lhomme-chauve-sourisL’homme chauve-souris – Jo Nesbo

– « Est-ce que tu t’es déjà trouvé seul en l’air, Harry ? Tu as déjà volé ? Est-ce que tu as sauté de très, très haut, et senti l’air essayer de te porter, te recevoir et caresser ton corps ? »

Joseph avait déjà correctement entamé la première bouteille, et sa voix s’était enrichie d’un timbre chaud.

Le regard brûlant, il décrivit à Harry la beauté d’un saut en chute libre :

«  Ça réveille tous les sens. Tout ton corps te crie que tu ne peux pas voler. « Mais je n’ai pas d’ailes », te crie-t-il en essayant de couvrir le boucan de l’air qui siffle dans tes oreilles. Ton corps est persuadé qu’il va mourir et tire tous les signaux d’alarme – réveille complètement tous tes sens pour savoir si l’un d’entre eux arrive à trouver une issue. Ton cerveau devient l’ordinateur le plus puissant qui soit, il enregistre tout ; ta peau sent la température qui monte au fur et à mesure que tu tombes, tes oreilles sentent la pression qui augmente, et aucune ride ni aucune nuance chromatique ne t’échappe dans la carte que tu as sous toi. Tu peux même sentir la planète qui s’approche. Et si, à ce moment là, tu arrives à repousser la peur de la mort au second plan, Harry, tu es pour un instant un ange, à tes propres yeux. Tu vis une vie entière en quarante seconde.

– Et si tu n’arrives pas à repousser cette peur de la mort ?

– Il ne s’agit pas de la repousser complètement, juste de la mettre au second plan. Parce qu’elle doit être présente, comme un son clair et perçant, comme de l’eau froide contre la peau. Ce n’est pas la chute, mais la peur de mourir, qui réveille les sens. Elle apparaît d’un coup, comme un rush dans tes veines, au moment où tu quittes l’avion. Comme se piquer. Elle se mélange ensuite à ton sang, et te rend bien-heureux et fort. Si tu fermes les yeux, tu peux la voir comme un beau serpent venimeux qui te regarde de ses yeux reptiliens.

– Tu parles de ça comme si c’était une drogue, Joseph.

– Mais c’est une drogue ! Répondit Joseph qui gesticulait maintenant à qui-mieux-mieux. C’est exactement ça. Tu veux que la chute dure toujours, et quand tu auras sauté un certain nombre de fois, tu remarqueras qu’il t’est de plus en plus difficile de tirer sur la poignée d’ouverture du parachute.Tu finiras par avoir peur d’une overdose, un jour, et de ne pas tirer sur la poignée, et là, tu arrêtes de sauter. Et c’est là que tu te rends compte que tu es devenu dépendant. L’abstinence te déchire, la vie te semble dénuée de sens, triviale, et tu te retrouves à nouveau tassé derrière le pilote dans un vieux Cessna qui met des plombes à monter jusque dix mille pieds, ce qui ne l’empêche pas de te grignoter toutes tes économies. »

Roman traduit du norvégien par Élisabeth Tangen et Alexis Fouillet 

GardiensVéritéLes gardiens de la vérité – Michael Collins

J’appelle celui-ci «  Ode à un directeur stagiaire ».

Quand vous entrerez dans notre ville, j’aimerais que vous lisiez ce qui suit, pour vous éclairer sur la façon dont ça se passe ici, avec nous, à ce moment de l’histoire. C’est vraiment la chose à faire. Même au Moyen Age ils mettaient des panneaux où on pouvait lire : « Peste ! Défense d’entrer ! »

Voilà ce que je dirais…

Nous n’avons rien fait dans cette ville depuis plus de dix ans. C’est comme si la peste s’était abattue sur nos hommes, tout aussi horrible que les dix plaies d’Égypte. Avant, nos hommes fabriquaient des voitures, des feuilles de métal, des caravanes, des machines à laver et des sèche-linge, des encadrements de porte, des poutrelles d’acier pour les ponts et les gratte-ciel. Notre ville avait dees contrats avec Sears, Ford et General Motors. Tout le monde travaillait dans une usine, on pliait le métal pour lui donner la forme d’ailes de voiture, de joints de culasse, de culasses, de têtes de Delco, et on cousait des sièges de vinyle pour des Cadillac et des Continental. Les mains nous démangeaient de faire quelque chose. Les usines étaient nos cathédrales, qui avaient poussé dans les Grandes Plaines.

Autrefois le vacarme, le grondement souterrain des machines emplissait notre conscience. Vous auriez ressenti le son répété des marteaux-pilons sous notre couche de neige quand l’hiver s’abattait et nous fermait au monde extérieur, transformant les choses tandis que la neige lourde tombait sur les plaines et nous isolait.Nos fourneaux saignaient dans la neige, un creuset de feu parmi les plaines. La paix régnait à l’époque, et la sécurité, on roulait tous sous les globes des lampadaires dans les rues labourées, on rentrait lentement chez nous en voiture, épuisés, tandis que les machines de notre existence avalaient l’équipe de nuit. Vous auriez vu le lent serpent des trains chargés des voitures luisantes que nous avions fabriquées partir vers les grandes villes des côtes Est et Ouest.

Si vous étiez venus nous rendre visite dans la chaleur brûlante de l’été, vous auriez vu nos hommes dans des T-shirts jaunes pleins de taches, ruisselants de sueur, qui mangeaient au bord de la rivière dans des gamelles en fer, et descendaient du Coca-Cola glacé et des seaux de bière fraîche. Vous auriez vu comment ils s’essuyaient la bouche de l’avant-bras, avec une grande satisfaction, avant de se lever, de s’étirer et de faire le tour des cours d’usine en tirant de longues bouffées de leur cigarette. Vous auriez peut-être entendu le bruit sec d’une batte de base-ball pendant la pause du déjeuner, nos hommes couraient d’une base à l’autre autour des terrains derrière les usines, et lançaient des balles au-delà du périmètre des grès brun de notre existence. Il y avait de la bière bon marché dans l’obscurité des bouges pour les hommes qui en avaient besoin, et tout un assortiment de putains dans le vaste labyrinthe des viaducs et des mares de refroidissement des fonderies. Nous avions aussi une fabrique de chocolat, dans laquelle nos jeunes femmes coiffées de toques de pâtissières collaient des caramels au lait sur des plaques de cuisson cirées. Vous les auriez rencontrées en train de fumer, accotées aux murs de grès noircis, de pâles fantômes couverts de farine. Elles avaient cette luxueuse odeur de cacao et de cannelle incrustée dans les pores de la peau.

Et par une chaude nuit d’été, vous nous auriez trouvés dans le destin collectif d’un drive-in en voiture dans l’air chaud et humide de l’été vous auriez entendu les cris perçants dans le réseau de l’horreur de vivre pendant la guerre froide, alors que des fourmis géantes nées d’un holocauste nucléaire attaquaient la ville de New-York.

Il y avait un mouvement permanent dans notre ville, dense et inépuisable, autonome, l’alimentation éternelle des fourneaux se poursuivait nuit et jour avec nous dans un isolement magnifique, les gardiens de l’industrie. Vous auriez pensé, comme nous, que les moyens de production ne cesseraient jamais de fonctionner, mais vous auriez eu tort.

Aujourd’hui, nos usines près de la rivière sont abandonnées, les fenêtres crevées, des touffes d’herbe poussent à travers les toits effondrés. Nous sommes en guerre contre nous-mêmes dans la plus grande calamité que notre nation ait jamais affrontée. Nous nous entre-tuons dans des échanges truqués, dans un marché noir de la drogue qui se déroule à l’ombre de nos cathédrales abandonnées. Nos adolescents se glissent parmi ces ruines, escaladent les clôtures fermées par des chaînes, arrachent les tuyaux de cuivre des usines, et les vendent. Des issues de secours rouillées conduisent à des escaliers qui vont vers l’oubli et les ténèbres. On traîne, dans les cours, des machines à l’allure préhistorique que l’on cannibalise de tout ce qui a de la valeur, carcasses de l’industrie. Nos filles écartent les jambes sur le plancher d’ateliers dans lesquels autrefois nos hommes martelaient de l’acier. Nous sommes encerclés par des champs de maïs, cernés par des récoltes dont la culture ne paie plus. La bourse de commerce a été liquidée. Il y a des montagnes de beurre et des montagnes de blé, des stocks de nourriture en train de pourrir, qu’il faut détruire à cause de la surproduction et de la chute des prix.

Nous sommes à présent une ville de directeurs stagiaires.Oh, heureux sommes-nous qui avons hérité de la friteuse ! Maintenant, nous mangeons. Cela est devenu notre unique occupation, nos mains oisives ont trouvé quelque chose à attraper. Nous attrapons surtout des hamburgers, dans une manifestation carnivore de désir sublimé pour nos machines mortes. Nous avons McDonald’s, Burger King, Arby’s, Hardee’s, Dairy Queen, Shakey’s, Big Boy, Ponderosa, Denny’s, International House of Pancakes…

Mais cela vous ne le lirez jamais sur des panneaux aux portes de notre ville.

Roman traduit de l’anglais ( États-Unis ) par Jean Guiloineau

interim#21Interim, nouvelle 21 :

La Fin des Temps, celle décrite dans la Bible et colportée depuis des millénaires par les amateurs d’Apocalypse de tous poils, a finalement débuté. Dans une petite ville perdue en pleine Sibérie, on organise la résistance aux démons. Même si l’optimisme est en berne et qu’une odeur de fatalité plane sur les esprits, les bonnes âmes de la communauté se réunissent pour lutter contre l’envahisseur infernal. Dans ce contexte trouble, Ievgueni et Piotr sont désignés pour former un duo d’exorcistes. En intervention toute la journée, ils comptent les points entre le Bien et le Mal. Mais pourquoi insister quand une décision divine condamne le monde à sa perte ?

Étrange nouvelle qui conduit au limite de l’absurde. L’atmosphère pesant et lourd, l’oisiveté et un besoin irrésistible de combler ce vide pour au final lutter contre des forces obscures alors que la fin du monde est là. Faut-il vraiment partir en exterminant la menace des êtres possédés ? L’église n’existe pourtant plus dans ce décor apocalyptique, uniquement réduite au recrutement des exorcistes. Bien écrite cette nouvelle m’a laissée un tantinet sceptique avec je l’avoue des questions qui n’ont pas trouvé de réponses. C’est sans doute l’un des intérêts de cette nouvelle. Un extrait pour la bonne bouche.

Face à l’adversité, le nombre était une force. Mais lorsque le ver était dans la pomme, la proximité n’était plus un bouclier et devenait elle-même le danger. 

Lire le billet correspondant ici 

lanuitdesfous#22La nuit des fous, nouvelle 22 :

Pour Damian, l’arrivée de la Saint-Sylvestre sur le calendrier est loin d’être une nouvelle réjouissante : contrairement aux autres villes d’Europe où l’ambiance demeure bon enfant, Berlin est chaque année le théâtre d’une véritable apocalypse pyrotechnique confinant à la guerre civile. Mais en tant que policier, le jeune homme, que la fièvre gagne, va encore devoir affronter la foule.

Comme le dit Neil Jomunsi, le moins que l’on puisse dire c’est que la fièvre gagne. C’est comme de voir des coureurs se presser le long de la cordelette, ce qui met la pression lentement mais sûrement. D’autant que Damian est si tendu que l’on s’attend au pire. Une nouvelle divertissante avec son brin de folie à la chute rigolote et assez inattendue.

Ce soir nous rencontrerons nos peurs, poursuivit Kripkow. Nous marcherons dans un tunnel de cris et de feu, pourtant nous ne faiblirons pas. 

Lire le billet correspondant.

maisonclose#23Maison close, nouvelle 23 :

Miss A est une femme d’affaires d’un genre un peu particulier : dans un futur proche où les ingénieurs ont doté les robots de sentiments, de besoins et d’envies pour relancer une économie moribonde, son entreprise offre des prestations sexuelles aux machines, cyborgs et autres androïdes. Son business est florissant. Un jour, un homme vient à elle avec une proposition qui, bien qu’inhabituelle, éveille sa curiosité : il s’agit de s’occuper d’un client hors du commun.

Cette nouvelle est parmi mes préférées. J’ai été très touchée par Miss A malgré son côté femme d’affaire. J’ai trouvé l’idée de l’auteur de doter les robots de sentiments très intéressantes, sans doute est-ce l’expression d’un de mes côtés «  fleur bleue » mais j’aime penser que si un monde tel que celui-ci venait à exister les androïdes auraient la possibilité d’aimer y compris charnellement. Et cela est décrit finement dans Maison close, avec Miss A prévenante et soucieuse du confort de sa clientèle. Bref, Maison close est à mon avis une belle réussite alors que l’auteur n’avait pas encore abordé de scènes «  intimes ». A mon sens un joli coup de plume.

Le billet correspondant

yokai#24Yokai, nouvelle 24 :

June Lindenhaven est une thérapeute qui ne sort de son cabinet que lorsqu’une situation exceptionnelle l’exige. En l’occurrence, la pathologie de son patient du jour — un vieil homme d’origine japonaise du nom de Gikaibo — a su retenir toute l’attention de la psychologue. Équipée de son sac à dos, elle se rend à l’adresse indiquée et se prépare au voyage. Car le périple ne fait que commencer et plongera June dans les méandres tortueux du folklore nippon… à ses risques et périls.

Ça commence en pleine ville et nous voilà embarqués bien au delà dans une contrée étrange. Un tour de magie ou plutôt de communication adroite que June exerce à la perfection. Et c’est un monde merveilleux, dangereux, plein de bestioles improbables ( pour nous…mais c’est sans connaître les Yokaïs ). Poésie, peurs, périls, soins, attachements tout est ici réuni pour faire de Yokaï un beau voyage plein de surprises étonnantes. Une prouesse encore une fois.

Suivant les conseils de son maître, le poète Henri Michaux – dont les Propriétés étaient à son cœur une fontaine de réponses autant que de questions -, elle reconstruisit l’embarcation en pensée, planche par planche, clou après clou, un rivet suivant l’autre, et plaça un mât au centre auquel elle fixa une voile.

C’est pas bien Monsieur l’auteur de m’avoir tant donné envie de relire Michaux ! 

Lire le billet.

insideSherlock#25Inside Sherlock, nouvelle 25 :

 Sherlock Holmes est perdu : il vient d’entrer dans un manoir dont il ignore tout et dont on a fermé la porte derrière lui. Pire, ses souvenirs lui échappent : quelle raison a bien pu le pousser à pénétrer en premier lieu dans cette bâtisse ? Le célèbre détective de Baker Street va devoir mettre toutes ses facultés de déduction à profit pour résoudre ce mystère.

C’était inévitable, Sherlock ne pouvait pas manquer à ce Projet ! Ça été un vrai plaisir de lire cette nouvelle. Malgré la précision descriptive du décor on se demande bien où se trouve notre Sherlock et comment il se ait qu’il se trouve ainsi mis à mal. Une nouvelle qui tient bien sa promesse, sans dénaturer les personnages. De la cohérence, un côté fantastique agréable, un Inside Sherlock qui se laisse dévorer tout goulûment et qui a su séduire l’amatrice de polar qu’au fond je suis toujours.

Lire l’article s’y rapportant 

lanuitvenue#26La nuit venue, nouvelle 26 : 

Une belle journée d’été commence pour Jules, Vincent et Yohan, trois gamins plus ou moins turbulents qui écument les ruelles d’un petit village à la recherche d’une prochaine bêtise pour occuper leur temps. Mais face à l’imminence de la nuit, un étrange sentiment de malaise les saisit : des regrets peut-être, ou de la nostalgie. Que se passera-t-il lorsque le soleil se couchera ce soir ?

J’aime beaucoup lorsque Neil Jomunsi met en scène l’enfance et / ou l’adolescence. Il parvient par je ne sais quelle magie à nous restituer nos jeunes années. C’est ce qui opère dans La nuit venue qui commence par les péripéties de jeunes enfants partant la pêche mais l’eau est dégueulasse et bientôt la nuit va tomber. Au fil du temps qui passe on se demande pourquoi tant de mystère au crépuscule.

Finalement, c’est avec étonnement que l’on assiste au quasi rituel du coucher, et surtout les interrogations les plus folles m’ont assaillie jusqu’au dénouement superbement amené.

Nostalgie, sourires, inquiétude font de La nuit venue un cocktail réussi.

Le billet de l’auteur sur cette nouvelle ici.

commando#27Commando, nouvelle 27 :

C’est une bien étrange librairie que l’on trouve au coin de Chapel Street et de la Quatrième Avenue : ouverte au public le jour et mystérieusement gardée par des vigiles la nuit, la boutique semble ne jamais trouver le repos et conserve jalousement son secret derrière la puanteur de ses réserves : celui de ses mystérieux best-sellers que la tenancière édite dans l’ombre pour les vendre ensuite au monde entier, par centaines de milliers d’exemplaires. Un espion infiltré va tenter de résoudre l’énigme de la librairie… à ses risques et périls.

Ça commence comme un roman d’espionnage, comment notre «  héros » va-t-il bien pouvoir se débrouiller pour pénétrer le secret de cette librairie ouverte 24 h sur 24 et sept jours sur sept ? Cela se corse car même si la librairie est ouverte de nuit, son accès en est surveillé par des vigiles. La seule façon de pouvoir y entrer de nuit est d’appartenir au Club de lecture. On assiste aux planques de notre agent spécial, et pour finir il s’installe dans une chambre miteuse où règne une odeur pestilentielle. La librairie tient bon avec à sa tête cette propriétaire si étrange qui m’a un peu foutu les chocottes mais ça n’est rien comparé à la révélation ultime. Une nouvelle que j’ai trouvé particulièrement angoissante. Une réflexion sur les limites, les concessions faites aux passions. Enfin, tout au moins c’est ainsi que j’ai reçu Commando. Inquiétante à souhait, beau travail ! 

Comme une tache de rouille s’accrochant désespérément à la carrosserie d’une voiture, le magasin tenait bon et – en dépit du bon sens selon certains – persistait à vouloir vivre au milieu des immeubles retapés, des rues pavées de neuf et des terrasses de café. La propriétaire avait éconduit tous les promoteurs sauf un, à qui elle avait collé un livre entre les mains et qui était depuis devenu un client régulier.

La nouvelle expliquée par l’auteur.

hacker#28Hacker, nouvelle 28 : 

Jodie est aux anges : son vieux rabat-joie de père a enfin accepté qu’elle bénéficie de la greffe d’implant dont elle meure d’envie depuis si longtemps, et dont toutes ses camarades de lycée sont déjà équipées. Une fois connectée au réseau, elle pourra à loisir visionner des films, écouter de la musique, jouer aux jeux vidéo, communiquer avec ses contacts sans l’entremise d’un appareil tiers. Mais lorsqu’un petit diablotin s’invite dans la machine, le cauchemar ne fait que commencer.

Je crois qu’on pourrait me qualifier de parent rabat-joie comme le père de Jodie dans cette nouvelle. Le trans-humanisme m’inquiète. Même Jodie se rend compte que sa copine a un regard vide c’est pour dire qu’elle n’est pas totalement inconsciente des risques qu’impliquerait un «  surdosage ».

Dans Hacker on retrouve donc un thème cher à l’auteur, celui de l’adolescence. On y retrouve quasiment tout ce qui en fait le charme mais aussi l’amertume parfois.

J’ai adoré les descriptions de personnages, c’est parfois réellement truculent.

En tout cas cette affaire d’implants me met mal à l’aise. Je sais bien qu’il faut vivre avec son temps mais est-ce à dire qu’on doit en accepter tous les dangers ? Pas sûre !

Un sujet qui touche ma sensibilité, surtout ma fibre maternelle je l’admets. Néanmoins j’ai beaucoup aimé cette nouvelle qui n’est pas dénuée d’humour, cerise sur le gâteau. Ce qui est aussi bien agréable c’est qu’on ne baigne pas dans de la SF parce que au total tout cela ne paraît pas si lointain et est tout à fait compréhensible par tout le monde. 

Genèse de Hacker expliquée par l’auteur ici 

wonderland#29Wonderland, nouvelle 29 : 

La colère gronde au sein de la petite République démocratique du Gradistan : une fièvre révolutionnaire s’est emparée des masses, et c’est une foule furieuse qui se presse contre les grilles du palais présidentiel pour mettre à la porte le vieux dictateur, qui règne d’une main de fer sur le pays depuis trop longtemps. À l’intérieur, les dignitaires du régime cherchent une solution pour échapper à la vindicte. Mais les plus prévoyants ne sont pas toujours ceux que l’on imagine.

Alors je dois dire que celle-ci m’a bien fait sourire et pourtant le sujet est délicat, il s’agit tout de même d’une révolution. Comme dans toute conspiration, on y trouve les affaires militaires et la sûreté. Vous imaginez bien qu’il n’est pas question pour ces gens là de renoncer à leur prestige seulement comme on dit «  il va y avoir un os dans le potage » et ça ne sera que justice si je peux dire.

Le militaire marmonna quelque chose, puis détacha son regard de la baie vitrée pour faire les cent pas autour de la table, ce qui, considérant la taille du meuble, était une activité sportive à part entière.  

Typiquement le style de trait d’humour que j’adore trouver dans mes lectures !

Billet explicatif ici

pourtoujours#30Pour toujours, nouvelle 30 :

Là-haut, dans le cosmos ténébreux et mutique, une capsule tourne en orbite autour de la Terre depuis des millénaires : à son bord, les deux derniers survivants de la race des vampires attendent patiemment que la planète recouvre un écosystème normal. Vingt millénaires plus tôt, la grande Dévastation a annihilé toute vie à la surface et ces deux âmes solitaires, réveillés tous les cinquante siècles, en furent les tristes témoins. Mais alors qu’ils perdent espoir, les immortels détectent un signal. Le jour du grand retour serait-il arrivé ?

Je vous préviens d’emblée, c’est un gros,GROS coup de cœur. C’est sans doute pour cela que je me sens hyper maladroite pour vous en parler. Elle draine des sujets tels que le caractère éphémère et l’immortalité ( oui, oui ) la transmissions à travers les âges, la science-fiction ( de façon légère sans asséner des mots compliqués qui ont souvent tendance à me hérisser personnellement dans certains ouvrages ), la cohabitation entre espèces y est aussi abordé en filigrane ( j’aurais bien aimé en savoir plus là-dessus mais dans un format court c’est comme ça : à nous de « sentir » ) et ici, un choix d’importance «  revenir » ou continuer l’errance ?

J’avoue aussi un attachement certain pour les vampires.

Elle m’a remuée, émue, chamboulée ! 

Le billet s’y rapportant est toujours sur le blog ActuaLitté 

Voilà concernant ces dernières nouvelles du Projet Bradbury et toujours aucun regret d’avoir souscrit en soutien à cette formidable idée et à ce challenge épatant. Au contraire, chaque semaine apporte sa surprise, chaque semaine me permet de constater combien l’écriture de Neil Jomunsi s’améliore, s’intensifie et atteint la lectrice que je suis. Même si tous les sujets ne m’interpellent pas, tous sont intéressants découvrir dans la façon dont ils sont traités, dans ce qui a donné l’envie à l’auteur de les mettre par écrit et de les partager. C’est finalement une expérience aussi pour moi.

Quelques autres retours de lectures sur le Blog de Deidre par exemple  et celui de Deuzeffe 

bradburyintegrale2La seconde intégrale regroupe les nouvelles : Bully, Viral, Alexandria , Le pont, Esprit farceur, Toreador, Lettre morte, Interim, La nuit des fous, Maison close, Yokaï, Inside Sherlock, La nuit venue. Vous pouvez les acquérir à l’unité ou acheter cette intégrale mais le mieux à mon sens reste de souscrire au Projet Bradbury pour 40 €.

Comme d’habitude, toutes les couvertures sont de Roxane Lecomte, La dame au chapal

Sous silence - Catherine Enjolet Éditions Libretto 06-02-2014 / 6 € 70

Sous silence – Catherine Enjolet
Éditions Libretto
06-02-2014 / 6 € 70

Sous silence de Catherine Enjolet

Il s’agit là d’un petit roman car il ne comporte qu’une centaine de pages. Mais ce petit roman vous met un claque monumentale. Il est grand, majestueux, en un mot magnifique !

Catherine Enjolet donne ici la plume à Nabisouberne. Qui est cette enfant qui ne sait pas elle-même quel est son âge ? A travers ces quelques pages, l’auteur nous emmène à sa suite, nous invite à découvrir par touches adroites et touchantes le quotidien de cette enfant. Nabisouberne surnommée Bisou par certains, son beau-père entre autres, vit aux côtés de sa mère et sa grand-mère, s’occupant également de sa fratrie puisque sa mère est une personne constamment angoissée, vivant dans la crainte du regard d’autrui, la peur de la Ddass. Nous sentons dès le début de ce roman la puissance dévastatrice de cette peur :

– On va nous dénoncer !
Ma mère répète. À voix basse. Elle accélère le pas. Faut se méfier…Chut ! Je me tais. Je baisse la tête. C’est automatique. Je baisse les yeux dans la rue. Je fixe le caniveau, les gargouillis de l’eau. Je ne regarde pas pour ne pas qu’on me voie. Ma mère me tire par la main par petits coups secs comme si je ne disparaissais pas assez vite du paysage.
– On va encore nous dénoncer !

Sans le père, une mère aux abois qui crie «  au secours » et une porte qui se referme sur ses enfants, les séparant. Désemparés, l’affront gravé cette douleur laisse une empreinte indélébile. La famille vit chichement, tandis que la grand-mère continue de rêver au ancêtres. Et la petite Bisou fait ce qu’elle peut pour vivre dans tout cela, vivre est étant mutique au grand dam de l’école qui sait pertinemment qu’elle est intelligente. Seulement, qui pourra comprendre ce qui crie au fond d’elle ? Qui peut écarter de son chemin cette ombre menaçante qui la traque et l’accule au vide ?

Nabisouberne écrit sur des petits papiers, autant de papiers jetés au vent, autant de mots qu’elle extirpe naturellement de son petit être à l’étroit, et malmené. Et quand elle n’est pas mutique les prises de paroles semblent des affronts.

Bisou perdue sans identité, Bisou dans son quartier qu’elle aime aussi,la boulangerie et la petite trisomique, le café, les toits, la voisine qui chante ensoleillant l’immeuble.

Il est difficile de comprendre un enfant qui n’en est pas vraiment un, rude le chemin qui permettrait derrière cette soi-disant folie affichée de tendre une main. Pourtant, une personne va le faire, ce sera la Prof -de-comptoir.

Elle veille sur mes pages. Sur les Bisou comme moi. Les Fanny, les Lili, les Poussin et les autres.Ceux et celles qu’on ne sait pas entendre.

Ce n’est pas un livre qui se résume, c’est pour cela que j’ai choisi de ne pas copier la quatrième de couverture. C’est un roman qui se vit du fond du cœur et des tripes. Combien de ces enfants côtoyons-nous sans les entendre ? La note positive de ce livre c’est peut-être aussi nous dire « prenez le temps de les écouter, tous ».

L’auteur tout en narrant cette histoire d’une enfant dans un milieu qu’on qualifierait de bancal dépeint la vie d’un quartier au delà de celle difficile de cette famille. Je ne connaissais pas Catherine Enjolet et je suis vraiment ravie d’avoir pu la découvrir ici grâce à l’opération Masse Critique de Babelio et à la générosité des Éditions Libretto. C’est quasiment une certitude, je lirai à nouveau Catherine Enjolet.
À noter la très belle préface de Boris Cyrulnik.

bye-bye-blondieBye Bye Blondie – Virginie Despentes

Quand Gloria écoute les raisonnements d’Eric, une partie d’elle, adulte, cherche à comprendre son fonctionnement, l’autre partie, adolescente, vitupère hurle et réclame des explications. Tout lui semble normal, à lui, compromissions à tour de bras, pour garder son boulot, ne pas avoir d’ennui avec les voisins, avoir des copains et gagner plein de blé.. Tout ce qu’il est capable d’engloutir comme conneries mensonges et lâcheté. Et, en même temps, pour la première fois, elle regarde de près quelqu’un capable de faire un effort sans aussitôt laisser tomber »vas-y ça m’intéresse pas », quelqu’un qui n’use pas d’orgueil pour éviter les confrontations dificiles.

Ils se promènent, en ville, elle l’accompagne acheter une veste. Dans des magasins qui la mettent mal à l’aise jusqu’à l’attaque de panique. Même les videurs et les vendeuses se la surpètent, comme s’ils avaient racheté la boutique. Y a guère plus con que les larbins de riches. Outre les marchandises, leur prix et la gueule des clients, quelque chose dans l’espace, la lumière, le rythme et les sons, affirme une seule et même chose : nous sommes au-dessus de ce foutu panier de crabes, nous méritons le meilleur.

La Brigade des loups : 3ème épisode Lilian Peschet Voy’el- collection e-courts Couverture : El Theo

La Brigade des loups : 3ème épisode
Lilian Peschet
Voy’el- collection e-courts
Couverture : El Theo

La Brigade des loups : épisode 3 et 4

Attention si vous n’avez pas lu les épisodes précédents ces quelques mots sur les épisodes 3 et 4 peuvent vous gâcher quelques révélations. Maintenant que vous voilà prévenus en route pour cette suite trépidante.  

2020. L’épidémie de lycanthropie sévit en Europe depuis près de trente ans. La Roumanie est l’un des pays les plus en pointe concernant la recherche sur ce rétrovirus, mais aussi l’un des rares où les lupins ont le droit de vivre dans la société.
Sous certaines restrictions.
Pour s’occuper des crimes lupins, des unités de polices spéciales exclusivement composées de malades ont été créées.
On les appelle les Brigades des loups.

Vasile, l’ex Cap de la Brigade des loups va être jugé. La haine anti-lupin a pris une ampleur considérable, à tel point que l’armée s’affaire autour du tribunal.

Le pétage de plombs de Vasile a permis aux extrémistes d’installer un climat de peur et de rejet asseyant par la même occasion leur soif de pouvoir et de domination. La population semble favorable à l’euthanasie et des milices se sont formées. La presse est là « Ils veulent contempler ce loup qui a perdu son humanité. Ce monstre. »

Tandis que le tribunal est assiégé par la foule haineuse, le QG est attaqué.

Dans cette foule quelques résistants secourent Mikaï et Vasile.

La situation est à l’urgence, la Brigade est scindée. Chacun a conscience que désormais c’est la place au génocide, le retour à la traque. Dragos et Yakov sont mis aux arrêts.Vasile et Mikaï fuient.

Pavel impuissant constate 

Y a quelque chose d’irrationnel chez l’homme. Un truc sauvage. Dangereux. Il a beau mettre des vêtements, se raser, se coiffer, se recouvrir de parfum, pour avoir l’air civilisé, il reste bête. Bien pire que nos monstres. Car nos monstres, au moins, ils portent sur leur visage leur sauvagerie.

Comme le souligne le Cap’ «  les loups sont devenus incontrôlables ».

Paradoxalement, il y a comme une envie d’en découdre, pour prouver qu’on est pas dangereux. C’est idiot. Mais l’exclusion et la haine rendent idiots.

Au total, un épisode qui fait charnière dans cette série, ce qui explique peut-être pourquoi à sa première lecture je l’ai trouvé un peu «  poussif » dans le sens où j’ai eu l’impression que l’auteur avait eu plus de difficulté à le narrer. Ceci n’enlève rien à l’intérêt de l’histoire d’autant que le côté politique est bien développé, pertinent, avec des coins obscurs dont on attend la résolution avec curiosité. Et surtout, j’aime beaucoup comment Lilian traite ses personnages. Il y a un humanisme, une tendresse et un respect pour la Brigade qui m’émeuvent beaucoup. Et je ne parle pas des quelques trouvailles sympathiques de cet épisode.

Episode 4 :

C’est surtout à partir de maintenant que le risque de spoiler est le plus important.

 Nous suivons Mikaï et Vasile toujours en fuite. C’est l’occasion pour Mikaï de remonter ses souvenirs, ceux de 1991 dans lesquels il fuyait en compagnie d’un ami Hanz.

Mikaï et Vasile sont pourchassés, arrivant dans une ville, Mikaï crie pour savoir si des loups sont dans le coin. On lui répond mais ce n’est pas ceux qu’il croit. S’ensuit une bagarre intense dont ils seront sauvés in extrémis par d’autres loups, cette fois des alliés. Car à leur grande stupeur ces loups étaient des soldats : stupeur car les lupins ne portent pas d’armes en théorie. Mikaî perdra un bras dans cet affrontement. Quant à Vasile il est encore à moitié dans les vapes se demandant où est sa Brigade, depuis combien de temps tout a dérapé ainsi. Les lupins résistants vont leur faire des révélations utiles et inquiétantes entre autres que les Brigades n’existent plus, que ses lupins sont emprisonnés et «  formatés », en une armé aveugle et soumise. Fin de cet épisode après l’assaut du camp où se trouvent les ex membres des Brigades des loups.

Un épisode haletant, sans temps morts qui nous permet d’en apprendre beaucoup plus sur Mikaï et la façon dont ont été traités les lupins depuis des années. On pressent derrière tout ça quelque chose de puissant et terrible sans pouvoir. La haine, la peur prennent de multiples visages et les plus horribles ne sont pas toujours ceux auxquels ont pourrait croire en premier.

Verdict ? Lisez cette série éditée par Voy’el et plus vite que ça !! Le premier épisode est toujours gratuit, les suivants à 99 cts d’€ chez L’immatériel ( par exemple ) 

Mon avis sur les épisodes 1 et 2  en cliquant sur les liens.

L’avis de Cécile Duquenne sur l’épisode 3 sur son blog

A noter que l’émission Rêves et Cris a fait l’éloge de La Brigade des loups dans son émission du 17 janvier 2014. Cliquez pour lire la vidéo

Quelques bibliothèques dans mon chez moi.

Quelques bibliothèques dans mon chez moi.

 

L’origine de ce billet est sur un statut Facebook, celui de Fabrice Colin sur lequel est intervenu Julien Simon annonçant qu’il est en train de traduire en français Le roi en jaune de Robert W.Chambers appartenant au domaine public et qu’il souhaite en proposer une version numérique gratuite. Honnêtement, je ne connaissais absolument pas l’auteur et encore moins l’oeuvre donc, mais les réactions m’ont donné furieuse envie de découvrir.

C’est avec un poil de consternation que j’ai lu certains commentaires de la part de «  professionnels ». Cette levée de boucliers a entraîné des articles l’un de Neil Jomunsi ( Julien Simon )  l’autre de Julien Morgan .

Il se trouve que Le Roi en jaune est en vente chez Malpertuis

Pourquoi cette montée en puissance de réactions négatives à la limite du respectueux ? Qu’en pensons-nous, nous lecteurs de cette affaire ? Je vais parler en mon nom.

Après tout, je n’ai aucun scrupule à télécharger du libre et gratuit sur noslivres.net par exemple. Est-ce que pour autant je vais culpabiliser parce que des traducteurs, des illustrateurs ont bossé sur les titres payants ? Non, sûrement pas.

Les personnes qui donnent accès à ces titres libres et gratuits font un gros travail, et là je ne parle pas que de la traduction, de la mise en page etc, je parle de la mise à disposition d’un patrimoine culturel commun, à sa propagation pour l’intérêt de tous, pour le bien de la culture. Et surtout, au fond de moi une petite voix susurre à mon oreille, c’est ça l’égalité d’accès, pas besoin d’avoir le porte-monnaie ouvert et toutes les familles chanceuses qui ont accès à internet peuvent s’offrir une part du patrimoine mondial ( sous certaines conditions ).

Alors pourquoi sous prétexte qu’un éditeur, un traducteur, un illustrateur ( et tous les autres acteurs de cette chaîne) ont bossé sur une version papier de l’ouvrage je devrais culpabiliser de me diriger vers une version numérique gratuite ?

Prenons l’exemple de Lovecraft. J’en ai plusieurs livres papiers, et d’autres en numériques que je n’ai pas achetés, et depuis peu existe grâce à François Bon The Lovecraft Monument qui propose pour un abonnement de 11 € l’accès en continu à tout son contenu ( riche et varié ). Encore plus surprenant direz-vous le fait qu’un accès gratuit me soit proposé ne me fera pas reculer devant un achat par la suite. Pourquoi ? La lectrice en moi cherche la découverte, se fait souvent menée par le bout du nez par sa curiosité vorace et insatiable.

Aussi la mise à disposition gratuite de certains textes me permet-elle de «  défricher » en quelque sorte. C’est en cela que j’approuve le billet de Julien Morgan « Est-ce que proposer du gratuit permet de vendre plus de payant ? Oui ou non. Impossible de savoir avec certitude si un lecteur achète un ebook parce qu’il a été convaincu par le gratuit. »  Ce qui est certain, c’est que les éditeurs qui proposent du gratuit donnent un aperçu de leur travail ( je résume à éditeurs mais vous m’aurez comprise ) et que ce travail s’il est bien fait, et s’il correspond à ma vision en tant que lectrice m’incitera probablement à chercher un titre que je payerai volontiers. Encore une fois, je cite Julien Morgan « Un lecteur qui télécharge gratuitement, c’est un promoteur de plus de votre travail (et de celui de l’auteur). Pour peu que vous fassiez votre boulot sérieusement. »  Ça semble tomber sous le sens, eh bien il faut croire que non pour certains professionnels.

Je n’aime pas utiliser des termes commerciaux pourtant il faut bien en passer par là. Ce qui me fait souvent sourciller d’ailleurs, c’est de me voir qualifier de «  cœur de cible », « masse », « consommatrice », « cliente » mais si au moins tout cela rendait service à ces professionnels ce serait bien, si de tout cela découlait une offre véritable, un vrai respect,souci du lectorat mais non, que nenni …Encore plus exaspérant, sous prétexte que les lecteurs n’y connaissent (-traient ) rien, n’appartiennent pas à ce sacro-saint milieu ils n’auraient qu’à se taire et se garder de toutes interventions sur le sujet. Bon à racker mais pas à suggérer, pas à critiquer …quel comportement édifiant. Ah si j’oubliais, le lecteur peut voter pour des œuvres,des auteurs …ça, par contre le moment venu on sait bien nous trouver, et ça brosse, ça lustre, ça appâte…

Honnêtement, il y a un comportement rapace dans toute cette histoire qui a tendance à me révulser.

Je ne peux pas clore ce billet ( rédigé un peu à l’arrache et à peine structuré mais Stéphane Desienne  et quelques uns m’ont dit que c’est pas plus mal;) ) sans aborder l’auto-édition tant décriée, et souvent méprisée, fort injustement d’ailleurs.

Parce qu’un artiste, ici un auteur ose se lancer seul la qualité de son œuvre serait médiocre et il nuirait à ce sacro-saint monopole de l’édition ? Voyons voir un peu de mon expérience personnelle sur ce sujet. Je lis régulièrement des auto-édités sans sauter au plafond devant les fautes d’orthographe, leurs récits sont la plupart du temps bien fichus. Après c’est comme partout, une question de goûts et de couleurs. Ceci dit, il m’est arrivé de lire des ebooks truffés de fautes, mal fichus proposés par des maisons d’éditions et parfois même d’avoir tiré la sonnette d’alarme en disant: Vous ne pouvez pas le laisser à la vente dans cet état. Pauvre auteur édité qui n’a même pas bénéficié du travail d’un relecteur, d’un correcteur.Alors ? Tout ça pour dire, personne n’est à l’abri d’une coquille même un éditeur aussi prestigieux soit-il.

J’ai beaucoup de respect pour tous les acteurs de la chaîne du livre ( libraires inclus évidemment). Le fait d’acheter du libre et du gratuit ne me rend pas coupable vis à vis de ce monde littéraire. Ce n’est pas à moi, nous lecteurs, de nous remettre en cause mais bien à vous tous de réfléchir avec nous à un avenir plus fleurissant qui ne pourra que réconcilier chacun avec l’amour du lire et de la découverte. Moi, lectrice, je veux avoir le choix.

Je ne suis pas une consommatrice de livre, j’en suis lectrice, je les aime et les respecte quelque soit leur forme (at ).

Ce billet est incomplet, j’en suis consciente. J’ai essayé de retranscrire du mieux possible mon sentiment, mes attentes et mes espoirs.