au commencementetaitlavie

Au commencement était la vie  Joyce Carol Oates

Cet avis de lecture a été rédigé par mon amie,  Marie Chevalier, auteur, dont vous trouverez le blog dans les liens amis. Merci à elle !

 

Deux gamines seules avec un père ivrogne et très violent.

Un jour, il les bat plus fort que d’habitude et la petite de 6 ans succombe.

Kathleen, 11 ans est « tabassée » et transportée à l’hôpital dans un état très grave.

Elle va s’en remettre mais à quel prix !

Toute sa vie sera marquée par cet évènement. Elle sera aide-soignante par choix. Et quand elle croit avoir retrouvé la paix et qu’elle tombe amoureuse d’un jeune médecin, elle envisage enfin une vie normale.

Elle ne se remettra pas d’un acte insensé et terrible qu’elle fera. Elle « aidera » les patients à trouver la paix.

Elle avait vécu le pire dans sa chair. Elle pouvait maintenant passer à l’acte.

Horrible histoire, bouleversante et tragique et folle de cette gamine missionnaire du malheur et de la mort.

Du grand Joyce Carol Oates comme d’habitude mais aussi comme souvent « âmes sensibles s’abstenir »

Philippe Rey

Philippe Rey

« S’emparant d’un fait-divers, un mystère jamais résolu, qui bouleversa l’Amérique- l’assassinant le soir de Noêl 1996 de la petite JonBenet Ramsey, 6 ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté-, Joyce Carol Oates reconstruit l’affaire qu’elle n’hésite pas à dénouer. »

Le narrateur de ce roman est Skyler, 19 ans aujourd’hui mais 9 lors de l’assassinat de sa soeur Edna-Louise rebaptisée Bliss par leur mère Betsey dans un accès de mysticisme . A travers ce témoignage, il tente de renouer avec le présent, pour cela il lui faut se souvenir.

Au départ il est seul, le petit homme de sa mère. Celle-ci ne travaille pas et n’a de cesse de se faire inviter par les plus nantis de la ville. Ayant pratiqué le patin à glace étant jeune, elle va essayer de mettre Skyler sur la glacemais il a peur. Bix, le père, toujours en voyage, cadre dynamique très apprécié par la gente féminine ne s’occupe que très peu de son fils. Quand arrive Edna-Louise, Betsey ne la considère que comme un fardeau jusqu’au jour où elle se rend compte des prédispositions de sa fille pour le patinage …elle renommera sa fille, Bliss. Dès lors la petite est retirée de l’école pour des cours à domicile et devient une bête à concours. La petite ne se sent exister aux yeux de sa mère qu’à travers le patin…le moindre échec devient alors une torture pour l’enfant qui culpabilise. Skyler mettra longtemps à l’aimer vraiment. Puis, il l’aidera souvent à cacher les pipis au lit, lui dessinera des petits coeurs à l’encre rouge que celle-ci lui réclame comme si son avenir en dépendait, en guise de protection.
Evidemment, nous savons comment l’histoire s’achève, la petite est morte mais qui donc l’a tuée ? Est-ce réellement ce maniaque qui se dénonce puis se suicide ensuite ou est-ce plus compliqué que cela ?

Joyce Carol Oates a écrit un roman suffocant où se télescopent le voyeurisme des médias, l’enfer familiale, l’ère de l’apparence et le désir d’être intégré, le poids des désirs de la mère et sa folie de devenir quelqu’un à travers sa fille

J’ai lu ce roman lentement car j’ai franchement eu mal pour les enfants, je n’avais qu’un souhait les enlever très vite de cette folie destructrice. Skyler passe les 10 années suivants le crime dans des hôpitaux, des écoles spécialisées hors de prix où il sera traité à grand coup de médicaments. Il y a cette profonde hypocrisie des différents psychologues et psychiatres qui n’hésitent pas à prescrire tout un tas de médicaments dès le plus jeune âge. Dans tout ça, le père n’a jamais tenu ses promesses, il est l’éternel absent ne tenant aucune promesse.

C’est un roman que je conseille vivement à tous ceux qui aiment les développements psychologiques.

1950, Niagara Falls ( d’où le titre ), haut lieu touristique. Ariah, 29 ans, vient d’épouser Gilbert. Ils sont tous deux presbytériens. Aux lendemains de la nuit de noces, Ariah se réveille seule dans la chambre d’hôtel. Désemparée, elle va errer dans l’hôtel et apprendre peu de temps ensuite qu’un homme s’est jeté dans les chutes. Durant sept jours elle va errer le long des chutes, on l’appellera la Veuve Blanche. Elle est persuadée d’être damnée. Dick Burnaby, brillant et riche avocat aux nombreux amis la suit comme son ombre. Il tombe amoureux d’elle qui n’est pourtant ni très belle ni de son milieu et l’épousera très rapidement. Ils vivront ensuite dix années de bonheur durant lesquelles ils auront trois enfants : deux garçons et une fille. Ariah ne se passionne que pour son mari et ses enfants, elle ne souhaite rien savoir ni même comprendre du monde qui l’environne.

1962 : Dick prend fait et cause pour une femme dont la famille et la maison ( durement acquise ) ont souffert des industries chimiques qui ont fleuri à Niagara Falls ( leucémies, fausses couches, empoisonnement du sol, allergies etc …) Il y perd ceux qu’ils pensaient être ses amis, beaucoup d’argent et se met à dos les notables. Une lutte acharnée débute , Dick ne s’en sortira pas indemne. Ariah lui tourne le dos, lui reprochant d’abandonner sa famille. Dick disparaît à son tour…Ariah élève les enfants seule en donnant des leçons de piano. Elle interdit aux enfants de parler de leur père, il les a abandonnés s’acharne-t-elle à dire. Ils passeront leur enfance à tenter d’en savoir plus, subissant les sautes d’humeur d’Ariah, mère possessive, entêtée, et névrosée.

1978: L’industrie chimique est punie lors d’un procès retentissant. Les enfants quant à eux chacun à leur façon auront découvert quelques parcelles de vérité concernant leur père. C’est aussi pour eux un grand moment car ce procès réhabilité Dick.

Mon avis Un roman fleuve ( avec quelques longueurs tout de même ) qui aborde pas mal de sujets : le puritanisme, les arrangements entre industriels, politiques et laboratoires. Au coeur de ce roman Ariah que je ne suis pas parvenue à aimer tout en lui trouvant des excuses dans son éducation et le traumatisme de son premier veuvage. Elle fait subir tant de choses à ses enfants, les obligeant à vivre dans le dénuement, les écrasant par son amour maternel vorace et intransigeant , leur interdisant de questionner sur leur père que j’étais choquée par sa conduite. Certains personnages auraient du être mieux expliqués comme cette femme en noire que Royall va croiser.

C’était la première rencontre avec cette auteure, sans doute pas la dernière. Une bien belle plume.