce sont ces hommes, ces femmes qui vivent en bordure des voies du RER , ceux qu’on ne voit pas ou qu’on ne veut pas voir et pourtant ils sont bien réels. Parmi ces Gueux il y a Môme qui perd la mémoire suite à un accident survenu il y a plusieurs années. Il y a Bocuse dit Boc’ qui cuisine ce que ces comparses lui rapportent…vous savez le contenu de nos poubelles qui contient de si honteux gâchis. Boc’ lui accommode les quelques légumes cultivés. Il y a Krishna, le penseur qui regarde tout ça de sa petite planète. Il a Capo qui assume le rôle d’organisateur et puis Betty Boop, l’écervelée à la langue trop pendue. Et puis Luigi, qui sort de prison après avoir purgé une peine pour un meurtre qu’il a avoué.
Mais voilà qu’il y a de nouveau des cadavres près des Gueux, un premier suicide et deux femmes qui n’ont plus leur tête …Luigi est bien vite soupçonné, qui s’enfuit en traînant son caddie, lui qui ne rêve que de retrouver sa Lula.
Evidemment » les bleus » s’intéressent de très près aux Gueux et Blond, le flic, assisté de Christelle stagiaire au franc-parler vont mener l’enquête.
Voilà brièvement pour l’histoire.
Ce roman d’Hervé Sard est un bijou de sensibilité et d’humanisme. Il nous fait regarder en face cette misère que nous côtoyons sans ( vouloir ) la voir. Il dépeint des Gueux bien plus dignes que beaucoup de » bons bourgeois » Ses personnages sont attachants, l’histoire prenante et surprenante même. Il nous ballade tout au long de ce livre avec un langage que j’admire, des pointes d’humour très appréciables, et vraiment, vraiment je vous le conseille car l’histoire est superbe de tendresse.
J’aime aussi les intitulés de chapitres qui plantent le décors : Quand on est mort on a la belle vie, Dieu ? Qu’il aille au diable ! etc
Vous ne le connaissez pas encore ? Alors, commencez donc par ce titre et vous me direz ce que vous en aurez pensé.
D’abord un titre bien choisi, clin-d’oeil à l’opéra de Wagner, parabole des faiblesses humaines ! Ensuite un livre « noir » très attachant de la première à la dernière ligne, avec, comme il se doit, des morts, un tueur à trouver avant qu’il ne récidive. Mais surtout, à mon avis, un roman d’atmosphère, rempli de tendresse et d’humanité, à commencer par celles de l’auteur pour ce monde des S.D.F.
Tout le récit est émaillé de formules qui font mouche, sortes d’aphorismes, toujours parfaitement intégrés au texte ; deux parmi d’autres :
« Il y a des gens, parfois, on se demande s’il y a quelqu’un dedans. »
« Remuer la boue, ça ne la fait pas disparaître, et si le niveau baisse c’est qu’elle a éclaboussé. »
Les dialogues sont des modèles du genre, j’ai particulièrement savouré les échanges de Timothée le Gothique, d’ordinaire taciturne, et Krishna, jadis riche professeur d’université, aujourd’hui « un philosophe. Un raté. Un paumé aussi. »
Enfin, il faut beaucoup d’habileté et de sensibilité pour parvenir, sur un tel sujet, à distraire le lecteur : on rit et on s’attendrit presque à chaque page.
Bref, j’ai beaucoup aimé ce livre pour toutes sortes de raisons, liées au thème, à la manière de le traiter et au ton juste.
Assurément, un auteur à suivre !