Sous silence - Catherine Enjolet Éditions Libretto 06-02-2014 / 6 € 70

Sous silence – Catherine Enjolet
Éditions Libretto
06-02-2014 / 6 € 70

Sous silence de Catherine Enjolet

Il s’agit là d’un petit roman car il ne comporte qu’une centaine de pages. Mais ce petit roman vous met un claque monumentale. Il est grand, majestueux, en un mot magnifique !

Catherine Enjolet donne ici la plume à Nabisouberne. Qui est cette enfant qui ne sait pas elle-même quel est son âge ? A travers ces quelques pages, l’auteur nous emmène à sa suite, nous invite à découvrir par touches adroites et touchantes le quotidien de cette enfant. Nabisouberne surnommée Bisou par certains, son beau-père entre autres, vit aux côtés de sa mère et sa grand-mère, s’occupant également de sa fratrie puisque sa mère est une personne constamment angoissée, vivant dans la crainte du regard d’autrui, la peur de la Ddass. Nous sentons dès le début de ce roman la puissance dévastatrice de cette peur :

– On va nous dénoncer !
Ma mère répète. À voix basse. Elle accélère le pas. Faut se méfier…Chut ! Je me tais. Je baisse la tête. C’est automatique. Je baisse les yeux dans la rue. Je fixe le caniveau, les gargouillis de l’eau. Je ne regarde pas pour ne pas qu’on me voie. Ma mère me tire par la main par petits coups secs comme si je ne disparaissais pas assez vite du paysage.
– On va encore nous dénoncer !

Sans le père, une mère aux abois qui crie «  au secours » et une porte qui se referme sur ses enfants, les séparant. Désemparés, l’affront gravé cette douleur laisse une empreinte indélébile. La famille vit chichement, tandis que la grand-mère continue de rêver au ancêtres. Et la petite Bisou fait ce qu’elle peut pour vivre dans tout cela, vivre est étant mutique au grand dam de l’école qui sait pertinemment qu’elle est intelligente. Seulement, qui pourra comprendre ce qui crie au fond d’elle ? Qui peut écarter de son chemin cette ombre menaçante qui la traque et l’accule au vide ?

Nabisouberne écrit sur des petits papiers, autant de papiers jetés au vent, autant de mots qu’elle extirpe naturellement de son petit être à l’étroit, et malmené. Et quand elle n’est pas mutique les prises de paroles semblent des affronts.

Bisou perdue sans identité, Bisou dans son quartier qu’elle aime aussi,la boulangerie et la petite trisomique, le café, les toits, la voisine qui chante ensoleillant l’immeuble.

Il est difficile de comprendre un enfant qui n’en est pas vraiment un, rude le chemin qui permettrait derrière cette soi-disant folie affichée de tendre une main. Pourtant, une personne va le faire, ce sera la Prof -de-comptoir.

Elle veille sur mes pages. Sur les Bisou comme moi. Les Fanny, les Lili, les Poussin et les autres.Ceux et celles qu’on ne sait pas entendre.

Ce n’est pas un livre qui se résume, c’est pour cela que j’ai choisi de ne pas copier la quatrième de couverture. C’est un roman qui se vit du fond du cœur et des tripes. Combien de ces enfants côtoyons-nous sans les entendre ? La note positive de ce livre c’est peut-être aussi nous dire « prenez le temps de les écouter, tous ».

L’auteur tout en narrant cette histoire d’une enfant dans un milieu qu’on qualifierait de bancal dépeint la vie d’un quartier au delà de celle difficile de cette famille. Je ne connaissais pas Catherine Enjolet et je suis vraiment ravie d’avoir pu la découvrir ici grâce à l’opération Masse Critique de Babelio et à la générosité des Éditions Libretto. C’est quasiment une certitude, je lirai à nouveau Catherine Enjolet.
À noter la très belle préface de Boris Cyrulnik.

merditudeLa merditude des choses

J’ai découvert il y a quelques semaines le film du même nom. Lisant le générique, je me suis aperçue qu’il est tiré du roman. Ayant été très touchée, j’ai commandé le livre chez ma libraire de ma petite ville et trois ou quatre jours plus tard il m’attendait sagement au magasin. Je reste fidèle à ma librairie, puisque comme bon nombre de gros lecteurs j’ai toujours quelque chose à lire chez moi ( la liseuse n’y est pas étrangère ). J’aurais pu, il est vrai, me rendre au supermarché dans lequel a été implanté un rayon culturel important pour voir s’il y était, ou le commander sur la F… mais non, cela n’est pas dans mes habitudes de consommation.Ma libraire, j’y tiens beaucoup même s’il aura fallu plusieurs mois avant de briser la glace entre nous, plusieurs mois et beaucoup de sous ! Mais qu’à cela ne tienne, je ne demande pas à mon boulanger d’être plus amical que cela, je veux du bon pain. Eh bien avec elle c’est pareil mais je suis ravie que nos rapports aient évolués dans ce sens et que notre curiosité et nos échanges autour de la lecture soient de plus en plus chaleureux et variés. Comme quoi la patience est une bonne chose et qu’il est préférable de ne pas « juger » ni tourner le dos avant d’avoir eu plusieurs échanges. Bien sûr, je sais qu’agir ainsi n’est pas possible pour tout le monde.

Fin de l’a parte et maintenant voici la quatrième de couverture de La merditude des choses :

Dimitri vit chez sa grand-mère dans un trou perdu de Belgique, avec son père et ses trois oncles –soiffards invétérés et fans furieux de Roy Orbison. Entre deux cuites, des amours sales, une course cycliste nudiste et la ronde des huissiers, le clan des Verhulst parasite, fier de sa nullité. Une certaine forme du bonheur, qui ne convainc pas les services sociaux…

Plutôt que de vous offrir un énième résumé du livre, je préfère parler des émotions qu’il a suscitées. Elles sont diverses parfois assez dures,cependant l’auteur décrit son environnement avec tant d’humanisme frôlant la poésie qu’il faudrait être insensible ou sans doute un peu coincé pour s’offusquer de certaines scènes.Parce que ce récit se déroule fin des années 70 début 80, parce qu’il est autobiographique, parce qu’il ne cherche pas le misérabilisme et encore moins à stigmatiser les personnes décrites il est, selon moi, l’exemple typique d’un très bon roman sociologique, très loin du tapage médiatique de certaines sorties littéraires actuelles.

Aussi habitués aux huissiers qu’aux défis saugrenus ( et dangereux ), la famille est soudée de façon indéfectible : attaquer un des membres du clan s’est se le mettre tout entier à dos. C’est ce qu’explique Dimitri à Franky, fils de bonne famille qui s’est entiché de lui et dont le père tout à coup lui interdit de le fréquenter.

Il dit que vous êtes des gens minables. Des débiles. Que si votre engeance n’était pas maintenue artificiellement en vie par un tas d’aides-sociales, vous seriez depuis longtemps parmi les vers de terre. Dans la nature, vous n’auriez aucune chance de vous en sortir, les espèces les plus fortes vous auraient éliminés pour conserver l’équilibre. Les Verhulst se soûlent. Les Verhulst se bagarrent et traînent avec les canailles de la commune. Les Verhulst profitent et parasitent. Faut pas être fâché contre moi, c’est mon père qui le prétend, pas moi. 

En fait,Dimitri s’en fout éperdument, il a bien compris que Franky est vide et sait qu’il est le seul à le fréquenter.Le plus malheureux des deux n’est pas toujours celui auquel on pense en premier.

Notre narrateur porte un regard lucide sur ce qui l’entoure et malgré son jeune âge trouve lui aussi que collectionner les poils pubiens a plus de valeur que de collectionner les trains, car après tout ça n’est qu’affaire de gros sous cette histoire, tandis que les poils, ça c’est quelque chose que tout le monde a à sa portée. Car dans la famille Verhulst on est socialiste. Ils ne trichent pas, ils sont fiers de ce qu’ils sont et font. Leur pauvreté ? Ils l’assument pleinement, dans cette tribu seul le père de Dimitri travaille, comme facteur, autant vous dire que ce ne sont pas les coups à boire qui manquent.
Avoir trop de meubles, une maison trop bien fichue mais ce serait se montrer riche et trahir leurs idées. Ainsi quand, fait extraordinaire, la sœur Rosy revient au village c’est bien la preuve que tout n’est pas si nul au pays.C’est à travers ce retour que l’auteur nous présente sa famille dès le début du roman.

Les Verhulst sont soûlards, oui, et le plus doué est sans doute Poutrel, le plus jeune des oncles. Celui-ci vexé d’avoir été écarté du fait de son âge du championnat des buveurs de bière lance un concours, le tour de France de l’alcool qui va réunir les plus gros buveurs qu’ils connaissent.Oui, eux aussi sont capables de grandes choses, la preuve n’est-ce pas ? La grand-mère assiste à tout cela ravie de penser que ça y est son fils est décidé à faire du sport, à s’investir à fond sur un projet. Naïve, elle va jusqu’à lui offrir un nouveau vélo.

Non, vraiment les Verhulst ne pensent pas à mal, c’est ainsi qu’ils vivent. Difficile d’imaginer qu’un enfant puisse grandir dans ce milieu et s’en sortir. Ce môme qui prend soin de son père, le fait boire son verre d’alcool le matin au réveil sinon celui-ci est incapable de se lever ni de faire aucun mouvement tant les tremblements le saisissent. Il lui allume ses clopes, bref, limite s’il ne se conduit pas en maman. Mais il le fait parce qu’il aime les siens. C’est à sa grand-mère que Dimitri devra de s’en sortir.
Un passage vers la fin du livre m’a particulièrement interpellée, il s’agit du moment où la grand-mère étant à l’hospice l’oncle Poutrel dit à Dimitri que des gars veulent enregistrer un CD avec les vieilles chansons à boire, celle que son père chantait à tue-tête. A mon sens, une bien belle déclaration concernant la récupération du patrimoine culturel et surtout sous son aspect financier et caricatural. Je vous en laisse juge.

Je trouvais ça pervers. Quelle illusion de penser que quelqu’un s’intéresserait honnêtement au peuple. Le seul fait de se jeter sur le peuple paré de tout un fatras pseudo-scientifique trahissait déjà qu’on se plaçait au-dessus du peuple. Le chercheur vient de l’extérieur. Les professeurs de folklore venaient-ils chez nous au bon vieux temps s’asseoir autour de notre repas de merde et manger avec les mains ? (…) Un seul de ces savants aurait-il jamais chanté avec nous pour le plaisir pur, et pas avec à l’esprit le projet d’une exposition ou quoi encore ?

Avec ce roman, plus que jamais on se dit la beauté est partout même dans un tas de fumier. Parce que, oui définitivement c’est un superbe récit poétique, sensible et humain, et souvent drôle. Nul trace de règlement de compte là-dedans, juste une histoire racontée avec humanité.

Je laisse le mot de la fin à Dimitri Verhulst.

La ressemblance éventuelle de certains personnages de ce livre avec des personnes existantes repose sur la simple connaissance du cœur humain

La merditude des choses aux éditions 10/18 : 7 € 50

Minable par Mark SaFranko E-Fractions éditions. Couv. de  pwcca

Minable par Mark SaFranko
E-Fractions éditions.
Couv. de pwcca

Minable

D’un côté, il y a Eddie Tielsen, la cinquantaine, acteur au chômage qui est hébergé gracieusement par son pote de longue date, Hank Smith. Ce dernier, homme d’affaire à Wall Street est devenu très riche, si riche qu’il peut s’offrir des tableaux de maîtres et transformer son appartement en galerie. Ils se sont connus lorsque tous deux étaient taxis.

Cette histoire se déroule à New-York dans la fin des années 90.

Esmeralda est stripteaseuse et très belle, c’est à l’occasion d’un effeuillage de la jeune femme que nos deux compères vont l’inviter à se joindre à eux à domicile. Tandis qu’ils l’attendent, l’idée de pousser plus loin que le déshabillage germe rapidement dans leurs esprits.

La conversation tourne autour des femmes, celle d’Eddie qui est retournée au pays, l’Irlande avec leur enfant. Mais lui, Eddie comment pourrait-il quitter New-York ? Lui, l’acteur, certes sans travail doit obligatoirement rester sur place, être à l’affût de toutes opportunités et ne pas aller s’enterrer dans ce bled, là-bas. Voici d’ailleurs ce qu’en dit Eddie :

C’est un endroit où les rêves meurent. Tu sais pourquoi ? Parce que trop de beauté c’est la mort. Tout ce vert et la mer et Dieu – C’est la mort. Tu passes quelques semaines à Balybunion et tu comprends méchamment vite pourquoi tous ces poètes irlandais se sont saoulés à mort ou sont partis. Et je suis mort, sans rêve, Hank. Mort.

Et Hank l’entretient dans l’espoir, c’est la vie, son tour viendra, la roue tourne.

Qu’est ce qu’Esmeralda / Tracy pourra leur apporter de plus ou de moins ? Quelles relations vont se nouer entre ces murs ?

Eddie est un personnage étrange tout à la fois horripilant et touchant par sa presque naïveté s’accrochant à son rêve comme une moule à son rocher. Et puis il essaye bien d’être sympa, obligeant même. Quant à Hank je crois que j’aimerais bien le gifler par moments mais bon, ceci est un avis personnel.

J’avais déjà eu l’occasion de lire Mark SaFranko avec Dieu Bénisse l’Amérique ( 13ème note éditions ). Sa plume avait déjà fait mouche à l’époque. Aussi c’est avec grand plaisir que j’ai replongé dans ce style, direct, sans concession ni fioriture. Une belle réflexion sur les peurs, les illusions de tant d’acteurs qui se trouvent sur la touche et sur les coulisses de toute la mascarade.

C’est un récit noir, d’un beau noir comme j’aime.

Il y a un bonus musical accompagnant Minable, il s’appelle « Seedy » ( titre original de la pièce ) de et par Mark SaFranko.

Vous pouvez acquérir Minable pour 4 € 99 directement sur le site de l’éditeur E-Fractions. Et merci à lui pour la lecture.

Un retour de lecture par Tulisquoi sur son blog.

Le rêve Omega-Ep.1: Souvenirs mortels Auteur : Jeff Balek  Ed.Bragelonne - Coll. Snark Janvier 2014

Le rêve Omega-Ep.1: Souvenirs mortels
Auteur : Jeff Balek
Ed.Bragelonne – Coll. Snark
Janvier 2014

 Le rêve Oméga : Souvenirs mortels ( ép. 1 )

Garibor Coont a un passe-temps peu ordinaire et rare, ce passe-temps lui est accessible parce qu’il est ouvrier disséqueur. Frauduleusement, il extrait la mémoire d’Heisenberg de certains morts, leur implant mental. Lui, son truc est de reconstituer la vie du cadavre à partir de cette fameuse mémoire. Il se croit à l’abri prenant toutes les précautions. Mais le Yumington de 2075 connaît une grosse expansion de technologies et au total il voit arriver chez lui l’agent John Smith envoyé par l’Organisation.

Imagine tout un réseau de capteurs haute fréquence qui quadrille la ville. Des capteurs censés faire tout autre chose qu’enregistrer les ondes rémanentes de ton implant, comme la gestion des feux rouges par exemple ou des bots censé réguler la circulation ou animer les panneaux publicitaires. Toutes ces petites antennes, ces petits relais…Tout ça te capte, te surveille, t’observe.

Sécurité oblige. Et pour ton plus grand bien.

Garibor n’a pas le choix et le voilà embringué dans une affaire qui pourrait bien le dépasser complètement. L’Organisation surveille tout événement qui sort de l’ordinaire. Garibor doit découvrir la source de ce virus qui efface la mémoire de ses victimes.

Ce sera tout pour l’aperçu de Le rêve omega : Souvenirs mortels, premier épisode. J’ai bien trop peur de spoiler sans le vouloir.

Si vous visitez régulièrement ce blog, Yumington ne vous est pas étranger, dans le cas contraire je vous invite chaudement à visiter le site créé par l’auteur Jeff Balek qui vous expliquera tout sur la ville et le projet.

Le récit de la série Le rêve Oméga de la nouvelle collection Snark des éditions Bragelonne se situe en 2075  Epoque qui a vu fortement évoluer la ville tant en surface qu’en sous-sol ( ainsi Garibor vit-il dans un cubicle sous terre ). On suppose une bataille technologique et de manipulations…surtout quand la société est bourrée de tels instruments.

Le style est vif, les chapitres courts, ce que j’affectionne beaucoup car chez moi ça provoque l’irrésistible besoin de continuer … c’est pour cela que je l’ai lu d’une traite, ne pouvant me résigner à remettre au lendemain la suite.

Jeff Balek égratigne au passage quelques avancées technologiques tant vantées aujourd’hui par certains et sous couvert de science-fiction fait travailler le cerveau ( comme bon nombre de récits de SF d’ailleurs).

Au total, Souvenirs mortels ouvre la série avec talent. Et puis, ça faisait un moment que j’attendais le retour de l’auteur dans sa ville et je suis comblée par cette époque. Bravo et merci !

Ce premier épisode est gratuit, vous pouvez le télécharger ( tous supports et sans DRM ) par ici par exemple.  

Le Garde-fou - Tiphaine Touzeil  Publie.net, coll. Temps réel. 02-12-2013

Le Garde-fou – Tiphaine Touzeil
Publie.net, coll. Temps réel.
02-12-2013

Le garde-fou

C’est toujours avec stupeur et ravissement que je ressors de certains textes hérissée par l’émotion. Le Garde-fou est l’un de ceux-là, une rencontre inoubliable, comme un double que je découvrirais les yeux ronds, le cœur battant la chamade. Comme enivrée, bousculée par la magie des mots, l’habileté de l’auteur à partager cette période difficile sans jamais se laisser aller à la noirceur, sans alarmer, juste en utilisant des mots et des images pétris d’humanité. On pénètre dans le parc avec elle, on compte comme elle les arbres et les souches, l’obsession du comptage, un TOC. Elle donne des petits noms à chacun des autres pensionnaires : mains nouées, la rebelle, le curé etc. Près d’elle j’ai suivi les visites en chambre du psychiatre, les questions qui se suivent auxquelles elle ne sait que répondre, ou plutôt comment simplement répondre. Des journées rythmées par la prise des médicaments, les repas, les clopes fumées dehors en faisant le tour du parc, toujours dans le même sens. Les jours auxquels elle donne des noms comme Jour du prêt , Jour de l’illisible etc.

Dès les premiers mots l’immersion dans l’hospitalisation à coup de règlements et de défilement du temps. Un récit qui ne parle que d’humain, et d’amour, beaucoup d’amour. Un témoignage lucide sans oeillères, franc et sensible, touchant et drôle aussi. C’est la vie d’un microcosme, celui de personnes cabossées, celles qui rechutent et partent sans un adieu, celles que le psychiatre ou l’infirmière ronchon malmènent sans vraiment d’état d’âme. Des vies qui se croisent là dans un milieu hospitalier qu’il est difficile parfois de se résoudre à devoir quitter…un jour.

Des éclats de rires, des peurs de l’autre et de soi, se sentir déconcertée, indignée, révoltée, muette à l’écrit comme à l’oral, tourner en boucle comme dans le parc. Juste vouloir dormir, n’avoir plus jamais RIEN à penser. L’histoire d’une parenthèse, réapprendre à respirer.

Quand elle va voir le docteur P, elle a l’impression d’aller chez Mac Do. Il ne lui manque plus que la casquette, il a déjà les formules.

Toutes ces petites histoires, les malheurs des uns, les blagues des autres…Petites aventures qui illuminent le quotidien. Il y a toujours un homme qui connaît l’homme qui a vu l’ours.

Regarde mes pieds,je.Il est impossible de ne pas marcher sur les traits. On dirait que je suis la seule à y faire attention. Les pieds chevauchent les jointures des carreaux sans vergogne.

Le Tigre, L’homme qui parle à l’oreille des bateaux… Il n’était pas en séance de dessin, il est allé au village et il a craqué comme on dit pudiquement. Quand il est revenu, on l’a fait souffler plus aucun doute n’était possible.[…] Il me dit: « J’ai rendez-vous cet après-midi avec le docteur, je vais me faire passer un soufflon ». Peut-être bien qu’il en a envie de ce soufflon. Il est son seul garde-fou…

N’hésitez pas un instant à lire Le Garde-fou vous en sortirez sans doute très ému.

Le site de Tiphaine Touzeil  A présent ( parce que c’est )

Le Garde-fou, ebook tous formats 4 € 99 ici  ou là par exemple 

Martin le Bouillant - Régine Detambel  Editeur Publie.net - Coll.Temps réel 09/06/2013

Martin le Bouillant – Régine Detambel
Editeur Publie.net – Coll.Temps réel
09/06/2013

Martin le bouillant

Martin est une jeune garçon de 12 ans qui vit seul avec sa mère dans un HLM d’une cité.

Martin que nous suivons au quotidien, qui avec son ami Seb partage la même étrange passion pour les piqûres de frelons et de guêpes comme des «  tatouages ». Martin qui navigue entre les dealers, le PMU, les déshérités, abandonnés au bord du chemin, les fantasques et sa mère qu’il tente d’aider du mieux possible. Sa mère qui l’a nommé Martin le bouillant afin qu’à l’image du Saint il donne la moitié de son manteau pour aider les nécessiteux.

Régine Detambel a écrit ici un magnifique texte qui malgré la dureté de certains passages est au final un récit empreint d’espoir et de poésie. Nous suivons le jeune Martin à son rythme, sans temps mort comme la vie qui bouillonne en lui. Quelque part nous faisons l’apprentissage en même temps que lui, l’apprentissage d’une vie loin d’être facile mais dont il sait tirer le meilleur y compris lorsqu’il va se trouver en haut d’un immeuble, et peut-être surtout à cet endroit. Certains passages m’ont beaucoup plus émue entre autre celui où il aide un ami à supporter la perte de son compagnon à poils.

Un extrait :

J’ai découvert que laver les vitres est une autre façon d’être, comme acteur ou prêtre.Il peut aussi m’arriver de détester être debout sur un appui de fenêtre : intérieurement je rêve d’être à la maison à manger des spaghettis avec de l’emmental râpé. Plutôt que faire des vitres, j’aurais parfois envie de regarder la télé, mais le repos me plonge dans des états d’anxiété parce que parfois j’ai trop peur de voyager dans ma tête. Penser peut vraiment te jeter en enfer.

Je ne connaissais pas du tout l’auteur, qui a pourtant une belle bibliographie. Je suis enchantée de l’avoir découverte au travers de ce roman. Une chose est certaine je lirai d’autres de ses œuvres. J’ai également été charmée par Régine Detambel en écoutant les émissions de France Culture ( lien ci-après).

Sur France Culture Régine Detambel lit les premières phrases du roman et répond à quelques questions

La fiche de l’auteur sur le site de l’éditeur, Publie.net

Martin le bouillant : 4 € 99 ( tous supports ) sur le site de Publie.net  ou sur L’immatériel par exemple.

Confusion des peines - Julien Blanc Editions Libretto Parution octobre 2013

Confusion des peines – Julien Blanc
Editions Libretto
Parution octobre 2013

Confusion des peines

Seule, la vie…, I

J’ai eu le plaisir de recevoir cette auto-biographie de Julien Blanc grâce à l’opération masse-critique organisée par Babelio  que je remercie sincèrement ainsi que l’éditeur Libretto.

Le mot de l’éditeur : « Que fut mon enfance ? Une suite d’erreurs. Erreurs de la part de ceux qui veulent les enfants comme ils les aiment, au lieu de les aimer comme ils sont. »

Orphelin recueilli par une marraine aussi bigote qu’austère, Julien Blanc sera rapidement envoyé à l’orphelinat puis en maisons de redressement à une époque où ceux qui ne filaient pas droit n’avaient que les coups ou la charité pour avenir. Il y apprendra la faim, l’humiliation et ne deviendra que révolte : une révolte qu’il partage ici sans artifice et qui n’altérera en rien ses rêves.

Mon avis :

De cette époque, je ne connais réellement que la Grande Guerre comme les contemporains l’appelaient. L’histoire de Julien Blanc débute à Paris en 1908, né orphelin de père, sa mère est son univers, son unique amour. Celle-ci se tourne vers les dames d’oeuvres pour survivre. L’une d’entre elle devient sa marraine, et persuade sa mère de le faire baptiser. C’est ainsi que sa maman devint bonne à tout faire. C’est elle qui lui apprit à lire, écrire, calculer et quelques notions de piano.

Aux huit ans de son fils, elle meurt et est enterrée en fosse commune. C’est alors le début de la valse entre les différents établissements pour le jeune enfant sans famille.

Il n’est pas difficile d’imaginer le désarroi du petit garçon qu’évoque Julien Blanc et encore moins de comprendre toute cette révolte montante en ce petit d’homme Là, où il lui fallait amour et tendresse, il n’eut que brimades, fessées, cachots, et humiliations.

Très vite il se dit :

Je commençais néanmoins de comprendre ce jour-là que la société est hypocrite, qu’il faudrait ruser avec elle, la prendre par surprise, à revers. J’étais tout d’une pièce. Quand j’avais quelque chose à dire, je le disais, ouvertement, brutalement, sans m’occuper des conséquences.

Au sortir de la maison de correction, il se lie d’amitié avec Jean, son aîné de 6 mois.

Julien Blanc trouve des mots forts et d’une beauté touchante au souvenir de cette amitié « ce bombardement de photons amicaux dans mes ténèbres. »

Il y eut les premières amours avec la déchirure des séparations et les trahisons.

Ce fut l’orphelinat puis les placements dans des familles. Des renvois parce qu’il vole en catimini. Ballotté d’un coin à un autre, sa marraine ne le suit que de loin, trop occupée par les hautes sphères et c’est Daise qui l’a en charge le plus souvent, Daise encore plus méchante que sa marraine.

A 14 ans il entre au patronage ( dépendant de l’Etat ) pour y apprendre un métier manuel, alors qu’il veut suivre des études pour aller au lycée tenter de rejoindre Jean. Il rêve toujours de devenir musicien.C’est à ce moment qu’il devient Pupille. La suite est dans la continuité, hélas pour lui, de ce qu’il a vécu et va s’aggravant.

Cette première partie des mémoires de Julien Blanc « Confusion de peines » nous révèle beaucoup de choses sur la vie dans les années précédent la Grande Guerre. C’est terrible de lire ce témoignage d’enfant puis de jeune homme, tellement brimé, aux rêves se heurtant à la réalité crue de la religion et de la bourgeoisie. Quelques mains lui seront tendues cependant et il gardera tout de même quelques espoirs dans sa tristesse environnante.

Les conditions dans lesquelles ont faisaient travailler ces jeunes enfants sont terribles et non sans rappeler ce qu’il se passe encore dans certaines régions du globe.

Ici, c’est tu plies ou tu vas au cachot. Sa parole est constamment remise en question, qu’il dise la vérité ou qu’il mente, le résultat face à ces nombreux adultes hypocrites et parfois pédophiles ne varie pas. Tout n’est quasiment toujours que rapport de force. 

Je finis ce retour de lecture par cette citation :

Etre libre ? Mais c’était impossible. Je n’aurais pu l’être qu’à mille lieues de toute civilisation. Ici, ma course à l’embauche me prouva, le jour que je me mis à y réfléchir de près, que je ne serais jamais libre. C’était un mot vide, dénué de sens.La liberté, c’est ce qui n’est pas défendu. Tout m’était interdit.

Je vous invite chaudement à découvrir La confusion des peines.

 

Les naufragés de la Djumna d'Emilio Salgari  Editions de Londres - Ebook Octobre 2013 Couv : Alberto Della Valle

Les naufragés de la Djumna d’Emilio Salgari
Editions de Londres – Ebook
Octobre 2013
Couv : Alberto Della Valle

Les naufragés de la Djumna  ( chroniqué par Tipram Poivre )

Dépaysement garanti avec ce roman digne des plus grands classiques du genre. Il vous emmènera en Inde puis dans les îles Adaman, dans le Golfe du Bengale, où se déroule la classique lutte du bien contre le mal.

J’ai passé quelques semaines sur l’île de Langkawi (Malaisie), il y a plusieurs années, et je peux vous assurer que cet auteur italien que je ne connaissais pas du tout sait ressusciter la poésie des paysages paradisiaques de ce coin du bout du monde.

Mais avec lui, le danger se cache partout : la mer d’huile se déchaîne soudain, une petite fille délurée sabote un navire, et un arbre exotique offre une ombre généreuse mais toxique. Sans compter les affreux périls tapis dans la jungle inhospitalière : bête féroce, serpents, indigènes, sables mouvants, etc.

Les auteurs qui souhaitent aiguiser leur plume trouveront dans ce livre d’excellents exemples de descriptions pittoresques dont ils pourront s’inspirer pour leurs propres écrits. Comme le souligne l’éditeur, la terminologie de la marine est extrêmement riche ; il ne nous trompe pas, car j’ai élargi l’éventail de mon vocabulaire grâce à ce livre.

J’ai aussi énormément apprécié le minutieux travail de documentation effectué. La seule inexactitude que j’aie notée est excusable, car elle concerne une confusion entre l’arbre à pain et le jaquier, deux arbres qui se ressemblent et qui donnent des fruits comestibles d’apparence similaire.

Le tempo du développement de l’intrigue est bien calculé. Même si la trame en elle-même est conventionnelle, avec une happy end où les méchants sont châtiés, et les bons, récompensés, je me suis laissée emporter par la verve fougueuse de Salgari, et j’ai marché à fond à chaque rebondissement qu’il a imaginé.

Le récit s’ouvre sur une anodine chasse aux oies sauvages. Mais un message de détresse, trouvé sous l’aile d’un des volatiles touchés, déclenche vite une série de points d’interrogation, et les héros s’empressent de comprendre le problème. N’écoutant que leur altruisme, ils se lancent dans des aventures tumultueuses pour voler à l’aide d’un honnête capitaine grugé par ses hommes d’équipage.

J’avoue que, vers le premier tiers du livre, les mains moites d’angoisse, je n’ai pas pu résister à l’envie de connaître la fin, et je suis allée aux dernières pages pour me rassurer. Malgré cela, c’est le cœur battant que j’ai ensuite lu les terribles épreuves que les héros affrontent.

C’est vous dire à quel point l’auteur maîtrise l’art de nourrir le suspense…

Alors, si vous avez envie de vous divertir avec un bon roman d’aventures bien traditionnel, ce livre est pour vous. Je ne voulais en parcourir qu’une trentaine de pages pour me faire une idée de ce que Jean-Basile Boutak avait concocté, mais je n’ai pas pu le lâcher, et je l’ai dévoré d’une traite, en remettant à plus tard une ou deux obligations prioritaires.

Les naufragés de la Djumna d’Emilio Salgari est à 1 € 99 ( ebooks tous supports ) chez L’immatériel 

Consulter sa fiche sur le site des Editions de Londres et ici

Ce qu’en dit Jean-Basile Boutak sur son blog personnel

#MTC de Stéphane Jouanny Editeur : CPPresse  Août 2013  Couverture Florent Vaille

#MTC de Stéphane Jouanny
Editeur : CPPresse
Août 2013
Couverture Florent Vaille

Moi, Représente Tous, Et parle au nom de Ceux

Mon objectif : fuir cette réalité qui m’angoisse en m’efforçant de fabriquer mon bonheur de toute pièce, dans l’espoir que celui-ci existe. En attendant, je sors. Je bois aussi. Beaucoup. Mais qu’importe mes choix, tout stagne sans amour et se traîne sans éclat. Jusqu’à ce que je la rencontre : ELLE.

Cette dope divine qui grouille dans votre muscle cardiaque et qui éradique toute forme de mal-être.

La vraie question : jusqu’à quand ?

Voilà un premier roman qui aurait bien mérité le battage médiatique de cette satanée rentrée littéraire. J’ai appris cette publication sur twitter en suivant l’auteur Stéphane Jouanny ( @StephaneJouanny ), attirée par les extraits proposés, impression favorable confortée par la recommandation d’un autre auteur que j’aime beaucoup Michael Roch ( @MchlRoch).

Le jeune narrateur ( l’auteur ) traverse son existence en posant regard lucide sur la société qui l’entoure, et plus particulièrement cette jeunesse dorée des beaux quartiers parisiens. Je vous assure qu’après cette lecture je ne vois plus cette jeunesse de la même façon. Je dirais même que j’ai eu de la peine et pas mal de pitié pour elle. Comme quoi, en effet, l’argent ne fait pas le bonheur mais y participe tout de même, soyons honnêtes.

Je ne suis donc pas un fan invétéré de la ‘jeunesse dorée’ et des ‘ fils à papa ‘. Je gerbe en effet l’idée de cette vie facile, cet état de richesse et de désinvolture que l’on n’a pas mérité.

Ce jeune homme s’interroge sur le monde, l’emploi, les relations humaines, l’amour, l’amitié. Il fait la noce souvent, abus d’alcool, du sexe sans lendemain avec des partenaires paumées et superficielles jusqu’au jour où ELLE déboule dans sa vie. Il a une vision idéaliste de l’Amour. Tout de suite entre eux c’est l’osmose. Jusqu’ici il était triste en son for intérieur, le tourbillon de sorties, de cuites ne servant qu’à masquer son mal être.

Notre amour n’est pas l’addition de deux semblables qui forment un tout, notre amour est la fusion d’un résultat qui tend vers l’infini. 

Stéphane Jouanny sait manier l’écriture, il en a une telle maîtrise que le lire c’est comme converser avec lui, ou l’écouter dénouer les mots, les semer sur notre route, créer tout un registre d’émotions et de partage autour d’une histoire qui peut paraître banale. Une histoire d’amour pensez-vous donc, le sujet est éculé. Sans doute, mais ici, il y a à la fois beaucoup de pudeur dans l’approche et tout autant d’images et de vocabulaire percutants. On sent bien que le souhait de l’auteur repose sur l’envie de partager une / son histoire, car ce roman est autobiographique à 80 % et ELLE existe pour de bon.

Les histoires d’amour durent-elles ? Celle-ci plus qu’une autre ? Vous le saurez si vous le lisez et franchement détournez un peu votre attention de ces 555 romans agités sous votre nez depuis le 21/08 et pensez à vous offrir, ou offrir celui-ci.

Sachez que parmi les pages de Moi, Représente Tous Et parle au nom de Ceux, il y a plein de petits papiers disséminés. Il y a tant de phrases que j’aimerais partager avec vous alors pour finir une dernière citation.

Nous vivons tous avec des secrets inavouables et nous cachons tant bien que mal nos vérités profondes. Je n’aime pas ou plus la vie, qu’importe si je ne sais plus quelle intensité choisir ; toujours est-il que je ne peux livrer cela à personne, au risque de choquer mon interlocuteur ou de me faire interner. Nous enfouissons alors cela pour paraître standard, mais nous ne le serons jamais.Les Hommes ont bâti un monde sur des inégalités et des non-dits, et nous devons à présent jouer du paraître pour ne pas quitter cette voie qui mènerait à l’anéantissement pur d’une destinée ancrée dans le collectif commun.

Roman édité par CpPresse, vous pouvez l’acheter sur le site  ainsi que sur ama…

Retrouvez Stéphane Jouanny sur son blog . 

autoGRObiaphie de ¨Pierre Dupuis Editeur : Racine et Icare  Récits courts format papier 130 pages

autoGRObiaphie de ¨Pierre Dupuis
Editeur : Racine et Icare
Récits courts format papier
130 pages

AutoGRObiaphie

 

C’est sur twitter que j’ai fait connaissance avec Pierre Dupuis. Suivant le fil des conversations, un beau jour, j’apprends qu’il écrit et qu’il va être édité par Racine et Icare, une maison d’édition associative située au Havre. J’ai lu quelques extraits, attendu un peu avant de craquer définitivement et d’acheter cette autoGRObiaphie sur le site de l’éditeur.

Grand bien m’en a pris car ce recueil de textes scindé en six parties a tenu sa promesse, à savoir procurer du plaisir à la lectrice, l’émouvoir, la toucher, la titiller dans sa curiosité. Pierre Dupuis nous fait parcourir et découvrir son Je interne et chaque nouveau texte est une approche de sa personnalité, et, finalement il s’avère que Pierre Dupuis a une sensibilité exacerbée ( à mon sens ). Ces textes naviguent entre le noir, le surréalisme, l’imaginaire, l’amour et le récit franchement sociétal.

Ce sont des textes d’une grande sensibilité écrit dans un langage qui nous est proche et coutumier, d’où la sensation d’écouter un ami, un pote, un confident.

L’un de mes préférés est Le doigt sur la gâchette qui met en scène un tireur d’élite des forces spéciales. Nous suivons ses interrogations dans l’attente de l’ordre qui lui sera donné : abattre l’homme ou tenter de l’interpeller vivant.

A mon avis, Pierre Dupuis devrait tout de même tenter le roman, ou tout au moins des textes plus longs car dans ce recueil certains récits auraient gagné à être approfondis.

Agréablement surprise et contentée par autoGRObiaphie j’espère que l’auteur ne s’arrêtera pas en si bon chemin.

Une citation de l’auteur tiré de son avant-propos :

« Le but n’est pas d’idéaliser ma vie ni de me créer un monde parfait, mais de partager ce que j’ai pu vivre avec les lectrices et lecteurs qui ont pu vivre comme moi une rupture amoureuse, physique ou psychologique dans leur vie, car si mon cas est loin d’être unique, j’ai eu la chance, par la conjonction de ce qui m’est arrivé, de trouver du positif dans tous ces évènements. Cette notion de partage est sans nul doute la plus importante chez moi. »

Ce recueil est à 9 € 90 et vous pouvez vous le procurer sur le site Racine et Icare ( libraire et éditeur associatif )

Le blog de l’auteur, Pierre Dupuis est à cet endroit 

Soyez donc curieux et bonne lecture 🙂

Alice de Laura Berent Neowood éditeur Ebook - Littérature

Alice de Laura Berent
Neowood éditeur
Ebook – Littérature

Alice

 

Alice est une mordue de cinéma, d’ailleurs elle a la chance de bosser pour un journal télé dans lequel elle écrit des chroniques de films. Seulement elle affectionne tout autant de traîner chez elle en petite culotte et se vautrer dans le canapé devant la télé à regarder des DVD’s. C’est ce qu’elle fait ce jour-là, décidant de se faire porter pâle tout en pensant à cette mystérieuse fille du blog au caractère bien trempé qui assène des leçons de « vie » telle que celle-ci :

Assumez vos actes manqués. Ne faites pas ce dont vous n’avez pas envie. Résistez.

Alice est en colocation avec deux femmes.

Vélarie, infirmière de nuit en gériatrie qui « est naturellement jolie avec ses yeux de Juliette Lewis et sa bouche à la Greta Garbo ». Amanda, hôtesse de l’air qui est « comme notre Pamela Anderson de proximité. Si elle dégouline de vulgarité, son intelligence est largement sous-estimée. »

Cela fait deux semaines que la fille du blog ne s’est pas manifesté, ce qui est étrange.

« Boum, boum » à la porte, un homme se présente, un flic en civil, un dénommé Inspecteur Mark MacPherson au faux « air de Dana Andrews ». Il enquête au sujet de la disparition de Margaux Wendice mais Alice Laperle ne la connaît pas. Il semblerait que ça soit la fameuse fille du blog.

L’inspecteur en noir et blanc inquiète Alice malgré cette irrépressible attirance qu’elle ressent. Paumée, Alice se dit :

« Un mauvais rêve.Tout ça parce que je me suis encore endormie devant la télé. Il y a eu un orage, la foudre est tombée et puis un grand flash qui m’a expédiée dans un endroit du genre de Smalville sauf que, moi, je n’ai droit qu’à une vieille série Z. »

Partant de ces éléments, les évènements vont osciller sans arrêt pour Alice entre rêves et réalité. Elle aura bien du mal à maîtriser le cours des choses. Mais pour finir qui est donc cette fille du blog, cette Margaux, où-est-elle ?

Vous pouvez constater au nombre de citations que j’ai beaucoup aimé le style de l’auteur, Laura Berent : l’humour, le rythme, un langage simple et imagé, une histoire à la Lewis Carroll avec plein de références au cinéma. Et pour tout dire une héroïne qui dans la réalité pourrait-être une super pote.

Ce roman numérique ( epub, mobi et PDF ) des éditions Neowood est à 2 € 99. Vous pouvez le commander directement sur le site de l’éditeur .

Seconde chance d'Andy Vérol  Editions de La matière noire Cool. The dark matters Numérique - Juin 2013

Seconde chance d’Andy Vérol
Editions de La matière noire
Cool. The dark matters
Numérique – Juin 2013

Putain ! quand la vie ressemble plus à rien malgré ton gosse, ta femme et un très bon job où tu crées Seconde chance pour des nantis de merde.

Et toi t’es là comme un con en te disant que t’as une femme, un gosse, un mercédes , un bon job et que pourtant t’es passé à côté de ta vie. Surtout que tu vois ce con de Trésor faire la une, ce Trésor qui t’a volé des textes, qui se la pète dans cet underground vendu avec toutes ces nanas faciles, les connards qui te feront la une de demain.

Tu t’sens pousser des seins et tu vas enfin pouvoir parler à ce con de Trésor qui ne pense qu’au cul même si t’es mineur.

Tu te transformes dans ta Seconde chance et lui n’y comprend rien.

Tu le rencontres dans ses soirées nazies qu’il ne dit pas en être.

Il est impuissant ou presque ce Tresor.

Tu continues plus loin dans cet underground de merde et Marion, ton avatar est ton alter-ego.

Finalement que parviendras-tu à faire avec tes deuxième chance ? Une répétition, un nouveau départ ? Que t’aura apporté cette transformation ?

C’est un mirco-roman puissant, qui interroge sur ce que nous voulons devenir ce que nous étions, et comment on rétablit un certain «  équilibre ». C’est juste une histoire qui nous dit « ne soyez-pas lâche »

 

«  Demain les dents auront poussé dans ma gorge »

On avance, mais si on n’avance pas, si on ne parvient pas à s’en sortir, on devient quoi ? Comme ces ravagés claqués par des divorces, le chômage, le terne d’une existence bien charpentée publique et de prévention ? Dans les chiottes, je n’y tiens plus. Je vomis puis je vais m’installer devant mon PC

Un texte qui ne m’a pas dérangé personnellement mais qui est sans doute ce qu’il faut pour bousculer certaines personnes et certains lecteurs plan-plan. J’y ai rien appris sauf la narration qui m’a époustouflée, j’avoue.

En conclusion, à découvrir et à lire !

Illustration de Yentel Sanstitre : visiter son site

Blog de l’auteur ici : http://andy-verol.blogspot.fr/

L’itw de Lilian Peschet http://ianian.org/seconde-chance-andy-verol/ 

Le site de éditeur : http://lamatierenoire.net/

2 € 99 et sans DRM sur la plupart des plateformes

MINOLTA DIGITAL CAMERAAujourd’hui, je vous présente H_X Lemonnier et vous invite à le découvrir en lisant #Infinitif salve. Hervé écrit ses poésies en live-tweet sur son compte twitter ( @H_X_Lemonnier ). Ces tweets sont comme des bulles de toutes les couleurs, légères, en ribambelles ! Je les vois s’égayer comme lorsqu’enfant je soufflais doucement pour qu’elles s’envolent plus haut, plus loin pleines de surprises et de promesses. Pour tout cela, et bien plus encore, j’aime lire le blog d’Hervé Era Da dire

Il s’est formé autour de ces #infinitifs salves tout un chapelet de contributeurs pour les traduire en espagnol, italien, allemand, et même picard ! Démonstration faite que la poésie est universelle.

J’ai fait la connaissance d’Hervé en novembre 2012 à l’occasion de la TwitterFiction AllSinners de Yumington ( @Yumington ) lancée, créée par Jeff Balek ( @balek ) qu’il n’est plus la peine que je vous présente si vous consultez ce blog régulièrement. A nouveau un grand merci à lui pour toutes les belles rencontres faites. Sur le blog d’Hervé, lisez-donc sa TwittFiction AllSinners.

Et maintenant, place à la lecture de cet #infinitif salve 14. Il n’a pas été simple de choisir parmi les 23 présentes à ce jour. Merci à Hervé Lemonnier de m’autoriser la dissémination de cette salve ( vous référer à la WebAssociationDesAuteurs ) et de librement l’illustrer par cette photo prise à Lille.

#Infinitif salve 14 

Suspendre le temps d’un vol la mécanique déchue de l’éternel à faire.
Surprendre en soi des sons, jeux d’un temps congelé.
Offrir à ses espoirs les contes bariolés, raturés en cascade.
Dérober à l’envie de ne plus savoir rire.
Initier un retour en ces terres délicieuses farandoles.
S’immiscer parce qu’enfin nous étions maîtres frêles, enfants seuls.
Démontrer piège en main qu’il eut fallu tromper ces demains dominés.
Accroître l’épice sucrée de nos rires légendaires.
Embraser l’univers fou d’un regard magicien.
Détrôner sans reproche.
Cabosser les secrets, écarteler croyances.
Vivre de s’enivrer sans cesser d’y goûter.

Le Pape a disparu de Nicolas Ancion ONLIT Editions- Hors collection-

Le Pape a disparu de Nicolas Ancion
ONLIT Editions- Hors collection-

Le Pape a disparu

Le Pape est belge !! Oui ! Il s’appelle Ernest 1er, il est jeune , pimpant, fringant et manifestement épris du Cardinal Vertupoint qui le lui rend bien.

Un jour qu’il attend son avion, une jeune femme, Mady lui demande de faire passer entre la France et la Belgique un médicament pour sa mère gravement malade. Ce médicament ne peut normalement passer les frontières. Après quelques hésitations, Ernest accepte. Les douanes ne vérifieront pas ce que transporte le Pape et de toutes façons si cela était le cas, il payerait l’amende et voilà tout. Il remet toutes les semaines le paquet à un certain Raoul dit le chat.

Seulement, la police pointe le bout de son museau soupçonnant un trafic de stupéfiants et le Pape d’y participer. Le Cardinal Vertupoint et le directeur de la compagnie Belgair, Mr Dauran se font bien du souci pour lui. Aucun des deux ne peut croire qu’Ernest y prenne part en toutes connaissances de cause. Lorsqu’ Ernest décide de mettre un terme à cette livraison…il disparaît !

J’ai beaucoup apprécié les personnages de Vertupoint et Raoul ( coïncidence amusante c’est justement le nom de mon chat ).

Quelques points restent obscurs mais rien de bien grave. Et le dénouement est un peu simple à mon goût.

Roman mené tambours battants, plein d’humour qui est l’exemple type de lecture détente. Ça tombe bien vous pourrez le lire sourire aux lèvres sur la plage, dans votre hamac, votre coin d’ombre préféré …bref, pendant vos vacances.

Ce livre a été lu en participation à une lecture commune ( dite LC ) sur le forum de lectures et lecteurs numériques e-lire  en partenariat avec l’éditeur ONLIT

Un grand merci à tous !

Ebook formats epub et mobi à 4 € 99 : voire sur le site de l’éditeur

Epilogue

Epilogue d'Anne Bert  Ebook - Edicool

Epilogue d’Anne Bert
Ebook – Edicool

Chez l’éditeur : [..« Vous êtes bien Marguerite Nourdi ? Je suis Line Passage,votre tutrice. »Cette phrase terriblement anodine l’avait faite dépositaire de la vie de Marguerite. À cette seconde, comme tombe une condamnation, tout le peu que cette femme avait pu gagner en droits dans sa pauvre existence s’était écroulé comme un fragile château de cartes. Marguerite fut expropriée de sa vie. Dépossédée d’elle-même…]

Ce sont deux vies, deux femmes qui vont se rencontrer et cheminer ensemble jusqu’au bout. C’est l’histoire de la vieillesse, du regard que notre société lui porte, du sort que notre justice lui réserve. Marguerite, pensionnaire de l’Epilogue, résidence aussi justement que cruellement nommée, voit débarquer Line, celle qui devra déterminer à sa place ce qui est bon et juste. Mais la vieille femme méprise ceux qui veulent lui faire payer sa longévité beaucoup trop cher, elle parvient à rallier subtilement sa tutrice à son désir de ne plus épiloguer.

Un terrible pacte tacite est conclu… Tourner le dos au mouroir pour découvrir ce qui se rapproche peut-être le plus de l’immensité de l’univers, l’océan dont le bord si étroit recueillera pourtant les derniers instants d’une vie près d’être engloutie.

C’est à la fois un récit ordinaire et complexe par la variété des émotions qu’il suscite. Ce sujet d’apparence simple, mettant en scène une vieille dame, Marguerite et sa tutrice ( également traductrice ) Line, va littéralement vous remuer les tripes, savamment vous malaxer la cervelle, vous pétrir le cœur. Oui, nous avons tous des « aînés » sur lesquels nous portons un regard parfois amusé, agacé, circonspect, inquiet etc… Ce troisième âge qui tend à devenir un quatrième âge tant l’espérance de vie augmente.

Marguerite n’a pas eu ce qu’on appelle un vie facile.

« La vieille femme possédait un langage particulier. Elle avait naguère conté son histoire à Line, sa scolarisation vite arrêtée, son mariage parce qu’il le faut bien, la vie à la ferme, l’enfant simplet, les champs, les bêtes, son ivrogne de mari, son veuvage, toute une vie de peines selon ses étranges expressions-les bras occupés et la tête inhabitée-une vie de silence-juste les fantômes des mots à l’intérieur-une vie sans caresses, sans joie, sans baisers, tant d’années de regrets en si peu de phrases. »

Les mots de Marguerite, ses regards, ses silences assènent des vérités que Line peu à peu assimilera, prenant conscience, parfois de manière abrupte, de ses propres préjugés à l’encontre des personnes âgées. A travers ce tandem, l’auteur, Anne Bert parvient avec justesse et sensibilité à interroger notre âme. Marguerite est pauvre et seule. N’ayant plus assez de ressources elle devra quitter l’Epilogue, cette maison de retraite car même en ces lieux il est question de rentabilité, encore et toujours.

Beaucoup d’entre nous avons visité nos grands-parents dans ces maisons. On le sait bien que tout ça revient terriblement cher si on veut que nos « vieux » aient un minimum de décorum et d’attention.On craint le jugement d’autrui si par malheur on n’a pas les moyens de les envoyer dans un « bon établissement ». Lorsque cela est fait on y va avec un peu de réticence, parce que les vieux ça sent. Ils sont là devant la télé, dans leur fauteuil roulant, ou errant avec leur déambulateurs, le regard perdu dans on ne sait quel songe ou vous attrapant la main au passage quémandant un regain d’amour, d’attention ou peut-être tout simplement la fin d’un calvaire ? Qu’en est-il de la vieillesse quand tout est pognon ? Que deviennent nos aînés, leurs cœurs et leurs corps une fois que nous les quittons  ?

Tout comme bon nombre d’entre nous détestons les odeurs d’hôpitaux, nous sommes souvent soulagés dès que nous quittons ces endroits. On ferme les yeux et on n’y pense plus jusqu’à la prochaine fois, comme un devoir à accomplir.

Marguerite fait un choix personnel et ô combien compréhensible. Alors Line va l’aider de la façon la plus humaine qui soit. Marguerite décide et prend sa vie en main. Marguerite qui bien qu’ayant habité à peine à une quarantaine de kilomètres de l’océan ne l’a jamais vu. Enfin, elle va découvrir l’immensité. La première rencontre avec l’océan est une révélation pour elle et l’auteur en fait une scène infiniment belle et émouvante. Cette vieille dame si peu instruite, selon nos critères, a bien des choses à nous apprendre.

C’est un roman que je recommande tout particulièrement pour sa sincérité et le style de l’auteur. Marguerite vous prendra le cœur en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Un grand merci à Paul Leroy-Beaulieu pour cette belle lecture.

Je vous invite à lire l’interview d’Anne Bert sur le site de l’éditeur Edicool 

Cet ebook sans DRM est à 3 € 99 vous pouvez l’acquérir en passant par le store de l’éditeur.

Missel du débutant  missel

 

Des pigeons de toutes teintes
Conférence tiennent
Presqu’accoudés au clocher
En son point le plus haut
Offrant une envieuse
Mais courte perspective

Sur la physionomie 

Par l’espoir déplacée
De ces fidèles dissimulant
Diverses boîtures

Soleil oblique
Se redressant
Et presque trompette alors
Sonnant fastidieux mitan

Fictives familles se célébrant 
Là et ce jour seulement
Disposées à aimer

Crinière des enfants
Sous le platane de Cent ans
Sandales, mèches et Croix 
Dans leurs bouches Verbe insufflé
Pour apprendre à maintenir
Closes
Ces lèvres
Ourlées par une conscience encore
Préma
Tue
Rée de ce que l’on peut 

Sous les regards
Les péchés prochains
Se dessinent 
Tandis que le prêtre sa comptine récite
alphabet de routine
Grammaire
Obso
Lète
Nomo
Thète pourtant

Entrent alors
Et venant clore
L’indolent serpent
Que forment cette addition d’espérances
Dans leurs dépareillés accoutrements
De parade dénués
Les seuls et
Authen
Tiques
Derniers

Je diffuse ce poème de Pierre Cendrin, avec son accord bien évidemment et ce pour vous inviter à découvrir ces autres créations sur son blog .

Pour plus de renseignements rendez-vous sur le site de la web-association des auteurs

superouordinaire

En Exergue Et Parce Qu’il Faut Bien Commencer…  ( Gilles Piazo )

Archives : réédition d’un article (le premier!) disparu lors de la mise à jour du blog.

 

Nom d’auteur : le nom.

 

Gilles PIAZO est né il y a un peu plus de deux ans maintenant, au bas de son premier vrai texte : une nouvelle avec un début un milieu une fin en vue d’un concours dans l’ouest de la France. Non retenue pour le palmarès.

Du coup, il ne se rappelle plus exactement quelle bibliothèque de quelle région ou ville l’organisait, le concours. Et moi non plus d’ailleurs. Même si l’on avait tous deux quand même examiné la carte de France via google, au cas où une annonce de distinction avait surgie d’une enveloppe quelques mois plus tard et qu’il avait fallu nous rendre à la cérémonie de remise des prix.

Enfin j’aligne les « on », les « nous » pour la petite histoire ; mais c’est bien plutôt et vous l’aviez compris dès l’entame de moi-même qu’il s’agit en lui. De moi tout court, ou presque. De moi qui vous écris. De moi qui essaie d’écrire ; de creuser.

De moi embarqué depuis ce jour dans un devenir rat. De moi en train de donner au bas de ces premières pages et sans même m’en rendre véritablement compte à mon terrier et dans la glaise du réel qu’il a vocation de parcourir le premier coup de patte.

De moi comme d’un double, toujours positionné à la lisière floue de moi-même.

Fallait signer par un pseudo, vous savez bien comment ça marche ; question d’anonymat des copies.

Et puis je m’y suis tout de suite senti bien. 

D’une part parce que mon nom, le « vrai », outre qu’il n’a finalement et par son usage social pas grand chose à voir avec cette partie de ma personnalité qui déverse, est définitivement imprononçable au premier abord ; tout le monde se plante, tout le monde écorche, tout le monde ampute ou défigure, à l’écrit tout aussi bien. Il faut statistiquement des semaines, voire des mois à une personne normale pour s’en souvenir précisément et l’orthographier correctement.

C’est pas compliqué : chaque fois qu’un prof s’arrêtait net lors du premier appel de l’année, des syllabes avortées s’accumulant en cascade dans sa bouche et faisant se tordre ses lèvres dans une mimique de trop plein; chaque fois qu’une pauvre standardiste creuse un brusque silence dans le combiné, perdue dans le flou de la combinaison phonétique qui vient de lui parvenir et, par un « Comment? » tardif, réclame une deuxième chance, vous pouvez être sûr que c’est sur moi que ça coince. A 80% au moins. 

Tant et si bien que j’ai très vite su l’épeler, ce nom, égrener sans hésitation son chapelet de huit lettres. Peut-être même avant de savoir le prononcer… D’ailleurs aujourd’hui encore je commence souvent par là, épeler. Sans même prendre le risque de. 

Alors si pour une fois et dans un domaine je pouvais m’en passer…

Parce qu’aussi – et peut-être surtout – je me suis rapidement rendu compte qu’il me permettrait d’exister enfin dans une fine franche jusque-là inaccessible de mon histoire ; du côté maternel. Là précisément où j’étais aller le piocher. Du côté de ces êtres que l’on a côtoyés et aimés – ses parents à elle – sans jamais pouvoir nous rapprocher totalement d’eux, dépasser la barrière irréductible de la différence du nom.

En porter un autre, c’était comme à jamais garder une part d’étrangeté, plutôt au sens d’étranger ; comme ne jamais pouvoir se sentir entièrement identiques, entièrement de la même souche.

Gamin, il est des fois sans doute où m’a tiraillé le désir d’en changer. Non par refus ou aversion à l’égard de celui qui m’était donné, mais bien plus par volonté d’empoigner d’une histoire qui en droit m’appartenait mais dont un mince filet semblait néanmoins – en fait et dans cet écart infranchissable du patronyme – toujours s’écouler liquide entre mes doigts.

Alors je l’ai gardé ; peut-être aussi pour d’autres raisons, encore obscures ou non avouables.

Comme on garde une vieille photo de famille jaunie.

Comme on enfile un uniforme pour aller chaque jour creuser son sillon devant son écran d’ordinateur, maintenant un pied de chaque côté de mon origine.

Un rat en uniforme.

Un uniforme de rat.

 

Cet article est repris dans le cadre du projet pour une web association des auteurs dont j’ai relayé l’appel sur ce blog. Gilles Piazo est un auteur que je vous ai déjà présenté dans un article sur Une journée de fou, que je vous recommande toujours ainsi que ce recueil de nouvelles Super ou Ordinaire ? ( nous en reparlerons ).

C’est aussi un auteur dont le blog : comme un rat fait son terrier est un réel plaisir de lectures et de réflexion. N’hésitez pas à le découvrir et y laisser vos commentaires.

Un grand merci à Gilles.

50 nuisances de Glauque Aloysius Chabossot   Edition Le camembert Auto-édition

50 nuisances de Glauque
Aloysius Chabossot
Edition Le camembert
Auto-édition

50  nuisances de Glauque

Présentation par l’auteur : Anastasie Style, jeune étudiante en Lettres à l’université de Créteil remplace au pied levé Jennifer, son envahissante coloc portée sur la bouteille, et part interviewer Christian Glauque, richissime magnat de l’agro alimentaire, surnommé le « roi de l’andouille » (car c’est précisément ce que ses usines produisent). La rencontre ne va pas très bien se passer entre le bizness man hautain et l’étudiante qui n’a pas la langue dans sa poche. Hasard ou nécessité, leur chemin va néanmoins se croiser à nouveau dans des circonstances à chaque fois un peu plus explosives, jusqu’au feu d’artifice final…

Pas de frissons sensuels dans cette parodie déjantée de “50 nuances de Grey”, mais de la dérision, du délire et du rire !

Vous rêvez d’évasion, d’éclats de rire, d’un moment de pleine détente ? Alors 50 nuisances de Glauque est pour vous. Lorsque sur le site Adopte un auteur  j’ai pris connaissance de la fiche de l’auteur: Aloysius Chabossot et du titre de ce roman, je n’ai guère hésité. N’ayant pas lu 50 nuances de Grey ( et je ne le ferai sans doute jamais, l’auteure me rebutant ) cette parodie m’a d’emblée séduite.

Anastasie est typiquement le genre de nana gonflée que j’aime bien, bourrée de répondant, de franchise.

Anastasie est toujours vierge au grand dam de sa copine, l’otarie, Jennifer qui est tout son inverse. Et la mère d’Anastasie, mariée plusieurs fois et complètement libérée sexuellement. Elle a bien du mal à comprendre que sa fille puisse être encore vierge. Ben oui forcément, elle vend des sex-toys comme des produits plastiques. Et chaque appel téléphonique rappelle à sa fille que «  comment à ton âge tu es encore pucelle ? » Bref, on rigole tout au long.

N’oublions pas Glauque…ahh ahh Glauque avec ses cravates cochons, lui le roi de l’andouillette super PDG super coincé …vraiment coincé ? La suite du roman dévoilera un secret qu’Anastasie va subir de plein fouet. Parce que Jennifer la fille à papa dont le loyer est payé par les parents va devoir se bouger les fesses. Et Anastasie sera en quelque sorte la sauveuse.

Y a aussi Jésus, le pote artiste photographe dont le truc est de mettre en scène les poubelles. Il va entrer en ébullition avec Glauque. Jésus c’est l’amoureux transi d’Anastasie.

Evidemment, dans ce roman il faut une intrigue minimum sinon ça serait juste drôle ( pari gagné ) et là le narrateur met à jour une petite déviance pas bien méchante mais qui peut isoler à jamais quelqu’un.

Alors, mon sentiment ? J’avais envie de rigoler, de ne pas me prendre la tête dans ma lecture ? Pari gagné, j’ai passé un excellent moment.

Si comme moi, vous avez envie de cette détente toute simple de temps à autres alors ce roman est pour vous.

2,98 sur amazon 

Fratrie fatale d'Eric Neirynck Mots ouverts éditions  Avril 2013

Fratrie fatale d’Eric Neirynck
Mots ouverts éditions
Avril 2013

Fratrie fatale

Présentation : La seule vraie femme de ma vie à ce jour est ma mère. Et quelle mère, le genre mère juive – pourtant catholique pratiquante, pas un dimanche sans aller à la messe – à me considérer comme un bébé en toute occasion qui soit. Nous vivons toujours ensemble. Je suis bien parti quelques semaines pour faire ma vie, mais à chaque fois je suis revenu chez elle. La solitude, les repas réchauffés au micro-ondes que l’on mange dans le canapé en regardant bêtement la télévision ont très vite eu raison de mon besoin d’évasion. Papa était décédé depuis plusieurs années, elle était seule et ne demandait pas mieux que je vienne pour lui tenir compagnie…

Cette présentation est un extrait de cette nouvelle et introduit Pierre, l’un des deux frères. Les deux premiers chapitres lui sont consacrés à travers sa voix.Nous apprendrons de lui qu’il a 35 ans, qu’il n’a pas un physique gracieux et qu’il est manifestement toujours puceau. C’est un incorrigible romantique, c’est pourquoi lorsque sa belle collègue Julia l’invite, il n’en croit pas sa chance. Mais voilà, il va y avoir un os dans ce joli et doux programme. 

C’est ensuite que Luc, son frère fait son apparition pour les deux derniers chapitres. Luc a 39 ans, il est marié et a deux enfants. C’est à l’occasion des obsèques de leur mère qu’il reverra Pierre. Ces deux là n’ont jamais été très proches. Luc est un charmeur, un tombeur même.Il gagne très bien sa vie en tant que conseiller juridique pour une grande multi-nationale. C’est à travers Luc que l’auteur dévoile par petites touches le passé des frères à Lyon.

Ces deux frères bien que différents vont tous deux voir leur vie bousculer, basculer, blesser de façon indélébile et complètement inattendue. 

J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver l’écriture d’Eric Neirynck. De nouveau cette pointe d’humour noire fait mouche et les personnages prennent une pleine dimension sous sa plume.

C’est une nouvelle noire que je vous incite à lire d’autant qu’il ne vous en coûtera que 2 € 90.

L’acheter (epub sans DRM ) sur le site de l’éditeur Mots ouverts éditions

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Lisa de Jeff Balek  Editeur Numériklivre

Lisa de Jeff Balek
Editeur Numériklivre

Lisa

Elle est jeune et belle. Lui, plus âgé est son « dos argenté ». Vous devez penser ‘ Oh une histoire d’amour, c’est gnangnan !’ Détrompez-vous ! Tout d’abord aucune histoire d’amour n’est comparable à une autre. Ensuite en lecteur que vous êtes vous comprendrez qu’on accroche plus à tel ou tel style qu’à un autre. Moi, personnellement, j’apprécie beaucoup celui de Jeff Balek.

Dès le début il arrive à nous faire sentir ce petit décalage entre Lisa et son amant, décalage qui ne tient pas seulement à la différence d’âge mais bel et bien comme pour tous dans le vécu que chacun apporte dans le couple. Tous deux ont beaucoup de pudeur concernant leur passé respectif et ce n’est que par petites touches que quelques confidences naissent entre eux. Des confidences nées au cours de leurs jeux lorsque le plafond de la chambre devient un diaporama abritant leur coin de paradis. Comme lorsqu’il a ouvert devant Lisa un de ses livres préférés datant du XIX ème siècle avec de magnifiques gravures. « Lisa est ébahie, tout comme je l’ai été à la première lecture de ce livre, car cet ouvrage recèle une magie. Une véritable magie. Celle du voyage dans le temps et dans l’espace. Je ne me lasse pas de l’ouvrir et de le feuilleter. »

Qui dit couple dit sexe, et le sexe tient une bonne place dans leur couple faisant parfois s’interroger Lisa. Ne seraient-ils que des obsédés ?

C’est d’ailleurs à l’occasion d’une conversation sur ce sujet que j’ai lu un passage qui m’a fait sourire. Un passage parlant d’une auteure qui a écrit sa vie sexuelle…vous voyez qui ?

C’est un couple ordinaire direz-vous. Oui. Elle travaille depuis 5 ans pour la même boîte dans un bureau. Lui effectue quelques missions à droite à gauche ne parvenant pas à rester en place, ne se considérant pas capable. Il n’a qu’un désir: écrire, toujours et partout.

Mais alors direz-vous quel intérêt à lire ce roman ? Parce que c’est une belle histoire qui vous réservera des surprises. Vous ne pensez pas que je vous ai tout raconté tout de même ? Parce que l’écriture de Jeff Balek est tour à tour lyrique, stylée, poétique et parfois crue. Et encore, parce que j’aime ce regard sur la société, et son carcan. C’est une belle et sensible réflexion sur le couple.

Un extrait lyrique que je trouve superbe :

Tu me dis que « c’est de la folie .» Le rouge de tes joues m’embrase à m’en faire suer tous les mots et toutes les folies de la terre et d’autres encore s’il le faut. J’en remplirai des jerricans de cette folie. Des jerricans et des barils. Et puis je nous en aspergerai à nous en tremper. Et pour finir ou commencer, je foutrai le feu. On s’immolera, s’embrasera, on s’embrassera à en faire sauter le monde. Boum

Un vrai beau roman d’amour.

Roman numérique édité par Numeriklivres

5 € 99 tous supports chez tous les bons libraires en ligne.