Au départ, je m’étais dit et je l’ai même annoncé sur twitter : « tiens je vais expliquer comment on peut être timide et rentre-dedans à  la fois. » J’ai rédigé, j’ai relu et ça m’a pas plu. Hop à la poubelle le bidule incompréhensible, oui, parfaitement et c’est pas parce que je vous prends pour des cons, non pas du tout, c’est que même moi je n’étais pas convaincue.Pour entrer dans le coeur du sujet, il aurait fallu que j’étale des pans de ma vie …or j’ai pas l’intention de faire de Dzahell  un journal intime.

Et puis mon humeur massacrante du jour n’arrange pas les choses. Je suis bien allée dans mon jardin gueuler un bon coup ( les voisins ont dû être ravis ) mais ça n’a pas suffit à dégager ce monstre de colère noire. Je me demande si je ne vais pas investir dans un punching-ball !

Reste une autre solution : l’écriture, pourquoi se gêner après tout ? Bon, les écrivains et tout, ne rugissez pas d’avance : non, je ne suis pas auteur, non, je vais pas aller sur vos plate-bandes, non je ne suis pas ‘ une blogueuse qui se la joue intello écrivaillonne’. Puis d’abord je suis chez moi, j’écris ce que je veux et comme je le veux, donc visiteur si t’es pas content, passe ton chemin et oublie tout de suite cette adresse.

Quand j’ai ouvert Dzahell, j’ai longtemps hésité à y créer des catégories. Pour moi, il y a la littérature un point c’est tout : des histoires, leurs auteurs et nous, les lecteurs. Les catégories ça ne sont jamais que des petites cases avec des mots, parfois des images, dedans. Ça n’est que mon avis : c’est un tue la curiosité, c’est un éteignoir à découvertes.

Ceci dit je suis la première à exprimer une certaine préférence pour le roman noir et je m’en suis expliquée plusieurs fois. J’y apprécie le réalisme cru et l’analyse de nos sociétés, tout n’y est pas ou tout noir ou tout blanc. J’ai déjà, placé un roman dans un autre genre que celui lancé par l’éditeur, après tout c’est moi qui décide ici. Mais comme vous avez besoin de repères, j’ai tout de même opté pour cette présentation, en espérant fortement que votre curiosité vous poussera à explorer. Tout ça pour en arriver à écrire ce qui suit.

Si je suis autant énervée, agacée, révoltée c’est que les années passent mais il reste toujours autant de censure ( consciente ou pas ), de préjugés, et de rigidité face à l’écriture ( et plus largement l’art ). Voilà un auteur Lilian  Peschet qui poste en ce moment des extraits d’une de ses nouvelles qui traite du coaching du suicide et qui reçoit par courriel des remarques du style «connaissez-vous la limite entre l’humour et le mauvais goût… » Mais punaise, dans quel siècle vit-on pour qu’on ne sache pas prendre de distance face à une œuvre ? Le sujet dérange et alors ? Il n’y fait pas l’apologie du suicide que je sache. Y a des auteurs qui tuent au kilomètres dans leurs romans, on les taxe pas d’être des tueurs en série pour autant , Pourquoi y aurait-il des sujets autorisés et d’autres tabous ?

J’aurais bien voulu demander à cette personne si elle a pris la peine de lire les autres nouvelles en ligne ? Si non, elle aurait dû. Elle se serait aperçu que cet auteur est talentueux, certes il titille et certains sujets peuvent déranger mais punaise c’est justement le questionnement qui est passionnant en plus de la qualité de son écriture. J’espère vraiment et du plus profond du cœur, que les éditeurs ne se soucient pas de ces remarques débiles et qu’ils ont de l’audace, de la curiosité sinon bientôt dans nos librairies ne resteront que de l’insipide, du fadasse, du plan-plan, bref du chiant comme la mort.

Y a un relent de vieille pudibonderie archaïque faux-derche qui me monte au nez, ça pue et ça me fâche beaucoup, beaucoup.