Et il n’a pas laissé un mot,
Il n’a appelé personne à l’aide,
Il s’est tué, le soir du 26 avril, dans la maison de son enfance, là où ses parents le trouveraient,
Point.
Ce sont les pensées de Vincent Côté sur le suicide incompréhensible de son fils Sylvain, jeune père de Stéphane et époux de Mélanie à qui pourtant tout semblait réussir. Il est parti sans un mot. Quittant sa maîtresse Charlène, une barmaid possédant un sens pourtant inné des gens, sachant écouter.
Sa mère Muguette sombre peu à peu dans la démence, et son mari Vincent s’en veut de ne pas avoir su la voir perdre pieds tant il était lui-même tiraillé,
Mélanie devient une mère étouffante, cloisonnant son fils et interdisant à quiconque de révéler à Stéphane comment est mort son père.
Comment dire à propos de ce livre tous les enseignements et la richesse humaine qui en font une œuvre inoubliable ? Car chacun des personnages progresse à travers son propre vécu, chacun évolue de façon bien différente, Vincent construisant un chalet dans les bois pour s’y isoler la plupart du temps, Charlène discutant avec Sylvain en pensées, lui racontant tant et tant et le houspillant.
L’auteur a écrit ici une fresque familiale prenant parfois des détours surprenants mais toujours en finesse sachant manier et mêler chagrin, peur, et humour avec un talent adorable.
Un suicide, voilà un sujet qui divise : est-ce une lâcheté ? Un acte de bravoure? Un moment d’aspiration au fond d’un trou ? Même lorsqu’un mot est écrit un suicide reste souvent une incompréhension pour ceux qui restent. On cherche des coupables ou on se vautre dans la mélancolie et la culpabilité. Ici, Sylvain ne donne ni signes ni inquiétudes.
Un magnifique roman de Marie Laberge que j’ai eu le bonheur de découvrir grâce à une masse critique Babelio et la bonté des éditions Stock. Grand, grand merci à eux.