« S’emparant d’un fait-divers, un mystère jamais résolu, qui bouleversa l’Amérique- l’assassinant le soir de Noêl 1996 de la petite JonBenet Ramsey, 6 ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté-, Joyce Carol Oates reconstruit l’affaire qu’elle n’hésite pas à dénouer. »
Le narrateur de ce roman est Skyler, 19 ans aujourd’hui mais 9 lors de l’assassinat de sa soeur Edna-Louise rebaptisée Bliss par leur mère Betsey dans un accès de mysticisme . A travers ce témoignage, il tente de renouer avec le présent, pour cela il lui faut se souvenir.
Au départ il est seul, le petit homme de sa mère. Celle-ci ne travaille pas et n’a de cesse de se faire inviter par les plus nantis de la ville. Ayant pratiqué le patin à glace étant jeune, elle va essayer de mettre Skyler sur la glacemais il a peur. Bix, le père, toujours en voyage, cadre dynamique très apprécié par la gente féminine ne s’occupe que très peu de son fils. Quand arrive Edna-Louise, Betsey ne la considère que comme un fardeau jusqu’au jour où elle se rend compte des prédispositions de sa fille pour le patinage …elle renommera sa fille, Bliss. Dès lors la petite est retirée de l’école pour des cours à domicile et devient une bête à concours. La petite ne se sent exister aux yeux de sa mère qu’à travers le patin…le moindre échec devient alors une torture pour l’enfant qui culpabilise. Skyler mettra longtemps à l’aimer vraiment. Puis, il l’aidera souvent à cacher les pipis au lit, lui dessinera des petits coeurs à l’encre rouge que celle-ci lui réclame comme si son avenir en dépendait, en guise de protection.
Evidemment, nous savons comment l’histoire s’achève, la petite est morte mais qui donc l’a tuée ? Est-ce réellement ce maniaque qui se dénonce puis se suicide ensuite ou est-ce plus compliqué que cela ?
Joyce Carol Oates a écrit un roman suffocant où se télescopent le voyeurisme des médias, l’enfer familiale, l’ère de l’apparence et le désir d’être intégré, le poids des désirs de la mère et sa folie de devenir quelqu’un à travers sa fille
J’ai lu ce roman lentement car j’ai franchement eu mal pour les enfants, je n’avais qu’un souhait les enlever très vite de cette folie destructrice. Skyler passe les 10 années suivants le crime dans des hôpitaux, des écoles spécialisées hors de prix où il sera traité à grand coup de médicaments. Il y a cette profonde hypocrisie des différents psychologues et psychiatres qui n’hésitent pas à prescrire tout un tas de médicaments dès le plus jeune âge. Dans tout ça, le père n’a jamais tenu ses promesses, il est l’éternel absent ne tenant aucune promesse.
C’est un roman que je conseille vivement à tous ceux qui aiment les développements psychologiques.